Question du jour : avec l’arrivée de Rudy Gobert, où classer les Wolves dans la hiérarchie du Wild Wild West ?
Le 08 juil. 2022 à 16:32 par Nicolas Meichel
En recrutant Rudy Gobert contre un wagon de picks de draft mais sans se séparer du moindre joueur faisant partie de leur noyau dur, les Wolves viennent de réaliser un gros coup dans le but de faire un jump dans la hiérarchie de la Conférence Ouest. Avec Rudy, Karl-Anthony Towns, Anthony Edwards et Cie, Minnesota a effectivement de quoi afficher de belles ambitions lors de la saison 2022-23. Jusqu’à se confronter à l’élite du Wild Wild West ?
Retrouvant les Playoffs en 2022 pour la deuxième fois seulement en quasiment deux décennies, les Loups ont redonné vie à la ville de Minneapolis. Et depuis, leur appétit a grandi comme le prouve le transfert XXL de Rudy Gobert, recruté par le nouveau boss des opérations basket Tim Connelly. Sur le papier, les Wolves font partie des équipes les mieux armées de la Conférence Ouest. Certes, ils sont nombreux à pointer du doigt le grand nombre de picks que vient de lâcher Minnesota pour s’acquérir les services de Rudy, et certains Hexperts ont déjà affiché leurs doutes par rapport à la capacité de cette équipe à performer en Playoffs avec deux grands intérieurs de métier en KAT et Gobert. Mais sans aller aussi loin, on peut se demander si cette version améliorée peut par exemple aller chercher le Top 5 de l’Ouest. Ou mieux encore, le podium. S’il va évidemment encore se passer des choses à l’intersaison, on a déjà une première vision de la gueule qu’aura le Wild Wild West l’an prochain et on peut donc se permettre – à chaud – de donner notre avis sur la nouvelle place de Minnesota dans le paysage.
Rappel du classement en saison régulière en 2021-22
Un aperçu de la Conférence Ouest en 2022-23
Clippers et Nuggets de retour à 100%
Respectivement éliminés au play-in tournament et au premier tour des Playoffs, les Clippers et les Nuggets n’avaient pas vraiment les armes pour faire du bruit lors de la postseason 2022. Mais l’année prochaine ? L’histoire pourrait bien être différente. Kawhi Leonard va faire son grand retour de blessure et les Clips possèdent clairement l’un des meilleurs effectifs de la Ligue. Après la Finale de Conférence jouée il y a un an, les hommes de Tyronn Lue viseront clairement les sommets et faudra compter sur eux dans les hauteurs du classement. Chez les Nuggets du double MVP Nikola Jokic, on a Jamal Murray et Michael Porter Jr. qui vont revenir. S’ils sont en bonne santé, la machine collective de Denver va forcément faire des dégâts et terminer minimum dans le Top 5 de l’Ouest. On peut déjà l’annoncer, avec le retour en forme de ces deux équipes, le Wild Wild West sera bien plus redoutable qu’en 2021-22.
Un Top 4 qui ne compte aller nulle part
Avec le retour des Clippers et des Nuggets, certains devront logiquement laisser leur place dans le Top 4 de l’Ouest. Mais qui ? Phoenix reste sur deux magnifiques campagnes en régulière et n’a pas envie de perdre son spot dans les hauteurs de la conférence. On verra ce que donne le dossier Deandre Ayton et si Kevin Durant débarque un jour dans l’Arizona, mais le groupe de Monty Williams possède de belles garanties en régulière derrière Chris Paul, Devin Booker et Mikal Bridges. Ils seront toujours dans le mix. Les Grizzlies sont eux en pleine ascension sous l’impulsion de leur phénomène Ja Morant. Jeunes, talentueux et ambitieux, ils voudront confirmer le gros cap franchi cette saison. Pas la mission la plus facile et puis on rappelle que Jaren Jackson Jr. est absent pour plusieurs mois, mais il faudra compter sur eux. Golden State ? On parle juste des champions en titre et on a appris à ne jamais parier contre eux. Avec le noyau Curry – Thompson – Green qui prend une année supplémentaire, peut-être que les Warriors ne mettront pas trop l’accent sur la régulière afin de se concentrer sur les Playoffs, mais ils répondront présent malgré la perte de quelques role players qui comptaient. Quant aux Mavericks, ils ont un candidat MVP nommé Luka Doncic qui peut vous garantir à lui tout seul 50 victoires. Certes Jalen Brunson est parti, mais Christian Wood est arrivé, alors attention au finaliste de conf’ 2022. Bref vous l’avez compris, ça va être une véritable baston.
Attention aux Pelicans
Comme si ça ne suffisait pas, une équipe compte bien prendre son envol l’année prochaine, à savoir les Pelicans. La team de Brandon Ingram a réalisé un très gros run en fin de saison 2022 pour arracher sa place en Playoffs, jusqu’à faire transpirer la meilleure équipe de la régulière au premier tour (Phoenix). L’arrivée de l’expérimenté C.J. McCollum a aidé les Pels à franchir un cap, BI a été magnifique en PO, il y a une belle jeunesse qui pousse (Herbert Jones, Trey Murphy III…), des vétérans pour encadrer le tout, et bien évidemment un Zion Williamson chaud patate pour faire son retour. Si Zion est en pleine santé la saison pro et que l’équipe de la Nouvelle-Orléans surfe sur la grosse vague des Playoffs 2022, NOLA pourrait vraiment faire du bruit à l’Ouest.
