En 2011, Kevin Durant enflammait les playgrounds US lors du lock-out : retour sur un été vraiment pas comme les autres

Le 03 sept. 2021 à 17:33 par Nicolas Meichel

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Nous sommes à l’été 2011. La saison NBA est terminée et on ne sait pas quand la prochaine va commencer. En cause ? Pas de COVID à l’époque mais un maudit lock-out qui verrouille toutes les portes de la NBA, pour le plus grand malheur des drogués de la balle orange. Heureusement, au cours de cette période bien sombre, Kevin Durant répond présent pour nous offrir d’innombrables exploits sur les playgrounds US, parce que “Basketball Never Stops”. Retour sur les grands moments de ce Lock-Out Tour exceptionnel, avec un KD sans pitié. 

6 juin 2011 : Barry Farm, Washington D.C.

Impossible de commencer ailleurs qu’à Washington D.C., du côté de la Goodman League dans le quartier de Barry Farm. Natif de la capitale US, Kevin Durant connaît ce playground par cœur et décide de revenir aux sources au début du mois de juin 2011, une dizaine de jours après s’être fait éliminer par les Dallas Mavericks en Playoffs. Alors que les Finales NBA battent leur plein et que le lock-out n’a pas encore officiellement frappé la Grande Ligue, KD se chauffe déjà : 41 points au total, un joli petit aperçu des gros cartons à venir.

18 juin 2011 : Washington Park, Los Angeles

Une douzaine de jours plus tard, direction Los Angeles et la Drew League. Cette dernière, qui réunit des amateurs et des pros durant l’été, accueille régulièrement des joueurs NBA, notamment ceux originaires de la Cité des Anges. Mais cette fois-ci, c’est donc Kevin Durant – phénomène de D.C. – qui débarque pour faire le show. Et le show il fera. À L.A., KD sort l’une des actions les plus folles de tout l’été en réalisant une T-Mac en contre-attaque, balançant le ballon contre la planche avant de lâcher un énorme tomar. Ce jour-là, Durant régale véritablement la galerie, aux côtés notamment de ses potes du Thunder James Harden et Russell Westbrook.

1er août 2011 : Rucker Park, New York

Parmi tous les stops de son Lock-Out Tour, Kevin Durant choisit le playground le plus mythique de la planète basket pour sortir son plus beau chef-d’œuvre. Le Rucker Park de Harlem à New York, qui a vu passer de nombreuses légendes dans sa grande histoire (Julius Erving, Kobe Bryant, Kareem Abdul-Jabbar, Wilt Chamberlain, Allen Iverson…), est le théâtre d’un véritable instant de grâce le 1er août 2011. Devant une foule en délire ce soir-là, KD claque 66 points à base de missiles du parking. Ficelle, ficelle, ficelle. Rien ni personne ne peut perturber Slim Reaper, ni même les fans qui se jettent sur lui après une ultime banderille. Un moment unique, raconté par KD lui-même.

“White Chocolate, une légende du streetball qui vient de chez moi, m’a contacté pour jouer au Rucker, mais j’étais à Oklahoma City. J’ai pris le premier avion et quand j’ai atterri, je suis tout de suite allé au Rucker Park. Je n’avais prévenu personne mais une fois arrivé et après avoir mis mes chaussures et ma tenue, c’était blindé, la musique était à fond, les gens dans les immeubles autour allumaient la lumière et ouvraient la fenêtre pour regarder. C’était comme dans un film.

Il y avait beaucoup de trashtalking. Ces gars du Rucker, ils ne sont pas aussi forts physiquement ou techniquement que les joueurs NBA, alors ils vous cherchent mentalement. Tout le monde dans le public les soutient. On était une équipe de D.C. et on jouait contre une équipe de New York, donc tout le monde était contre nous. Je devais dominer et m’imposer. J’ai mis un panier, puis un autre, et j’étais dans le rythme. Après ça, j’ai tiré de partout. J’ai mis quatre 3-points de suite, et y’avait 10 à 15 gamins qui m’ont sauté dessus, plus 20 adultes. Tout le public a envahi le terrain. Recevoir autant d’amour sur le coup, c’était énorme.”

– Kevin Durant, via GQ Sports

+1000 en street cred.



