Phoenix Suns, le bilan 2020-21 : Chris Paul n’aura donc eu besoin que de six mois pour faire de Devin Booker un finaliste NBA

Le 16 août 2021 à 11:55 par Giovanni Marriette

Suns fans 9 juillet 2021
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Quelle saison. Quelle saison incroyable. Une Free Agency de feu et une ambition assumées en régulière avec un bilan très largement satisfaisant, puis des Playoffs validés comme des darons en sortant le champion en tire, le MVP 2021 et des Clippers tenaces. Au final seuls Giannis Antetokounmpo et son statut de demi-dieu auront su mettre à terre Chris Paul, Devin Booker et leur fabuleuse équipe, et après avoir réussi à garder tout leur petit monde cet été l’objectif semble clair pour la saison prochaine. Mais tout d’abord, retour sur cette merveilleuse aventure de six mois, non, de un an.

CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ

Après une bulle incroyable terminée à un tout petit tir d’une qualification pour le play-in, les Suns avaient semble-t-il l’ambition d’accélérer très vite. Un sentiment exacerbé par la Free Agency parfaite de la franchise, avec les arrivées des soldats Jae Crowder, Abdel Nader, Etwaun’e Moore et Langston Galloway mais surtout Chris Paul, garantie évidente d’une – a minima – saison réussie et – a minima – d’un retour en Playoffs. Hype assez folle donc en décembre dernier mais le besoin, aussi, de ne pas mettre la charrue avant les Cactus, car on ne connait que trop les excès de zèle de pre-saison. Du coup on prévoyait évidemment le retour des Suns en Playoffs, dix ans après leur dernière campagne, mais… lentement mais sûrement, avec une petite quarantaine de victoire et une place en play-in pour commencer, entre la septième et la neuvième place.

CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ

On ne change pas une équipe qui gagne et l’équipe qui gagne continue donc de gagner. 5-1 pour débuter la saison avec notamment un gros back-to-back Jazz / Nuggets, Chris Paul et Deandre Ayton sont les nouveaux meilleurs amis du monde et tout va bien dans le meilleur des mondes. Cerise sur la bûche, Mikal Bridges joue comme un DPOY et se permet même de rappeler face aux Pacers qu’il est également capable d’en poser 35 de temps en temps. Les deux premiers mois se déroulent sans encombre, le 2 février CP3 se fend d’un 34/9/9 et file le ballon de la gagne à un Devin Booker qui monte en puissance, au cœur d’un 17-3 tapageur qui voit les Suns, entre autres, taper les Bucks de manière solide, les Sixers grâce à un Devin Booker qui se joue de Ben Simmons et de sa grande gueule ou encore les Pels grâce à un 41-12 de cannibale au dernier quart. Chris Paul donne sa 10 000ème passe décisive en carrière, passe sixième passeur all-time et entrevoit l’ombre de Magic Johnson, les Blazers et les Lakers sont essorés par la machine arizonienne, Devin Booker n’est plus seulement bon mais carrément insaisissable à l’arrivée du printemps en cartonnant notamment les Bulls avec 45 pions à 17/24 au tir. S’en suivent une grosse victoire face au Jass pour donner un peu de suspenses à la course à la première place de l’Ouest, CP3 fait péter les milestones tous les soirs en devenant le sixième meilleur intercepteur de l’histoire et son cinquième meilleur passeur, ciao by bye Magic, et après une victoire contestable face aux Bucks et d’autres plus claires face aux Sixers, aux Knicks ou aux Clippers grâce à un duo de All-Stars au sommet, les Playoffs se rapprochent et Phoenix fait également monter la température tous les soirs. Le Jazz est une nouvelle fois vaincu, les Knicks aussi à l’issue d’une guerre de tranchées ponctuée par un câlin entre Taj Gibson et Chris Paul, et après une nouvelle victoire controversée face aux Blazers les Suns terminent donc deuxièmes de la saison régulière à l’Ouest, deuxième bilan de la Ligue tout court d’ailleurs, avec 51 succès et 21 revers. La bonne nouvelle ? Monty Williams est élu meilleur coach de la Ligue par ses pairs. La mauvaise ? La deuxième place des Suns leur offre… les Lakers au premier tour des Playoffs, une affaire qui sent bon l’odeur du dindon de la farce.

