L’analyse tactico-technique du Game 1 des Finales NBA : comment les Nuggets ont trouvé la bonne formule face au Heat

Le 02 juin 2023 à 20:44 par Antoine Demaegdt

Denver altitude
Source image : NBA League Pass

Ouverture des échiquiers dans ces Finales NBA avec un Game 1 dominé par la bande de Michael Malone. Pas mal de choses à déguster au menu tactico-technique avec un Aaron Gordon en mode bulldozer, un Adebayo en mode franchise player et même un record NBA ! Examinons pourquoi Erik Spoelstra ne va pas dormir durant les prochaines 48 heures.

Après avoir affronté des grosses équipes défensives durant ces Playoffs, Miami s’est retrouvé dépaysé face au basket de l’Ouest du Colorado. Il faut dire que Denver joue dans un tout autre registre avec son attaque destructrice autour de Nikola Jokic. On ne perd pas de temps et on décortique tout de suite pourquoi Miami a manqué d’air face aux chercheurs d’or.

Le jeu à 2 entre Nikola Jokic et Jamal Murray

Tu préfères manger un clou ou une braise ? Voilà la question que pose le duo Murray – Jokic à la défense de Miami lorsque Jamal joue au même niveau que Nikola. On connaît toutes les qualités du pivot serbe : efficacité au tir monstrueuse, toucher de balle, qualités de passe hors normes, tir à 3-points et bien d’autres. En tout cas, c’est le parfait partenaire pour poser des écrans de déménageur à des copains. Mais lorsque ce copain est capable de mettre des pull-up (tirs après avoir dribblé qui sont plus difficiles), c’est tout de suite moins cool pour la défense :

Surtout que lorsque Miami fait des couvertures basses sur pick-and-roll (= Drop), Jokic peut toujours sanctionner en restant à 3-points. Il y a de quoi faire des cauchemars… pic.twitter.com/X3pkcRWaOk

— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 2, 2023

En gros si tu te concentres sur l’un, tu prends tarif par l’autre. Et la goutte de tabasco sur le piment c’est que Jokic est capable de trouver les copains démarqués si Miami décide de doubler… Certainement le plus gros problème pour la défense du Heat mais sans doute pas pour Erik Spoelstra qui sait pertinemment… qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Sauf peut-être se focaliser sur un seul des deux joueurs pour limiter la synergie et faire le pari que l’autre ne mettra pas ses tirs. Vrai casse-tête défensif lorsque les deux sont au rendez-vous !

Bam Adebayo patron du Heat, un choix de Michael Malone ?

Une chose interpelle lorsqu’on regarde le box score : Adebayo a sorti un match d’option offensive n°1 en ayant pris 25 tirs dans le Game 1 alors qu’il en prend 14 en moyenne sur ces Playoffs 2023.

• Si Adebayo réalise une grosse performance individuelle (26 points à 52% au tir), c’est aussi parce que Denver semble l’avoir invité à prendre beaucoup de tirs (25 !) pour limiter le flow offensif de Miami. pic.twitter.com/zlqCL7Z59D

— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 2, 2023

Pas sûr qu’Erik Spoelstra avait prévu que son intérieur shoote autant. Et d’ailleurs Bam a clairement relevé le défi hier soir en étant efficace au tir ! Mais le problème d’insister sur sa capacité à mettre des tirs sans mouvement offensif c’est qu’il y a moins de… mouvement offensif.

C’est un problème car Miami génère moins de décalages en limitant les main à main (leur fonds de commerce) et donc des potentiels tirs ouverts. En plus de ça, peu de fautes sont générées par l’attaque ce qui fait que 1) la défense de Denver peut rester agressive puisqu’il n’y a pas de problèmes de fautes à gérer et 2) peu de lancers-francs sont provoqués par le Heat. D’autant plus que le jeu offensif fuyant d’Adebayo rapporte peu de coups de sifflet. Hier soir, Miami a battu un triste record NBA en shootant seulement deux lancers francs sur la rencontre. La corrélation entre cette stat et le nombre de tickets shoot pour Bam est évidente.

