D’où vient la punchline NBA sur Cancún ? Retour sur les origines d’une destination devenue référence pour les équipes éliminées

Le 17 mai 2022 à 13:54 par Alexandre Taupin

Source image : Youtube / NBA on TNT

Lorsqu’une équipe termine sa saison (en régulière ou en Playoffs), on a souvent ce réflexe de lui souhaiter de bonnes vacances à Cancún. Mais pourquoi Cancún ? D’où vient cette expression qui est toujours présente dans les articles spécialisés ou même sur les plateaux TV ? Petit retour en arrière pour le découvrir. 

Cancún, ville mexicaine connue pour ses plages de sable fin, son aspect paradisiaque et, bien entendu, sa vie nocturne. Si on s’arrêtait juste à cette description, pas étonnant de voir des joueurs NBA vouloir passer leurs vacances au soleil. Cependant, la célèbre station balnéaire n’est pas la seule ville à jouir de tels atouts. Si vous avez trainé sur la toile en cette fin de week-end, vous aurez sans doute vu des fans souhaiter aux Bucks et aux Suns de bonnes vacances à Cancún. Mais pourquoi pas Hawaï ? Pourquoi pas Miami, Ibiza, Tahiti, les Maldives ? C’est pas ça qui manque les endroits magnifiques. Pour connaître l’origine de cette phrase, il faut prendre la DeLorean et rejoindre Doc et Marty pour un petit voyage dans le passé.

Nous nous retrouvons donc du côté de Los Angeles, la Cité des Anges, près de 24 ans en arrière. En ce 23 mai 1998, la France n’a toujours pas d’étoile sur son maillot, Michael Jordan est en pleine Last Dance (croit-on tout du moins) et les Lakers ont toujours autant de mal à viser les sommets. Malgré l’arrivée de Shaquille O’Neal à l’été 96, la franchise de L.A. n’a pas passé le cap du second tour durant les Playoffs 1997, battue par une équipe du Jazz qui ne baisse les yeux que devant MJ et ses Bulls. Une année plus tard, les Lakers semblent davantage croire à leurs chances. Ils ont sorti une saison plus solide encore et ils viennent de taper avec sérieux les Sonics au second tour. Direction la Finale de Conférence où les attendent Karl Malone, John Stockton et le Jazz. Peuvent-ils s’offrir les Mormons et aller jouer le titre face aux invincibles Bulls ? On y croit du côté de L.A. et les ouailles de Del Harris ont des armes pour faire douter Utah. Il y a le Shaq bien sûr mais aussi Eddie Jones, Nick Van Exel et le jeune Kobe Bryant (tous les quatre sélectionnés pour le All-Star Game 1998), sans oublier Rick Fox, Robert Horry et Derek Fisher. Malgré cette belle troupe mise en place par Jerry West, on va vite déchanter du côté du Forum d’Inglewood. Le Jazz donne une bonne grosse fessée au Game 1, avant d’arracher le second match à l’expérience. Les Lakers espèrent que le mince écart du Game 2 combiné à un retour à domicile permettra de revenir à hauteur mais Utah sort les muscles pour aller récupérer une troisième win, cette fois au Forum. Les Angelinos sont abattus. Shaq explique dans la presse que l’équipe devrait avoir honte et qu’il faut montrer un peu de fierté. Avec un déficit de 0-3, la question n’est plus de savoir si une qualification est possible mais il s’agit au moins de sauver l’honneur et éviter un sweep qui serait embarrassant.

On arrive donc à ce fameux 23 mai 1998 et l’entrainement du jour des Lakers. Le récit nous est compté par Jeff Pearlman dans son livre Three-Ring Circus: Kobe, Shaq, Phil, and the Crazy Years of the Lakers Dynasty. Nous sommes le lendemain du Game 3 et le coach des Lakers a prévu un petit entraînement matinal à la veille du (possible) dernier match de la série. Tradition oblige, les joueurs finissent la séance en se réunissant pour un cri de ralliement. Les habitués des clubs connaissent, on joint les mains au milieu et puis 1,2,3 et hop on crie un truc. C’est souvent le nom de l’équipe mais cela peut aussi être un mot défini à l’avance qui est censé réveiller le sentiment guerrier en chacun. Bref, les joueurs de L.A. se rapprochent donc les uns des autres mais un petit plaisantin va vouloir faire de l’humour. Au moment de lancer le cri de ralliement, l’un des joueurs hurle “1,2,3, Cancún” ! Il s’agit de Nick van Exel. Joueur flashy et talentueux des années 90, réputé notamment pour son handle, sa vitesse supersonique et sa capacité à prendre feu rapidement, celui qui est connu comme Nick The Quick est aussi doté d’un caractère sulfureux et il lui arrive de l’ouvrir avant de tourner la langue dans la bouche. Évidemment, la phrase est dite sur le ton de la blague et le but est sans doute de faire rire mais la plaisanterie ne passe pas auprès du reste du groupe. Il y a 0-3, l’équipe vient de paumer à la maison de manière nette et puis ce n’est pas comme si le meneur All-Star était au sommet de sa forme. Sur les trois premiers matchs de la série, il tourne à 8 points de moyenne et même pas 21% au tir en sortie de banc. Non content de passer à côté de sa Finale de Conf’, Van Exel envoie un terrible message à ses camarades : celui d’avoir déjà abandonner le combat. Le joueur se défend bien sûr d’avoir renoncé mais le mal est fait.

Le lendemain, le Jazz finit le boulot 96-92 et sort le balai sur les ambitions des Lakers. Avec 11 points et 5 passes en sortie de banc, Nick Van Exel finit sur une note un peu moins dégueu que sa série mais son sort est déjà scellé. Shaq n’a pas manqué la veille d’aller voir Jerry West, le GM des Lakers, pour lui raconter l’incident de l’entraînement. L’homme du logo a assuré à sa star que le guard ferait ses valises à la fin de la saison. Le dirigeant ne tarde pas à tenir parole et, un mois plus tard, Nick The Quick est envoyé aux Nuggets dans un deal qui inclut Tony Battie et un pick de Draft qui deviendra Tyronn Lue. La réputation du joueur en a pris un coup mais celui-ci est convaincu qu’on lui donne surtout le rôle de la tête de Turc suite à la mauvaise série contre le Jazz.

“S’ils ne gagnent pas le championnat cette année, je me demande à qui ils vont en vouloir.”

La suite, on la connaît, les Lakers iront chercher le three-peat entre 2000 et 2002 tandis que Nick Van Exel fera ses chiffres dans une équipe des Nuggets au fond du trou avant d’enchaîner les trades jusqu’à une retraite en 2006 chez les Spurs. Si sa fin de carrière ne marquera pas les esprits, son trait d’humour aura lui traversé les âges. Shaq, désormais consultant, fait d’ailleurs régulièrement la blague avec ses acolytes sur TNT (voir ci-dessous). Il lui aura fallu quelques années mais le 1,2,3 Cancún le fait désormais rigoler.

Cancun Lakers

Il y a presque 24 ans jour pour jour, Nick Van Exel lâchait quatre mots qui allaient écrire la légende des équipes éliminées sur les décennies à venir. Bis repetita cette année et on ne manquera pas de souhaiter de bonnes vacances à Cancún aux prochaines teams qui prendront la porte : Celtics, Heat, Mavs et Warriors sont prévenus !

Source texte : Jeff Pearlman / Three-Ring Circus: Kobe, Shaq, Phil, and the Crazy Years of the Lakers Dynasty

Source image : NBA on TNT