La saison rookie de Victor Wembanyama : vers l’infini et au-delà (Partie 1)

Le 26 avr. 2024 à 10:38 par Julien Vion

Saison Rookie Victor Wembanyama Partie 1 25 avril 2024
Source image : montage TrashTalk

Que dire ? L’année 1 de Victor Wembanyama en NBA est terminée, et il faut bien trouver les mots. Quelle saison. Quel joueur. L’heure est donc venue de s’asseoir confortablement pour revenir sur ce que nous a fait vivre Wemby ces derniers mois, et on va prendre le temps. Parce qu’il le vaut bien.

Faites vous couler un petit thé ou allez attraper une gourmandise, le programme du jour est proportionnel à la taille de l’athlète. On ne pourra pas être exhaustif, même si la tentation de discuter de chaque match existe, mais l’objectif est d’obtenir une vue d’ensemble. Alors élevons-nous le plus haut possible pour tout comprendre. Mon chat, qui m’a religieusement accompagné au fil des nuits, est aussi du voyage. Décollage imminent, et prévoyez un bon siège car le voyage s’annonce long. Mais rassurez-vous, aucune chance de s’ennuyer.

Introduction : l’Alien qui nous met la tête dans les étoiles

Comment espérer résumer douze mois aussi riches ?

Il y a ceux qui l’ont regardé toutes les nuits ou presque, ceux qui se rattrapaient avec des résumés au petit matin, ceux qui s’autorisaient quelques veillées pendant l’année, ou encore ceux qui le découvrent aujourd’hui. Peut-être que ce sont ces derniers les véritables aliens, mais tous ont eu la chance d’assister aux débuts de Victor Wembanyama en NBA. La chance, parce qu’on parle d’un athlète qui oscille entre l’exceptionnel et le jamais vu. Au-delà de toutes les statistiques avancées, des compliments des légendes du sport ou des milliers d’articles qui encensent son jeu, Wembanyama joue avec nos émotions.

Évidemment, le pivot n’est pas parfait. On parle aussi d’un joueur qui perd des ballons, rate des tirs, empile les défaites ou fait parfois de grosses erreurs. Un pivot jeune. Un pivot humain, comme vous et moi, même si on peut parfois en douter.

On peut en douter car quand on allume sa télévision ou son ordinateur pour regarder le Français sur les coups de 2h du matin, il se passe quelque chose. Deux, trois ou cinq fois au milieu de notre solitude nocturne, il est à l’origine d’une action qui déforme les traits de nos visages à moitié endormis, nous fait hausser les sourcils de manière irrégulière, tandis que notre bouche ne peut que légèrement s’entrouvrir face à tant d’incompréhension. Le chat aussi, tranquillement posé sur le canap’, a les yeux écarquillés. “Il a fait quoi là ?”, “Miaou ?” “À 2 mètres 24 en plus ?”, “Et il en est combien de contres ?. Et l’on s’empresse d’en parler.

En parler, car ce spectacle provoque un désir de partage irrépressible. Il faut que les autres voient ça. “Il faut que j’envoie ce tweet ou cette vidéo pour que quelqu’un puisse lui aussi ressentir l’excitation d’observer un athlète aux dimensions disproportionnées bouger son corps avec tant de maîtrise”. Et c’est précisément ce qui motive à prendre ce recul. Focus sur Victor Wembanyama, lancé vers l’infini et bien au-delà.

Chapitre 1 : Premier Contact

Comme dans l’œuvre éponyme de Denis Villeneuve, l’expérience Victor Wembanyama commence toujours de la même manière. Au début, on ne comprend pas. Face à ce profil aussi gigantesque qu’intrigant, on se demande si on parle le même langage. Spoiler : oui, c’est bien du basketball.

On pourrait remonter très loin pour contextualiser l’éclosion du talent français. Mais pour beaucoup, le premier moment de réalisation survient au mois d’octobre 2022, quand les Metropolitans 92 jouent deux matchs de pré-saison face à l’équipe Ignite de G League. Dans un duel face à Scoot Henderson, alors présenté comme son grand rival de la future Draft 2023, Wembanyama se présente en bonne et due forme à tous les observateurs aux États-Unis.

