Le billet d’Alex : LeBron James, l’irréductible monarque

Le 30 déc. 2021 à 19:19 par Alexandre Martin

LeBron James
Source : YouTube / NBA

J’ai vu Michael Jordan jouer en direct. Sans faire offense aux produits laitiers, ça c’est une vraie sensation pure. J’ai vu Kobe Bryant et Tim Duncan à la fin des 90’s et dans les années 2000. J’ai même vu un peu de Magic au tout début des années 90. Et non, je n’ai pas vu Wilt Chamberlain. Hashtag cassez-vous. Aujourd’hui, j’ai la chance de voir Stephen Curry, Kevin Durant, Giannis Antetokounmpo ou Kawhi Leonard. Mais depuis 2003, ce que je vois, ce que nous voyons, c’est le parcours d’un roi. LeBron James.

Comme nombre de souverains et comme tous les immenses champions, il a ses indéfectibles soutiens et aussi ses détracteurs, ses haters comme on dit. On les comprend bien volontiers tant le style de King James est particulier ! LeBron est un lion sur-athlétique qui s’est appuyé et s’appuie toujours sur sa puissance et sur la générosité génétique dont il a bénéficié pour dominer sur les parquets. Une sorte de bourrin… très intelligent, tout en finesse, tout en lecture et en compréhension du jeu. En démarrant le match des Lakers contre les Rockets plus tôt dans la semaine au poste de pivot, il a démontré une fois de plus l’aspect sans limite de sa polyvalence et peut désormais se targuer d’avoir été titulaire à tous les postes au moins une fois en NBA. Depuis son arrivée dans la grande ligue, il empile les victoires partout où il passe, sauf en Finales. Seulement quatre titres pour dix Finales jouées. C’est nul, parait-il. Dix Finales dans une carrière, dont huit de suite. C’est une dinguerie ! Une folie qui n’avait plus été faite depuis Bill Russell et quelques-uns de ses coéquipiers des Celtics tyranniques à cheval sur les années 50 et les années 60. 

Oups, je m’égare. 

Il n’en reste pas moins qu’égarement ou non, haine ou amour, plaisir ou pas à le regarder jouer, nous sommes tous les témoins du roi. Toutes. Tous. Fans, observateurs, experts, analystes, coachs, commentateurs, joueurs, kinés, dancing crew, balayeurs, responsables de la clim, Adam Silver, les Raptors, le Jazz, les créateurs de jeux vidéo, Andre Iguodala qui part au lay-up, Tiago Splitter qui monte au dunk. Toutes. Tous. 

LeBron James, ce n’est pas juste une carrière d’immense basketteur. C’est un destin ultime de champion, une vie de champion et surtout un parcours légendaire qui fait déjà de lui une icône de la balle orange alors qu’il joue encore le haut du panier (vous l’avez ?) en attendant que son fils ne vienne, peut-être, le rejoindre en NBA. Mais nous n’en sommes pas là. Pas encore. Nous en sommes à nous demander jusqu’où LeBron peut aller. Parce qu’à 37 ans, aujourd’hui, le monarque joue les irréductibles avec un talent et une insolence jamais vus auparavant. 

Dans la nuit de mardi à mercredi dernier, à peine la dinde de Noël et la défaite contre les Nets digérées, LeBron James démarrait donc au poste de pivot face à Houston et plantait 32 points (avec 11 rebonds et 11 caviars) pour permettre à des Lakers moribonds de renouer avec le succès après cinq revers. Ces 32 points ont également permis au King d’être le troisième joueur de l’histoire à passer la barre des 36000 points en carrière. La nuit dernière, le King ajoutait, dans la défaite, 37 points (ainsi que 13 rebonds et 7 passes décisives) pour atteindre le doux total de 36038 points inscrits. Karl Malone et ses 36928 points sont dans la ligne de mire et à la vitesse où cela va, c’est dans le rétroviseur que nous allons bientôt retrouver le facteur. Une grosse trentaine de matchs devraient suffire car les deux de cette semaine sont dans la continuité d’une énorme série individuelle de James pour tenter de maintenir à flot des Lakers dangereusement faibles. Après un début de saison compliqué par une blessure abdominale, le numéro 6 des Angelinos semble avoir trouvé le rythme. Et quel rythme ! Depuis le 24 novembre, il a joué les 16 rencontres de son équipe (8 victoires – 8 défaites) et nous a proposé du stratosphérique. 30,6 points par match accompagnés de 8,3 rebonds, 7,1 passes décisives, 1,6 interception et 1,3 contre. Le tout à plus de 53% au tir, 37,5% de loin et même un honorable 78,6% sur la ligne de lancer. Il s’agissait, sur cette série, des matchs 1319 à 1334 en saison régulière de LeBron James. Notons qu’il ne peut pas encore apparaître dans les classements individuels de saison car il n’a joué que 24 matchs sur cet exercice 2021-22 mais quand ce sera le cas, il va débarquer sur le podium des scoreurs avec une moyenne à 28. 