Dindon de la farce oui mais non, puisque dès le Game 1 du premier tour, premier match de Playoffs en ville depuis onze ans, les Suns bombent le torse et Devin Booker envoie 34 points pour annoncer la couleur. Malheureusement Chris Paul est un peu down physiquement, au contraire d’un AD qui revient fort et qui s’éclate, et deux matchs plus tard les Suns sont menés 2-1, dindon de la farce le retour. Mais il était écrit que les Suns méritaient mieux qu’une match-up malheureuse, et à partir du Game 4 le destin tape un virage en épingle et Chris Paul est de retour alors qu’Anthony Davis… se blesse à son tour. Victoire au Game 4 pour Phoenix, branlée au Game 5, les mouches ont changé d’âne et le Game 6 est une story à lui tout seul. Dans le rôle du héros malheureux Anthony Davis, revenu aux affaires malgré la douleur mais obligé de jeter l’éponge après quelques minutes, et dans celui du héros Devin Booker, grand artisan d’une victoire grandiose avec un 47/11 d’anthologie pour mettre à terre le champion et envoyer LeBron taper des chest-bumps avec Lola Bunny. Et vous savez quoi ? Tant mieux, car la logique sportive est respectée, si si. En demi-finales de conf c’est ensuite le MVP Nikola Jokic qui se présente, mais Niko comme ses Nuggets seront rapidement… terrassés par une équipe qui a trouvé ses marques et qui commence à faire flipper tout le monde. Les Suns sont tout simplement trop forts, trop armés, trop collectifs et ils défendent trop bien, et en face les Nuggets sont blessés, les Nuggets sont fatigués, les Nuggets sont usés avec un grand u. Mister Suns in Four est un mec violent mais il avait tout de même raison, Phoenix colle un énorme blow-out des familles à Denver et Chris Paul se permet même d’être phénoménal pour clore la série et rejoindre les Finales de Conférence pour la deuxième fois de sa carrière.

Ce sera face à d’étonnants Clippers, tout juste sortis de deux séries harassantes face aux Mavs et au Jazz, mais des Clippers qui devront jouer cette finale sans Kawhi Leonard, ça compte un tout petit peu quand même. Pour donner le change Chris Paul nous gratifie de son traditionnel choke santé en contractant le COVID alors qu’il était vacciné et en loupant le début de série, mais au Game 1 c’est Devin Booker qui gravit un step de plus dans la bogossitude en craquant 40 points, 13 rebonds et 11 passes pour mettre L.A. dans les cordes d’entrée de jeu. Au Game 2 c’est… Cameron Payne qui nous provoque des hallus en atteignant l’apex de sa folle saison (29 points), et Deandre Ayton punit les Clippers au buzzer avec une claquette clutchissime au buzzer sur une passe de Jae Crowder. 2-0 Suns, ça part plutôt pas mal, James Jones en profite pour exhiber discrétos son trophée mérité d’Executive Of the Year, mais au Game 3 et malgré le retour de Chris Paul les Suns en laissent une en route, avant de resserrer la vis au Game 4 grâce à un Ayton sur la lancée de ses Playoffs façon Bill Russell (19 points, 22 rebonds et 4 contres). défaite au Game 5 pour laisser croire les fans de Los Angeles, mais au Game 6 Chris Paul profitera de l’ambiance de son ancienne maison pour valider l’un des chefs d’œuvre de sa carrière (41 points et 8 passes) et pour obtenir son premier sésame pour les Finales NBA, en seize ans de carrière, tout en n’omettant pas bien sûr de nous énerver ce bon vieux Patoche Beverley, tout horripilé de voir qu’il ne possédait que 2% du talent de sa match-up du soir. Les Suns sont donc en Finales NBA, face aux Bucks, et se permettent même le luxe d’en être les favoris, d’autant plus qu’ils profitent de la convalescence de Giannis au Game 1 pour l’emporter grâce à 32 points et 9 passes de Chris Paul et 19 points et 22 rebonds de Deandre Ayton. Seule ombre au tableau la blessure aux ligaments de Dario Saric, sa fin de saison donc, mais au Game 2 Monty Williams remotive tout le monde et malgré un Greek Freak injouable les Suns sortent la carte Mikal Bridges facteur X, nous renvoient à des vieux relents de Spurs 2014 et gagnent encore pour mener 2-0. Ca sent bon hein ? Au retour à Milwaukee Chris Paul n’en finit plus de passer des caps historiques en terme statistique, Devin Booker en pose 42 au Game 4 mais… en face quelque chose s’est passé, un déclic a eu lieu et les Bucks deviennent beaucoup plus relous à jouer. Deux victoires pour Milwaukee puis un énorme Game 5 remporté à Phoenix par les Bucks, puis un énooorme Game 6 remporté par les… Bucks à la maison. Les calculs sont bons ça fait donc 4-2 Milwaukee après un quasi gentleman-sweep, issue terrible mais assez logique compte tenu de l’accélération brûlante des Daims en milieu de série, compte tenu, tout de même, de la présence en face d’un joueur définitivement all-time, entre autres.

L’IMAGE DE LA SAISON

devin booker 13 août 2021

Voilà donc le genre de perf que Devin Booker est capable de sortir, dans une victoire, pour éliminer LeBron James au premier tour pour la première fois de sa carrière. Les doutes sur la capacité de Booker à être un leader dans les matchs qui comptent sont désormais levés, et le pire c’est que le gosse n’est peut-être qu’à 50%.