Des dunks sans effort, des pull-up à trois-points fantastiques et des contres qui résonnent jusqu’à Attignat au fin fond de l’Auvergne-Rhône-Alpes, le V étale sa panoplie d’actions lunaires. Les highlights donnent le ton des 12 mois qui précèdent son premier match officiel en NBA. À ce moment-là, on ne doutait pas du spécimen, mais on commence à se dire qu’il peut devenir complètement fou. Le chat était déjà là, assis sur le canapé, et mettait ses coussinets derrière sa tête tellement il ne comprenait rien. Miaou, on ne le lui fait pas dire.

Les bêtises qu’il réalise quotidiennement poussent la NBA à acheter les droits de diffusion des matchs de Levallois, une première en France évidemment, alors que LeBron James parle de “l’Alien” quand on l’interroge sur le Français. Pendant plusieurs mois, les salles de Bourg-en-Bresse, Pau ou Cholet sont diffusées sur ESPN, qui n’a d’yeux que pour le prospect le plus médiatisé depuis le King en 2003. Les attentes sont immenses, et ne fléchissent pas au fil des semaines.

Pour cause, le natif du Chesnay illumine le championnat de France à coup de tentatives sur une jambe ou de putbacks sur son propre tir de loin, le tout avec un corps qui semble toujours aussi incompatible avec la fluidité des mouvements effectués. Alors, on en profite tant qu’il est encore dans l’hexagone. Les Mets 92 délocalisent même des matchs à Bercy et son enceinte de 15 000 places, pour permettre au plus grand nombre d’en profiter.

Comment ça Wembanyama vient de putback son PROPRE tir à trois points ?!?pic.twitter.com/jlGs6QUSwa

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) April 2, 2023

Bref, la NBA n’attend que l’Alien, et les franchises en difficulté aussi. La course à la lottery 2023, vite surnommée “course à Victor Wembanyama”, anime la fin de saison régulière. Mi-mai, ce sont finalement les San Antonio Spurs, toujours entraînés par la légende Gregg Popovich, qui héritent du premier choix.

L’histoire est presque trop belle. Après Tim Duncan et David Robinson, ex-intérieurs numéro 1 de draft, SA a un nouveau chouchou. Dans l’ancienne maison de Tony Parker, le basket français a l’occasion de continuer à briller. La casquette et son logo gris vissée sur la tête, Victor sourit avec émotion. Il est surtout plus démonstratif quand… son pote Bilal Coulibaly est drafté avec le septième choix.

🥹 L’émotion de Victor Wembanyama après sa Draft !
💬 “J’ai accompli quelque chose dont j’ai rêvé toute ma vie !”#NBADraft pic.twitter.com/PR9rhwdGJR

— NBAextra (@NBAextra) June 23, 2023

Il faut attendre le mois de juillet pour le voir porter l’uniforme des Spurs pour la première fois, dans un match de Summer League face aux Hornets. Et Wembanyama a… galéré. Malgré une défense déjà excellente, aucune adresse et du déchet en découvrant ce nouveau monde, de quoi attirer quelques vautours médisants. Il ne lui en fallait pas moins. 27 points, 12 rebonds et 3 contres pour tout casser deux jours après, merci-au revoir.

La hype monte de plus belle en présaison, quelques jours avant les débuts officiels, quand Wemby livre une montagne d’actions complètement lunaires. Ce n’est pas seulement qu’il est fort, c’est qu’il sort des trucs jamais vus auparavant. Les commentateurs ne s’y trompent pas : “On va continuer à le dire, vous allez voir quelque chose de sa part chaque soir et vous allez juste secouer la tête”.

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— TrashTalk (@TrashTalk_fr) October 14, 2023

Tout le monde a trop attendu, le début de la saison 2023-24 est enfin arrivé. Juste le temps de réveiller le chat et de s’installer devant l’écran, ça va commencer.

Chapitre 2 : Wemby attacks!

