Le billet d’Alex : Jayson Tatum, Luka Doncic, jeunes superstars recherchent les pleins pouvoirs

Le 15 mai 2022 à 11:31 par Alexandre Martin

Luka Doncic Jayson Tatum

Les deux finalistes de 2021, favoris de beaucoup au départ de ces Playoffs 2022, vont devoir en passer par un game 7 pour tenter de continuer leurs campagnes au moins jusqu’aux finales de conférence. Malgré leur expérience, leurs gros collectifs, leurs stars établies et habituées aux joutes de post-season, Bucks et Suns sont en grand danger. On le sent, on le voit. Le danger s’appelle Celtics pour les uns, Mavericks pour les autres. Deux équipes énormes collectivement, articulées autour de superstars jeunes, insolentes et affamées : Jayson Tatum et Luka Doncic. En ce dimanche 15 mai, leur prise de pouvoir pourrait se matérialiser encore un peu plus. 

Sinon, ils reviendront encore et encore. C’est que le début, d’accord, d’accord. Oui, c’est du Cabrel. On revient de Toulouse, on est passés par Agen et de toute façon, on se permet tout ici. Comme Jayson et Luka. 

Ils reviendront jusqu’à assouvir leurs légitimes ambitions. Non seulement parce qu’ils ont devant eux un paquet de saisons au plus haut niveau mais aussi parce qu’ils sont déjà dominants, déjà prêts mentalement, déjà des boss. Et attention, ça peut tout à fait passer dès cette année, à l’Est comme à l’Ouest. 

Les Celtics vont recevoir les Bucks toujours sans Middleton il ne faut pas l’oublier mais avec un Giannis Antetokounmpo absolument monstrueux et en quête de back-to-back. Boston a plein d’armes, magnifiquement développées au cours de la saison : une défense tactique et sans pitié, un groupe qui s’appuie sur la polyvalence de plusieurs joueurs clé, comme Marcus Smart le DPOY, Jalen Brown le lieutenant, Al Horford l’intérieur gendre idéal et Grant Williams, le fou qu’on aime à la folie… Et puis, Boston a un patron. Il a 24 ans, il est en NBA depuis cinq ans. Il est capable d’éclabousser une rencontre de son talent offensif comme de se donner sans compter en défense sur le meilleur extérieur adverse. La nuit dernière, les Celtics étaient à Milwaukee pour un match 6 qui aurait pu marquer la fin de leur campagne 2022. Jayson Tatum a joué 43 minutes et planté 46 points, accompagnés de 9 rebonds et 4 passes décisives. Il n’a pas éclaboussé les Daims, il les a noyés. Il a permis au travail collectif de ses équipiers de ne pas être annihilé par l’immense performance du Grec. Oui, 40 points, 20 rebonds et 6 offrandes sur cette défense, c’est immense. Mais Jayson a répondu. Jayson a rendu tous les coups. Il a même donné ceux qui ont fait le plus de dégâts. Ses 16 points, sur les 26 de son équipe, dans le quatrième quart d’un match aussi intense ont fait tellement mal aux Bucks et tellement de bien aux siens. Là aussi c’est immense et c’était nécessaire pour punir le manque d’adresse globale côté Milwaukee.

De gros tirs lointains, des jumpers à mi-distance, des drives, des lancers provoqués et transformés. Tatum a tout fait aux cervidés. Avec cette performance, il a atteint la barre des 30 unités pour la cinquième fois depuis le début des Playoffs, la troisième de suite contre les Bucks dans une série à couteaux tirés. Orphelins de Middleton, les Bucks et Giannis n’avaient pas de quoi lutter cette fois-ci. Ils sont prévenus pour le game 7 : Jayson Tatum a bien l’intention de continuer à tabasser la bête blessée. Il n’y aura pas de sursis, pas de deuxième chance, pas dans ce TD Garden qui sera plus bouillant que jamais. Cette série est sauvage et elle va l’être jusqu’au bout. Jayson Tatum est un lion mais est-il déjà le roi de l’Est ? Une étape éléphantesque l’attend dans quelques heures et le pire c’est que personne ne doute qu’il puisse être à la hauteur. 