2 août 2011 : Baruch College, New York

Un jour après sa mixtape au Rucker Park, Kevin Durant est déjà de retour sur le terrain, toujours à New York. Mais cette fois-ci, il laisse de côté l’asphalte d’Harlem pour rejoindre le parquet de Baruch College – situé en plein cœur de Manhattan – et participer à la Nike City Pro League. Dans une rencontre accrochée et intense, KD pose ses cojones sur la table en plantant plusieurs paniers décisifs, dont le 3-points égalisateur pour envoyer les deux équipes en prolongation. Au final, Durant repart avec 41 points et la victoire 146-143 face à l’équipe du meneur des Bulls John Lucas III, auteur de… 60 pions dans cette rencontre.

“Le match le plus dur que j’ai joué, c’était le Pro City à New York. C’était plus structuré, cela ressemblait plus à un match NBA, ils jouaient la zone en défense, ils faisaient des prises à deux, voire à trois. Bien évidemment, en ligue d’été, ce n’est pas trop ce que vous voulez affronter mais ces gars-là voulaient gagner. C’était plus difficile de trouver un rythme, mais j’ai réussi à m’en sortir et on a gagné le match.”

– Kevin Durant, via le docu ‘From My Hood To Your Hood’

4 août 2011 : Dyckman Park, New York

Kevin Durant kiffe tellement l’ambiance du basket new-yorkais qu’il réalise un troisième stop dans la Big Apple, du côté du Dyckman Park à Manhattan. Cette fois, il affronte Michael Beasley, qu’il connaît très bien puisque B-Easy est lui aussi originaire du Maryland. Deux potes, mais surtout deux gars qui sont prêts à se rentrer dedans sur les playgrounds et à s’échanger quelques mots doux. Résultat, ça donne un affrontement bien hypant, avec un KD qui termine la rencontre à 29 points tandis que Beasley repart avec une courte victoire 80-77.

20 août 2011 : Trinity University, Washington D.C.

Au revoir New York, retour à Washington pour l’un des matchs les plus intenses du lock-out 2011 : le Capital Punishment Game. D’un côté, la Goodman League de D.C. avec Kevin Durant, John Wall, DeMarcus Cousins, Ty Lawson et Cie. De l’autre, la Drew League de Los Angeles avec notamment James Harden, DeMar DeRozan, Brandon Jennings et JaVale McGee. Est contre Ouest, autant dire que ce match n’a rien d’un match exhibition, surtout dans une salle remplie à ras bord. Chaque camp possède sa fierté et veut montrer sa supériorité. Du coup, on a droit à une rencontre très accrochée qui va se jouer sur un rien : dans les dernières secondes, KD obtient un coup de sifflet bien gentil et donne l’avantage 135-134 sur la ligne des lancers-francs, avant de contrer la dernière tentative de son copain Ramesse. 44 points pour Durant, MVP du match, le festival continue. Quelques semaines plus tard, une revanche entre les deux équipes aura lieu. Quand on vous parle de fierté…

30 août 2011 : Morgan State University, Baltimore

Avant de s’affronter plusieurs fois en Finales NBA, Kevin Durant et LeBron James ont livré quelques belles batailles lors du lock-out. Fin août 2011, KD croise la route du King dans le coin de Baltimore, où a grandi un certain Carmelo Anthony. Justement, cette rencontre oppose la Melo League à la Goodman League de KD, et ça donne un énorme spectacle. Durant claque 59 pions et se permet même de donner la leçon à BronBron sur certaines séquences. Cependant, c’est bien le Roi qui repart avec la win 149-141, lui qui termine avec 32 points au compteur, bien accompagné par Carmelo et Chris Paul. Du très très lourd !

1er octobre 2011 : Winston-Salem State University, Caroline du Nord

Kevin Durant et LeBron James s’affrontent plusieurs fois durant la période lock-out. Et du côté de Winston-Salem, chez Chris Paul en Caroline du Nord, KD a droit à sa revanche. Évoluant sous le maillot de l’équipe de CP3, organisateur de ce match de charité, Durant marque pas moins de 48 pions pour aider les siens à prendre le dessus 175-146 sur les deux coéquipiers du Miami Heat, LeBron et Dwyane Wade. Également sur le parquet ce jour-là : Carmelo Anthony, John Wall, Rudy Gay, Stephen Curry et même Gérard ! Ça en fait du beau monde, et le show est largement au rendez-vous.

8 octobre 2011 : Florida International University, Miami 

Une semaine après cette rencontre en Caroline du Nord, tout le monde déménage en Floride. Alors que le lock-out n’arrive toujours pas à son terme et que les premiers matchs de la saison régulière 2011-12 sont bientôt sur le point d’être annulés, Kevin Durant pose ses valises à Miami pour continuer à se faire plaisir. Dans cette rencontre organisée par le Big Three du Heat LeBron James – Dwyane Wade – Chris Bosh, KD inscrit 27 points aux côtés de LBJ mais repart avec la défaite 141-140 en prolongation contre la Team Wade.

