Profil Draft 2022 – Keegan Murray : du bucket et encore du bucket à gogo, le garçon d’Iowa a réussi à déjouer tous les pronostics

Le 13 juin 2022 à 17:33 par Loan Rayer

Keegan Murray a rencontré énormément d’obstacles sur son parcours. Des obstacles qui ont essayé de l’empêcher de devenir joueur NBA, comme les universités qui ne voulaient pas de lui au départ, ou les fans qui pensaient que sa fac allait retourner dans l’oubli dès qu’il deviendrait titulaire. Sur le sprint vers la plus haute place de la Draft, Keegan s’est retrouvé à devoir faire du 110 mètres haies et a réussi malgré les épreuves à se hisser parmi les meilleurs joueurs de la cuvée.

# SON PROFIL GROSSO MODO

  • Âge : 21 ans, enfin un prospect qui peut boire un binouze aux States tranquille ! 
  • Position : Ailier ou ailier-fort, “Am, stram, gram, pic et pic et colégram…”
  • Équipe : Iowa Hawkeyes, en français : les yeux de faucons, pas les super-héros Marvel avec un arc et des flèches.
  • Taille : 203 centimètres, comme LeBron James.
  • Poids : 102 kilos 
  • Envergure : 211 centimètres, soit un Giannis de long.
  • Statistiques 2021-22 : 23,6 points à 55,4% au tir dont 39,8% du parking, 8,6 rebonds, 1,5 passe décisive et 1,9 contre en 31,7 minutes de jeu en moyenne sur la saison. 
  • Comparaison : Pascal Siakam en plafond, Otto Porter Jr. en plancher ?
  • Prévision TrashTalk : 6ème place

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Keegan Mitchell Murray est originaire de Cedar Rapids (Iowa) et y a passé la plus grande partie de sa vie jusqu’au lycée. L’intérieur est un bon joueur mais n’a pas l’air de séduire les recruteurs des universités du pays. Après avoir eu son bac, Keegan fait le constat : il n’a reçu qu’une seule offre de bourse par une université de Division 1, et cela ne lui plaît pas beaucoup, son rêve d’être joueur NBA s’éloigne. Il décide donc de rejoindre la DME Academy de Daytona Beach, Floride en tant que joueur postgraduate pour montrer aux recruteurs ce qu’il vaut vraiment. Et ça marche : les lettres d’offres de bourse s’accumulent dans la boîte aux lettres, et Keegan Murray décide de rejoindre avec son jumeau Kris la fac d’Iowa, là où avait joué leur père vingt ans plus tôt. Lors de son année freshman, Keegan n’est clairement pas la première option offensive des Hawkeyes et est utilisé en tant que sixième homme par Coach McCaffery. Dans le cinq de départ il y a déjà du lourd : Joe Wieskamp, drafté par les Spurs au second tour lors de la Draft 2021, et à l’intérieur il y a le grand Luka Garza. Même s’il n’a été drafté qu’en 52ème position par les Pistons l’année passée, le pivot est une légende des Hawkeyes, et après ses deux titres de meilleur joueur du pays en 2020 et 2021, il se fera même retirer son numéro 55 par le programme d’Iowa City. 

Donc en début de saison après le départ de “Garzilla” pour la grande Ligue, il laisse un grand vide à combler au plus vite. Alors qu’on croyait que les Hawkeyes allaient retourner dans le néant, les voilà devenus l’un des programmes les plus en vue de l’univers du basket universitaire, tant du côté masculin que féminin. Chez les demoiselles, la sophomore Caitlin Clark est la meilleure marqueuse et passeuse en moyenne du pays. Et chez les garçons, Keegan Murray franchit un cap en tant que titulaire pour sa deuxième année : il passe de 7,2 à 23,6 points de moyenne et devient le quatrième meilleur marqueur des States en moyenne, mais le premier au total de points en pulvérisant au passage le record d’Iowa de points sur une saison de Luka Garza. Le tout dans l’une des conférences les plus relevées du pays, la Big Ten. Oui il sent très bon le basket dans l’Iowa depuis quelques années, tellement que ses joueurs et joueuses n’arrêtent de battre des records. Le poste 4 est devenu cette saison le deuxième joueur de l’histoire de la Division I NCAA à cumuler au moins 800 points, 60 contres et 60 tirs à 3-points sur une saison, après un certain Kevin Durant. Malgré une cruelle élimination au premier tour de March Madness par Richmond, Iowa finit tout de même champion de conférence grâce à leur intérieur membre de la All-American First Team et vainqueur du Karl Malone Award. Keegan Murray était tout simplement unstoppable sur le terrain lors du tournoi final de Big Ten, il établira même un nouveau record de points avec la compétition avec 103 puntos, voici même un petit extrait de sa performance en demi-finale.