Le bulldozer Aaron Gordon

Bastien et Alex l’avaient annoncé durant la preview de cette série : les joueurs du Heat lèvent le menton pour regarder les Nuggets dans les yeux, et cette différence de taille a été ciblée d’entrée de jeu dans ces Finales NBA avec l’utilisation de Gordon :

Aaron Gordon a été cherché en permanence par les Nuggets avec quelques passes entre les 2 intérieurs (Entry Pass).

Denver a immédiatement fait parler son avantage de taille ! pic.twitter.com/9iiGCPy5TD

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Cela ne veut pas dire que Caleb Martin, Gabe Vincent et Max Strus sont des mauvais défenseurs mais qu’ils ne sont tout simplement pas conditionnés par la nature pour recevoir des bumps de mammouth sous le cercle. Sublimé par la qualité de passe de Jokic, la relation entre les deux intérieurs ne peut pas plus insister sur les faiblesses du Heat. Mais le plus intéressant avec le chantier Gordon, c’est qu’il dissuade Erik Spoelstra de faire jouer Kevin Love – un atout offensif – avec le nombre de trous à boucher dans la peinture dû au manque de personnel. Cody Zeller a été testé par Spo mais sans grande réussite sur Jokic, étrangement. Du coup, Miami se retrouve à jouer petit et les minutes sans Adebayo paraissent longues…

Une adresse à 3-points floridienne qui s’équilibre

Lorsqu’on regarde les pourcentages à 3-points des deux équipes, on se dit que le Heat (33%) a mieux shooté du parking que Denver (30%). Rien de plus factuel certes, sauf que le Heat capitalise bien plus sur ce 3-points que Denver. Les Nuggets ont eu beaucoup de réussite près du cercle grâce à cet avantage physique et ont pris moins de tirs lointains par rapport aux Floridiens. Et c’est d’autant plus frustrant pour Miami lorsque la création offensive n’est pas mauvaise :

• Miami a eu une réussite historique sur ses 3-points grand ouverts au cours de ces Playoffs (58% !). Hier soir, pas mal de tirs bien créés n’ont pas été convertis en première mi-temps à l’image de Strus qui passe à côté de son match (0/9 à 3-points). pic.twitter.com/m6bzZyAPHZ

— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 2, 2023

Si on insiste sur ce point ici, c’est parce que Miami est en partie en Finales NBA grâce à cette réussite de loin bien au-dessus de la moyenne en Playoffs. En même temps lorsqu’on a des snipers comme Robinson, Strus, Vincent et même Martin, l’attaque en mouvement et sans ballon du Heat a pas mal de raison d’artiller de loin. Mais lorsque Max est bourré et que Caleb devient Cody, ça devient vite plus compliqué. On avait prévenu avant la série mais rentrer les tirs de loin est impératif pour les hommes d’Erik Spoelstra s’ils veulent rivaliser avec l’armada offensive du Colorado…

Quels ajustements pour le Game 2 ?

  • Essayer de jouer un peu moins sur Bam en dynamisant l’attaque pour retrouver des décalages et de l’agressivité ?
  • Tenter d’envoyer Kevin Love quand ça recharge en face sur le banc pour amener plus d’attaque ?
  • Copier la stratégie de Malone sur Adebayo pour Jokic ?

Les premiers pions sont posés dans ce duel tactique entre les deux équipes. Ce qui veut dire qu’on peut enfin faire du coaching de comptoir en prédisant l’avenir pour ce Game 2 ! Un joli casse-tête à résoudre pour le Heat mais si cette série s’annonce passionnante, c’est bien parce qu’Erik Spoelstra – l’un des meilleurs coachs NBA de ces dernières années – doit s’ajuster. Rendez-vous lundi pour une nouvelle dose de tactico-technique !