Hakeem Olajuwon, un géant aux mains d’or

Le 21 janv. 2023 à 15:15 par Louis-Emmanuel Navarro

Hakeem Olajuwon Rockets 21 janvier 2023
Source image : YouTube

Hakeem “The Dream” Olajuwon. Un nom qui résonne dans les têtes de tous les fans de basket. Le pivot légendaire a marqué de son empreinte l’histoire des Houston Rockets et de la NBA, tout en s’imposant comme l’un des meilleurs big men ayant jamais joué au basket. TrashTalk vous propose un petit focus sur sa carrière.

Il fait partie de ces exemples pour la jeune génération. Celui qui a changé la vision du rôle de pivot, celui qui aura écrit l’histoire d’une franchise et même de la ligue. Technique, élégant, mobile, dominateur, Hakeem Olajuwon est un personnage unique dans le monde de la balle orange, comme on en fait rarement aujourd’hui. Focus sur la vie de l’un des meilleurs pivots de l’histoire de la NBA.

Tout commence au Nigeria, à Lagos, où Hakeem Olajuwon naît le 21 janvier 1963. Issu d’une famille de la classe moyenne, il commence par le football et ne se tourne vers la balle orange qu’à l’âge de 15 ans, par hasard. Tout de suite, le gamin se prend de passion pour ce sport, bien aidé par sa taille et son envergure. Deux ans plus tard, alors qu’il participait à un tournoi avec son équipe scolaire, Hakeem est repéré par un recruteur américain, Guy Lewis, le coach de l’Université de Houston. Convaincu de ses qualités, ce dernier lui propose de devenir le prochain pivot des Cougars, avec une bourse à la clé. Le Nigérian accepte sans réfléchir et le voilà en route vers les États-Unis, à 17 ans.

De l’autre côté de l’Atlantique, Olajuwon en bluffe plus d’un, y compris son coach, qui n’en revient pas de voir de telles qualités. Au point qu’un jour, Lewis dit d’Hakeem qu’il “ressemblait à un rêve” (“looked like a dream”). Hakeem The Dream était né.

Deux ans après avoir commencé le basket, voilà que le grand gaillard joue déjà en NCAA. Impressionnant de facilité, le géant nigérian développe une panoplie de jeu complète, faisant de lui un pivot mobile et encore plus dangereux que ses adversaires.

“Lorsque je suis arrivé à l’université et que je ne savais pas à quoi ressemblait un pivot. Je disais que j’étais arrière. Je ne voulais absolument pas avoir une position” – Hakeem Olajuwon

Aux côtés notamment de Clyde Drexler, Hakeem va littéralement exploser aux yeux du monde, à partir de sa deuxième saison dans le championnat universitaire. Avec près de 14 points et 11 rebonds de moyenne par matchs, il mène les Cougars de Houston en finale NCAA, mais ces derniers s’inclineront de peu  – 54-52 – face aux Tar Heels de North Carolina d’un certain Michael Jordan.

L’année suivante, c’est la même chanson, Hakeem Olajuwon sort une ligne de stats monstrueuse (17 points et 14 rebonds par matchs) mais Houston s’incline encore en finale, cette fois-ci face aux Georgetown Hoyas de Patrick Ewing. Certes, il n’aura pas gagné le titre universitaire, mais ses performances individuelles et collectives font de lui l’un des meilleurs pivots de la NCAA et un prospect très attendu dans la Grande Ligue. Suffisant pour se présenter à la Draft.

Annoncé parmi les meilleurs joueurs de la Draft 1984, Hakeem Olajuwon est choisi en numéro 1 devant Michael Jordan, Charles Barkley ou John Stockton notamment. Il rejoint les Houston Rockets, une ville qu’il connaît parfaitement et à laquelle il est attaché. En 1984-85, pour sa première saison dans la Grande Ligue, il répond aux attentes, sort des moyennes déjà incroyables et participe au All-Star Game : 20,6 points et 11,9 rebonds de moyenne par match. Des stats qui lui permettent également de terminer deuxième au vote du meilleur rookie de l’année, derrière le grand malade évoluant à Chicago.

Associé à Ralph Sampson, Hakeem Olajuwon formera un redoutable duo d’intérieurs, surnommé les Twin Towers, avant Tim Duncan et David Robinson. La saison suivante, en 1985-86, Hakeem The Dream monte en puissance, il termine la saison en double-double de moyenne (23 points, 11 rebonds) et atteint les finales NBA avec les Rockets. Houston élimine les Lakers de Magic Johnson en finale de conférence (Olajuwon tourne à plus de 30 points par macth sur la série) mais s’inclinera face aux Celtics de Larry Bird.

Au départ de Sampson, en 1987, Hakeem Olajuwon a désormais toutes les clés de la franchise texane entre les mains et devient seul leader de l’équipe. Mais les résultats des Rockets deviennent de moins en moins convaincants et H-Twon stagne sans jamais passer un cap en Playoffs. Si Olajuwon bat des records, avec notamment un quadruple-double (18 points, 16 rebonds, 10 passes décisives et 11 contres), le pivot n’arrive pas à faire gagner son équipe et le titre suprême manque toujours à son palmarès. 