IL A ASSURE : DEVIN BOOKER

Moins de scoring, moins de passes, moins de temps de jeu, prends ça la team stats. Etonnamment au vu des chiffres cités précédemment, Devin Booker a clairement claqué la plus belle saison de sa carrière cette année, d’un point de vue purement basketballistique et, évidemment, au vu des résultats de son équipe, grandement impactés par ses performances. Mis sur orbite par la présence d’un Chris Paul qui l’a autant fait grandir sur le terrain qu’en dehors, qui l’a autant backé dans le leadership qu’il l’a délesté d’une certaine pression, Devin Armani a vendu du rêve pendant six mois, n’ayons pas peur des mots. Il avait commencé son bazar dans la bulle d’Orlando en mêlant les actions de grande classe (son game winner face aux Clippers) et un bilan immaculé pour sa franchise, et cette saison 2020-21 aura donc été le premier acte concret d’une carrière qui s’annonce grandiose. All-Star in extremis et encore heureux, Devin peut se targuer d’avoir tatoué son talent à la face de la planète basket à un certain nombre d’occasions entre décembre et juillet. Un début de saison tranquille, dans le collectif, dans le leadership, puis une montée en régime folle au printemps et donc des Playoffs assez anthologique, ses premiers faut-il le rappeler, avec un 30/6/5 de moyenne face aux Lakers ponctué par une merveille de Game 6 (47 pions eh), une demi-finale de conf plus tranquille (25/8/4 tout de même) car l’adversité ne lui demandait pas de se transformer en héros, puis une finale de conférence gérée de main de maître avec des Clippers dans les choux des les premières minutes (40 points au Game 1). La suite ? Une finale compliquée, fallait bien trouver un peu à redire, mais on parle tout de même d’un mec globalement éreinté et auteur de deux matchs de suite à 40 points ou plus en Finale NBA, rendez-vous compte. Une défaite malheureuse qu’il comblera (vite fait) avec une médaille d’or olympique, mais à 24 ans seulement Devin Booker n’en a pas fini avec nous, c’est une promesse que, nous, on vous fait.

IL FAUDRA ATTENDRE UN PEU POUR VOIR LES JEUNES

Difficile de trouver quoique ce soit à redire d’une saison terminée en 51-21 et au sixième matchs des Finales NBA. Pour jouer les tâtillons ? Disons que ces Suns 2020-21 n’auront pas été le terrain parfait pour voir des jeune s’épanouir, difficile quand votre squad principal donne autant satisfaction. Les jeunes ? Mikal Bridges, Deandre Ayton, Cam Johnson et même Devin Booker ? Non, les plus jeunes encore, Ty-Shon Alexander et Jalen Smith on vous parle. Difficulté pour un supporting cast — d’évoluer, on rajoute même les – pourtant talentueux et utiles – Langston Galloway et Et’waune Moore, et cette saison les deux rookies n’auront eu que des miettes, rarement voire jamais validées par des perfs intéressantes. Un constat vite rafraichi par la Summer League actuelle à Vegas puisque si Ty-Shon gamère un peu à prendre ses marques, le pataud et pas très sûr de lui Jalen Smith semble s’éclater quand il est en confiance, de quoi, peut-être, donner des idées pour le bout de banc de Monty Williams la saison prochaine. Tout ne peut pas être parfait et quand une équipe gagne on ne la touche pas ou peu, alors bin courage messieurs pour réussir à mettre le nez à le fenêtre.

LA SUITE

Chris Paul a été re-signé pour 120 millions sur 4 ans, son back-up Cameron Payne pour 19 millions sur trois ans, back-up qui aura lui-même un abck-up pas dégueu avec l’arrivée d’Elfrid Payton pour pas bien cher, alors que Deandre Ayton apprendra pour sa part de la science de… JaVale McGee, arrivé pour un an et 5 millions dans l’Arizona. Petites pièces qui bougent, des jeunes qui doivent et vont progresser, un Chris Paul que l’odeur du sang aura peut-être encore plus affamé, et difficile donc d’imaginer autre chose que l’ambition de rejouer des Finales très vite pour, cette fois-ci, offrir à l’un des meilleurs joueurs de l’histoire la bague qu’il mérite. Pour Chris Paul, pour Devin Booker, pour Monty Williams.

Qui aurait dit il y a un an que les Suns feraient de merveilleux finalistes NBA ? Toi ? Menteur. La surprise de voir Phoenix si bon et si vite fut grande mais finalement pas si illogique, et il faudra désormais confirmer que 2021 n’était pas un one-shot. Spoiler, le plus dur ne fait peut-être que commencer.