A l’Ouest aussi il y a du nouveau. Luka Doncic a raté les trois premiers matchs de Playoffs. La frayeur a été réelle côté Mavericks. Mais le prodige est revenu. Avec lui, Dallas a tranquillement fini un Jazz qui semblait à portée, même sans lui… Un autre sujet sur lequel on aura l’occasion de revenir quand le temps sera venu. Du temps ? Luka n’en a pas. 23 ans, 22 matchs de Playoffs joués pour l’instant en carrière, 32,5 points de moyenne (avec 9 rebonds et 8 caviars autrement ce n’est pas marrant). C’est Jordanesque donc on verra si le Slovène peut entretenir ça sur la durée. Mais bon, c’est Jordanesque. Opposé aux Suns, la meilleure équipe de la saison régulière, Luka a commencé par envoyer 45 points, 12 rebonds et 8 passes décisives… dans une défaite. Typiquement le genre de match difficile à avaler pour un joueur et pour un groupe. Sauf que les Mavs de Jason Kidd ont beaucoup de ressources. Ils ont adapté leur défense, cocorico Franky Ntilikina. Ils abusent d’un Chris Paul en galère des deux côtés du terrain. Et Luka continue. Match après match, il score, il distribue, chambre ses adversaires, leur rentre dans la tête, les domine, les voient venir, contre tous leurs plans. 

“Too easy”, trop facile. 

Ce surnom lui va si bien et représente parfaitement le niveau d’écoeurement que le génial blondinet doit générer côté Cactus. Ils lui ont envoyé Mikal Bridges, Jae Crowder, Cam Johnson, Devin Booker, des prises à deux. Rien n’y fait. Luka Doncic ne veut pas ralentir. Il veut le scalp des Suns. Il est le meilleur joueur de la série. Pour autant, Phoenix reste le favori de ce match 7. Phoenix jouera à domicile et c’est la meilleure des deux équipes, sur le papier. Sur le parquet, ce ne fut pas évident du tout lors des trois matchs joués à Dallas qui se sont soldés par des défaites cuisantes pour les hommes de Monty Williams. A la maison, les Suns ont été intraitables. Doncic a eu beau performer, les Mavs sont repartis trois fois avec une défaite dans leurs valises, voire une valise dans la défaite. Dans l’Arizona, c’est toute une ville qui va pousser les siens ce dimanche. Tout un public que l’on sait chaud comme la braise. Un public bien agressif qui sait mettre la pression. Le match promet d’être tendu. La chouine sera de mise, les simulations et autres provocations seront légion. Un environnement qui n’effraie pas Luka Doncic. Le Slovène veut aller voir plus loin dans ces Playoffs. 

Sur un match, même à l’extérieur, son talent, sa confiance et son intelligence peuvent permettre à Luka de maîtriser le tempo, de donner une vraie chance aux Mavs. Il peut empêcher les Suns et Chris Paul de mener à bien leur quête de titre. Il peut les laisser sans victoire, à la poursuite de leur histoire. Ce serait un coup de tonnerre à la hauteur de ce que Luka nous montre depuis qu’il a débarqué dans la grande ligue. Ce serait une véritable prise de pouvoir. C’est le genre de moment dont il faut savoir profiter quand ils se présentent. Car ils sont rares. Car le sport de haut niveau est sans pitié. Si tu ne gagnes pas quand la fenêtre de tir est là, ouverte devant toi, peut-être que tu ne gagneras jamais. Oui Chris, c’est à toi que je parle. A toi aussi Damian, à toi aussi James.  Les Curry, LeBron ou Durant sont encore là et ne vont pas se laisser faire. Des gars comme Giannis ou Kawhi, quand il est sur deux jambes, sont au pouvoir depuis pas si longtemps, mais pour combien de temps ? Tout va tellement vite en NBA.

Un jour, les Finales NBA opposeront Luka Doncic à Jayson Tatum. Voilà, c’est écrit. Peut-être pas cette année mais ça finira par tomber. Un jour, Ja Morant aura l’occasion de rappeler à tous que s’il ne s’était pas blessé au pire moment dans ces Playoffs, les Warriors n’auraient probablement pas fini la série de demi-finale de conférence en 6. A la fin de son colossal game 2 à 47 points sur le museau des Warriors, le meneur des Grizzlies avait d’ailleurs exulté d’un mémorable “We’re gonna have some fun”. 

Il a raison.  

On va bien s’amuser.