Coup d’œil sur les meilleurs prospects du championnat de France – Partie 1 : l’explosif Ismaël Kamagate et le déjà expérimenté Matthew Strazel

Le 01 oct. 2021 à 10:16 par Paul Boiteau

Prospects
source image : montage TrashTalk

Le championnat de France lance ce vendredi 1er octobre 2021 une nouvelle saison qui s’annonce assez folle. Outre les effectifs qui se sont renforcés, de nombreux jeunes talents vont fouler les parquets du championnat de France de basket. De Cholet à Monaco en passant par Paris et Villeurbanne, des prospects émergent sur tous les fronts du territoire hexagonal. Tour d’horizon de ces jeunes joueurs que l’on retrouvera peut-être un jour, de l’autre côté de l’Atlantique. 

Ismael Kamagate – Paris Basketball

20 ans, né le 17 janvier 2001, 2m11, intérieur. Verticalité et puissance sont les maîtres mots du jeu d’Ismael Kamagate, le poste 5 du Paris Basketball. Formé à Orléans, ce long intérieur débarque dans la capitale en 2019. Depuis 2 ans, il s’est imposé petit à petit dans son équipe jusqu’à devenir titulaire en Pro B. L’an dernier, il a tourné à 8,9 points (71,4% au tir), 6,5 rebonds et 1,9 contre en 23 minutes de moyenne dans une équipe montée en première division. Chez le promu, il va cette année découvrir le niveau supérieur, mais nul doute que ça ne fait pas peur à celui qui a déjà connu l’équipe de France cet été. En effet, il avait été appelé comme partenaire d’entraînement des Bleus pour la préparation aux JO, en attendant l’arrivée des tauliers. Ensuite, il a réalisé un solide Euro Challengers U20, y montrant l’étendue de ses qualités.

Venons-en au joueur, son profil. Intérieur de grande taille et plutôt long, Ismael Kamagate est un pivot que l’on peut qualifier de rim-runner. Bon protecteur de cercle de par sa taille et sa verticalité, ses atouts physiques sont également utiles en attaque. Sa puissance et sa détente lui permettent de terminer facilement en claquant le ballon dans le cercle, avec pour preuve, ses pourcentages au shoot. Sa belle mobilité lui octroie une aptitude à jouer dos au panier en attaque comme en défense. Reste maintenant à progresser sur pick-and-roll ainsi qu’à gagner en lucidité et vision du jeu. Classé 78e dans le big board d’ESPN pour la draft 2022, s’il continue sur sa lancée des derniers mois, il devrait grimper ardemment dans le classement. Son profil de pivot rim-runner peut effectivement attirer de nombreuses franchises. Mais personne n’est sans savoir que les qualités athlétiques ne suffissent plus en NBA, il faudra donc montrer autre chose pour grimper très haut dans les prévisions.

Milan Barbitch – Paris Basketball

19 ans, né le 12 octobre 2001, 1m96, meneur – arrière. Le fils de Yann Barbitch (ancien joueur professionnel) est lui aussi joueur du Paris Basketball. Comme son coéquipier Ismael Kamagate donc, il fut membre de l’équipe de France U20 cet été. Une compétition dans laquelle il a brillé (highlights ci-dessous) et fut même élu MVP du tournoi. Ce grand guard est surtout un talent offensif. Doté d’un rare QI Basket, il lit très bien le jeu et arrive souvent à servir ses partenaires dans d’excellentes conditions. Autre force, Milan Barbitch possède un shoot plus que correct. L’an dernier en Pro B, il tournait à 48% au tir dont 38% à 3-points, des pourcentages qui reflètent une sacré rigueur de boulot pour gamin de 19 ans. Il termine d’ailleurs sa saison à 8,3 points, 2,8 passes et 2,5 rebonds en 19 minutes de moyenne par match. S’il n’est pas le plus rapide, ni le plus athlétique, sa taille, sa longueur et son intelligence permettent de compenser ce manquement faisant de lui un très bon créateur.

Meneur de la génération 2001 comme Killian Hayes ou Théo Maledon, il n’aura pas connu l’ascension fulgurante de ses deux conscrits. Justement, en parlant de Maledon, Barbitch fait penser à un autre arrière du Thunder, le rookie Josh Giddey. Avec le poste et ses mensurations, meneur de presque deux mètres ; la coupe de cheveux, digne d’Adrien Rabiot et ses bouclettes au vent ; et ce style plutôt spectaculaire, la comparaison est légitime. Reste seulement que l’avenir du joueur du Paris Basketball n’est pas encore tout tracé. Sur le territoire céfran, il va découvrir un niveau auquel il n’a jamais joué. Qui dit équipe promue dit acclimatation compliquée à l’élite, mais étant donné le recrutement du club de la capitale, nos inquiétudes se dissipent rapidement. Pas forcément dans les radars depuis son plus jeune âge, sa progression des derniers mois pourrait peut-être ouvrir à Milan Barbitch un ticket vers les États-Unis. Sans certitudes, cependant.

