Los Angeles Clippers, le bilan 2020-21 : première Finale de Conférence de l’histoire, et vu le scénario c’est déjà pas mal

Le 14 août 2021 à 09:55 par Giovanni Marriette

Nicolas Batum Clippers 4 8 mars 2021
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Enfin. Enfin les Clippers ont passé ce foutu cap des demi-finales de Conférence, mais dîtes-vous bien que rien n’aura été facile. Des Clippers à deux doigts d’ailleurs de faire le combo et de rejoindre les Finales NBA mais un groupe blessé et crevé, physiquement et mentalement, s’inclinera finalement face à… Chris Paul, oh que cette histoire est moche. Une fin de parcours pleine d’honneur après des Playoffs harassant et, pour la première fois depuis longtemps, le sentiment que cette saison des Clippers (et cette fin de saison) fut… réussie. Comme quoi.

CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ

Après avoir – de nouveau – échoué aux portes des Finales de Conférence face à un Jamal Murray en feu, les Clippers avaient décidé de miser sur… la continuité, malgré une apparent friture sur la ligne entre le duo Kawhi Leonard / Paul George et le reste du groupe. Paul George est néanmoins prolongé pour 4 ans et 190 millions, Doc Rivers d’abord semblé poursuivre l’aventure mais se fait par la suite jeter pour faire de la place à Tyronn Lue et nos meilleures vannes sont de retour, puis les Clippers tentent de la jouer malin avec les prolongations de Reggie Jackson et Marcus Morris, puis les arrivées de Serge Ibaka et d’un Nico Batum en mode désir de renaissance. Seuls JaMychal Green, Landry Shamet et, plus étonnant, le 6thMOY Montrezl Harrell (aux Lakers, mort de lol) sont partis, mais la simple présence du duo de All-Stars et l’envie probable de faire oublier le terrible choke face aux Nuggets poussent nos deux Madame Irma à prédire la cinquantaine de victoires pour LAC, avec une potentielle première place à l’Ouest à la clé. En clair beaucoup d’attentes, cette fois-ci il faut passer le cap.

CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ

Pas question de prendre du temps et dès le début de saison la continuité est validée avec une grosse win en opening face aux Lakers grâce à 33 points à 10/18 de Paul George, et deux jours plus tard c’est un blow-out qui est offert pour Noël aux Nuggets, histoire d’exorciser pour de bon les démons du mois d’août. Nicolas Batum est un excellent titulaire et ça fait plaisir, mais très vite les Clippers retrouvent le rayon punchline puisque Serge Ibaka ouvre la bouche de… Kawhi Leonard et, surtout, L.A. se prend une volée TERRIBLE à domicile face aux Mavs (-50 à la mi-temps, -51 à l’arrivée). Heureusement ça réagit très vite derrière avec une première – drôle – de victoire contre les Suns, et quelques bonnes nouvelles puisque Nico Batum est officiellement redevenu un crack et que Kawhi Leonard joue son premier back-to-back depuis… 2017, dans le jargon on appelle ça un fainéant. Après sept succès de rang et même un joli 10-1 en janvier les Clippers sont premiers à l’Ouest, ça tourne plutôt bien et Serge Ibaka dans la raquette ça change quand même pas mal la vie. La fin de l’hiver sera un poil plus douloureuse avec un passage par la case protocole COVID pour Kawhi Leonard et Paul George, un road-trip à l’Est tout juste bien géré, une petite blessure pour Paul George et la fin de saison ou presque de… Serge Ibalka en mars, on y reviendra plus bas. Luke Kennard sort de sa bopite deux ou trois fois pour sauver les siens, Kawhi est fabuleux quand il joue, à la trade deadline Lou Williams quitte la ville, retourne à Atlanta et croise Rajon Rondo qui ramène de nouveau sa science et sa fourberie en Californie, et derrière la dernière ligne droite sera magnifiquement gérée par le squad de Tyronn Lue. Une cinquième victoire de suite contre les Sixers et même une sixième face aux Bucks, Kennard se la joue vraiment lieutenant dès lors que PG ou Kawhi est sur le flanc, tiens, DeMarcus Cousins rejoint les badass du vestiaire et il ne manquait plus que lui. Début avril les Clipps prennent une grosse victoire face aux Suns, teasing, Paul George assassine les Pacers et entre le 21 mars et le 24 avril c’est une série de 17-3 qui est validée avant une fin de saison à l’économie. Kawhi manque de nouveau quelques matchs, et le dernier soir c’est une invraisemblable défaite “à l’espagnole” qui offre aux Clippers la quatrième place (47-25) et les Mavericks au premier tour pour une revanche de 2020.

Ce rematch nous offrira une série incroyable, où la seule victoire à domicile sera finalement acquise… au Game 7. Très vite les Clippers sont menés 2-0, la faute notamment à un Luka Doncic injouable et à des Mavs qui abusent d’Ivica Zubac comme s’il était le petit gros à lunettes de la classe de CM2. On apprend d’ailleurs qu’après un retour express la saison de Serge Ibaka est définitivement terminée, ça pue comme dirait l’autre. Malgré tout les Clipps égalisent à 2-2 grâce à un duo PG / Kawhi létal mais… The Klaw passe à côté du Game 5 et de son money time, Dallas 3, Los Angeles 2. L’heure des grands a sonné et à ce petit jeu-là Kawhi Leonard est bien souvent le plus fort puisqu’il pose lors du Game 6 la bagatelle de 45 pions à 18/25, super relou ce type, et au Game 7… malgré un Luka Doncic légendaire… un nouveau gros match du franchise des Clippers couplé à un Super Batum et à un collectif homogène permet à nos amis de s’en sortir au talent face à une équipe, il faut le dire, censée être beaucoup moins fournie en matière de talent. Bref ça passe, mais le coupe-coupe n’était pas loin et tous les maux ne sont pas guéris. Et quoi de mieux que d’affronter des chokers pour tenter d’arrêter de l’être puisqu’en demi-finale c’est donc le Jazz et son bilan de premier de la classe qui se présente en face. Comme face aux Mavs les Clippers laissent en route les deux premiers matchs, sale habitude, au premier match Paul George donne du grain à moudre aux haters et aux inventeurs de surnoms en posant un 4/17 au tir (13/36 en cumulé pour le duo de All-Crads), lors du Game 2 Reggie Jackson est le meilleur joueur de son équipe et avec tout le respect qu’on lui doit… ça craint pour l’équipe concernée, Rudy Gobert et surtout Donovan Mitchell sont phénoménaux et le Jazz a déjà mis son adversaire dans les cordes à grands coups de pluie du parking.