37 ans. Irréductible. Indestructible. 

L’aisance est réelle, indécente même. Le corps vieillit mais reste l’un des plus affûtés dans une ligue où s’affrontent déjà les plus affûtés. Viendront ensuite Kareem Abdul-Jabbar et ses 38387 points. C’est encore un peu loin mais de moins en moins. On peut même s’aventurer à dire que sans une grosse blessure, la question sera plutôt de savoir à quel niveau intouchable LeBron va poser cette marque. 40000 ? 41000 ? Plus ? En tout cas, cela ira bien avec les 10000 rebonds qu’il va atteindre dans moins de 80 unités et avec les 10000 passes décisives qui arrivent dans un peu plus de 140 offrandes. Le club de 36K-10K-10K est en cours d’ouverture. Il pourrait donc rapidement être renommé le 38K-11K-11K ou le 40K-11K-11K. Nous verrons mais ce qui est sûr c’est qu’il n’y aura qu’un seul membre pendant un bail. 

Pour autant, nul doute que LeBron n’est pas satisfait de la situation actuelle des Lakers. Vu comment il se donne, vu le jeu sensationnel qu’il produit, voir l’équipe d’Hollywood pointer à la septième place de l’Ouest avec un bilan sous les 50% ne doit pas réjouir le King. Entre l’absence d’Anthony Davis jusqu’à au moins la fin janvier et les joueurs en protocole covid, la solitude du roi est aussi réelle que son aisance mentionnée précédemment. En imaginant que Davis revienne, LeBon peut-il relever ce nouveau défi qui se profile devant lui ? Peut-il de nouveau être le leader de Lakers capables de jouer le titre ? Peut-il propulser des gars comme Russell Westbrook et Carmelo Anthony vers une bague ? Admettez au passage qu’aussi peu probable que cela puisse paraître pour l’instant, cela aurait sacrément de la gueule ! Une source d’optimisme existe tout de même pour Lebron james et ses lakers sur cette saison. Elle réside dans le niveau pas si costaud de l’Ouest derrière le trio Warriors, Suns, Jazz. Allez, derrière un quatuor parce qu’il faut prendre en compte ces incroyables Grizzlies. Les Clippers ont tellement de blessés, les Nuggets aussi. Les Blazers n’y sont pas, les Mavericks attendent un Doncic en forme pour voir où ils en sont. Et quant aux équipes comme les Spurs, les Wolves ou les Kings ce n’est pas leur faire offense que de dire que les Lakers ont les moyens de les broyer en cas de rencontre dans un Play-in ou dans un hypothétique tour de Playoffs. 

Déjà 17 fois All-Star et bientôt 18, déjà 17 fois All-NBA et bientôt 18. Comme chaque année depuis 2003, LeBron James est au rendez-vous. Il va continuer d’écrire sa légende et si l’occasion lui est donnée de jouer les Playoffs dans des conditions ne serait-ce qu’un peu meilleures qu’en 2021, il saura s’engouffrer dans la brèche. C’est fou, mais à 37 ans, après tant de matchs, tant de minutes passées sur les planches, il s’apprête peut-être encore à nous montrer à quel point il est une anomalie. Une anomalie royale.