Performance all-time : Kobe Bryant seul au monde avec 81 points face aux Raptors

Le 22 janv. 2024 à 09:41 par Nathan Maguer

Le 22 janvier 2006, Kobe Bryant envoyait l’une des plus grandes performances, voire la plus grande performance individuelle all-time. Le 22 janvier 2006, Kobe Bryant envoyait 81 points face aux Toronto Raptors qui n’étaient que les figurants d’un chef d’œuvre soliste marquant l’histoire. 

Ce dimanche devait être un dimanche normal. Ce match devait être un match normal. Les Los Angeles Lakers (22-19), équipe qui joue les Playoffs mais pas le titre face aux Toronto Raptors (14-27), équipe… mauvaise, disons-le. La preuve, beaucoup de personnes couvrant la franchise au quotidien ne sont même pas là pour assister au match. Andrew Bernstein – photographe – a regardé le match des Clippers le même jour et est rentré pour voir ses enfants. Joel Meyers – commentateur des Lakers à cette époque – se trouve à Seattle pour commenter le NFL Conférence Championship Sunday, beaucoup plus important qu’un match banal de saison régulière. Le vice-président des Lakers lui-même, John Black, a carrément dit “qu’il n’y avait rien d’alléchant concernant ce match”.

Rien ? Peut-être pas.

La seule anomalie de ce match est le numéro 8 de Los Angeles, une anomalie de taille puisque le Mamba est alors en train de réaliser une saison individuelle de grand malade. 34,8 points de moyenne sur la saison et 40 points de moyenne sur les douze derniers matchs pour Kobe. Les 2 matchs précédents ? 51 points face aux Kings à 17/35 au tir et 37 points face aux Suns (à 11/33) pour deux défaites. Bienvenue chez les Lakers de 2006…

Un mois auparavant, face aux Mavericks, il réalisait d’ailleurs une autre de ses grandes folies en carrière en marquant plus de points en trois quart-temps que… toute l’équipe de Dallas – 62 à 61 pour le Black Mamba. Et après le match, il expliquait à son coéquipier Bryan Shaw pourquoi il n’était pas revenu sur le terrain alors qu’il aurait pu réaliser une perf’ all-time.

“J’irai jusqu’à 70 points une autre fois. Je le ferai quand on en aura vraiment besoin. Quand ça comptera vraiment.”

Le décor est posé.

Le match commence bien pour les Raptors, qui mènent 63-49 à la mi-temps alors que Kobe a déjà marqué 26 points. Soirée très normale finalement. Mais si le solo a déjà commencé, il va s’amplifier au retour des vestiaires. En réalité, il commence à ce moment précis, comme le raconte également le Black Mamba lui-même à ESPN.

“Je n’ai pas fait attention à quoi que ce soit qui ait été dit (à la mi-temps, ndlr). J’étais juste dans ma tête, ma zone. Je sentais que j’étais dans une autre dimension. Rien d’autre n’importait. Je ne pensais même pas au scoring. J’essayais juste de nous faire revenir dans le match.”

“On était apathique, mais à ce moment, j’aurais pu jouer toute la journée. J’étais extrêmement fort. J’étais en mode : si mes coéquipiers ne jouent pas, je pouvais remonter tout seul, particulièrement ce soir avec leurs rotations défensives (très mauvaises, ndlr). Je savais que je pouvais me mettre en rythme rapidement, je pouvais contrôler le match, scorer quand je voulais, aller sur la ligne à chaque fois. Donc j’ai senti que si je restais concentré sur ce que je voulais faire, je pouvais nous ramener dans le match.”