Matthieu Gauzin – Le Mans Sarthe Basket 

20 ans, né le 20 février 2001, 1m91, meneur. Encore un membre de la génération 2001 et encore un arrière, Matthieu Gauzin est depuis longtemps sous l’œil des scouts. En 2018, il décroche la médaille d’argent à la Coupe du Monde U17 avec Hayes, Maledon et Cazalon. Formé au Mans, il est parti l’an dernier à Châlons Reims pour gagner de l’expérience et du temps de jeu. 23 minutes de moyenne en 34 matchs de Jeep Elite pour des statistiques de 7,2 points, 2,5 rebonds et 2,7 passes, Matthieu Gauzin a appris au plus haut niveau français la saison dernière. Après ce prêt fructueux, il est de retour dans la Sarthe pour avoir une place importante dans l’effectif manceau. Vif, rapide, athlétique et très bon lorsqu’il attaque le cercle, Gauzin doit encore régulariser son tir extérieur. D’ailleurs, il affirmait il y a quelques jours dans Ouest-France, qu’il devait améliorer ses pourcentages (27% à 3-points et 70% aux lancers la saison passée).

Pour cette saison, il va donc devoir confirmer et faire sa place au Mans Sarthe Basket. On espère pour lui une progression au tir, ce qui lui ouvrira encore plus d’espaces pour driver et exploiter ses qualités. Déjà très bon en défense, notamment dans le 1v1, il doit parvenir à canaliser son énergie. En attaque, son côté un peu fou-fou lui est parfois préjudiciable dans la correcte lecture du jeu. Dans le vestiaire avec l’ancien NBAer Dante Cunningham, il pourra gagner en expérience et améliorer sa lucidité sur les parquets. L’été dernier, il avait inscrit son nom à la Draft. S’il a eu quelques contacts, il ne pensait pas être sélectionné et avait donc préféré retirer son nom. À voir, il tentera peut-être à nouveau sa chance en fin d’année, après une saison pleine chez les Oranges d’Antares.

Matthew Strazel – LDLC ASVEL

19 ans, né le 5 août 2002, 1m82, meneur. Plus jeune que les trois joueurs précédemment cités, Matthew Strazel est pourtant le plus expérimenté de tous. Presque déjà 100 matchs en professionnel avec l’ASVEL (87 pour être exact), dont des rencontres d’Euroligue et de Playoffs, le jeune meneur commence à se construire un joli CV. Arrivé en 2017 dans le club de Tony Parker, il est membre à part entière du groupe pro depuis maintenant deux ans et côtoie au quotidien des joueurs solides et reconnus. Champion de France et vainqueur de la Coupe de France en 2021, il fut aussi médaillé d’argent au championnat du monde U19 cet été en Lettonie. Durant la compétition, il était le leader physique et moral des Bleuets, tournant à 11,3 points et 6,7 passes (meilleur passeur du tournoi). S’il a parfois été en difficulté au shoot, il a également pris feu comme lors de ce quart de finale on ne peut plus disputé contre la Lituanie (23 points sur ce match).

Sous le maillot de LDLC ASVEL, il a prolongé son contrat jusqu’en 2025. Après deux ans en tant que quatrième ou cinquième option sur le backcourt, il va essayer de grimper dans la rotation. Dans une équipe qui joue l’Euroligue, avec de nombreux matchs par semaine, il aura des opportunités pour se montrer et afficher ses progrès malgré la concurrence (Chris Jones, Elie Okobo, Antoine Diot). Pas très grand (1m82), Matthew Strazel possède de chouettes qualités dans la conservation de balle (parfois avec excès) et dispose d’une variété de shoots assez intéressante (pénétration, mi-distance et salves du parking). Leader et organisateur, il est doté d’une rare maturité. Toutefois, c’est en défense que certaines limites peuvent apparaître, notamment à cause des centimètres restés à la mairie. Au très haut niveau, il risque de se faire sanctionner par des adversaires plus grands ou plus physiques. À voir donc, si cela n’est pas trop pénalisant pour envisager le grand saut en NBA. S’il était éligible cette année à la draft, il ne s’est pas présenté, préférant peut-être attendre cette année, qui compte moins de guard réputés.