LA PERF DE LA SEMAINE EN NCAA 💥

Keegan Murray sort le lance flamme en demi-finale de tournoi de conférence. Record en carrière derrière l'arc pour emmener son équipe en finale.

32 POINTS
8 SUR 10 À 3 PTS 🔥🔥🔥
9 REBONDS
3 PASSES
2 STEALS
2 BLOCKS ⛔️ pic.twitter.com/AT80NBN2LU

— 50 Nuances Data 📊🎬🏀 (@50NuancesData) March 14, 2022

Revenons deux secondes sur sa moyenne de points : 23,6 points, le tout en 31 minutes de jeu. C’est tout simplement irréel, et pour atteindre une telle moyenne, Keegan a su étaler toute sa palette offensive tout au long de sa saison sophomore. Sur le jeu au poste, il a pu montrer toute sa panoplie de moves très utiles pour faire danser le paso doble à son adversaire : spins, hooks, fade-aways, up-and-unders… Tout est là, le menu est bien copieux. Sur le tir extérieur, sa mécanique de tir est très rapide pour un ailier-fort, et depuis le parking ça bombarde pas mal : 39,8% de réussite, ça te classe tout de suite le bonhomme. De l’autre côté du terrain, Keegan est un très bon défenseur près et loin du ballon : il sait mettre la pression, sauter au bon moment pour contrer le tir puis récupérer le rebond défensif à l’atterrissage. Et quand il arrive à chiper des ballons sur les lignes de passe, vous ne pourrez plus l’arrêter en contre-attaque, lancé il finira le travail près du cercle en claquant des dunks monstrueux. En jeu de transition, Keegan Murray est une vraie voiture de Formule 1 sur une ligne droite : “Monsieur coast-to-coast” est tout simplement inarrêtable.

À côté de la très belle panoplie offensive de l’intérieur, on ressent qu’il a du mal à trouver ses coéquipiers en attaque. Sa moyenne constante de 1,5 passe décisive par match le montre très bien. Au niveau du dribble, cela coince un peu également, il n’est pas assez fiable pour que Keegan puisse se créer des tirs seul sur jeu posé. Ensuite, l’une des réticences qui se fait ressentir tout de suite lorsque l’on parle de Keegan Murray, c’est son âge. Aussi près du Top 5 de la Draft, les franchises ont plus tendance à aimer les garçons en fin de puberté, et moins ceux qui sont en relation stable avec leur petite copine depuis quatre ans et pensent à investir dans l’immobilier sous peu. L’ailier-fort aura 22 ans en août, et cela ne plaît pas forcément aux équipes qui ne seront pas totalement opérationnelles pour aller arracher le Play-In l’année prochaine. Enfin… poste 3 ou 4, on ne sait pas encore à quelle position jouera Keegan Murray la saison prochaine en NBA, cela dépendra énormément du roster dans lequel il atterrira. Sur un terrain il ressemble énormément à un profil de 3&D, mais il était utilisé comme ailier-fort même comme pivot à Iowa vu le jeu très small-ball des Hawkeyes et son très bon jeu au poste. Il est plus rapide que les intérieurs adverses mais aussi plus costaud que les ailiers. Le seul bémol est qu’il n’est pas assez rapide en défense directe sur les plus petits que lui. Ce qui est sûr pour le moment, c’est qu’il n’aura pas la même domination physique qu’à la fac, mais on ne sait pas la taille de la différence entre la NCAA et la NBA, vu que l’on ne connaît pas encore son poste de jeu.

# ALORS SI ON RÉSUME…

Points forts :

  • Très actif en défense
  • Vitesse
  • Panoplie offensive plus que variée

Points faibles : 

  • Âge avancé
  • Playmaking
  • Poste 3 ou 4 en NBA ?

DANS LES MOCKS DRAFTS, CA DIT QUOI ?

  • ESPN annonce Keegan Murray en 5ème position.
  • Bleacher Report annonce Keegan Murray en 6ème position.
  • The Athletic annonce Keegan Murray en 6ème position.
  • Draft Room annonce Keegan Murray en 7ème position.
  • Tankathon annonce Keegan Murray en 6ème position.

Il y a trois ans, les rêves de NBA se voyaient effacés pour Keegan Murray en ne voyant que les universités de Division 1 ne croyaient pas en lui et son potentiel. Aujourd’hui, il est sur le point de devenir le premier pick dans le Top 10 pour la fac d’Iowa depuis Ronnie Lester en 1980. Mais même si les franchises du Top 5 ne sont pas intéressés parce qu’il est trop âgé, n’oubliez pas qu’un grand philosophe a dit : “Moi, tu me parles pas d’âge”, et demandez à Cameron Johnson et Chris Duarte, draftés au même âge, ce qu’ils pensent de cette phrase aussi.