“Le basket ne peut pas me détruire” : Fred Weis raconte ses heures sombres dans un mini-docu ESPN

Le 24 juil. 2024 à 14:40 par Nicolas Meichel

fred weis
Source image : ESPN

Ancien pivot de l’Équipe de France de basket, médaillé d’argent aux JO 2000, et aujourd’hui commentateur pour les JO de Paris 2024 sur Eurosport, Fred Weis sait qu’il revient de loin. Dans un mini-reportage pour ESPN, il est revenu sur les heures sombres de son histoire personnelle.

“Pour la plupart des gens, je suis l’homme qui s’est fait dunker dessus par Vince Carter.”

Fred Weis est bien conscient qu’il sera pour toujours associé à cette action mythique qui est directement entrée dans l’histoire des Jeux Olympiques, et dans l’histoire du basket tout court.

C’était le 25 septembre 2000, à Sydney, lors du match du premier tour des JO entre la France et Team USA : Vince Carter a escaladé le pivot français – 2m18 sous la toise – à travers un énorme dunk à une main. Ce tomar a depuis été baptisé “le dunk de la mort”.

Vince Carter Dunking OVER 7’2” Fred Weis😱😱 pic.twitter.com/zQUpGtWbxo

— NBA Clips (@BestNBAClips) December 14, 2017

Les réseaux sociaux n’existaient pas encore à l’époque, mais l’action est tellement folle qu’elle a rapidement fait le tour de monde. Une action dans laquelle Fred Weis se retrouve donc dans le mauvais rôle : celui de victime. S’ensuivront de multiples moqueries et punchlines forcément compliquées à vivre pour le pivot français.

Sauf que tout cela n’est pas grand-chose en comparaison à ce qu’il a ensuite dû affronter dans sa vie personnelle.

“Votre fils est autiste.”

Nous sommes en 2004.

Devenu père d’un petit Enzo deux ans plus tôt, alors qu’il jouait au basket en Espagne, Fred Weis apprend cette année-là que son fils est autiste. C’est à travers la maîtresse d’école d’Enzo, qui a remarqué des comportements inhabituels chez lui, que Fred et sa femme Celia sont allés voir un médecin, qui leur révèle ensuite le diagnostic.

Le début d’une spirale infernale pour Fred Weis.

“Le médecin nous a dit qu’Enzo ne pourra jamais vivre par lui-même. Il ne pourra jamais se marier, jamais avoir des enfants. Il sera comme ça toute sa vie, rien ne changera.

Ma vie était ruinée. J’étais détruit.”

Détruit, mais aussi rongé par la culpabilité. Fred apprend en effet via le médecin d’Enzo que la composante génétique a pu jouer un rôle dans l’autisme de son fils. Une révélation tout simplement terrible pour lui.

Allez, lecture : « Fred Weis – Jusque-là, ça va », grand bonhomme, grand témoignage https://t.co/hisQ54sDPN

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) July 15, 2022

Pendant quatre ans, Fred Weis ne va cesser de s’enfoncer. Encore et encore. Pour essayer de faire face à la dépression et se libérer un tant soi peu de la souffrance qui envahit sa vie, il tombe dans l’alcool mais ça ne fait évidemment qu’empirer les choses. Il s’isole, il prend du poids. À ça se mêle de la colère en réponse à la situation injuste qu’il doit vivre.

“Je voyais tous mes amis avec leurs enfants, en train de leur apprendre à jouer au basket. C’était tellement facile pour eux. Mon fils, il ne pouvait presque pas attraper le ballon, et shooter était impossible.

J’étais un père, mais un père brisé.”

Au fond du trou, et séparé de sa femme rentrée en France avec Enzo, Fred Weis n’arrive pas à relever la tête. Rien ne semble pouvoir l’aider à sortir de la terrible spirale dans laquelle il se trouve. Rien, pas même le basket.

La seule issue qu’il voit à ce moment-là ? La mort.

“J’avais des médicaments pour m’aider à dormir. J’avais deux boîtes de 12. J’ai pris les 24 en une fois.”

En janvier 2008, alors qu’il faisait le trajet en voiture entre l’Espagne et la France pour voir Enzo, Fred Weis s’arrête sur une aire d’autoroute à Biarritz et fait une tentative de suicide.

Cela aurait pu être la fin.

Mais, paradoxalement, cet épisode marque le début d’une nouvelle vie.

Le nouveau Fred

Fred Weis survit à sa tentative de suicide. Et avec ça s’accompagne une prise de conscience. “Un tournant” se rappelle le pivot français, “J’ai eu la volonté de travailler sur moi après ça” ajoute-t-il.

Progressivement, Fred réussit à se détacher de l’emprise de l’alcool pour aller de l’avant.

Aller de l’avant, ça veut dire retourner en France où il termine sa carrière de basketteur à Limoges avant d’ouvrir un bar-tabac dans la ville du grand CSP. Ça veut dire accepter autant que possible l’autisme d’Enzo et apprécier tous les moments passés avec lui. Ça veut dire construire une nouvelle relation amoureuse et devenir papa à nouveau. Ça veut dire devenir commentateur et s’imposer comme l’une des grandes voix du basket en France.

De 2004 à 2024, Fred Weis est passé des ténèbres à la lumière, se reconstruisant progressivement pour trouver une sérénité intérieure qu’il apprécie chaque seconde désormais.

Et, comme un symbole, 24 ans après le dunk de Vince Carter, le pivot français a tout récemment eu l’honneur de porter la flamme olympique avant les JO de Paris.

“Je suis heureux. La vie est belle.” – Fred Weis

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Source texte : ESPN


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