9 octobre 2011 : The Pyramid, Long Beach 

Vous vous souvenez du Capital Punishment Game ? On vous parlait de revanche, là voici ! Cette fois-ci, la rencontre se déroule de l’autre côté du pays, à Long Beach plus précisément. Kevin Durant a bien l’intention de montrer qu’à Washington, on sait mieux jouer à la balle orange qu’à Los Angeles. Sauf que c’est bien la Drew League qui prend le dessus sur la Goodman League 151-144 sous l’impulsion des 48 points de James Harden. En face, KD réalise son propre festival (50 pions) en compagnie de John Wall (55), mais c’est donc insuffisant. Matt Barnes, qui défend les couleurs de la Drew League ce jour-là, fait notamment la diff’ à travers sa défense agressive sur Durant.

“J’ai juste dit au coach, ‘Laisse-moi le prendre et on voit ce que je peux faire’. J’ai réussi à le ralentir un peu et l’obliger à prendre des tirs difficiles. On sait que Kevin Durant est en pleine tournée mondiale à 50 points par match. Et il a encore atteint les 50 aujourd’hui, mais 33 de ses points ont été marqués en première mi-temps.”

– Matt Barnes

23 octobre 2011 : Cox Convention Center, Oklahoma City

Superstar du Thunder, Kevin Durant ne pouvait pas ne pas jouer à Oklahoma City. Le 23 octobre 2011, chez lui, le héros local régale son public en terminant la rencontre avec un triple-double absolument monstrueux : 42 points, 26 rebonds et 11 caviars. Rien que ça ! Dans un match où figurent également LeBron James, Chris Paul, Carmelo Anthony, LaMarcus Aldridge, James Harden et Russell Westbrook, les 13 000 fans présents en tribunes sont aux anges alors que la NBA n’est toujours pas prête à reprendre. Pour la petite histoire, sachez que l’équipe de KD s’impose 176-171 en prolongation.

6 novembre 2011 : Chiles Center, Portland

Le mois de novembre a commencé, mais toujours pas de NBA au menu. Alors Kevin Durant décide de prendre un billet pour Portland afin de participer au Rip City Basketball Classic, un match de charité organisé par la star des Blazers et ancien joueur des Texas Longhorns (comme Durant) LaMarcus Aldridge. En compagnie de LMA mais aussi de James Harden et Jamal Crawford, KD continue de prendre du bon temps : 47 points pour Easy Money Sniper, autant dire qu’il est toujours aussi chaud. Cependant, Durant ne quittera pas l’Oregon avec la victoire, la Team Aldridge l’emportant 164-157. Peu importe au final, l’essentiel est ailleurs.

“LaMarcus est comme un grand frère pour moi. Il est venu et m’a soutenu pour mon match [la rencontre précédente à Oklahoma City, ndlr.], alors je devais faire de même et venir ici. Mais j’adore vraiment Portland. Portland aime vraiment le basket, donc c’est toujours bien de venir ici et jouer.”

– Kevin Durant

8 novembre 2011 : DeSoto Civic Center, Southaven

À peine deux jours plus tard, Kevin Durant pose ses valises à quelques kilomètres de Memphis pour participer à un match de charité organisé par le joueur des Grizzlies Rudy Gay. 6 000 personnes en tribunes, KD, Gay, LeBron James et quelques autres joueurs pas trop mauvais sur le parquet, comme vous pouvez l’imaginer ça fait des étincelles. Placé dans l’équipe de Rudy, Durant finit la rencontre avec 29 points tandis qu’en face, LeBron grimpe jusqu’à 43 et guide finalement son équipe vers la win 158-151. L’un des derniers matchs entre joueurs NBA avant le retour de la Grande Ligue quelques semaines plus tard.

Malgré le lock-out, Kevin Durant ne s’est jamais arrêté de jouer au basket. Parce que quand on aime le jeu et qu’on a grandi sur les playgrounds, on est prêt à tâter le ballon un peu partout. Cet été-là, KD a globalement changé de dimension, lui qui fut le porte-étendard du mouvement “Basketball Never Stops”. Un mouvement suivi par de nombreuses superstars à travers les States, et qui a notamment permis à un certain nombre de ligues Pro-Am d’avoir une grosse visibilité. Ce n’est que le 26 novembre 2011 que le lock-out touchera à sa fin et que la NBA réouvrira ses portes.