Allan Dokossi – Fos Provence Basket

21 ans, né le 14 décembre 1999, 2m03, ailier fort. La petite surprise de cette liste. Joueur le plus âgé parmi les cités, Allan Dokossi s’est révélé “sur le tard”. Au Fos Provence basket, il va découvrir cette année le plus haut niveau français. Au sein de l’équipe promue en Betclic Elite, le Doko s’est greffé une place de titulaire la saison dernière : 24 minutes de moyenne pour 9,5 points et 8,5 rebonds, ce poste 3-4 a parfaitement su s’imposer au fur à mesure de l’année. D’ailleurs, il a lâché une énorme Leaders Cup 2020 avec son équipe, qu’il remporta contre Quimper. Très athlétique et gros rebondeur, Allan Dokossi doit encore progresser au shoot et en concentration pour devenir un joueur plus impactant. Toutefois, il a aussi fait parler de lui il y a quelques jours lors de ce fameux match face à l’ASVEL à Feurs dans le Forez. Pour sa prestation du jour, il a reçu les félicitations et encouragements de Giannis Antetokounmpo. Plutôt sympa, de la part du dernier MVP des Finales.

Gaucher aussi long qu’athlétique, ce forward est puissant et percutant. Arrivé à Fos-sur-Mer en 2018 en provenance du Mans, il est une révélation tardive et est totalement passé hors des mailles du filet du réseau des équipes de France jeunes. Par conséquent, il a choisi de représenter la République centrafricaine. Avec son pays, il a participé aux fenêtres de qualifications de l’AfroBasket 2021. Celui qui s’identifie beaucoup à Nicolas Batum va tenter de s’imposer au sein d’un championnat de France extrêmement relevé. S’il avait déjà participé à des bouts de matchs en 2018-19, c’est véritablement cette année qu’il va pouvoir prouver sous le maillot noir et jaune. Rien ne sera facile avec une équipe qui ne joue rien de plus que le maintien, mais Dokossi pourrait encore surprendre. À voir jusqu’où sa progression l’emmènera.

Rudy Demahis-Ballou – AS Monaco

19 ans, né le 22 février 2002, 1m90, meneur. On termine notre tour des jeunes prospects en s’arrêtant sur le Rocher. À Monaco, on aurait pu choisir Armel Traore qui vient d’arriver du Centre Fédéral, mais on a préféré Rudy Demahis-Ballou et ses quelques références en pro. Arrivé dans la principauté en 2020 en provenance de l’INSEP, Demahis-Ballou a goûté au championnat de France et à l’EuroCup l’an dernier, saisissant parfaitement sa chance pour obtenir du temps de jeu (9,2 minutes par match l’an dernier, toute proportion gardée donc). Cerise sur le gâteau, il a remporté la compétition européenne avec les Monégasques, ce qui lui permettra de découvrir l’Euroligue cette année. Idéal pour continuer sa progression, même si dans un effectif XXL, rien n’est moins sûr pour celui qui squatte un backcourt plus que grassouillet.

Malgré tout, RDB apprendra chaque jour aux côtés de grands joueurs. Il pourra demander à Mike James sous la douche comme sont James Harden et Kevin Durant “en vrai”. Sous les ordres de Zvezdan Mitrovic, il va malgré tout avoir des responsabilités de par son profil de meneur très défensif. Il pourra être envoyé en mission sur certains joueurs afin de soulager les cadres de tâches ingrates. Présent lors de la Coupe du Monde U19 avec les Bleuets, il s’est révélé en fin de tournoi avec deux prestations solides contres la Serbie en demi (13 points) et les USA en finale (10/4/3). Cette saison, on espère donc le voir passer un cap et se faire une place avec des garanties de minutes au sein de la Roca Team. Entre Euroligue et championnat, il y aura de nombreux matchs, on croit donc forcément en sa capacité à profiter d’une brèche. Et puis, quand on s’appelle Rudy dans le basket français, normalement ça doit aider.

Voilà, six des quelques prospects de notre merveilleux championnat de France s’apprêtent à débuter un nouvel exercice. Il a fallu faire des choix, comme disait Didier Deschamps, on n’a pas pu prendre tout le monde. Mais un second épisode sort ce samedi, car nous sommes loin d’avoir zappé les longueurs de Wemby et les friandises aériennes de Yoan Makoundou. Oh, le spoil.