Giovanni in Paris – Épisode 9 : le sommet de mon Olympe

Le 11 août 2024 à 13:48 par Giovanni Marriette

Gio in Paris
Source image : TrashTalk - Léonce Barbezieux

Messieurs dames, l’histoire qui va suivre est celle d’un homme qui s’apprête à lier l’utile à l’agréable. Un homme qui s’en va couvrir la compétition de basket 3×3 aux Jeux Olympiques de Paris 2024, sur place, à domicile. Enfin à domicile… pas vraiment. Car en bon bressan pur jus, plus adepte de la réalisation d’un plat en sauce à l’état sauvage plutôt que capable d’adaptation dans le grand monde, cela aussi risque de représenter son lot d’aventure. Et c’est justement tout cela que je vais vous conter. En vous promettant d’en profiter pour mille et de vous faire partager toute mon expérience, comme si vous y étiez.

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Réveil difficile.

La journée d’hier a été historiquement intense, mais très vite le besoin de se remettre dans le bain se fait sentir. Professionnellement, déjà, car la tenue d’une finale dans deux jours va demander une énorme adaptation, une débauche d’énergie encore plus folle et surtout une organisation militaire. T’inquiètes pas, va. Besoin de se remettre à niveau physiquement, aussi, car en ce vendredi 9 août les organismes sont absolument vides d’énergie. Les piles et les batteries sont à recharger. La jauge d’énergie est vide. L’impression c’est un lendemain de cuite général, tout le monde est encore groggy de la veille, et on sait – de surcroit – que demain pourrait être pire. Vie d’étudiant ou Jeux olympiques même combat, bref, on est bien vendredi.

Dans la première demi-finale les invincibles – on verra – Américaines se défont sans peine de l’Australie, et si vous additionnez les scores des deux équipes vous obtenez le nombre de fois où j’ai baillé cet après-midi là. Mais en cette journée que je qualifierai de transition, la vraie bonne nouvelle nous vient de l’Équipe de France féminine, qui triomphe de la Belgique au terme d’un match placé sous le signe du combat. Merci les filles, vous avez réchauffé la salle, vous avez réchauffé nos cœurs, et vous nous offrez une double-confrontation entre la France et Team USA, en finale des Jeux olympiques de Paris 2024, encore, encore, encore une phrase que l’on a du mal à comprendre même en l’écrivant. Cerise sur le gâteau, le Media Center a fait ce soir le plein de victuailles et les bagels et autres sandwichs au pastrami et à la figue prennent cher, très cher pendant le derush des interviews des héroïnes du jour.

Ah oui, semaine placée sous le signe des émotions alors prenons le taureau par les cornes : ce soir je me sens bien et Ben est à mes côtés, alors ce soir je prends le métro pour rentrer. Ça faisait deux ans, ce fut dur mais je suis fier de moi, et j’ai même droit à des applauses en rentrant à l’appartement. Allez, ça se fête, petit shooter de l’amitié et au dodo, car la journée de demain s’annonce “insérer un autre adjectif que ‘iconique'”.

Samedi 10 août. Couché 3h, levé 6h15. Excité comme une (grosse) puce. Taxi, marathon olympique dans Paris donc c’est chiant, mais je suis à Bercy à 9h. Je shotgun les places les plus cool, “nos” places, on est chez nous comme dirait l’autre. Serbie – Allemagne en apéro royal, match pour la troisième place, comme c’est bizarre de se dire que Nikola Jokic est aujourd’hui le cadet de mes soucis… En salle de presse les Bagels sont de retour et prennent une nouvelle baffe, dans les coursives je croise Thomas, ange gardien olympique, et je lâche ma première larme de la journée, ça promet. Les Serbes s’imposent contre l’Allemagne, ravi pour eux, et après le match du bronze une longue “pause” s’offre à nous. L’occasion de… regarder la finale de volley en anticipant un peu de travail pour ce soir, mais ensuite j’abandonne le peu de prestance qu’il me reste en m’allongeant dans un coin de la salle, par terre, pieds nus. Les 20 minutes les plus reposantes de la semaine.

Il est 16h. La salle est vide et au détour de quelques ballades (bon, ok, je me suis perdu), je me retrouve presque par hasard… au bord du terrain. Ah. Tout de suite, immédiatement, je sais ce que j’ai à faire. Des photos, évidemment. Appeler Ben, aussi, parce que ce genre d’opportunités se vit à deux. L’espace de quelques secondes je ne suis plus rédacteur, plus journaliste, mais juste un minuscule bonhomme dans le monde de Gulliver. Selfie, tout seul, à gauche, à droite, assis, debout, c’est la teuf, j’ai 4 ans, c’est Noël ce soir, et mon cadeau c’est un parquet olympique qui me tend ses lattes.