San Antonio est en ébullition, TrashTalk bien installé dans les tribunes, et Victor en tenue devant les 18 947 fans présents le 25 octobre. À peine 35 secondes passées sur un parquet NBA, et le Français s’allonge de tout son long pour contrer Kyrie Irving. Il rentre un tir à trois-points de sa deuxième tentative un peu plus tard et fait exploser le Frost Bank Center. Bonjour à tous, ravi de vous rencontrer. S’il doit gérer un problème de faute à cause de la défense maligne de Grant Williams, la Wemba-mania est plus que lancée dans le Texas.

Wemby fait néanmoins l’expérience de sa première défaite, la faute à ce diable de Luka Doncic, ce à quoi il va rapidement devoir s’habituer. Gregg Popovich tâtonne encore avec l’animation du jeune effectif des Spurs, et répète travailler sur le temps long.

Mais dès son deuxième match, il se distingue encore en posant 21 points, 12 rebonds, 3 interceptions et 3 contres, dont un double-block de zinzin sur la tronche de Jabari Smith Jr. Clutch à souhait, il permet à San Antonio de l’emporter après prolongations et se permet même de pointer du doigt Dillon Brooks après un mi-distance sur sa tête. Le Canadien avait tenté le trashtalking avant le match, déclarant que le Français était “juste grand“. L’arroseur arrosé.

WEMBY DENIAL X2 🤯

Ridiculous. pic.twitter.com/7Qo6U83yEC

— NBA (@NBA) October 28, 2023

Et puis, dès son cinquième match NBA, Victor Wembanyama vient dire bonjour aux étoiles. En déplacement à Phoenix, où les Spurs s’étaient imposés deux jours avant, Wemby profite du face à face contre son idole Kevin Durant pour se trouver une place quelque part entre Neptune et Jupiter. Il inscrit 38 points à 15/26 au tir, avec 10 rebonds et 2 contres. Aucun rookie des Spurs n’avait atteint ces hauteurs depuis David Robinson en 1990. 

Les compliments sont toujours légion, et la pluie de highlights tout aussi habituelle. Entre les dunks plein de rage et le tir extérieur calibré, les Suns n’ont pu que regarder le soleil briller. Alors que les commentateurs américains font toujours aussi peu d’effort pour prononcer correctement toutes les syllabes de son nom de famille, le Français s’éclate.

Je sais qu’on est tous les deux grands et maigres, je sais qu’il m’a regardé jouer étant plus jeune, mais il en a regardé plein d’autres. Il est unique. Il va créer sa propre voie, vous pouvez essayer de comparer mais il sera différent de tous les autres.” – Kevin Durant

pic.twitter.com/4JxTnIiact

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) November 3, 2023

Dans ses premières semaines de compétitions, trois qualités principales se dégagent et lèvent des doutes potentiels sur sa capacité à impacter le jeu du haut de ses 19 ans.

D’abord, Wemby n’a aucun problème pour scorer en NBA. Alors que Bastien et Alex estimaient avant la saison que tourner entre 16 et 18 points serait une projection réaliste pour son année 1, le rookie montre que ce n’est qu’un plancher. Il passe régulièrement la barre des 25, et en envoie par exemple 29 sur la tête de Rudy Gobert et des Wolves. L’exclamation “Oh Mama Wembanyama” – quand ce grand fou claque des alley-oop méchants – devient un classique de la bande sonore du NBA League Pass, tandis que les cernes se creusent chez les amateurs de NBA.

Ensuite, mais ça on le savait, c’est un défenseur d’élite. Dans une NBA plus espacée que jamais autour de la ligne à trois-points, il parvient à s’imposer comme une machine à contre. À 8 reprises face aux Grizzlies en novembre, il dégoûte quelconque adversaire de vouloir attaquer le cercle.

Wemby was the ultimate PAINT PROTECTOR against the Grizzlies with 8⃣ BLK ⛔️

Victor Wembanyama joins Tim Duncan and David Robinson as the only Rookies in Spurs franchise history to record 8+ blocks in a game! pic.twitter.com/1B58djqqhA

— NBA (@NBA) November 19, 2023

Enfin, il joue aussi de sa taille pour gober du rebond à foison. Début décembre, Gregg Popovich fait évoluer son cinq de départ et le repositionne. Fini le poste d’ailier fort d’abord expérimenté, Wemby fait désormais partie du #PivotGang à plein temps. Et avec succès.

