Après la montée, l’inévitable descente : comment les Hawks vont-ils vivre cette saison en sachant qu’ils ont de bonnes chances… de faire moins bien ?

Le 04 oct. 2021 à 12:25 par Bastien Fontanieu

Trae Young Hawks 24 mai 2021
Source image : nba league pass

Les Hawks ont réalisé une saison 2020-21 exceptionnelle, déchirant le scénario qui leur était promis pour offrir une aventure unique sur la fin de régulière et les Playoffs inclus. Alors forcément, quand on se retrouve dans ce genre de siège, tout est permis. Joie dans les rangs des fans, promesses dans le management, et comparaisons avec d’autres projets mythiques qui ont vu des jeunes écraser la Ligue. Cependant, rares, très rares sont ceux qui arrivent à assumer ces attentes pour ensuite confirmer… et faire encore mieux. Dans quel camp se situent ces Hawks au sein de la Conférence Est 2021-22 ?

Atlanta en finale de conférence. Celle-là, fallait la placer sans trembler du menton. Même parmi les plus fervents fans de la franchise, même parmi les dingos qui ont suivi les folles aventures des Hawks au fil des années, aucun n’aurait pu anticiper un tel parcours. Menant 1-0 en finale de conférence face aux Bucks, la seule équipe des Playoffs 2021 à avoir gagné à Milwaukee, l’armée de Nate McMillan a complètement défoncé la timeline qui était annoncée pour la franchise ayant drafté Trae Young en 2018. La direction d’Atlanta avait d’ailleurs été claire les mois précédents cette virée : une qualification en phases finales, ce serait déjà pas top. Mais remporter un premier tour face aux Knicks, sans l’avantage du terrain ? Bien qu’à leur portée, ce n’était pas le pronostic de la majorité et ce serait fantastique contre un aussi gros marché. Puis battre les Sixers, leaders de l’Est en saison régulière, en 7 matchs dont le dernier est à Philadelphie…? Là on est sur de la drogue pure. À moins qu’une âme charitable nous montre un screen à l’appui datant de ces huit derniers mois, aucun être humain sur notre chère planète aurait pu affirmer que les Hawks battraient les Sixers en 7 et que cela exploserait le groupe de Doc Rivers. No way. Finir au même stade que le groupe de 2015 qui avait tout de même terminé la régulière avec 60 victoires ? No way.

C’est donc en finale de conférence que John Collins et sa bande se sont pointés, remportant même ce fameux Game 1 à Milwaukee avant que Giannis et les futurs champions NBA ne tapent du poing sur la table et terminent la série en 6 matchs. La conséquence immédiate, c’est que cette aventure a eu un double-effet dans la foulée, à Atlanta comme partout en NBA. D’abord, positivement, montrer que les Hawks ont un projet doré et qu’il y a un gros potentiel à développer sous la direction de Travis Schlenk. Puis, moins positivement, exploser le niveau d’attentes et placer sur ce groupe des objectifs difficilement réalisables dès la saison suivante. Plusieurs observateurs se sont permis, à la manière des Suns à l’Ouest, d’affirmer qu’Atlanta avait bénéficié d’un jeu de tableau et de blessures pour en arriver là. Qu’à une ou deux défaites de plus en régulière, Clint Capela se serait farci… les Bucks au premier tour, et on a vu ce que cela a donné pour le Heat en terme de mood au bout de quatre rencontres. Qu’à une ou deux glissades en moins concernant Joel Embiid, le secteur intérieur d’Atlanta se serait pris un Top 3 du classement MVP dans les dents et les Sixers auraient affronté Milwaukee en finale de conférence. Il n’y a rien d’outrageant à affirmer cela, mais les Playoffs sont toujours le théâtre de l’absurde et de l’imprévisible, et les fans des Raptors – pour ne citer qu’eux – remercient encore tous les dieux du basket pour les blessures des Warriors lors des Finales NBA 2019 et un arceau clément en demi face aux Sixers. Les Hawks ont donc fait ce qu’ils avaient à faire, profiter d’une belle fenêtre de tir pour défier l’histoire. Mais comme dit plus haut, les attentes sont désormais décuplées et le potentiel d’insatisfaction est très élevé.

Qui peut aujourd’hui placer Atlanta au même niveau que les Bucks ? Que les Nets ? Que le Heat qui a réalisé un recrutement XXL cet été ?

Y a-t-il un si grand écart entre les Hawks et, par exemple, les Knicks ou les Celtics, sans parler des Pacers ou des Bulls qui ont eux aussi boosté leur effectif ?

La concurrence est réelle, et le scénario qui voit Trae Young et sa bande chuter cette saison l’est aussi. Tout le jeu sera de savoir vivre avec cette pression, continuer à développer les jeunes au sein de l’effectif, et tenir face aux éventuelles critiques en cas de sortie prématurée. C’était de la chance, en 2021 ! Merci de laisser la place aux adultes !

