Flashback : quand Grant Hill était titulaire au All-Star Game en tant que rookie !
Le 26 janv. 2024 à 16:52 par Nathan Maguer
On le sait, le All-Star Game est en grande partie un concours de popularité. Il faut l’accepter, et ce n’est pas très grave. Depuis 2014, le système de vote a changé et inclut les coachs et les joueurs. Ce qui veut dire qu’auparavant, seuls les votes des fans comptaient pour la sélection des titulaires. Un concours de popularité encore plus poussé donc, qui a notamment fait les affaires de Grant Hill en 1995. Rookie, il a été propulsé dans le 5 majeur de l’évènement, symbole du phénomène autant sportif que médiatique qu’il représentait.
Grant Hill est un joueur modèle. Le genre de joueur que la NBA veut pour être son visage et ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé Mister Nice Guy. Il vient d’une famille aisée et est passé par Duke avant d’entrer en NBA. Dans le documentaire 30 for 30 d’ESPN sur le célèbre Fab Five de Michigan, Jalen Rose a parlé de l’enfance de Grant Hill et de l’image de Duke.
“J’étais jaloux de Grant Hill. Il vient d’une bonne famille. Félicitations ! Ta maman est allée à l’université et était camarade de chambre avec Hillary Clinton. Ton père a joué en NFL et a eu du succès. Ils [Duke, ndlr] sont ceux que le monde accepte et nous sommes ceux que le monde déteste.”
Avant même son entrée en NBA, il a déjà une image de nice guy : beau, spectaculaire, athlétique, bien élevé, aisé… Tout pour plaire à la NBA qui cherche alors un successeur à Michael Jordan, retraité à l’été 1993. Tout le package est réuni pour faire de lui un joueur populaire et ça ne va pas louper. Il est évidemment très fort mais le All-Star Game ne réunit pas toujours les meilleurs joueurs pour les titulaires. C’est avant tout un concours de popularité et si le jeu de Hill aide forcément, son image est un facteur énorme. En tant que rookie, Grant Hill est déjà un des joueurs les plus populaires de NBA.
Il est seulement le quatrième joueur NBA à avoir une chaussure signature pour sa saison rookie. Dès sa draft, il a signé un contrat avec la marque FILA qui lui a même permis d’en avoir une à son nom : la GH1, avec 1,5 million de paires vendues uniquement durant sa première saison dans la Grande Ligue. Le plus gros total pour une première depuis une certaine… Air Jordan 1 en 1984. Elle a représenté 10% des ventes de chaussures FILA, et la GH2 a été encore plus populaire. Grant Hill a réussi à rendre la marque italienne stylée. En 1995, il va marquer une génération avec une pub Sprite, GH2 aux pieds.
La hype est immense autour du jeune Américain. Dans un article du Los Angeles Times du 6 janvier 1995 par Mark Heisler, on peut voir l’image qu’il avait à l’époque. Le côté sauveur de la NBA transparaît beaucoup.
« La NBA a finalement un prospect dans la tradition de Magic Johnson, avec un jeu électrique et sans prendre la grosse tête. Le contraste peut difficilement être plus dramatique avec ceux de son âge : un ruineur de franchises (Chris Webber), un gars qui loupe des entraînements (Isaiah Rider), un punk (Christian Laettner), un mercenaire (Shaquille O’Neal) et un goujat (Derrick Coleman).
Il parle aux médias tout le temps, aux entraînements, avant les matchs, après les matchs… »
L’article du LA Times montre que dès début janvier, Hill est premier aux votes avec 488 000 voix contre seulement 404 000 pour le deuxième, qui est quand même Shaquille O’Neal. L’influence est immense et il est réellement vu comme un gars parfait.
Pour la NBA, c’est également fantastique qu’il soit aux Pistons. Il casse totalement avec l’image des Bad Boys des années 1980, ce dont la Grande Ligue se ravit. Même à Detroit il est adoré et l’ambiance va changer. Par exemple, il va décider de s’associer avec la marque Chevrolet dont le siège social est à Detroit alors qu’Isiah Thomas avait choisi Toyota (qui est japonais). Le gars ne fait pas une erreur. Ça plaît à la Ligue, ça plaît aux fans, bref ça plaît.
Bon, est-ce qu’on peut quand même parler de terrain ? Au moins un peu ? Allez.
Il va commencer sa carrière NBA avec 20 points ou plus durant ses six premiers matchs. Lors de sa première sortie, il envoie 25 points, 10 rebonds et 5 passes sur les Lakers. Ça, c’est fait… Il se montre aussi très athlétique et spectaculaire comme c’était annoncé. Mais les adversaires vont ensuite s’adapter et comme il est la principale menace des Pistons, sa production va baisser. Au moment du All-Star Game, il tourne à 18,4 points, 3,7 rebonds et 5 passes de moyenne. C’est très solide mais pas forcément à la hauteur de la folie médiatique qui l’accompagne.
« Ironiquement, en même temps qu’il gagne du terrain au vote du All-Star, il en perd dans la course du Rookie de l’Année. Même si peu le réalise. »
– LA Times
Glenn Robinson – numéro 1 de la Draft 1994 – fait une grosse saison, Jason Kidd (second choix) aussi, mais Grant Hill est à un autre niveau en matière de popularité. Ça va finalement pousser l’ailier à la première place des votes pour le All-Star Game avec 1 289 000 voix contre 1 260 000 pour le gros Shaq. Grant Hill se retrouve donc à l’entre-deux du match des étoiles en ce 12 février 1995. Il est aux côtés de Reggie Miller, Shaquille O’Neal, Scottie Pippen et Penny Hardaway.
Après cette première sélection All-Star, Grant Hill va confirmer avec un titre de co-Rookie de l’Année partagé avec Jason Kidd. Qu’il va aussi confirmer en étant un ovni sur les parquets jusqu’en 2000. Mais alors qu’il tourne en 26-6-6 tout en étant spectaculaire, l’ailier va se blesser gravement à la cheville. Une blessure synonyme du début de la fin pour le prime de Grant Hill. Au final, ça donne une carrière très prometteuse gâchée par les blessures, alors qu’il avait tout pour être le nouveau visage de la NBA.
En étant titulaire au All-Star Game en tant que rookie, Grant Hill a rejoint une liste de seulement 16 joueurs dont la plupart dans les années 60 et 70. Une hype phénoménale comparable à très peu de joueurs dans toute l’histoire de la NBA.
Source texte : Los Angeles Times