Zach Collins est relégué sur le banc, afin d’enlever la présence d’un intérieur supplémentaire à ses côtés et le laisser opérer plus librement dans la raquette. Dès son premier match au poste 5, Victor marque 21 points et collectionne 20 rebonds, devenant à 19 ans le plus jeune joueur de l’histoire à réussir ce double “double-double”.

Pour résumer, Wembanyama est un pivot gigantesque de 2m24 déjà excellent en défense et au contre. Sa science du rebond lui permet de dominer les raquettes, tandis que ses longs bras font de lui un intérieur habile à l’interception. On peut rajouter qu’il montre quelques flashs à la passe, tout en sachant tirer ses lancers-francs. Et avec tout ça, il  est aussi un scoreur hors pair capable de se mouvoir comme un combo-guard d’un mètre 85, en marquant au poste, derrière l’arc ou sous le cercle. Difficile d’être plus exhaustif. Difficile d’être plus élogieux. 

11h34, un jeudi. Après avoir abordé les qualités démontrées entre octobre et décembre, voilà que nous nous mettons en recherche de quelques moments où Victor fut moins en vue, décevant, ces moments où le body language n’y était pas. Je demande à mon chat, mais il me donne sa langue. 11h37 c’est officiel, ces moments n’existent pas.

Chapitre 3 : l’odyssée de la mauvaise passe

Presque.

Fort logiquement, l’année comporte son lot d’obstacles et de désagréments. Dans le premier tiers de la saison, les Spurs connaissent surtout une grosse mauvaise passe collective. Entre le 5 novembre et le 13 décembre, le groupe de Gregg Popovich enchaîne 18 défaites consécutives dans ce qui constitue la plus longue série de l’histoire de la franchise.

Le chemin de croix commence lors d’une réception des Raptors, un soir où les Spurs comptent jusqu’à 20 points d’avance. Mais en fin de match, ils s’écroulent et laissent Scottie Barnes et OG Anunoby faire le travail : 7 unités de retard au final. S’ensuit alors… 40 jours sans gagner. 

Sur le premier quart de la saison, Popovich expérimente un cinq majeur original dans lequel l’ailier fort Jeremy Sochan devient meneur de jeu. Tre Jones, meneur traditionnel, reste sur le banc et ne joue avec le Français que par séquences. Si quelques sourcils interrogatifs se lèvent au fil des matchs, le coach tient à son idée. Mais l’accumulation de revers et les galères évidentes de Sochan avec le ballon sont source de frustration. Au milieu d’un jeu collectif très pauvre, Wembanyama connaît lui aussi ses moments sans. Dans une interview après la fin de la saison rapportée par Benjamin Moubèche, il explique avoir bataillé pour garder la tête froide :

“Il y a eu un moment où c’était assez dur de perdre tous ces matches. Surtout de devoir y retourner le lendemain ou deux jours après (…) Ça a parfois été difficile, mais je suis assez bien entouré pour qu’il n’y ait pas d’irrégularités dans tout ça. Il n’y a pas eu de moment où j’ai craqué.”

Des matchs difficiles, il y en a eu. L’Alien n’a que 19 ans, ou 459 en conversion en âge intergalactique, et chaque sortie est une bataille. En déplacement chez les Clippers (11 points, 5 pertes de balle) ou dans l’Indiana (3/12 au tir), il est bien bousculé dans la raquette et perd pied. Face à l’adversité, il peut avoir la mauvaise habitude de forcer sur le tir de loin et desservir son jeu et son équipe.

Dans le même temps, Chet Holmgren s’impose comme un rival naturel avec son début de saison canon à OKC. Le rookie américain, du haut de ses 2m16 et de sa silhouette élancée, est ce qui se rapproche le plus de Wembanyama. C’est aussi un spécimen pivot aux grandes dimensions qui sait shooter, et son efficacité saute aux yeux. S’ils sont différents, la comparaison entre les deux ne tarde pas, surtout quand ils se rencontrent pour la première fois. Alors que le Thunder pulvérise San Antonio de 36 points, Victor n’est pas dans un bon soir et ne marque que 8 points à 4/15 au tir avec 5 pertes de balles. Ces galères coexistent avec les perfs et l’enjeu est de trouver de la continuité sans dénaturer son jeu.

