Luka Doncic, aux portes de la consécration
Le 03 juin 2024 à 20:59 par Robin Wolff
Luka Doncic est à une marche du graal. Un titre NBA qui le ferait directement entrer dans une nouvelle dimension, celle des plus grands joueurs de l’histoire du jeu. À seulement 25 ans, le joueur des Dallas Mavericks est en train de réaliser une campagne de Playoffs extraordinaire et, malheureusement pour les Celtics, il semble devenir un petit peu plus fort à chaque rencontre…
“Luka Doncic est diminué.” “Luka Doncic est blessé.” “Luka Doncic est moins impactant que d’habitude.” Toutes ces affirmations entendues depuis début avril comportent une part de vrai, en particulier lors des premiers tours de ces Playoffs 2024. Mais Luka Doncic est surtout en Finales NBA avec son équipe des Dallas Mavericks et en s’attardant sur les chiffres, il est facile de se rendre compte que le prodige slovène réalise une campagne unique dans l’histoire de la Grande Ligue.
Le Bureau des légendes
Avec cinq sélections consécutives dans la All-NBA First Team, Luka Doncic a déjà prouvé qu’il faisait partie des tout meilleurs joueurs de la Ligue en saison régulière. Mais c’est en Playoffs que les chiffres comptent, que les histoires restent, que les légendes sont écrites. Alors bien sûr, lors de ses premiers passages par le mois de mai, le Slovène n’a pas déçu. Souvent auteur de grandes performances, notamment lorsqu’il apercevait un maillot des Clippers ou des Suns en face de lui, Luka a déjà mené son équipe en Finales de Conférence en 2022. Mais malgré ça, jamais avant cette année, il n’a semblé en mesure de passer les dernières marches et d’aller soulever le Larry O’Brien Trophy. Souvent son supporting cast était décrit comme “trop faible” et désigné comme la cause principale du manque de succès des Texans, mais peut-être aussi n’était-il pas prêt ? Les interrogations s’intensifiant encore l’année dernière lorsque, déjà accompagné par Kyrie Irving, Luka Doncic n’avait même pas réussi à se qualifier pour le Play-In Tournament.
Désormais, toutes les incertitudes sont à balancer par la fenêtre. Lors de cette campagne de postseason 2024, Luka Doncic a définitivement changé ces arcs narratifs. Le Slovène a prouvé appartenir au gratin de la Ligue. Ceux qui jouent au basket-ball en juin loin des plages de Cancun. Le franchise player texan s’est offert ce droit, de la plus belle des manières, en inscrivant son nom dans le livre des records. Au cours de ces Playoffs, Luka Doncic a dominé et l’a démontré en prenant la première place dans de nombreuses catégories statistiques : en points, rebonds, passes, interceptions, tirs inscrits, 3-points marqués et lancers-francs convertis. Le tout avant même les Finales NBA, du jamais-vu auparavant.
Luka Doncic in the 2024 Playoffs:
• 1st in points
• 1st in rebounds
• 1st in assists
• 1st in steals
• 1st in FGM
• 1st in 3PM
• 1st in FTM
This had never been done entering the Finals before, until Luka. pic.twitter.com/gP0LMAeoZ8
— MavsMuse (@MavsMuse) May 31, 2024
Alors bien sûr, ce sont des catégories statistiques quantitatives, qui s’expliquent aussi par le fait que Luka Doncic a joué plus de matchs que Nikola Jokic, Jayson Tatum ou Anthony Edwards ce printemps. Mais tout de même, donnez une centaine de matchs à Ron Baker et voyez ce qu’il se passe. Luka a marqué plus de points que Jalen Brunson, distribué plus de passes décisives que Tyrese Haliburton et capté plus de rebonds que Rudy Gobert. Il s’est illustré en devenant un monstre d’activité qui, malgré des gênes au genou et à la cheville, n’a compté aucun de ses efforts, s’améliorant même de l’autre côté du parquet. Mais si ses chiffres parlent pour lui, ils ne disent pas tout de son immense impact.
Le Visiteur du futur
Luka Doncic n’est pas de ceux qui se pointent sur le pas de votre porte avec une chemise repassée en ayant amené le champagne et les chouquettes. Il est de ceux qui ne se lavent pas les mains, débarque en trombe pour repartir avec votre femme et vos enfants, une sorte de Mauro Icardi venu de l’Est. Avant même ces Playoffs, le génie des Mavericks s’était déjà fait une spécialité de visiter les autres arènes de la Ligue et d’en devenir le propriétaire après 48 minutes. Que ce soit en humiliant les Suns dans un Game 7 au Footprint Center ou en devenant, à plusieurs reprises, l’étoile la plus brillante de Los Angeles, il a prouvé à de multiples reprises que les chants des supporters adverses étaient pour lui, ce que des lasagnes sont à Garfield ou un cancer à Walter White : un vecteur de motivation.
Cette année, un step a encore été passé. Dallas n’a jamais eu l’avantage du terrain lors de sa campagne 2024 et s’est tout de même qualifié pour les Finales. Les Mavs se sont imposés deux fois à Los Angeles, deux fois à Oklahoma City et ont réalisé un extraordinaire 3/3 dans le Minnesota. Sept victoires sur 11 matchs à l’extérieur, une statistique hors du commun qui prouve que Jason Kidd et ses hommes ont le pouvoir de s’imposer n’importe où, n’importe quand.
Au-delà des victoires, c’est aussi dans l’attitude que Luka Doncic a impressionné loin de l’American Airlines Center. Le Game 5 contre les Timberwolves en est le meilleur exemple. Alors que les fans le traitaient de chouineur et qu’un petit malin agitait un mouchoir au premier rang, le Slovène a passé la rencontre à le regarder après chaque panier jusqu’à l’interpeller directement au milieu du troisième quart-temps : “Qui pleure maintenant ?” Le tout accompagné d’un langage plus fleuri qu’un champ de muguet au début du mois. Luka n’a pas peur des insultes, il les reçoit, les enregistre, et les retourne contre leurs auteurs au moment opportun. La marque des plus grands trashtalkeurs, et comme vous pouvez vous en douter, ici on apprécie.
“WHO’S CRYING MOTHERF*CKER?”- Luka to Timberwolves fans 😭 pic.twitter.com/ZJgYZLRrkP
— Complex Sports (@ComplexSports) May 31, 2024
Le Flambeau
Lorsque Giannis Antetokounmpo a remporté le titre avec les Milwaukee Bucks en 2021, beaucoup l’ont désigné comme le meilleur joueur de la NBA et ont oublié toutes les critiques portées à son égard auparavant. Lorsque Nikola Jokic a remporté le titre avec les Denver Nuggets, bis repetita. Si c’est en forgeant qu’on devient forgeron, c’est en gagnant qu’on devient le patron.
Luka Doncic a cette étiquette de génie depuis son arrivée dans la Ligue, de future tête d’affiche. Avec un titre NBA, le “futur” laisse automatiquement sa place au présent, comme une concordance des temps devant un exploit intemporel. Si gagner une bague ne mettra pas tout le monde à sa main, ce qui est de toute manière impossible, les termes “Luka Doncic” et “meilleur joueur de basket-ball au monde” seront largement plus associés.
Être porteur de flamme c’est bien, mais allumer la vasque c’est autre chose et une seule personne en est capable. Luka Doncic porte les espérances de beaucoup depuis ses plus jeunes années, mais pour transformer l’essai, encore faut-il le marquer. Le meneur de Dallas n’est plus qu’à quatre matchs de faire du fantasme une réalité et d’être couronné, comme cela semblait être sa destinée, nouveau roi de la NBA.