L’héritage de Kyle Lowry à Toronto : 9 saisons, 700 matchs, et un maillot qui s’élèvera bientôt au plafond de la Scotiabank Arena ?

Le 25 sept. 2021 à 12:12 par Giovanni Marriette

Kyle Lowry
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Le 3 février prochain, Kyle Lowry réalisera peut-être pleinement quel genre de personnage incontournable il est devenu à Toronto. Le 3 février prochain Kyle Lowry jouera à Toronto, mais il y jouera sous les couleurs d’une autre franchise, pour la première fois depuis le 8 mars… 2012. C’était sous le maillot des Rockets, cette fois-ci ce sera avec le Heat de Miami, et entre les deux une histoire d’amour qui s’est construite, l’une des plus belles histoires de notre NBA contemporaine.

Si en amour on parle parfois du fameux “cap des sept ans”, les Raptors et Kyle Lowry ont pris l’éventuel coup de mou à contre-pied. En effet, à un moment charnière d’une relation lors duquel, parfois, un couple a tendance à ne plus se regarder, ne plus prendre soin l’un de l’autre, nos deux tourtereaux ont préféré tapé fort en s’offrant mutuellement le plus beau des cadeaux : une bague de champion. La même idée en même temps, trop mignon. Mariage consommé, mariage heureux, mariage réussi, et un apex sentimental qui aura malgré tout été la porte d’entrée à… une sortie, un accord en bonne et due forme entre les deux partis ayant compris qu’un mariage était d’autant plus beau quand son divorce était également réussi. Deux ans d’atermoiements pour enfin trouver une issue heureuse et convenant à tout le monde, après avoir acté le douloureux fait que la séparation était bel et bien ce qui pouvait arriver de mieux à chacun. Kyle Lowry à Toronto ? Ce sont donc neuf saisons et environ trois vies. La première, faite de promesses bien souvent balayées par un homme, LeBron James pour ne pas le citer. Une sortie au premier tour en 2014 face aux Nets, une autre en 2015 des mains de Paul Pierce notamment, puis un désolant triangle des Bermudes en 2016, 2017 et 2018, trois défaites face aux Cavs de LeBron dont deux sweeps retentissants en demi-finales de conf 2017 et 2018, apogée des Raptors en mode Lowry / DeRozan mais également sommet de la mainmise du King sur “LeBronto”, sobriquet aussi détesté par la fanbase des Dinos que logique compte tenu des immeubles construits au Canada par LBJ. Kyle Lowry, lui, est alors bien souvent affublé du rôle de chokeur, punchlines récurrentes faisant surtout écho aux chokes répétés d’une équipe plus qu’à ses propres contre-performances, loin d’être aussi fades qu’on voudrait nous le faire croire.

Fin de l’épisode 1, grise mine au Canada mais le soleil n’est jamais très loin

Ce fameux soleil ? C’est paradoxal mais il montre le bout de son nez à l’été 2018, le 18 juillet pour être tout à fait précis. Au réveil DeMar DeRozan apprend qu’il part beaucoup plus au Sud, à San Antonio, et au réveil également Kyle Lowry voit donc son besty partir sans préavis après cinq saisons de complicité entre les deux hommes. Kawhi Leonard arrive en ville pour faire passer un step à la franchise, mais Kyle réalise alors sans doute qu’on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre ET le boule de DeMar la coloc avec un copain. Les Raptors sont en pleine reconstruction, Kyle Lowry est désormais le daron de la bande avec Jonas Valanciunas, alors que Pascal Siakam, Fred VanVleet ou OG Anunoby représentent l’avenir. Dwane Casey est lui aussi parti, en direction du Michigan, et la saison du changement pour les Dinos s’avérera finalement être la saison… de toutes les réussites. Marc Gasol rejoint le squad au printemps et pour la 24ème saison en NBA de la franchise canadienne… Kawhi, Kyle et toute la bande offriront une exceptionnelle bague à leur public, profitant des blessures côté Warriors mais, surtout, de leur incroyable vague victorieuse des mois précédents. Kyle Lowry est aux anges et mérite ce qu’il lui arrive, on parle alors d’un quintuple All-Star qui pose ses tripes chaque soir sur le parquet depuis une demi-douzaine d’années dans l’Ontario, on parle d’un two-way player solide et plus si affinités, parmi les meilleurs défenseurs ET les meilleurs attaquants de la Ligue, parfait capitaine de route et qui a su profiter du talent immense de Kawhi Leonard pour se délester du trop plein de responsabilités inhérent jusque-là à son statut. DeMar qui pleure, Kyle qui rit, Kawhi qui poker face, mais il fallait sans doute (oui) en passer par là pour atteindre le Graal.

