Flashback 2020-21 – le play-in tournament de Memphis : déso Steph et Pop, mais les Oursons se sont transformés en vrais Grizzlies

Le 05 oct. 2021 à 11:58 par Corentin Dimanche

dillon brooks ja morant
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Avec les transferts de Marc Gasol et Mike Conley en 2019, une ère glorieuse du Grizzlies basketball s’est clôturée. On s’est alors dit pendant longtemps que Memphis aurait du mal à redevenir une place forte de l’Ouest et retrouver les Playoffs. Sauf que voilà, l’arrivée de Ja Morant et de sa bande de jeunes potes nous ont vite fait mentir. Et comme les Grizzlies ne font rien comme les autres, voilà qu’ils ont retrouvé les Playoffs en deux ans seulement et via… le play-in, tournoi mis en place par la NBA l’année précédente. En battant les Spurs, et en battant surtout les Warriors.

A l’issue d’une belle saison, la bande à Taylor Jenkins affiche un bilan de 38 victoires pour 34 défaites, synonyme de neuvième place à l’Ouest et surtout de qualification au play-in tournament. Pour le premier de leurs deux matchs du mini-tournoi, les Ours retrouvent l’un de leurs meilleurs ennemis : les Spurs. Entre l’upset de 2011 et les finales de conf’ 2013, l’historique entre les deux franchises est énorme et n’a d’égal que le respect et l’animosité mutuels. A la croisée des chemins, des Grizzlies en pleine bourre et en pleine ascension retrouvent alors des Spurs sur la pente descendante, qui flanchent après deux décennies au sommet. Sur la saison, les Grizzlies ont gagné deux des trois rencontres et se présentent plutôt comme les favoris de la match-up. Mais comme souvent face à Gregg Popovich, les pronos sont à ranger dans la case “on s’en fout”.

La rencontre décisive débute avec une interception de Dejounte Murray qui nous fait rapidement dire que Ja Morant va vivre une soirée pour le moins galère face au crack défensif. Que nenni, un gros début de match du triple J propulse les siens à un gros lead de 23-6 à la moitié du premier quart, écart qui gonfle jusqu’à 39-18 à la fin de la période grâce à un Valanciunas en mode réincarnation d’Arvydas Sabonis avec déjà 12 points et 9 rebonds. Piqués dans leur orgueil, les Eperons font un gros boulot collectif dès la reprise et reviennent à 2 points en une petite poignée de minutes contre des Ours qui se disaient peut-être qu’il méritaient une petite hibernation mais qui finissent par se réveiller pour rentrer aux vestiaires à +7. Le troisièmme quart est à l’image de l’identité des deux franchises : rugueux, et se jouant à coups de coude acérés sous le panier. 16 points partout sur la période et les Grizzlies conservent leur avantage à l’entame de la dernière douzaine de minutes, avec leur Jonas brother qui tient déjà son double double-double en 21-20.

Sauf que le dernier quart est le moment choisi par Dejounte Murray pour refaire surface et se transformer en John Stockton pour mener les Spurs jusqu’au lead, leur premier depuis la première minute du match, à 7min 30 du terme. Le FedEx Forum est en panique, la Grizzlies Nation sue comme Kyle Lowry en fin de twerk, alors que la bande à Pop commence à se dire que ça sent bon cette histoire (s/o Kylian Mbappé). Les deux équipes alternent alors les bons vieux buckets à l’ancienne et un run de 11-5 des Grizzlies met fin au suspens et les fait finalement s’envoler vers la win. Une faute offensive provoquée par Dejounte et un gros 3-points d’un Rudy Gay en pleine confiance sur le match font espérer le Texas… mais cela sera tout, un simple faux espoir. Un lancer de Ja suffit aux Grizzlies pour prendre quatre points d’avance à huit secondes du gong et San Antonio ne verra pas les Playoffs pour la seconde saison consécutive.

Pour son dernier match chez les Spurs, DeMar DeRozan finit avec un dégueulasse 5 /21 alors que son ancien pote Dino JV – en mode tricératops en rut – finit avec 23 points, autant de rebonds et un gros plus/minus de +26 sur le match. Au final, le 5 majeur des Grizz a atomisé ses opposants directs tandis que les Spurs ont complètement dominé la bataille des bancs. Sauf qu’on ne vous apprendra rien, et à Pop non plus, les titulaires jouent plus que les remplaçants et c’est donc une victoire logique des Grizzlies 110-106. Victoire logique compte tenu de la physionomie du match, mais aussi des dynamiques des deux institutions qui n’en sont clairement pas au même point. Pop a été battu par le disciple de son disciple (Jenkins a passé six saisons avec Mike Budenholzer, lui-même ancien assistant de Pop), bref, place à la new gen, et dehors les viocs.