Sa première dans le célèbre Madison Square Garden est particulièrement délicate, et les fans de New York se permettent même de le chambrer dans les règles de l’art. “SUR-CÔ-TÉ, SUR-CÔ-TÉ” peut-on entendre dans les travées alors que les Spurs prennent une nouvelle fois la pilule.

😅 Wemby a bien été baptisé par le Madison Square Garden !#NBAExtra pic.twitter.com/D0Zt5i0ebd

— NBAextra (@NBAextra) November 9, 2023

Néanmoins, Victor Wembanyama démontre une mentalité et un body language qui rassurent dans tous les moments. Pas une fois ou presque, il n’est apparu nerveux, n’a fait état de traits d’humeur ou a passé ses nerfs sur un coéquipier mal tombé. Quand il galère, il ne se renferme pas. Ses points presse en témoignent, c’est un extra-terrestre à sang froid. Gregg Popovich le souligne régulièrement, alors que la franchise traverse toujours un trou noir dans les résultats. L’odyssée de la mauvaise passe, comme dans l’œuvre de Kubrick, doit faire état d’une évolution. Et ça commence par identifier ce qui ne va pas.

D’abord, il y a la propension de Wemby à perdre des ballons. Certains turnovers font partie du jeu, d’autres sont plus idiots. Mais ce pêché-mignon est très handicapant pour une équipe dont l’animation offensive se rapproche plus de la fac de Bordeaux Montaigne plutôt que des Warriors 2016. Face au Heat mi-novembre, il en accumule 7 en 34 minutes, et en comptabilise plus de 3 par match en moyenne.

Wemby had a turnover on the inbounds but Haywood Highsmith didn’t even consider going for the layup with Wemby just standing there 😂pic.twitter.com/A8DOJfJvJh

— NBA World (@NBAW0RLD24) October 13, 2023

Surtout, ses pourcentages au tir sont relativement bas avant le mois de janvier et concentrent les principales critiques. Avec à peine plus de 43% d’adresse sur la première vingtaine de rencontres, il pêche par sa sélection de tir parfois trop hasardeuse malgré sa taille. Attiré par la ligne à trois-points, il est particulièrement peu en réussite en catch-and-shoot. Mi-décembre, son adresse extérieure est au plus bas. Parmi les joueurs avec minimum 5 tentatives par match, il affiche de loin la pire efficacité de la ligue à 25%.

Dans le même temps, Chet Holmgren est d’une propreté assez exceptionnelle. Certes dans un autre rôle, il est toutefois important dans un Thunder qui empile les victoires et empoche logiquement le titre de rookie du mois de novembre. Le chat fronce les sourcils mais n’est pas inquiet. Il se remet à ronronner quand je rebranche les highlights de Victor.

Ça tombe bien, les Spurs reçoivent les Lakers d’Anthony Davis à la mi-décembre. Dans un face à face attendu, Wembanyama choisit son moment pour de nouveau briser la couche d’ozone. Il envoie 30 points, 13 rebonds, 3 interceptions et 6 contres face au multiple All-Star, et tient la comparaison. Dans un énorme money-time, Wemby fait parler son adresse de loin (4/5 ce soir-là) et fait trembler la maison Angelinos. Un poster et un gros step-back sur la tête d’AD, mais les Spurs s’inclinent encore mais renoueront – enfin – avec la victoire deux jours plus tard.

VICTOR WEMBANYAMA WITH THE STEP BACK TRIPLE 🤯

Back-to-back threes for Wemby 🔥

pic.twitter.com/kK16H3WHsi

— ClutchPoints (@ClutchPoints) December 14, 2023

Chapitre 4 : le rookie contre-attaque

Un petit frisson de peur parcourt l’échine des observateurs quelques jours plus tard, quand le risque de blessure refait surface. Il était presque sorti des esprits après que Wemby ait disputé 24 des 25 premiers matchs, mais n’est pas moins négligeable. Car jamais un joueur de ces dimensions n’a réussi à faire une carrière en NBA sans être ralenti par son corps.

