Kevin Durant et les Nets, un bras de fer long de deux mois : le feuilleton estival s’est terminé sur une victoire de Brooklyn

Le 24 août 2022 à 15:45 par Nicolas Vrignaud

Kevin Durant et Sean Marks 4 juillet 2022
Source : Montage TT via YouTube

Le feuilleton de l’été, qu’ils disaient. Quand Kevin Durant a annoncé aux Nets qu’il souhaitait être transféré, c’est la NBA toute entière qui a retenu son souffle. Ce qu’il en est, un mois et demi plus tard ? Et bien KD restera chez les Nets après s’être entretenu avec la direction de la franchise. Allant de rebondissements en rebondissements, ce récit estival est au final une victoire pour Brooklyn, qui n’aura jamais cédé une once de terrain à sa presque future ex-superstar. 

Le 30 juin dernier, c’est par un tweet d’une soixantaine de caractères que Shams Charania va mettre toute la NBA en branle bas de combat. “Kevin Durant a demandé à être transféré des Brooklyn Nets”. Immédiatement, ce qui devait être une grosse Free Agency à bien des égards devient une partie de poker menteur à 29 participants, chacun voulant garder toutes ses chances de pouvoir construire un package capable d’intéresser Sean Marks, general manager de Brooklyn. Sous contrat pour encore quatre ans, Durantula peut être animé de toute l’envie du monde pour un transfert… mais ce n’est pas lui qui choisira s’il partira ou non. Dans les jours qui suivent, de multiples rumeurs font évidemment leur chemin, envoyant l’ailier chez les Celtics, au Heat, puis indiquant qu’il aurait une préférence pour les Suns et les Sixers. Vous voyez un peu le tableau, rien de très vrai mais rien de très faux non plus, puisque plusieurs franchises ont effectivement été à la chasse aux informations concernant les demandes des Nets pour lâcher leur bijou.

Kevin Durant has requested a trade out of Brooklyn, sources tell @TheAthletic @Stadium.

— Shams Charania (@ShamsCharania) June 30, 2022

C’est donc une sorte de bras de fer qui s’engage début juillet entre KD et son équipe, en fait. Au delà d’un simple procédé de négociation, c’est aussi toute la Grande Ligue qui observe avec attention le déroulement des événements. Pourquoi ? La stature un peu “unique” de Kevin Durant au sein de la NBA, couplée à sa situation contractuelle très défavorable, pourrait bien être faire jurisprudence pour la suite, si jamais un joueur majeur d’une autre équipe – et encore sous contrat garanti – souhaitait à son tour partir. Dans ce duel presque psychologique entre Brooklyn et Kéké, la ligne de Joe Tsai, le proprio des Nets, est très vite tracée. Vous voulez notre ailier ? Ok ça roule mais amenez nous toute votre équipe, et puis même votre ville tant qu’à faire, si il y a des trucs sympatoches à visiter.

L’un des premiers éléments importants qui a laissé percevoir toute la détermination de Joe et sa clique ? Lorsque les Wolves sont venus prendre la température pour un éventuel transfert. Karl-Anthony Towns, Anthony Edwards, quatre premiers tour de Draft. Allez, la bise hein. Démentiel, c’est bien l’adjectif qui correspond le mieux pour qualifier cette demande. Bien sûr, on peut se douter que la liste a été volontairement gonflée à bloc pour décourager tout le monde de venir zieuter de trop près la star. En même temps, rien d’incohérent là-dedans : depuis l’arrivée de Kevin et de Kyrie Irving, c’est tout l’avenir de la franchise qui est lié aux deux zozos. En ayant perdu Harden un an après avoir lâché moult picks de Draft à Houston, laisser filer le reste du trio serait inconcevable sportivement, et ouvrirait pour Brooklyn une nouvelle ère de reconstruction bien douloureuse.