Bye bye le Jazz
Si on attend une ascension des Pels, on attend dans le même temps une régression du Jazz. Avec le transfert de Rudy Gobert pour un wagon de picks de draft, Utah a entamé un processus de reconstruction/transition qui devrait l’éloigner des hauteurs de la Conférence Ouest, au moins sur le court terme. On va forcément surveiller les prochains mouvements de Danny Ainge mais on voit mal la franchise de Salt Lake City faire partie du Top 8 en 2022-23. La série de six qualifications consécutives en Playoffs a donc de bonnes chances de prendre fin l’année prochaine, ce qui ouvre un spot supplémentaire à la concurrence.
Quid des Lakers et des Blazers ?
Malgré le fail monumental de la saison 2021-22, on ne peut pas jamais complètement exclure une équipe qui possède LeBron James et Anthony Davis dans son roster. Ces deux-là sont toujours chez les Lakers et vont revenir avec un esprit ultra revanchard pour effacer le fiasco de cette année. Et en plus, ils pourraient même être accompagnés par un certain Kyrie Irving, en partance de Brooklyn. Avec un tel Big Three, la franchise de Los Angeles risque bien de faire un retour tonitruant au premier plan, à condition que Kyrie joue plus d’un match sur deux et bien évidemment d’esquiver les blessures. Autre équipe qui a vécu une saison très difficile et qui compte revenir dans le mix : les Blazers. Damian Lillard aura les crocs pour son retour sur les parquets (seulement 29 matchs l’an passé, avant une opération à l’abdomen) et Portland a réalisé quelques mouvements pour redevenir rapidement compétitif, avec notamment l’arrivée de Jerami Grant mais aussi celle de Gary Payton II. Vous ajoutez à ça la validation du contrat garanti de Josh Hart, les prolongations d’Anfernee Simons et Jusuf Nurkic, et la draft de Shaedon Sharpe, et vous obtenez une équipe qui peut faire du bruit.
Et si les Kings…
Nan rien.
Et Minnesota du coup ?
Où se situent les Wolves au milieu de tout ça ? Sans prendre en compte le contexte global qui entoure la Conférence Ouest, on pourrait se dire que l’arrivée de Rudy Gobert propulsera l’équipe de 2021-22 au-dessus de la barre des 50 victoires et dans le Top 4 du classement, voire plus haut encore. Mais vous l’avez compris, le Wild Wild West s’annonce bien plus relevé l’an prochain que cette année. Si les Loups apporteront leur contribution à cette concurrence accrue au sein de la Conférence Ouest, cela signifie aussi qu’un jump vers le haut n’est pas garanti. Bien évidemment on sait ce que Rudy Gobert peut apporter à une équipe : une exceptionnelle base défensive, de la protection de cercle, 15 points – 15 rebonds par match en saison régulière. Cela peut faire du bien quand vous avez Karl-Anthony Towns et D’Angelo Russell dans l’équipe, pas vraiment réputés pour leur solidité défensive. Mais quid du fit entre Gobert et KAT ? Est-ce que faire jouer deux tours dans la NBA actuelle – bien que complémentaires – peut vraiment fonctionner, notamment en Playoffs ? Comment intégrer Rudy à l’équipe qui possédait la pace la plus rapide de la NBA cette année ? Voilà le genre de questions qui planent aujourd’hui au-dessus de Minneapolis et qui risquent de déterminer le plafond de cette équipe des Wolves. Autre élément forcément crucial, la progression d’Anthony Edwards dans cette “nouvelle” version de Minnesota. Ant-Man a montré lors de sa campagne sophomore ainsi qu’en postseason qu’il possédait les épaules pour devenir un All-Star dans pas très longtemps. Mais est-ce que le fait de jouer avec deux géants ne peut pas lui boucher un peu la raquette par manque de spacing ? Dans l’ère actuelle, c’est le genre de truc qui peut interroger. Néanmoins, avec l’espace qu’apporte un shooteur d’élite comme Towns et la menace aérienne d’un Gobert, ça peut vraiment fonctionner aux yeux du Frenchie.
“L’espace que je peux leur créer [à Edwards et Russell, ndlr.] avec mes écrans et ma capacité à rouler vers le panier, ainsi que mes capacités de passeur qui seront sans doute encore plus à l’œuvre cette année, je pense que ça va leur permettre d’être encore meilleurs. Vous ajoutez le spacing qu’apporte KAT, et je pense qu’ils auront des paniers plus faciles qu’auparavant.”
Même si Rudy est optimiste, il y aura là aussi une période d’ajustement en attaque pour faire fonctionner tout ça. On surveillera aussi l’ascension du jeune ailier Jaden McDaniels (qui a montré sur la grande scène des Playoffs son gros potentiel two-way), l’impact que peut avoir une recrue comme Kyle Anderson des deux côtés du terrain, et le futur de D’Angelo Russell qui ne semble pas vraiment gravé dans le marbre à Minnesota.
Au final, cette équipe des Wolves peut afficher des ambitions. Si on devait se prononcer sur les chances de Minnesota au 8 juillet 2022, on dirait que les hommes de Chris Finch ont ce qu’il faut pour dépasser la barre des 50 victoires, ce qui serait une première depuis… 2004 et l’année de MVP de Kevin Garnett. Cette année-là, les Loups sont allés jusqu’en Finale de Conférence Ouest pour la première et unique fois de leur (triste) histoire. On n’arrive pas – à l’heure de ces lignes – à imaginer Minnesota atteindre ce stade-là mais un scénario où les Wolves intègrent le Top 5 de l’Ouest en 2022-23 avec une qualif directe pour les Playoffs, et peut-être même l’avantage du terrain au premier tour, fait partie du champ des possibilités.
Les Wolves ont frappé un grand coup pour espérer franchir un voire plusieurs caps au sein de la Conférence Ouest. Une partie de leur avenir a été sacrifiée pour ça, à eux désormais de donner raison à leur dirigeant Tim Connelly en lâchant une grosse saison 2022-23. Et vous, vous les voyez où les Loups l’année prochaine ?