Robin Ficker : le pire fan de l’histoire de la NBA

Le 25 mai 2023 à 10:44 par Alexandre Taupin

Robin Ficker 22 mai 2023
Source image : YouTube / chererandzin

La NBA ? Des franchises, des joueurs, des stars, du show, des actions mythiques, mais aussi des fans, ceux qui animent les salles soir après soir. Aujourd’hui, focus sur Robin Ficker, l’un des supporters les plus… détestés de l’histoire de la Ligue. 

Où se trouve donc la barrière entre ce qu’un fan peut faire et ne pas faire ? Question délicate et qui reste d’actualité chaque soir en NBA. Ceux qui suivent les matchs de la Ligue ont forcément vu des supporters se faire dégager de leur place par la sécurité, et la plupart du temps la raison est la même : des propos qui ont dépassé les limites du respectable. Reste à voir où se situe cette fameuse limite, et à ce petit jeu, un homme était devenu expert en la matière.

Son nom ? Robin Ficker. Si le blaze ne dira rien à personne aujourd’hui, le bonhomme était pourtant bien connu de la NBA et des joueurs dans les 80’s et les 90’s. Qui est-il ? Né en 1943, Robin Ficker est un avocat mais aussi et surtout un passionné de sport. Ayant grandi dans le Maryland, il devient fan des Bullets, aujourd’hui connus sous le nom des Wizards de Washington. Un natif d’un état qui est amoureux de l’équipe locale, jusque-là rien de bien original là-dedans.

Sauf que Robin Ficker n’est pas vraiment un spectateur comme les autres.

Afin d’aider son équipe à gagner des matchs, il décide de perturber les joueurs adverses et en particulier les stars. Shaquille O’Neal, Charles Barkley, Isiah Thomas et même Michael Jordan, nombreux sont ceux qui se sont agacés face aux techniques de ce fan pas comme les autres. Mais que faisait-il au juste pour les faire enrager ? Dans un article du New York Times en 2004, il avait expliqué son code de conduite.

“Mes règles étaient simples et efficaces : pas d’alcool, pas de jurons, pas de commentaires raciaux ou sexuels, et pas de commentaires sur les enfants.”

Rien de bien méchant à balancer aux joueurs donc mais Ficker est un petit malin et il sait où appuyer pour faire mal. En amont des matchs, il se renseigne à fond sur le passé et l’actualité des uns et des autres pour pouvoir trouver de quoi les déstabiliser. Et étant placé juste derrière le banc adverse, ses mots sont facilement audibles pour les joueurs mais aussi les coachs. Surtout que le principal intéressé utilisait souvent un mégaphone pour être bien entendu. (comme ci-dessous)

Master heckler Robin Ficker works his magic on Michael Jordan. #BulletsDay pic.twitter.com/V6ud9nABtt

— SI Vault (@si_vault) April 3, 2014

Il modifiait les paroles des chansons de rap du Shaq, il interrogeait Charles Barkley sur son futur programme de gouverneur de l’Alabama (le joueur avait expliqué que c’était son objectif après sa carrière), il avait même énervé Phil Jackson, pourtant connu pour son calme, en lisant des morceaux de son livre Maverick. Il avait également vu dans un article de USA Today que Frank Layden, entraineur du Jazz, était listé comme celui ayant le pire style vestimentaire parmi les coachs. Évidemment, il n’avait pas manqué l’occasion de le répéter haut et fort au principal intéressé. Des exemples parmi beaucoup d’autres.

De quoi se rendre assez insupportable pour faire sortir de leurs gonds staffs et joueurs. Frank Layden, cité juste au-dessus, avait par exemple tenté de lui cracher dessus. Isiah Thomas, star des Pistons, lui avait carrément jeté une chaussure et les Warriors avaient eux décidé de lui envoyer de la flotte.

Si Ficker n’était pas apprécié, certains ne pouvaient que reconnaitre ses talents pour agacer et perturber. En 1993, Charles Barkley avait même décidé d’employer ses services ! Le Hall of Famer avait offert des billets au fan pour qu’il tente de perturber Michael Jordan durant les Finales NBA entre Bulls et Suns. Malheureusement pour Sir Charles, la tactique n’avait pas fonctionné et la sécurité de l’Arizona avait dégagé le “chahuteur” dès le premier quart-temps.

Si les pitreries du bonhomme étaient bien connues des équipes, il n’avait pas fallu longtemps pour que la NBA elle-même en entende parler. David Stern avait alors créé une nouvelle règle, officieusement appelée “la règle Ficker”, qui interdit aux fans de perturber la communication entre les joueurs et les coachs durant un temps-mort. Dans le cas contraire, le fan en question recevra un avertissement puis sera éjecté de la salle.

Si Robin Ficker n’était pas le plus apprécié au sein de la Ligue, il n’avait pas non plus une cote d’amour folle au sein des Bullets. En 1996, Abe Pollin, alors propriétaire de la franchise, avait décidé de faire déménager ses Bullets du côté de Washington. Il avait également estimé qu’il était temps que l’équipe change de nom. Une liste avait été établie sur la base des votes des fans. Ficker avait publiquement dézingué chacun des noms proposés.

Hasard ou coïncidence, la franchise avait changé sa politique au moment d’entrer dans le MCI Center en 1997. En clair, les sièges situés derrière le banc adverse étaient réservés en priorité aux personnes à mobilité réduite. Le siège correspondant à l’abonnement de Ficker avait donc été relocalisé à côté du panier. Une décision qui avait été perçue par le principal intéressée comme une tentative de la NBA et des Wizards de le faire taire. En conséquence, il avait annoncé dans le Washington Post son intention de ne pas renouveler son abonnement.

“Tout ce que j’ai dit pourrait être imprimé dans un journal familial. Je n’ai jamais rien dit que je regrette.”

Bien des années ont passé depuis la dernière apparition de Robin Ficker dans les tribunes de la NBA mais les anciens n’ont pas oublié celui qui était considéré comme le “Heckler” le plus célèbre de la Ligue. L’ancien avocat (radié du barreau en 2022), est désormais pleinement impliqué en politique. Après avoir échoué à devenir gouverneur du Maryland, il s’est lancé dans la course au sénat pour 2024. Ses adversaires à l’élection sont prévenus, le bonhomme n’a pas sa langue dans sa poche.

Source texte : Washington Post / New York Times / Washington City Paper