Deux jours plus tard et environ trois mille kilomètres plus loin, on retrouve la clique de Winnie l’ourson à San Francisco pour finir le travail face aux Warriors. Ja et ses potes sont en confiance, mais le mot est à mettre entre guillemets face à monsieur Steph Curry. La seule défaite des Grizzlies sur leurs sept dernières rencontres a été provoquée par nul autre… que la franchise d’un Curry en mission et auteur ce soir-là d’un 46-7-9 pour le dernier match de la régulière cinq jours plus tôt, offrant ainsi la huitième place synonyme d’avantage du terrain au museau, à la barbe et grosses pattes des ours. Les Warriors débarquent donc chez eux en confiance (modérée car ils sortent d’une défaite contre le Lakers avec un gros dagger de LeBron)  en en ayant remporté deux des trois rencontres de l’année contre notre franchise du jour.

Les Grizzlies commencent malgré tout bien fort en donnant tort aux prédictions et en prenant une douzaine de points d’avance très tôt dans la partie, mais Steph fait son Steph et répond en enchaînant trois dingueries Curryesque. On voit alors un réveil des guerriers qui reviennent à un petit point de leurs opposants du soir avec un Chef qui a déjà posé la quasi-moitié (14) des points de son équipe. Taylor Jenkins remet alors un bon coup de pied dans la tanière et ses hommes se reprennent en lâchant un run de 16-4 peu après la moitié du quart pour reprendre le large. +13, avantage Grizzlies à la mi-temps grâce notamment à un gros travail sur Steph qui ne plante qu’un seul shoot dans cette deuxième période.

Sauf qu’on parle ici du meilleur shooteur de l’histoire et en état de grâce sur toute la saison, alors les choses ne seront pas aussi simples. Le meurtrier à la tête d’ange et son pote Wiggins claquent 16 points à eux deux au retour des vestiaires devant des ours plus en galère que devant un pot de confiture impossible à ouvrir. Les Warriors reviennent alors à l’XP et à une poignée de points à l’entame de la dernière douzaine de minutes. On assiste ensuite à une vraie boucherie avec seulement deux petits points marqués par les deux équipes entre la fin du troisième et le début du quatrième quart. Ja commence à se mettre bien mais est calmé dans ses ardeurs par un Draymond en mode papa, du genre de ceux qui expliquent la vie à leur gosse à coup de corde à linge. Notre monsieur Vert préféré et Jordan Poole font un gros taf et remettent les choses à plat et les deux équipes au coude à coude dans le crunch time. Quelques buckets des deux côtés du terrain et une vieille briquasse à 3-points de Xavier Tillman plus tard, un shoot manqué par Draymond juste avant le buzzer et nous voilà… en prolongation.

Les 360 dernières secondes se transforment alors en une bataille depuis le parking où même le Dray s’invite. En fin de période, Ja porte alors ses cojones son équipe et aligne deux floaters de rang pour mettre son équipe à +5 à quatre micro secondes du buzzer final. Les fans des Warriors commencent déjà à quitter les tribunes en pensant juste au retour de Klay l’année pro mais un three de Jordan Poole tout droit sorti de l’arsenal de son pote Steph ramène les siens à deux points pour autant de secondes à jouer. Sauf que c’est déjà trop tard et un gros dunk en mode 2+1 de Desmond Bane – qui d’autre ? – qui joue ici ses premières secondes de l’overtime – bien vu le coaching gagnant Jenkins – enterre définitivement la bande à Steve Kerr. Les Grizzlies rugissent, les Guerriers rendent les armes et notre Splash Curry à 39 points met la tête sous la serviette pour se remettre du coup de chaud de Ja (35 unités).

Grizzlies in, Warriors et Spurs out. L’histoire retiendra aussi que la bande à Taylor Jenkins a enchaîné en remportant le Game 1 du premier tour contre le Jazz de Mike Conley avant de perdre les quatre suivants malgré une énorme pointe à 47 ionp de Ja Morant au deuxième match. Mais là n’est pas le plus important. En effet, en se défaisant de ces deux équipes, les oursons s’immiscent chez les vrais grands et deviennent ainsi de vrais ours, et attendez-vous à ce qu’ils deviennent de plus en plus sauvages à l’avenir.