JO Paris 2024 : on en pense quoi de la phase de groupe des Bleues ?
Le 06 août 2024 à 10:13 par Nicolas Vrignaud
Après une belle phase de groupe aux JO de Paris 2024, l’Équipe de France féminine a montré un visage conquérant et effacé les derniers doutes qui pouvaient subsister dans son jeu. Le groupe de Jean-Aimé Toupane doit désormais aborder la phase finale avec humilité tout en étant certain de ses forces, qui sont nombreuses.
Après une phase de préparation qui a progressivement confirmé le niveau de cette Équipe de France féminine, les Bleues ont attaqué les Jeux Olympiques avec une certaine confiance, acquise au mérite face à la Finlande, à la Serbie, au Japon et à la Chine. Autant d’adversaires au niveau certes inférieur aux Bleues – sur le papier – mais qui ont causé des soucis à la formation tricolore. Notamment en la faisant déjouer en première partie de rencontre, en exposant son manque d’application collective et sa faiblesse dans l’intensité physique. On a en revanche beaucoup aimé l’endurance de la troupe, qui a toujours trouvé les ressources pour mettre un adversaire en faute.
À ce titre, on pourrait presque – de manière arrogante – dire que les Bleues ont terminé leur préparation ce dimanche. Les trois matchs de poule des JO ont achevé cette montée en puissance, caractérisée par une rencontre presque parfaite face au Nigeria. Là où le groupe nous avait peut-être laissé sur notre faim en manquant l’entame de France – Canada pour les raisons évoquées ci-dessus, on a vu un ensemble cohérent, soudé, concentré sur son objectif face au Nigérianes. Gabby Williams avait expliqué que l’entrée en compétition dans un tel contexte (public de masse, enjeu) n’avait pas “aidé” les Bleues. Le temps de l’adaptation, rapide, pour ensuite mieux se servir de la liesse comme arme décisive face à l’adversaire.
“On était un peu nerveuses dans le premier quart-temps mais c’est normal. Ensuite, on a montré nos principes, ceux sur lesquels on travaille depuis deux mois. Notre deuxième quart-temps, c’est comme ça qu’on veut jouer. C’est l’intensité que Aimé [Toupane] attend de nous.”
Des individualités qui s’expriment sans se marcher dessus, qui se respectent dans la gestion des ballons (Marième Badiane, Gabby Williams, Marine Johannès), des joueuses polyvalentes capables de punir offensivement tout en étant d’une efficacité certaine défensivement (Janelle Salaün, Sarah Michel-Boury, Valériane Ayayi notamment…). La France compte aussi un avantage de taille, la compétition à domicile. Marine Johannès, pourtant habituée des ambiances nord-américaines, a bien attesté de cette force supplémentaire venue des travées de Pierre Mauroy.
“C’était incroyable, une ambiance de folie. Malheureusement, nous les filles, on n’a pas l’habitude de jouer dans ces conditions-là. L’échauffement, la Marseillaise, c’était quelque chose qu’on n’oubliera pas. Le public nous a lancées dans le match, ils nous ont aidées.”
Malgré la prestation aboutie face au Nigéria, Jean-Aimé Toupane décèle encore quelques imprécisions dans la montée de balle de son équipe. Un petit bémol qui peut paraître mineur mais qui ne fera pas de cadeau contre une équipe qui presse tout terrain. Un cas de figure rare mais pas inimaginable,
“Les axes de progression, c’est une fois qu’on a gagné la balle, la gestion de ce jeu de relance où parfois on se précipite un petit peu. Mais elles donnent tellement en défense que quand elles traversent le terrain elles manquent de lucidité mais j’ai confiance. On va l’améliorer.”
Contre l’Australie, les Bleues ont encaissé un revers. On pourrait penser qu’il s’agit d’un coup d’arrêt à cette belle dynamique en cours, mais il faut être plus nuancé. Face à une formation animée par l’énergie de l’urgence, Jean-Aimé Toupane n’a sans doute pas souhaité envoyer ses filles au casse pipe. Rencontre très physique, à l’image d’une Sarah Michel-Boury envoyée au vestiaire durant la partie pour un gros coup reçu au visage. Plus de peur que de mal. Dominique Malonga regrette bien la défaite, mais on retiendra l’effet “petit retour sur terre”.
“Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas perdu. On avait gagné tous nos matchs de préparation donc c’est difficile mais on avait besoin de ça. Avoir un chemin trop facile c’est pas forcément bien. On avait besoin de se mesurer à un peu d’adversité et c’est ce qu’on a eu ce soir. On attend les quarts avec impatience parce qu’on est quand même premières de la poule, on a fait un super job pour s’assurer cette place.”
L’arbitrage, qui a laissé les explications musclées sans trop intervenir, a été une bonne raison de ne pas monter inutilement dans les tours et risquer la perte d’un élément important du groupe. D’autant plus dans un effectif où chaque joueuse est importante. La défaite n’enlève pas la première place du groupe et le fait de ne pas croiser les États-Unis avant une hypothétique finale. Un objectif pour Jean-Aimé Toupane.
“On va rebattre les cartes et les meilleurs premiers auront la chance de ne pas jouer entre eux. Vous voyez de quoi je veux parler. Donc c’est important d’être dans cette position là pour la suite de la compétition.”
Il faudra d’abord gagner face à l’Allemagne. Une formation qui s’est jouée d’une Belgique pas encore dans son tournoi et d’un Japon aussi maîtrisé par les Bleues en préparation. En somme, un adversaire à la portée de Bleues qui sont prêtes, sur le papier, à y aller à fond. Cette fois, on ne se préservera pas. La récompense est trop belle pour ça.
“C’est pour moi l’une des meilleures équipes de ces Jeux. Elles ont de très bonnes individualités. On sait que ça va être encore un jeu assez physique. Ça va aller vite, ça va jouer pas mal de 1 contre 1. Il va falloir être prêtes”.
Allemagne – France, coup d’envoi à 18h ce mercredi.