Pour reparler un peu de boulot ? Mon duo avec Ben est un duo de Hall of Famers alors les places seront toujours les mêmes pour la finale. Le lieu où des centaines de millions de personnes rêveraient d’être. Une place gagnée  la sueur de notre front depuis douze ans, on est là et on représente. La gommette argentée a rejoint les autre sur l’accréditation, et je fume littéralement celui qui essaie de me l’arracher.

En place, et on ne va clairement plus bouger. Les secondes sont des minutes et les minutes durent des heures, Ben tente un rapprochement courtside pour capter l’échauffement de Kevin Durant et quelques autres joueurs moyens, pendant que dans la tribune de presse la pression monte. Pour en avoir parlé avec des mecs présents depuis des dizaines d’années, pour certains avec une demi-douzaine de JO sur le CV : ces Jeux là sont différents, ils envoient du lourd. Alors imaginez moi, ancien vendeur de courgette ou de crépis, au milieu de tout ca bazar.

La finale des Jeux ? Vous l’avez probablement vu comme moi. Résilience et dévotion des Français, mais en face… on ne les appelle pas les Avengers pour rien. Le début de match est une dinguerie, et avec Ben nous passons littéralement les dix premières minutes à se taper d’énormes barres devant un match à l’intensité folle, dont chaque action est folle, à moins que ce soit nous qui le soyons devenus, fous. La France est dans le match, Matthew Strazel envoie une plancha incroyable, Guerschon Yabusele postérise LeBron James, et moi je vais vraiment finir par croire que je suis dans un film. Malheureusement Team USA possède trois des douze meilleurs joueurs de l’histoire, malheureusement Stephen Curry est un extraterrestre, et à l’issue du match typique “trop près, trop loin”, la France s’incline mais sans que je ne sache vraiment ce que les Bleus auraient pu faire de plus. Plus encore que le niveau de jeu, stratosphérique par moments, c’est véritablement la tension émotionnelle d’une finale olympique qui vient de me retourner le bide.

Sur le podium les images se gravent une à une dans ma mémoire, des Serbes complètement arrachés à Joel Embiid et les Américains qui demandent au public de le huer encore plus, de l’émotion des néo-retraités Nando et Nico à l’hymne américain, en passant par les sourires échangés jusqu’en tribune de presse. En sortie de cérémonie la zone mixte est évidemment prise d’assaut, ce bébé trop chou de Victor Wembanyama a les yeux rouges et peine à parler sans craquer devant nous, tout le monde est globalement déçu, normal, mais surtout très fier, super normal. Conférence de presse de Vincent Collet et Nicolas Batum, ça taille l’ambiance du soir à Bercy et je suis très d’accord, et prennent ensuite place Steve Kerr, Stephen Curry et Kevin Durant, téma la claque de les voir tous les deux, là, à cinq mètres de moi.

Tension qui retombe, boulot de dingue, une équipe qui cartonne, une équipe qui me fait littéralement halluciner devant la charge de travail abattu, et avec le sourire s’il vous plait. Instant egotrip d’équipe, sur cette quinzaine j’ai le sentiment que TrashTalk a été partout, tout le temps, faudra me dire ce que vous en pensez mais une chose est sûre je suis – immensément – fier de cette équipe de mabouls. 

Aujourd’hui j’ai assisté à la finale des Jeux olympiques de basket entre la France et les Etats-Unis. Avec LeBron James, Kevin Durant et Stephen Curry sur le terrain. Avec Victor Wembanyama. Non loin de Thomas Pesquet, Thierry Henry, Teddy Riner, Dwyane Wade, Dirk Nowitzki, Pau Gasol, Carmelo Anthony, Draymond Green, Tony Parker, Omar Sy, la maire de Paris et le président de la République. Qu’on soit clair je ne vivrai PLUS JAMAIS ce genre de délire. On est au dessus des nuages, c’est indescriptible. Mais je vous jure que j’ai pris tout ce que j’avais à prendre, comme promis. Un tsunami d’émotions. Et j’en tremble.

Nous aussi on a passé une semaine olympique à Bercy.

A chacun sa photo iconique ❤️ https://t.co/ZjK78M39yF pic.twitter.com/niV7Gx2PUY

— Le Psy TrashTalk 👨‍👩‍👧‍👧 (@giovannim6) August 11, 2024

Arrivée à l’appartement 4h, le désormais célèbre verre des retrouvailles, on papote, on fait redescendre la pression, on profite les uns des autres. Coucher 5h30, lever 7h15, y’a une dernière journée à gérer et je ne veux en rater AUCUNE miette. C’est pas une vie ça, c’est THE vie.


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