L’histoire nous a montré, à plusieurs reprises, que bien des groupes prometteurs se sont pointés en mode météorite vers les sommets de la NBA et ont pris une des trois voies suivantes : chuter, stagner, ou passer un cap. Il n’y a pas de quatrième voie, et Atlanta va devoir prendre la bonne bretelle à un carrefour unique de son histoire.

# Chuter ?

  • Le Magic de Shaq et Penny en 1995, groupe phénoménal et leader de l’Est en saison régulière, qui fonce en Finales NBA et devient la darling officielle de toute la planète basket. Les promesses sont énormes, le groupe s’incline contre Houston 4-0 mais toutes les pensées sont autorisées. Deux ans plus tard, le projet explose.
  • Les Bulls de Derrick Rose en 2011, avec le MVP dans l’équipe leader de l’Est en saison régulière, qui trébuche face au Heat d’un LeBron en mission mais régale les fans de Chicago. Les promesses sont énormes, le groupe s’incline contre Miami 4-1 mais tous les espoirs sont permis. Blessure de Derrick, plus aucune finale de conférence ni Finale NBA depuis ce jour.
  • Les Pacers de Paul George et David West, les Kings du début de l’an 2000, les Grizzlies de Zach Randolph et compagnie,…

# Stagner ?

  • Le Thunder de KD, Westbrook et Harden en 2011, qui retourne la NBA et est promis à plusieurs titres après avoir perdu face aux Mavs de Dirk futur champion NBA. Vont s’enchaîner les demi-finales de conférence ou finales de conférence, une participation aux Finales NBA, mais jamais de point d’exclamation sur cette soudaine ascension. Une étoile filante.
  • Les Celtics de Brad Stevens, finalistes de conférence héroïques en 2017 et propriétaires d’un jeune groupe qui peut rêver d’une nouvelle bannière. En attendant de voir la suite, vont s’enchaîner les demi-finales de conférence ou finales de conférence, sans participation aux Finales NBA, mais pas encore de next step pour Tatum et compagnie.
  • Les Pacers de Reggie Miller, les Raptors de DeMar DeRozan, les Suns de Steve Nash et Mike D’Antoni,…

# Passer un cap ?

  • Les Warriors de Steve Kerr en 2015, qui montrent un potentiel déjà énorme sous les ordres de Mark Jackson mais n’arrivent pas à rejoindre l’élite. Le changement de coach et la construction d’un effectif révolutionnaire autour d’une superstar all-time va tout changer, apportant des titres et une notoriété planétaire à Golden State et son chef Curry.
  • Les Bucks de Giannis en 2021, qui décident de tout miser sur Antetokounmpo et un coach qui va maximiser son style de jeu à Milwaukee. Après des belles saisons régulières et une finale de conférence frustrante en 2019 ainsi qu’un échec cuisant dans la bulle de 2020, les Bucks font leur route vers la gloire éternelle avec le titre de champion face aux Suns.
  • Le Heat de Wade et Shaq en 2006, les Pistons d’Isiah et compagnie en 1989, les Bulls de Jordan en 1991,…

Bien évidemment, chaque dossier est différent et chaque histoire est différente. Mais un point commun rassemble ces aventures, la présence d’une star qui doit faire sa place dans la hiérarchie de la NBA. Les Hawks de 2021 ? Disons qu’on peut difficilement les jauger, car ils n’étaient même pas Top 4 de leur conférence, et aucun joueur All-Star ne représentait la franchise au dernier match des étoiles. Si Trae Young a ensuite montré que cela représentait davantage un blasphème qu’autre chose, toute la question de la suite sera de savoir dans quelle case ranger ce groupe. Un projet qui stagne pendant des années en faisant sourire les superstars rassemblées dans la même équipe ? Une étoile filante qui chute dans deux ou trois saisons car personne n’a su élever son niveau de jeu et Trae Young veut triompher ailleurs ? Ou le début d’une fabuleuse histoire, qui voit Travis Schlenk saisir sa chance pour ajouter des superstars autour de son meneur via des transferts rondement menés ?

La tentation, logique, est de faire chuter les Hawks pour la saison à venir. Une place en Playoffs, une petite sortie en demi ou au premier tour, et merci de redescendre sur terre. Mais si ce scénario est le plus probable et logique, comment vivre avec ces attentes et dans quel rang se situer pour la suite de la décennie ? C’est à Nate McMillan, Travis Schlenk et Trae Young de donner le ton. Si Atlanta retourne en finale de conférence cette saison, on n’appellera peut-être pas cela un nouveau coup de chance…


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