D’abord absent un soir à cause d’une douleur à la cheville droite, Victor se fait peur à Dallas en tournant cette même cheville sur le pied d’un ramasseur de balle. Plus que jamais surveillées par le staff, les minutes passées par le Français sur le parquet sont revues à la baisse tandis que les matchs de repos deviennent plus fréquents. Wembanyama veut jouer, mais la précaution est de mise et Pop reste intraitable.

Dans le même temps, plusieurs observateurs avancent que Chet Holmgren mérite déjà le titre de… Rookie de l’année. Si le débat est futile, surtout à ce moment de la saison, il occupe une bonne place médiatique aux États-Unis. Pour cause, les Spurs affichent encore un bilan médiocre de 5 succès pour 30 défaites. Même en étant excellent, Victor devient abonné aux articles qui commencent par “Malgré la défaite, Wembanyama…”.

J’ai demandé à Victor Wembanyama comment il gérait le fait de manquer des matches « par précaution » alors qu’il veut jouer.

Sa réponse : « C’est toujours dur de manquer un match et de voir ses coéquipiers jouer sans toi, mais on pense à long terme. La première chose que m’a dit… pic.twitter.com/YLKr9KG9sJ

— Benjamin Moubèche (@BenjaminMoubech) December 27, 2023

Au matin du 4 janvier 2024, il fête son vingtième anniversaire. Les 29 matchs qu’il a disputés jusqu’ici seront au final les “moins bons” de sa saison en NBA, et les guillemets sont de mise. Ce “moins bon” Victor Wembanyama navigue autour des 19 points de moyenne, en plus de 10 rebonds, 3 passes et 1 interception, tout en étant le meilleur contreur de la ligue (3,1).

Mais ce jour-là, les Spurs reçoivent les Milwaukee Bucks de Giannis Antetokounmpo. Et au bout de quelques minutes, on comprend vite qu’on est à… NBA 2K dans la vraie vie. Le rookie, toujours limité en minutes, fait un show absolu d’actions de zinzin de l’espace. Des mois plus tard, on n’en revient toujours pas.

Victor Wembanyama, irréel. En transition, behind the back, dunk sur Brook Lopez, and-one.

pic.twitter.com/1TdOo8wR59

— Benjamin Moubèche (@BenjaminMoubech) January 5, 2024

Défensivement, c’est toujours semblable à une montagne infranchissable. Giannis Antetokounmpo se fait attraper en haut du mont Fuji, là où Damian Lillard avait lui-même échoué quelques minutes auparavant.

VICTOR WEMBANYAMA BLOCKS GIANNIS.

pic.twitter.com/6Z8At9cJm9

— Hoop Central (@TheHoopCentral) January 5, 2024

Dans un thriller où les deux équipes se rendent coup pour coup, les Spurs passent à un cheveu de la victoire. Après avoir contré le Grec, Wemby glisse astucieusement le ballon à Tre Jones dans le corner, mais celui-ci rate sa tentative. Défaite. Immédiatement, Victor s’empresse d’aller rassurer son coéquipier. Un tir raté c’est la vie, et ce n’est pas Tre grave.

Pour son premier match à 20 ans, Wembanyama a tenu tête aux MVP des Finales 2021. Il termine avec 27 points, 9 rebonds et 5 contres en seulement… 26 minutes jouées. Le spectacle a été resplendissant, le message retentissant, le futur appétissant. Je vais resservir des croquettes à mon chat pour qu’il digère la nuit. Moi, je n’arrive plus à dormir.

Le lendemain, Holmgren reçoit sa deuxième récompense consécutive de “Rookie du mois” pour ses performances en décembre, au nez et à la barbe du Français. Wemby, qui apprend également sa huitième position dans les votes pour le All-Star Game parmi les intérieurs à l’ouest, déclare en conférence de presse qu’il compte bien hausser le ton :

“Je sais qu’au bout du compte, j’aurai ce que je mérite. Chaque match est un “statement” à partir de maintenant.”

Sortir ça après un tel match, faut pas trembler du menton. Le chat est parti roupiller pour se remettre de ses émotions, mais l’exercice 2023-24 de Victor Wembanyama s’apprête à décoller…

La saison rookie de Victor Wembanyama : vers l’infini et au-delà (Partie 2), juste ici

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