Vient alors un tournant dans l’histoire des Rockets et dans la carrière d’Hakeem : l‘arrivée de Rudy Tomjanovich au poste d’entraîneur en 1992. L’ancien joueur de Houston va faire d’Olajuwon le point central de son système et va adapter son effectif en fonction. Les Rockets semblent enfin arrivés à maturité et commencent à monter en puissance. Sa carrière lui vaudra même la reconnaissance de Sa Majesté.

“Si je devais choisir un pivot (Pour faire la meilleure équipe de tous les temps) je prendrais Olajuwon. (…) Et la raison pour laquelle je prendrais Olajuwon est très simple : Ce qu’il peut donner depuis sa position est tellement complet. Ce n’est pas seulement du scoring, pas seulement du rebond ou des contres. Les gens ne réalisent pas qu’il a été plusieurs fois dans le top 7 (sur une saison) en interceptions. Il prenait toujours les bonnes décisions sur le parquet. Pour tous ces aspects du jeu, je le choisirai lui” – Michael Jordan

Sous l’impulsion de son nouveau coach, Hakeem The Dream va passer un cap, passant de border All-Star à candidat MVP chaque année. En 1993-94, alors que Michael Jordan a annoncé sa première retraite, Houston réalise une saison exceptionnelle en terminant deuxième de la Conférence Ouest. Emmenés par un Hakeem Olajuwon de gala, en plein de son prime, les Texans atteignent la finale NBA pour la première fois depuis 1986.

Face aux Knicks, ils sont sans pitié et s’imposent 4-3, voilà la consécration pour Hakeem qui remporte tout sur son passage : MVP de Finales, MVP de la saison régulière et le titre du Meilleur Défenseur de l’année. Avec 27 points, 9 rebonds, 2 contres de moyenne sur la finale, et une domination sans faille, il montre qu’il est sans aucun doute le meilleur pivot de la ligue. Mais surtout, The Dream se débarrasse enfin de la réputation de loser, qu’il traînait depuis l’université.

La saison suivante, en 1994-95, est un peu plus compliquée pour les Rockets. Des résultats en dents de scie et une première partie de saison compliquée mettent en difficulté la franchise. Mais encore grâce à un immense Olajuwon, qui tourne à 27,8 points (sa meilleure moyenne au scoring en carrière), 11 rebonds et 3 contres par matchs, et grâce à l’arrivée de Clyde Drexler, les Rockets terminent tout de même 6èmes de la Conférence Ouest et participent aux Playoffs.

En post-season, ils sont candidats à leur propre succession et écartent successivement le Jazz, les Suns et les Spurs de David Robinson. En finale, Houston affronte Orlando, et Olajuwon fera notamment face à un jeune pivot en devenir nommé… Shaquille O’Neal. C’est une victoire nette et sans bavure, les Rockets s’imposent 4-0 et font le back-to-back. Hakeem a dominé le Shaq, a été élu sans discussion MVP des Finales et est définitivement au sommet de son art. À ce moment-là, il ne fait presque aucun doute, Hakeem Olajuwon est bien le meilleur joueur de la ligue.

“Hakeem Olajuwon était un pivot dont vous ne pouviez pas étudier le jeu car il avait trop de moves. (…) Au poste bas, il pouvait tout faire, ses feintes étaient très variées, il pouvait shooter en sky hook des deux mains, vous enrouler avec un spin move. Il est vraiment celui contre lequel je n’ai jamais trouvé la clé” – Shaquille O’Neal

Les Houston Rockets version mid 90’s demeurent à jamais la seule équipe à avoir interrompu la série de victoires des Bulls entre 1991 et 1998 en l’absence de Michael Jordan. L’équipe emmenée par Rudy Tomjanovich avait été adoubée par MJ lui-même.

“Il nous accordait un grand respect. Il avait le sentiment qu’ils ne pouvaient pas contenir Hakeem, ils n’avaient juste pas les joueurs pour le faire. Il m’avait dit qu’on était l’équipe qui leur donner le plus de fil à retordre.” – Rudy Tomjanovich

The Dream continue de tourner à haut niveau mais n’arrive plus à offrir de titres supplémentaires à sa franchise. À 33 ans, il voit bien que le temps est sûrement passé pour lui, l’effectif des Rockets est également vieillissant, certains cadres partent et les Rockets ne retourneront plus en finale. L’âge n’aidant pas, Hakeem Olajuwon voit son impact diminuer de 16, 14, 10 puis 8 points par matchs. Véritable légende vivante à Houston, the Dream sera transféré aux Raptors en 2001. Ce ne sera qu’anecdotique, Olajuwon ne jouant qu’une saison avant de prendre sa retraite.

Intronisé au Hall of Fame en 2008, le Nigérian d’origine aura laissé une trace indélébile dans l’histoire de la Grande Ligue, qui est bien plus grande que son palmarès. Hakeem The Dream aura été un précurseur pour plusieurs générations après lui. Pivot mobile, polyvalent mais aussi dominateur et puissant, il a également ouvert la voie et des frontières en devenant le premier Africain de l’histoire de la NBA a être élu MVP des Finales, de la saison régulière et a avoir gagné le titre.

Si Hakeem ne bénéficie pas de l’aura d’un Kobe, d’un Jordan, d’un LeBron, d’un Kareem Abdul-Jabbar ou d’un Shaq, il n’en reste pas moins une légende et une icône de la NBA. Il était un monstre sous les paniers, l’un des tous meilleurs de l’histoire. 

Sources : ESPN, NBA, Houston Rockets, Basketball Reference