Pourquoi Dan Hurley a-t-il refusé l’offre des Lakers ?
Le 12 juin 2024 à 14:30 par Nicolas Meichel
Alors qu’il était plus ou moins attendu comme le nouveau coach des Lakers, Dan Hurley a finalement décidé de rester à UConn, surprenant ainsi plus d’un observateur. Une décision qui nourrit certaines spéculations depuis le début de semaine. Hurley envisageait-il vraiment de signer à Los Angeles ? Ou les Lakers n’étaient-ils qu’un moyen utilisé par Hurley pour mieux prolonger à UConn ? On fait le point.
Le dossier Dan Hurley/Lakers a captivé l’attention du sport américain ces derniers jours. Mais alors qu’on connaît son dénouement depuis lundi soir, il continue d’être au centre de nombreuses discussions, ainsi qu’un sujet de discorde entre les insiders les plus influents du monde du basket.
Entre la version d’Adrian Wojnarowski d’ESPN, celle de Shams Charania de The Athletic, et les différents avis balancés à droite à gauche, ça devient difficile de vraiment s’y retrouver. Mais en rassemblant les informations, en prenant compte l’historique d’Hurley ainsi que la situation des Lakers, voilà les raisons qui peuvent véritablement expliquer son refus de rejoindre la Cité des Anges.
La possibilité de faire un three-peat avec UConn
Difficile de partir quand on a une opportunité unique de marquer l’histoire. Après avoir remporté deux titres de champion national consécutifs, avec l’une des équipes les plus dominantes de l’histoire de la NCAA, Dan Hurley a l’occasion de réaliser quelque chose que les plus grands coachs all-time – en dehors de John Wooden – n’ont pas réussi à l’échelon universitaire. Ni Mike Krzyzewski, ni Adolph Rupp, ni Roy Williams, ni Jim Calhoun, ni Bobby Knight, ni personne (excepté Wooden donc, avec UCLA) n’a réussi à remporter trois titres NCAA d’affilée. Même si UConn a perdu du beau monde (Donovan Clingan, Stephon Castle, Tristen Newton), même si le monde du sport universitaire est en pleine mutation, Dan Hurley croit en ses chances de faire le triplé.
A statement from UConn Men's Basketball Head Coach Dan Hurley: pic.twitter.com/16e77ykbVp
— UConn Men's Basketball (@UConnMBB) June 10, 2024
Dan Hurley ne voulait pas non plus abandonner la nouvelle équipe qu’il est actuellement en train de construire en vue de la saison prochaine. Plusieurs recrues se sont engagées avec UConn spécifiquement pour lui, et les workouts ont déjà démarré. En refusant les Lakers mais aussi une grosse offre de Kentucky il y a quelques semaines, Dan Hurley a prouvé qu’il était très attaché à son université.
Connecticut > Hollywood
Le soleil de Los Angeles, le côté glamour d’Hollywood, la possibilité d’être une star dans la ville des stars. On en connaît beaucoup qui auraient sauté sur l’occasion. Pas Dan Hurley. Le coach d’UConn semble enraciné dans le nord-est des Etats-Unis : il est né dans le New Jersey, il a joué à l’université de Seton Hall (New Jersey), il a été l’assistant de son père Bob Hurley – coach légendaire au lycée – à St. Anthony High School (Jersey City) puis coach assistant à Rutgers (Jersey City), il a ensuite entraîné St. Benedict’s Prep (New Jersey), Wagner (New York) et Rhode Island. Tout ça avant de prendre les rênes d’UConn à Storrs dans le Connecticut.
Même si on sait que Dan Hurley adore les challenges, lui qui a souvent dû évoluer dans l’ombre de son père Bob et de son frère Bobby (meilleur passeur de l’histoire de la NCAA), il ne voulait pas quitter ses terres. Il ne voulait pas quitter l’environnement où il a progressivement franchi les échelons, jusqu’à devenir le nouveau visage du basket universitaire. Coachant son fils Andrew à UConn, entouré de sa famille et possédant une très solide fondation là où il se trouve, Dan Hurley ne se voyait pas en train de se jeter dans le tourbillon Lakers.
“Sa famille, et notamment sa femme Andrea, ont joué un énorme rôle dans cette décision. Dan a dit plusieurs fois à quel point il était heureux à UConn, lui qui avait connu des problèmes de santé mentale lorsqu’il était joueur. Il a rencontré Andrea et sa vie a changé depuis, elle représente un pilier pour lui. Bob Sr. et sa femme (ses parents donc, ndlr.) sont constamment présents aux matchs d’UConn, Bob est très impliqué auprès de son fils à UConn. Tout ça, ça compte.”
