DeMarcus Cousins sans filtre : « Qu’est-ce que Sacramento a fait pour moi à part dire mon nom le jour de la draft ? »

Le 19 avr. 2022 à 18:14 par Arthur Baudin

DeMarcus Cousins 31 décembre 2021
Source : YouTube

Dans une interview accordée à Marc J. Spears de Andscape, DeMarcus Cousins a vidé ses bagages pour le média anciennement nommé « The Undefeated ». On n’y apprend rien d’incroyable, mais le franc-parler de l’intérieur de Denver est croustillant. Des balles perdues, encore et encore.

Par où commencer. Trop de décla’ polémiques, plus gratuites les unes que les autres. Cette interview est l’une de celles qu’un joueur réalise au moment « roue libre » de sa carrière, où la langue de bois n’est plus qu’un lointain souvenir de ses jeunes années. Il faut dire que la structure de l’interview menée par Marc J. Spears est puissante. Il commence par poser à DeMarcus Cousins, des questions sur sa dernière Free Agency. L’été/automne dernier, après de jolis Playoffs sous l’étiquette des Clippers, l’intérieur n’a pas réussi à trouver une équipe avant le… 30 novembre 2021, en signant un contrat d’un an non garanti à Milwaukee. « Eh bien, honnêtement, après la façon dont j’ai joué avec les Clippers en Playoffs, je pensais que quelque chose se serait ouvert pour moi ». Dans le Wisconsin, ses moyennes sont encourageantes : 9,1 points, 5,8 rebonds et 1,1 assist à 47% au tir dont 27% du parking, le tout en 16,9 minutes de jeu. Mais au bout de 17 matchs – dont cinq en tant que titulaire – Boogie est coupé par la franchise. « Je pensais avoir trouvé un foyer. Tout s’est passé en douceur. C’est une autre situation que je ne comprends toujours pas. Ils disent que c’est pour des raisons de flexibilité financière que j’ai été coupé. Je n’y crois pas ». Une équipe candidate au titre cherche avant tout de la stabilité dans son effectif. À 31 ans, l’ancien de Sacramento n’a rien gagné malgré son immense talent. Ça peut effrayer.

« Milwaukee est arrivé et a conclu un accord rapidement. Ils ont mis toutes leurs cartes sur la table, ils m’ont dit qu’ils avaient besoin de moi. Ils parlaient même de long terme, et c’est pourquoi, comme je l’ai dit, toute cette situation n’avait aucun sens […]

La nuit même où ils m’ont coupé, je me suis blessé au mollet, et je me suis retrouvé avec une entorse. Je n’ai même pas pris de douche. Je n’ai même pas enlevé mon uniforme avant qu’ils me disent qu’ils allaient me couper. » – DeMarcus Cousins, pour Andscape

Boogie Buckets! 💪

DeMarcus Cousins drops a season-high 18 points in the @Bucks victory! pic.twitter.com/vqhg7PNX2L

— NBA (@NBA) December 23, 2021

« C’est juste ce côté du business que les gens ne comprendront jamais vraiment. Les franchises sont juste brutales comme des *biiiip*. C’est brutal, mec. Et puis, ce qui est bizarre, ce qui craint le plus, c’est qu’elles peuvent vous donner n’importe quelle excuse ». On y revient. L’éternel débat – qui n’en est d’ailleurs pas un – des joueurs traités comme du bétail. Et en ça, il est idiot de répondre par l’argument de leur masse salariale. Peu importe ses revenus, l’employé d’une entreprise aussi puissante que la NBA mérite la transparence. Le sujet Bucks refermé, Marc J. Spears transite ensuite l’interview vers la situation de Boogie à Denver, et notamment la relation qu’il entretient avec Mike Malone, sous lequel il a déjà évolué deux saisons à Sacramento. « C’est le coach le plus documenté avec lequel je me suis lié d’affection. […] Il me connaît depuis que je suis enfant. Nous sommes restés en contact depuis notre première expérience de joueur et d’entraîneur à Sacramento ». Sauf que dès que le mot « Sacramento » revient sur la table, DeMarcus Cousins a les narines qui chauffent. La suite est moins drôle, déconseillée aux mineurs, mais aussi aux fans des Kings souhaitant conserver une once d’estime pour leur management. Voici ce que, dans un premier temps, l’intérieur répond à la question : « Vous pensez que vous seriez resté plus longtemps à Sacramento s’ils n’avaient pas laissé Mike Malone partir ? ».

« Absolument. Nous aurions gagné. On aurait gagné. J’aurais probablement terminé ma carrière là-bas avec Mike. C’est aussi simple que cela […]

Qu’est-ce que Sac a fait pour moi à part dire mon nom le jour de la draft ? J’ai fait plus pour eux qu’ils n’ont fait pour moi. C’est juste être honnête, 100% honnête. J’ai eu deux propriétaires, trois GM, sept coachs en sept ans. J’étais là-bas pendant sept ans. »

Le plus marrant, c’est que sans aucune intention de persister, Marc J. Spears demande : « Si vous pouviez revenir en arrière et changer quelque chose, que changeriez-vous qui aurait pu changer la façon dont vous êtes perçu maintenant ? Y a-t-il quelque chose où vous vous dites, “Mec, j’aurais dû…” ». Trop tard, la mèche est allumée et DeMarcus Cousins le coupe : « J’aurais sauté mon entraînement de sélection [à Sacramento] ».

Will Barton and DeMar Cousins had to be held back from each other by Nuggets teammates during the last timeout.pic.twitter.com/tK3junIJra

— ClutchPoints (@ClutchPointsApp) April 19, 2022

Cette vidéo, histoire de rappeler la récente actu’ autour de Cousins

La suite ? DeMarcus Cousins revient sur sa blessure aux Pelicans. Il avoue éviter d’y penser : « Je ne peux pas. Si je m’assois et que je réfléchis à cela, je ne serai pas capable d’avancer dans la vie ». Pour les plus jeunes, avant de se rompre le tendon d’Achille, Boogie surfait sur des moyennes de 25,2 points, 12,9 rebonds, 5,4 assists, 1,6 interception et 1,6 block à 47% au tir dont 35% à 3-points. Il était l’un des pivots les plus polyvalents… de tous les temps. Sa mobilité, sa défense et son tir extérieur faisaient de lui un profil unique, qui n’attendait que d’être correctement entouré pour décrocher un premier titre. La constance avec laquelle il récoltait les fautes techniques forçait également l’admiration. Mais, une fois le personnage dépeint, une question trotte encore en tête : DeMarcus Cousins mérite-t-il le Hall of Fame ? Voici sa réponse.

« Vlade Divac est au Hall of Fame. Regarde ses statistiques en carrière et regarde les miennes. On en restera là. »

Jeu, set et match, Boogie. Un entretien agréable à lire, curieusement moins si vous vous appelez Vlade Divac, mais intéressant si vous êtes Will Barton. Peut-être alors, éprouverez-vous de la culpabilité devant cette sensibilité que DeMarcus Cousins dissimule bien trop souvent, derrière trois tonnes de nonchalance.