Transition vers un départ qui convient à tout le monde

Kyle Lowry et les Raptors sont donc au sommet de la planète basket, NBA World Champions comme ils disent, et il faut désormais confirmer. Le plus dur reste à faire, enfin on se comprend, et la saison 2019-20 sera, un peu comme pour tout le monde, une saison tronquée. Lowry, Siakam et FVV take the lead après le départ de Kawhi Leonard, la régulière est une réussite avec 53 wins, mais malgré un COVID qui n’aura pas entamé la bonne dynamique du groupe et un Kyle de nouveau à 20 pions de moyenne, les Celtics passent par là dans la bulle et renvoient les Raptors au Canada dès les demi-finales de Conférence. Au Canada… enfin presque, puisque la plus mauvaise nouvelle de la saison 2020-21 reste probablement le fait que les Dinos devront jouer leurs matchs à domicile à… Tampa, en Floride, à 2000 kilomètres de leur fief à la fois si froid et si chaud. Sur le terrain les absences se superposent aux déceptions individuelles, le groupe n’est pas “divisé” mais ne vit pas non plus du mieux qu’il peut, et les défaites s’amoncèlent aussi vite que le nombre de matchs loupés par le héros local, le héros Low-Kyle, qui manque 26 matchs et voit au final son équipe manquer les Playoffs pour la première fois depuis huit ans, pour la première fois depuis son année 1 au Canada. Une saison tronquée évidemment, COVID toussa, mais une saison lors de laquelle Calorie aura également été au centre de toutes les discussions dès lors que ça causait transfert. Malgré tout la trade deadline de mars dernier n’est pas synonyme de bon de sortie, car d’un commun accord… On attendra encore quelques semaines. Une décision logique qui arrivera finalement dans la nuit du 3 août dernier, avec un départ pour… Miami, comme quoi la Floride a du taper dans l’œil du meneur à l’arrondi rebondi. 11 juillet 2012, 3 août 2021, le mariage aura donc duré neuf ans.

Retour (et grosse teuf) prévu en février

La prochaine date phare dans la vie de Calo ? Ce sera donc le 3 février prochain, à l’occasion de la venue du Heat à la Scotiabank Arena, une enceinte que le joueur rondouillet n’a plus fréquenté en match officiel depuis mars 2020, date du début de la fin du monde. De l’émotion il y aura, le sentiment de compétitivité Kyle gardera, mais dans sa tête c’est peut-être bien un gros fouillis qui primera. On se souvient du premier retour de Paul Pierce au TD Garden, fêté au son de Coming Home de P-Diddy, de celui, plus soft évidemment, de Tony à San Antonio, et nul doute que les premiers pas depuis 2012 de Kyle Lowry en tant qu’adversaire des Raptors seront accompagnés de la standing qu’il mérite, avec video tribute et évidemment petits fours en plein temps-mort car on ne change pas une équipe qui prend du popotin tous les mois.

Quelle place dans l’histoire des Raptors ?

La question fatidique. Qui dit legacy individuelle dans une franchise dit forcément… maillot retiré, à part quand on est dirigeant des Wolves bien sûr. Aujourd’hui ? Quelques dossiers sont sur la pile, on en a compté cinq à Toronto, franchise jeune mais déjà forte d’une histoire assez dense avec plus grands leaders. En partant de la fin ? Chris Bosh, ses sept saisons en ville dans le costume de leader, ses cinq All-Star Games, sa carrière incroyable, et une fin en eau de boudin qui donne des envies de câlin, mais peut-être pas au point de lui retirer son maillot canadien. DeMar DeRozan ? Neuf saisons, un statut de meilleur scoreur de l’histoire de la franchise qui ne bougera pas avant un bon moment, mais également une bonne tête d’étendard des années… lose, on reste sur une faible probabilité de maillot au plafond. Puis on monte en régime avec… Vince Carter, l’homme qui a dessiné la fanbase de la franchise, Raptor durant les six premières de ses… 22 saisons, 400 matchs et un peu plus de 23 pions de moyenne, et des highlights que plus jamais on ne reverra. Ca commence à peser là. L’avant-dernier dossier ? Peut-être le plus épineux, puisque Kawhi Leonard a très grandement participé à offrir à la franchise ontarienne son seul titre… tout en ne disputant que 84 matchs avec les Raptors. Sans Kawhi les Dinos n’auraient jamais ouvert de bijouterie, les Playoffs du bonhomme sont tout simplement inhumains, son shoot face aux Sixers est rentré dans l’histoire, mais il est aussi le… 32ème meilleur marqueur de l’histoire est est parti au bout de huit mois aussi vite qu’il était arrivé. Hum. BREF, nous voici donc au réel intérêt du paragraphe, à savoir le dossier Kyle Lowry retrait de maillot. Et autant vous dire que, c’est très personnel hein, mais il n’y a absolument aucune contre-indication à voir tout bientôt le number seven monter sous le plafond de la Scotiabank. 600 matchs sous la tunique canadienne, 17,5 points, 4,9 rebonds et 7,1 passes, six fois All-Star, l’ADN Dino et du sang de T-Rex dans les veines, un engagement sans failles dans le monde associatif torontien depuis presque dix ans, une bague en 2019 ça compte un peu, et on vous laisse aller chercher au moins une raison qui empêcherait la franchise du grand nord d’honorer son enfant de la plus belle manière qui soit.

Pour résumer ? Kyle Lowry et les Raptors c’est un mariage réussi, une lune de miel tardive mais ô combien excitante, un divorce dans le respect, et, qui sait, un rabibochage d’exs dans quelques années. Pour l’heure Calorie se dore la pilule à Miami et il a bien raison, en attendant de tous chialer en février prochain quand une ville dans laquelle il fait -25 degrés se transformera en… fournaise pour le retour de son enfant chéri.


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