Nikola Jokic – Michael Malone – Jamal Murray : la victoire d’un projet stable dans les Rocheuses

Le 01 juin 2023 à 13:04 par Gaspard Devisme

Jokic / Murray Denver Nuggets 01/06/23
Source image : Youtube

“La NBA est un business”, voilà peut-être la phrase la plus commune lorsqu’on veut souligner la vitesse à laquelle les choses peuvent changer dans la Grande Ligue. Joueurs, coachs, GMs, tout peut basculer en un claquement de doigt et un coup de stylo au bas d’un contrat. Au milieu de tout ça, quelques franchises gardent le cap et font confiance à leur noyau dur. C’est le cas des Denver Nuggets et ça leur réussit plutôt bien. 

Nikola Jokić présent depuis 2015, un an après sa Draft, comme Michael Malone, et Jamal Murray qui a rejoint la franchise lors de la Draft 2016. Les Nuggets sont l’un des meilleurs exemples de stabilité au sein de la Ligue. C’est logique, mais il faut le souligner, tout part avant tout d’un management stable et d’un environnement sain. C’est simple, depuis qu’il est arrivé dans le Colorado, Michael Malone a pu construire son équipe main dans la main avec Tim Connelly. Parti dans le Minnesota il y a seulement un an, Connelly a occupé les postes de General Manager puis Président des Opérations Basket à Denver, et a clairement misé sur la continuité, rendant la tâche beaucoup plus facile à Calvin Booth lorsque celui-ci a pris la suite à l’été 2022.

Le projet Pépites a pris son temps pour se mettre en place, mais les fondations n’ont jamais bougé. Absente des Playoffs entre 2013 et 2019, Mile High City ne les a pas manqués depuis, et peut compter sur un groupe qui a quasiment tout vécu ensemble. Notamment coach Malone, le Joker, et Murray, qui ont connu des saisons sans Playoffs, des Finales de Conférence en 2020, et s’apprêtent à vivre leurs premières Finales NBA. On apprend ensemble, on échoue ensemble, on réussit ensemble.

Le plus gros coup d’arrêt dans ce process ? Sûrement la blessure de Jamal Murray en avril 2021. Le meneur voit son ascension retardée tandis que les Nuggets revoient leurs ambitions à la baisse au sein d’un groupe où littéralement tout tourne autour du franchise player serbe. À l’inverse, s’il y a un gros coup d’accélérateur à ressortir de ces huit années le choix est bien plus compliqué. On va même tricher un peu car chaque pierre apportée à l’édifice a renforcé la forteresse bien ancrée dans les Rocheuses. Entre la confiance mise sur un Serbe, 41ème de Draft et la dégaine du boucher du village, celle donnée à JM27 malgré une terrible blessure au genou, et le pari de Michael Porter Jr. à la Draft 2018 malgré ses problèmes de dos. Dans le Colorado, quand on a une idée en tête, elle y reste bien accrochée.

Les trois pièces majeures du projet sont là, en tout cas lorsqu’on parle de talent pur. Reste maintenant une mission, les entourer. Et ça, Tim Connelly puis Calvin Booth en ont fait leur spécialité. Draft, trade, Free Agency, y’a de tout et surtout de la réussite. Aaron Gordon récupéré contre Gary Harris en 2021, Kentavious Caldwell-Pope contre Will Barton et Monte Morris l’été dernier, stabilité n’est pas synonyme d’attentisme. S’il y a un move à faire pour le bien de l’effectif, on fonce. Résultat, Michael Malone tient en ses deux derniers titulaires deux gros défenseurs capables de rentrer leurs tirs. En plus, les garçons ne sont pas si maladroits que ça balle en main, une aubaine pour le jeu tout en mouvement de Denver. On peut en dire autant de Bruce Brown, débarqué l’été dernier et devenu un homme à tout faire à la Ball Arena.

Tout du long, le front office des Pépites a vu des projets se construire et se déconstruire partout en NBA. Nets, Lakers, Sixers, pour ne citer qu’eux, quand ça ne marche pas on casse tout et on recommence. Et si ça ne marche toujours pas ? Bah on recasse et on verra bien.

Les Denver Nuggets, un OVNI dans l’univers NBA ? Peut-être pas tant que ça si on jette un rapide coup d’œil aux franchises qui ont soulevé le trophée Larry O’Brien depuis une dizaine d’années. Warriors, Bucks, Cavs et Spurs sont clairement des projets qui se sont bâtis sur plusieurs années avec des colonnes vertébrales solides. La recette ? Souvent un franchise player à qui on donne les clés du bateau et qu’on accompagne d’un à deux All-Stars et d’une équipe toute à leur service. Plus qu’à espérer que les planètes s’alignent, et le titre est à portée. À l’inverse, les Raptors de 2019 et les Lakers de 2020 ressemblent plus à des “one shot”. La preuve, les deux franchises sont en galère depuis, même si la récente Finale de Conférence des Lakers cache un peu le bordel récent au sein de la franchise. En bref, la continuité ne rapporte pas de titre à 100%, mais ça aide un poil.

Ces Finales NBA sont les Finales de la patience pour Denver, et un sacre pourrait récompenser un cycle de huit ans à croire en trois gars en particulier. Le coach, son meneur et son pivot, autour de qui un collectif s’est articulé pour en arriver au basket soyeux et efficace des Playoffs 2023 des Nuggets. En face ? Les fondations tout aussi solides du Miami Heat avec Pat Riley et Erik Spoelstra aux manettes. Ça promet.

Source : NBA