En ce vendredi 28 juillet 2023, Manu Ginóbili fête ses 46 ans. L’occasion de revenir sur l’immense carrière de ce joueur qui marqué le basket et la NBA à tout jamais. Une carrière atypique, unique. Une carrière de pionnier sur bien des aspects. Une carrière d’exemple, de coéquipier modèle et de champion.
Issu d’une famille de basketteurs, Manu grandit avec une balle orange dans les mains et ne tarde pas à fouler les parquets avec son père et ses frères aînés. Il débute sa carrière professionnelle à seulement 18 ans au sein de la ligue argentine, où il passe trois saisons avant de plier bagage pour l’Italie. Après une belle année du côté de Reggio de Calabre, Ginóbili se présente à la Draft 1999 et est sélectionné en 57e position (avant-dernier choix) par les Spurs de San Antonio.
Mais la franchise texane le renvoie en Europe pour qu’il continue de se former. Il dispute donc une saison supplémentaire à Reggio de Calabre avant de rejoindre la Virtus Bologne, avec qui il remporte le Championnat, la Coupe d’Italie et l’Euroligue (dont il est élu MVP) en 2001. Devenu une icône du basket italien, Manu excelle aussi sous le maillot de la sélection argentine, qu’il porte jusqu’en finale du Mondial 2002. Il intègre le cinq majeur du tournoi en compagnie des joueurs NBA comme Dirk Nowitzki et Peja Stojakovic.
Manu Ginóbili. Versión Selección Argentina, Indianápolis 2002.pic.twitter.com/W5O5rimzJ7
— Basquet Argentina (@BasketArgentina) November 7, 2019
Les performances de Gino semblent enfin convaincre les Spurs, qui lui font signer son premier contrat pour la saison 2002-03. Il intègre une équipe compétitive (championne en 1999) dans laquelle il parvient à se faire une place grâce à de bonnes performances en sortie de banc : 7,6 points, 2,3 rebonds, 2 passes et 1,4 interceptions en 20,7 minutes par match. Il obtient la confiance de son coach Gregg Popovich, qui lui accorde un gros temps de jeu en playoffs. Et Manu le lui rend bien en apportant du dynamisme offensif – avec son style de jeu déjà atypique – et de l’énergie en défense, notamment à l’interception.
Le rookie aide ainsi les Spurs à retrouver les Finales NBA, qu’ils remportent 4-2 face aux Nets du New Jersey, décrochant le deuxième titre de leur histoire. Dès sa première année en NBA, Manu Ginóbili soulève le trophée Larry O’Brien et devient le premier joueur argentin à être sacré champion NBA. C’est ce qu’on appelle des débuts réussis.
(2003) Tony Parker and Manu Ginobili 🏆✊️ pic.twitter.com/BooqUJTXZg
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Durant sa saison sophomore, Manu affiche une belle progression dans tous les domaines du jeu, notamment au scoring et au playmaking. San Antonio continue de performer, mais échoue à réaliser le back-to-back en s’inclinant en demi-finales de conférence. Ginóbili décide alors de dédier son été à la sélection argentine, avec qui il décroche la médaille d’or aux Jeux Olympiques de 2004, devenant le premier basketteur de l’histoire à remporter l’Euroligue, la NBA et les J.O. Désigné meilleur joueur du tournoi olympique, il s’affirme comme l’un des gros noms du basket mondial.
À l’entame de la saison 2004-05, Manu devient titulaire chez les Spurs et ses performances continuent de s’améliorer. Avec 16 points, 4,4 rebonds, 3,9 passes et 1,6 interceptions à 47,1% au tir dans une équipe qui domine la NBA, il est nommé All-Star pour la première fois de sa carrière. Quelques mois plus tard, il décroche un deuxième titre avec San Antonio en battant les Pistons (4-3) lors des Finales 2005. Ginóbili joue un rôle déterminant dans cette série très défensive, affichant une moyenne de plus de 20 points à 50,7% au tir. S’il manque de peu le titre de MVP des Finales (battu six votes à quatre par Tim Duncan), il reste l’un des artisans majeurs du sacre de son équipe.
Temporada 2005.
Final #1
El cierre de Manu Ginóbili.#HallOfFame pic.twitter.com/irzLdkzae5
— Carlos Altamirano (@altamirano45) September 20, 2022
La saison 2005-06 est plus difficile pour Gino, qui manque une vingtaine de matchs à cause de blessures. San Antonio réalise une bonne saison régulière, mais est éliminé dès les demi-finales de conférence.
Pas de quoi décourager l’Argentin et ses coéquipiers, qui rehaussent leur niveau et retrouvent les Finales NBA dès l’année suivante, en 2007. Face aux Cavaliers du jeunes LeBron James, s’imposent facilement (4-0) et décrochent leur troisième titre en six ans. Dans ses standards habituels et en sortie de banc, Manu Ginóbili réalise des playoffs et des Finals solides, à l’image de ses 27 points inscrits au match 4.