Dans cette mi-temps, les Raptors vont donc devoir faire face à un Kobe Bryant dans la zone, motivé et soulé par l’attitude de ses coéquipiers. Bonne chance aux Dinos pour ne pas être annihilés par une autre météorite…

L’arrière va trouver son rythme très rapidement : 21 des 24 premiers points de son équipe pour bien commencer et, attention, uniquement du jump-shot sinon c’est pas drôle. Du pull-up pur et dur sur la tête de tous les défenseurs canadiens, spectateurs d’un show qui les dépasse. Les Raptors peuvent envoyer qui ils veulent, ça ne fonctionne pas. Matt Bonner, Mike James, Mo Peterson et, surtout, Jalen Rose y passent tous. Une défense de zone peut-être ? On laisse ce bon Jalen Rose vous en parler.

“La zone, ça n’a pas très bien marché… C’était une rôtisserie, un buffet pour Kobe Bryant.”

Intouchable, Kobe va outscore Toronto 27 à 22 dans ce quart-temps et va faire passer Los Angeles devant avec une minute à jouer sur une interception. +6 pour entamer le quatrième quart, la mission est donc réussie ? Eh non, il faut encore gagner le match et le meilleur reste à venir. Si si, c’est possible.

La pause n’aura aucun effet puisque le numéro 8 est dans une zone complète et profonde. Tous les ballons passent dans ses mains, c’est son match, il lui appartient, et il va le gagner. Les Angelinos prennent le lead mais les Raptors tiennent jusqu’à l’explosion.

100 à 93 pour LA avec 6 minutes et 35 secondes à jouer. Kobe a déjà 59 points et il va alors… envoyer 22 points de suite !!! Encore une fois, les drives sont très rares et son scoring se résume par du pull-up derrière la ligne à 3-points ou des mi-distance tout soyeux. Des shoots sur deux défenseurs, des lancers, un nouveau mi-distance, une feinte – deux feintes – trois feintes – aucun rythme, rien à carrer il le rentre quand même. Il n’y a rien à faire. Plus aucun autre joueur en blanc et jaune ne marquera un panier et Kobe va remporter ce match, tout seul… Le Kobe Ball à son paroxysme et le symbole de cette saison 2005-06. Avec deux lancers à 43 secondes de la fin, il passer la barre des 80 points et passe à 81. Avec 4 secondes à jouer sur l’horloge il sort finalement, acclamé par la foule, sans blague, histoire de finir son numéro solo.

La fiche finale ? Mouillez-vous la nuque. 81 points à 28/46 au shoot, 7/13 à 3-points et 18/20 sur la ligne. 55 points en deuxième mi-temps, la 2ème meilleure marque all-time derrière… Wilt Chamberlain évidemment (59 points). 55 à 41 pour le Mamba après la pause mais surtout une atmosphère très étrange devant une perf presque inhumaine. Une sensation qui ne bascule pourtant jamais dans le gênant tant le bonhomme est fluide… mais froid dans l’exécution. Si le public crie “encore” après chaque panier, c’est aussi bizarrement ce que Toronto a ressenti.

“Tout le monde est presque devenu un supporter cette nuit, de nos starters à notre banc. Il nous a enlevé notre volonté de gagner.” – Mike James

Pour couronner le tout, sachez que ce match est le seul et unique match de la carrière du Mamba… que sa grand-mère est venue voir. Qui plus est le jour de l’anniversaire de la mort de son grand-père… Comme un symbole, c’est arguably le meilleur match de sa carrière, tout du moins son plus iconique. Le 2ème match le plus prolifique de l’histoire au scoring pour l’un des meilleurs scoreurs de l’histoire de la NBA. Un match témoignant aussi de la mentalité du bonhomme et de sa détermination à se dépasser.

“Beaucoup de joueurs arrivent et pensent que 80 points n’est pas atteignable. Je n’ai jamais, jamais pensé comme ça. J’ai toujours pensé que scorer 80 points était possible. Que 90 points c’était possible. Que 100 points c’était possible. Toujours. Je pense que ce match est une preuve de ce qui arrive quand tu ne te mets aucun plafond sur ce que tu es capable de faire.”

Du Kobe dans le texte.


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