Les plus grands tirs de Stephen Curry en carrière : retour sur ces coups de poignet qui ont façonné sa légende

Le 14 déc. 2021 à 12:36 par Arthur Baudin

Stephen Curry
Source image : NBA League Pass

Quels sont-ils ? Quels sont ces fouettés de poignet qui ont façonné la carrière du – pas de tabou dans ce papier – plus grand tireur de tous les temps ? L’artilleur, le numero uno, le parrain, sa majesté, el patron, ou du moins, celui qui s’apprête à le devenir puisqu’il n’est plus qu’à 2 tirs du parking de foutre Ray Allen dans le rétro. On s’assoit et on débrief.

Les quelques tirs choisis prétendent représenter la globalité des coups d’éclat du Chef, de par leur variété.

Qu’est-ce qui fait le caractère d’un tir ? Son esthétique, sa distance, un probable déséquilibre, le contexte et surtout, surtout… le blaze de celui qui libère le ballon. Parce qu’un 3-points de Spencer Dinwiddie fera toujours moins d’effet qu’une bombinette de Stephen Curry, c’est aussi car ce dernier en a tellement scoré qu’il est devenu une attraction : « il faut le voir au moins une fois dans sa vie », dira-t-on malicieusement à nos enfants, alors nostalgiques d’une époque qu’ils n’ont pas connu. Comme le showtime de Magic Johnson et ses amis, une brouette de Kevin McHale dans la tronche d’un adversaire, un tomahawk de LeBron James ou le skyhook de Kareem Abdul-Jabbar, ce petit fouetté depuis les sept mètres est passé à la postérité et s’apprête désormais, dans quelques heures, à devenir le geste longue distance le plus prolifique de l’histoire de la NBA. Bientôt, on ne fera pas mieux.

Le 28 février 2016, les Warriors se déplacent dans l’Oklahoma de Russell Westbrook, Kevin Durant et Serge Ibaka. L’une des formations les plus clinquantes de ces dernières années, faite de talents générationnels mais aussi d’une bonne grosse dose de hype. Même Cameron Payne a du flow, c’est dire le potentiel stylistique de cette équipe. Sauf qu’en cette soirée hivernale, près de deux semaines après la coupure du All-Star Game, les différents contenders commencent à montrer de quel bois ils pourraient se chauffer en Playoffs. Résultat des emplettes, une rencontre devenue tristement légendaire pour les fans du Thunder, assassinés à domicile par l’indécence en personne. Parce que chaque personne qui a connu cette époque de la Dub Nation se souvient des improbables feuilles de match laissées par les Warriors. Sur les onze joueurs qui ont foulé le parquet ce soir-là, huit d’entre eux – à savoir Harrison Barnes, Andrew Bogut, Andre Iguodala, Shaun Livingston, Leandro Barbosa, Marreese Speights, Anderson Varejao et Brandon Rush – ont compilé 44 points, 12 rebonds, 4 assists, 5 interceptions et 2 blocks. Les autres ? Trois déglingués que sont Stephen Curry, Klay Thompson et Draymond Green, responsables de 80 points, 20 rebonds, 21 assists, 10 interceptions et 5 blocks. Le premier nommé a gratifié la Chesapeake Arena de l’une de ses plus infernales performances, ponctuée par… un game winner depuis les quarante-douze mètres. Une bombe entrée dans les livres d’histoire et venue fusiller les cordes vocales de Jacques Monclar sur l’antenne de BeIN Sports : « mais ce mec-là il faut l’enfermer, c’est pas possible ! ».

Steph Curry’s game-winner against the Thunder🔥pic.twitter.com/QLFmtUKB2L

— Ballislife.com (@Ballislife) May 16, 2020

Le 8 mars 2015, il ne fut en aucun cas question d’une fléchette victorieuse mais d’un coup de sniper ô combien symbolique. Quatre Clippers lancés à la poursuite de Steph Curry, et aucun capable de récupérer le cuir des mains du Chef. L’impression d’une scène de Cyrano contre 100 hommes, où « c’est de la force des convictions que dépend la réussite, pas du nombre de partisans. ». Malheureux missionnés, Chris Paul, Matt Barnes, DeAndre Jordan et Spencer Hawes ont tous quatre essayé de dissuader Steph, et à raison car ce dernier a finalement modifié son itinéraire initial. Mais pour lui, tous les chemins mènent au nylon et de ses quelques pas de retrait a finalement découlé un missile à tête chercheuse, presque lâché dos au panier. Le commentateur est subjugué – « that could be the greatest move i’ve ever seen » –, Chris Paul consulte son tableau périodique des éléments et cherche encore une logique physique au dribble dans le dos, et Steve Kerr ne sait absolument pas comment prendre cet affront aux systèmes de l’équipe, révélé être une incroyable alternative à leur complexité. Ce soir-là, le tueur à tête d’ange n’a posé qu’un 2/2 à 3-points, mais ce genre de petite impro au beau milieu d’une belle victoire collective représente à 98% ce pourquoi les fans de l’Oracle payaient leurs billets. Pour sa créativité, pour son génie.