– John Fanta, spécialiste NCAA pour FOX
Les Lakers, plus si attirants que ça
Les Lakers sont l’une des franchises les plus prestigieuses de la NBA, et même du sport américain. Être coach des Lakers, c’est probablement la plus belle ligne qu’un coach peut avoir sur son CV.
Sauf que les Lakers, c’est aussi une franchise qui a connu six coaches différents depuis le départ de Phil Jackson en 2011, aucun d’entre eux ne dépassant trois saisons sur le banc. C’est une franchise qui semble destinée au ventre mou de la terrible Conférence Ouest avec un LeBron James en fin de carrière et un Anthony Davis qu’il faudra mieux entourer après le départ du King. Alors bien sûr, Los Angeles a toujours cette capacité unique d’attirer une star n’importe quand pour revenir sur le devant de la scène. Mais à l’heure actuelle, au 12 juin 2024, les perspectives ne sont pas très alléchantes.
“Le job de coach aux Lakers, il n’est pas si bien que ça. Ils sont une équipe de play-in, dans une conférence qui n’arrête pas de s’améliorer. LeBron a presque 40 ans. C’est quoi la vision pour cette équipe après le départ de LeBron ? Oui vous avez Anthony Davis, ou encore Austin Reaves, mais ce n’est pas comme si vous aviez une vraie fenêtre de tir pour gagner le titre. Et chaque coach finit par être viré.”
– Zach Lowe, insider ESPN
Quand on a un projet sportif qui n’est pas ouf, on peut tenter de compenser par une offre financière gigantesque. Le genre d’offre qu’on ne peut pas refuser. Mais même à ce niveau-là, les Lakers n’ont pas été si convaincants que ça.
70 millions de dollars sur 6 ans, certes c’est beaucoup et ça aurait fait de Dan Hurley l’un des cinq ou six coaches les mieux payés de la NBA, sans jamais avoir coaché au plus haut niveau. Mais quand vous voulez convaincre quelqu’un de quitter un endroit où il est le big boss, il faut le plus souvent faire all-in (surtout qu’en NBA, les coachs ont globalement moins de pouvoir qu’en NCAA). Cela parlait d’un contrat de 100 millions de dollars à un moment donné, les Lakers n’en ont proposé “que” 70. Vous ajoutez à ça les taxes élevées en Californie, et une hausse de salaire promise par UConn à Hurley (8 millions par an, contre 11,6 à Los Angeles), et l’argument financier devient tout d’un coup moins solide.
De quoi se poser des questions sur les véritables ressources financières des Lakers, mais ça c’est encore un autre sujet.
J’ai pas tous les éléments, j’aimerais fouiller notamment dans les entrées d’argent côté Lakers / famille Buss.
Comment tu peux proposer aussi « peu » à un coach doublement titré en NCAA, en connaissant ta propre situation + le prix des coachs qui a explosé + le confort de…
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) June 10, 2024
La NBA, une porte qui sera toujours ouverte
Si Dan Hurley a refusé l’offre des Lakers, ce n’est pas pour autant qu’il ne se voit pas en NBA. Il a franchi les échelons jusqu’à arriver au sommet du basket universitaire, et pourrait un jour franchir le pas pour entraîner au plus haut niveau. S’il le décide dans les années à venir, il ne fait aucun doute qu’il intéressera du monde en NBA, beaucoup de monde.
En remportant deux titres consécutifs à UConn, en faisant des Huskies un programme hyper dominant, en montrant ses qualités de tacticien mais aussi sa capacité à développer les jeunes joueurs, Dan Hurley coche beaucoup de cases. Si la transition NCAA – NBA n’est facile pour personne, Hurley est globalement perçu comme un entraîneur possédant une philosophie de jeu adaptée à la NBA moderne ainsi qu’une vraie capacité d’adaptation pour créer des relations solides avec des joueurs professionnels. En résumé : il a la cote, et aura la cote peu importe ce qu’il se passe à UConn dans les années à venir.
“Une fin hollywoodienne, ce serait que Dan, le fils prodige, finisse par arriver à New York pour coacher les Knicks et les emmener là où le grand Red Holzman les a emmenés.”
– Josh Swade, producteur de film basé à New York
Knicks ou pas, il existe un scénario dans lequel Dan Hurley débarque en NBA un jour pour prendre les rênes d’une grande équipe NBA, possiblement sur cette côte Est à laquelle il est tellement attaché.