C’est au même moment que plusieurs sources proches du Snake rapportent qu’il a choisi de se terrer dans le silence, ne répondant plus aux messages et prenant donc du recul quant au bourbier monstre qu’il a lui même initié quelques semaines plus tôt. Une stratégie à double tranchant, puisqu’en agissant de la sorte, il indique aux Nets qu’il n’est pas enclin à négocier, mais qui leur laisse en même temps toute latitude pour imposer leurs standards. Les Celtics viennent se renseigner ? Jaylen Brown et Marcus Smart, sinon rentrez chez vous. Les Raptors intéressés ? Scottie Barnes obligatoirement inclus pour causer. Les Sixers aussi ? Mettez un short à Julius Erving, il connaît déjà Brooklyn. Bon là c’est clair, Kevin c’est chasse gardée.

daronne in the package

 

Le retour en force du joueur ? Il intervient le 8 août, lorsqu’il rencontre Joe Tsai en personne pour échanger sur les possibilités autour de sa demande. Un mois après sa demande de transfert, ça fait tard quand même. On notera au passage la volonté de court-circuiter les acteurs sportifs majeurs, à savoir Marks et Steve Nash, le coach. Une forme de mépris ? On n’ira pas jusqu’à avancer une telle hypothèse, d’autant plus que la véritable raison de ces absences va vite être connue. KD pourrait désormais rester, mais c’est à une condition : Marks et Nash ? Dehors. Nouvelle bombe pour la NBA, puisque pour la première fois – de manière aussi claire – un joueur souhaite faire virer des responsables de l’équipe. Pour rester ? Peut-être pas, cela semble surtout être un nouveau moyen pour pousser les Nets à le transférer. Inconcevable pour Joe Tsai de répondre à cette demande, car virer ces gars là reviendrait à donner les clés de la franchise à Kevin Durant. Le communiqué des Nets ne tardera d’ailleurs pas à tomber : soutien inconditionnel du propriétaire à son staff. Après avoir mis un stop aux autres équipes, KD comprend désormais qu’il n’est pas l’élément clé de la réussite de son équipe.

La suite, c’est des rumeurs d’absence au camp d’entraînement, et même de retraite. Des bruits de couloir qu’il convient bien sûr de prendre avec de grosses pincettes, mais qui restent somme toutes assez révélatrices de l’extrémité dans laquelle le joueur est désormais poussé. Tout ça, c’est grâce à la stratégie intangible des Nets, qui n’ont jamais cédé un centimètre de terrain à KD que ce soit en interne ou dans les médias. Finalement, l’épilogue du dossier est intervenu ce mardi, puisque le Cupcake a convenu – lors d’une réunion à Los Angeles avec son représentant Rich Kleiman Joe Tsai, Clara Wu Tsai et Sean Marks – de rester finalement jouer à Brooklyn. Pourquoi ? Why ? どうして ? Et bien personne ne sait trop encore ce qu’il s’est dit précisément durant la rencontre, mais il y a fort à parier que devant la position ultra confortable de la franchise, KD ait choisi de jeter l’éponge. Sans rien gratter en contrepartie ? Seul l’avenir nous le dira.

Durant: Trade me
Nets: No

Durant: Fire the coach and GM
Nets: No

Durant: I might retire
Nets: No you won’t

Durant: OK, I will play
Nets: Sounds good

— Peter Bukowski (@Peter_Bukowski) August 23, 2022

En réussissant à conserver KD sans créer quelconque blocage que ce soit, les Nets ont réussi un sacré tour de force. Non pas qu’ils soient partis dès le début en posture défavorable dans l’histoire, mais reconnaissons quand même qu’il n’y avait rien de gagné. Comme évoqué plus haut, cela permettra peut-être aussi de créer une espèce de jurisprudence officieuse pour les cas similaires qui arriveront à l’avenir… bien qu’un joueur comme Kevin soit unique. 

Sources : Twitter @ShamsSharania, Twitter @BrooklynNets / AS

 


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