"That could be the greatest move I've ever seen!"

6 years ago today, Steph Curry did this to the Clippers…pic.twitter.com/IgqWmFCezM

— Ballislife.com (@Ballislife) March 8, 2021

À toutes dates dès que les Kings furent en vacances, Steph Curry a marqué les esprits. Que l’on ne s’y trompe pas, il est loin d’être le joueur le plus clutch de l’histoire des Playoffs et chasse encore ce titre de MVP des Finals manquant à son palmarès, mais ne ce n’est pas pour cela qu’il n’a pas crucifié plusieurs équipes en postseason. Des petits Jonathan du 49 sont même capables de monter des vidéos de 15 minutes essentiellement consacrées aux paniers décisifs de la Stéphance en Playoffs (on a utilisé le terme « panier », on vient de prendre 45 ans d’âge). Et puis, 15 minutes, c’est plutôt longuet pour un garçon « incapable de porter son équipe lorsqu’elle en a le plus besoin ». Les tirs marquants ? Cette double-sentence envoyée sur des Pelicans déjà mal en point, dès lors devenus apathiques. Les petits gars de Louisiane sont effectivement menés 2-0 par les Dubs au premier tour des Playoffs 2015, mais s’autorisent un fin moment de bonheur avec 5 points d’avance à 15 secondes du terme du Game 3. Hop, Steph plante un premier dagger de la buvette duquel suit une faute immédiate des Warriors : 1/2 aux lancers pour les Pelicans. Les Californiens se retrouvent donc avec 9 secondes sur le chrono et la possibilité d’égaliser. En total déséquilibre, le Chef se loupe, mais grâce à un incroyable rebond offensif de Marreese Speights tah Chris Bosh, il convertit finalement sa deuxième praline : tie game. Tout ce beau monde file en prolongation, laquelle sera remportée 119-123 par les Warriors. Clutch, jusqu’au bout.

The time when Stephen Curry hit two clutch threes to send the Warriors to OT against the Pelicans in the playoffs [April 23, 2015] 🔥. pic.twitter.com/qs1LWBUU73

— dubs  (@StephenCurey) October 17, 2021

Les tirs du milieu de terrain, vulgairement banalisés. Se réveiller chaque matin, ouvrir les réseaux et y trouver une vidéo décrite par un « Oh non, il l’a refait… ». Voilà un sentiment que l’on ne retrouve que sous l’ère Stephen Curry. C’est la spéciale de son indécente palette offensive, et quand ton go-to-move est d’envoyer une banane depuis les douze mètres, c’est que ta carrière a décidément pris un virage bien chelou. All-time certes, mais chelou. Et le plus impressionnant dans cette histoire, c’est que l’on peut imager nos propos avec une vidéo qui date d’il y a… une semaine. À croire que le fils de Dell s’adonne à ce plaisir si particulier tous les quatre matins, et vous pouvez sourire, mais c’est presque le cas. Les Clippers, les Grizzlies, les Pacers, le Jazz, le Magic, les Spurs, les Hornets ou même au beau milieu du All-Star Game, il ne s’agit plus de compter ceux qui ont mangé un « mid court » par Steph, mais plutôt ceux pour lesquels cette expérience – aussi mauvaise qu’agréable à zieuter – n’est pas encore arrivée.

how to make up for a mistake, brought to you by Steph Curry: pic.twitter.com/mIWA3Y24JN

— Rob Perez (@WorldWideWob) December 7, 2021

Les tirs qui n’ont pas compté, parce que c’est aussi marrant que désespérant. Vous en connaissez beaucoup vous, des garçons qui ont des vidéos d’une dizaine de minutes consacrées à leurs highlights n’ayant même pas compté ? Pour Kevin Knox, c’est déjà dur de faire une vidéo de 10 minutes de ses points en NBA, alors notez le niveau d’insolence posé sur la table par le Chef : de grands arcs de cercle envoyés au pif, du lay-up à 3-points, des floaters ave maria et même un tomar pour du beurre. Sa chance est tellement récurrente qu’elle ne peut pas vérifier sa propre fonction, ce n’est effectivement plus de la chance.

These shots by Steph Curry didn't count but.. 😳🔥 pic.twitter.com/uhsaiwlRAi

— House of Highlights (@HoHighlights) October 22, 2020

Il y en a d’autres, bien sûr, puisque sur presque 3000 bombinettes du parking il devient compliqué de sélectionner les meilleurs. Pensez juste à vos marmots qui devront se coltiner tous les highlights de Stephen Curry d’un seul coup, sans prendre le temps de taper de bonnes nuits de sommeil entre chaque « BANG ». Honnêtement, il y a de quoi devenir dingue.