Manu Ginobili jugando final #NBA. Año 2007. pic.twitter.com/nWo6c4jWTi
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Déjà au sommet collectivement, l’arrière semble alors entrer dans son prime individuel. Il réalise une grosse saison 2007-08, sa meilleure en carrière d’un point de vue statistique avec plus de 19 points de moyenne et un joli 40% à 3 points. L’Argentin est au sommet de son art et se voit récompensé par un titre de Sixième Homme de l’Année et une nomination dans la All-NBA Third Team.
Au milieu de six années moins victorieuses pour les Spurs, Manu connaît une deuxième sélection au All-Star Game lors de la saison 2010-11, où il joue 79 matchs en tant que titulaire. Avec une moyenne de 17,4 points, 3,7 rebonds, 4,9 passes et 1,5 interceptions, il est également nommé dans la All-NBA Third Team à l’issue de la saison. Quelques mois plus tard, Gino retrouve le succès collectif en remportant une deuxième le fois le Championnat des Amériques avec l’Argentine. Il est logiquement nominé dans le cinq majeur de la compétition.
V-I-N-T-A-G-E @ManuGinobili 🔥@cabboficial 🇦🇷 v @fbpur 🇵🇷
🏆 2011 @AmeriCup Semi-Final!
📺 14:00 GMT on https://t.co/92nZvJgUXx & https://t.co/1eQ6NkfB6b pic.twitter.com/y1h0gY42pt
— FIBA (@FIBA) April 20, 2020
Après cette grosse saison, le niveau de jeu de l’arrière commence à décliner, et ses responsabilités à diminuer avec l’arrivée du jeune Kawhi Leonard. Il est ainsi reconduit dans le rôle de remplaçant qui lui convient à merveille et dans lequel il excelle. Les Spurs retrouvent un bon équilibre collectif et… les Finales NBA en 2013. Opposés à Miami, ils passent même à quelques secondes du titre avant ce fameux tir de Ray Allen qu’il vaut mieux éviter de mentionner quand on parle de San Antonio…
Malgré cette désillusion, les Éperons ne se désunissent pas et repartent au combat la saison suivante. Ils terminent la régulière 2013-14 avec le meilleur bilan de la ligue (62-20) et se hissent jusqu’en Finales NBA où ils prennent leur revanche sur Miami en s’imposant sèchement 4-1. San Antonio décroche le cinquième titre de son histoire. Le quatrième de celle de Manu Ginóbili, qui devient, avec son coéquipier Tony Parker, le joueur non-américain le plus sacré de l’histoire de la NBA.
« C’est probablement la décision la plus importante de toute cette ère dans la franchise, quand Manu Ginobili a accepté de sortir du banc. » – Pop
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) March 29, 2019
Ce titre est le dernier de la dynastie texane, qui s’éteint lors des années suivantes. Devenu le trio le plus victorieux de l’histoire de la NBA avec 541 succès ensemble, Duncan, Ginóbili et Parker prennent leur retraite sportive tour à tour. Manu prolonge l’aventure quelques années et prend sa retraite à l’été 2018, après être devenu le premier argentin à disputer 1000 matchs en NBA et le troisième joueur à atteindre ce total de rencontres jouées sous la tunique des Spurs.
Manu Ginóbili se retire en tant que monument du basket argentin et américain. Vainqueur de plusieurs titres continentaux et mondiaux, il a assurément marqué l’histoire de l’Albiceleste avec la Generación Dorada dont il fait partie. Multi champion NBA, All-Star et All-NBA, il est aussi l’un des plus grands joueurs internationaux de l’histoire de la Grande Ligue et une légende de San Antonio. Sa franchise n’a d’ailleurs pas attendu longtemps pour annoncer le retrait de son maillot, monté au plafond de l’AT&T center lors d’une cérémonie le 28 mars 2019.
Manu Ginobili watches on as his No. 20 jersey gets raised to the rafters in San Antonio! 👏#GraciasManu pic.twitter.com/irYjDZqU6i
— NBA TV (@NBATV) March 29, 2019
Depuis 2022, Manu Ginóbili est également membre du Hall of Fame, et son discours d’entrée montre bien le bonhomme qu’il est.
“Je ne suis pas là parce que j’étais super spécial. Je suis là parce que j’ai fait partie de deux des équipes les plus importantes des années 2000 : les Spurs et l’équipe nationale de l’Argentine.”
Voila qui résume parfaitement la carrière de Manu Ginóbili. Un joueur rempli d’humilité qui a toujours mis le collectif en avant et tout donné pour son équipe. Un joueur spécial – même si lui ne veut pas l’affirmer – atypique, incomparable… Bref, pas besoin d’utiliser dix superlatifs pour dire que non, on ne retrouvera pas un autre Ginóbili. Humainement comme sportivement, Manu est unique et c’est pour cela qu’on l’apprécie autant.