Mais comme lors du tour précédent les Clippers réagissent, au Game 3 Kawhi et PG cumulent 65 points et le duo Batum / Reggie régale également, le quatrième est géré à l’XP et à la veille du Game 5… tremblement de terre puisqu’on apprend au cours d’une sinistre journée que Kawhi Leonard manque à l’appel, pas trop d’infos ne filtrent et connaissant ce zébu c’est mauvais signe. On se dit alors que le destin vient encore d’en coller une à ces pauvres Clippers mais Paul George en décide autrement et envoie lors du Game 5 l’un des plus gros matchs de sa carrière avec un énorme 37/16/5 de tronpa, Marcus Morris et Reggie Jackson sont au rapport également et Los Angeles prend les devants dans la série, sans leur leader, après avoir été mené 2-0. Le Game 6, toujours sans le Fun Guy, sera homérique avec un 81-47 posé en deuxième mi-temps par des Clippers euphoriques, Terance Mann sortira de sa boîte pour en planter 39 dont deux bons tiers sur un Rudy Gobert abusé au large, Paul George, Nicolas Batum, Reggie Jackson et l’invité surprise Pat Beverley sont déchainés et les Clipps remportent la série 4-2, ici on ne choke plus c’est terminé, et bonjour aux premières finales de conférence de la franchise, en 51 ans d’existence ça vaut bien un apéro zoom nocturne. Le sort offre les Suns à Lob City, les Suns et… Chris Paul, celui-là même qui n’avait jamais pu emmener sa franchise à un tel niveau, celui-là même qui fera donc tout pour les faire perdre de nouveau. Un CP3 néanmoins absent lors des deux premiers matchs de la série pour cause de COVID, smh, mais lors des deux premières rencontres dans l’Arizona Devin Booker est tout simplement trop fort, Deandre Ayton s’est transformé en Shaquille O’ Neal, et malgré le nouveau one-two punch à la mode (Paul George / Reggie Jackson) et malgré la réinsertion dans le game d’Ivica Zubac pour tenter de marquer plus de points qu’il n’en prend sur la truffe… Cameron Payne – mais lol – sort le match de sa vie et les Suns mènent 2-0, tiens on prend les mêmes et on recommence pour les Clippers. Au Game 3 Chris Paul est de retour mais maladroit, les Clipps prennent une victoire essentielle, à l’expérience, Ivica Zubac joue de nouveau les facteurs X, mais deux jours plus tard les Sunc passent eux aussi en mode grognards avec une victoire 84-80, bienvenue en 2005 tiens. Deandre Ayton a gobé Zubac avec du ketchup, Kawhi Leonard c’est officiel c’est le ligament et merde, mais Paul George ne veut PAS mourir et envoie un historique 41/13/6 à 15/20 au Game 5 pour tenir tout le monde en vie. Malheureusement le Game 6 sera celui de trop pour un PG crevé, pour un groupe explosé par un vrai parcours du combattant, Pat Beverley finira par péter un câble sur un Chris Paul qui a clairement vécu l’une des plus belles soirées de sa vie et les Suns termineront donc des Clippers éreintés, 4-2, logique mais cruel pour Lob City.

L’IMAGE DE LA SAISON

reggie jackson 13 août 2021

Les larmes. Les larmes d’un Reggie Jackson usé en sortie d’élimination face à Phoenix, mais des larmes qui traduisent surtout de la gratitude de Mr. June à l’égard de sa franchise, lui le joueur “fini”, lui le meneur raillé à Detroit, lui le… fantastique soldat relancé par les Clippers. Une saison et demi solide, des Playoffs merveilleux, et un groupe qui a su redonner goût au basket à Reggie Jax, sur et en dehors du terrain. La belle histoire du mois de juin, to be continued d’ailleurs, et une image qui traduit en tout cas la volonté de la deuxième franchise de Los Angeles sur ces Playoffs, une équipe parfois au pied du mur mais qui n’a cette fois-ci rien lâché, jamais. 

IL A ASSURE : NICOLAS BATUM

22 matchs, 3,6 points à moins de 30% du parking. Avant de signer pour les Clippers Nicolas Batum était dans le dur, euphémisme incroyable, tellement dans le dur qu’on en avait oublié quel joueur de basket il était, préférant comme d’autres pointer son abusé contrat. Mea culpa. Mea culpa énorme puisque Nico a donc aujourd’hui jumpé – de nouveau – dans la catégorie des joueurs les plus utiles de toute la Ligue, après une saison incroyable en Californie. 8,1 points, 4,7 rebonds, 2,2 passes et 1 steal par match en 27 minutes, à plus de 50% au tir et quasiment 40% à 3-points, ça c’est pour les stats, mais les stats sont ici bien moindres que le véritable apport de Nico pour les Clippers. Tout d’abord titulaire incontesté dans l’aile, capitaine de défense et arme létale en attaque, planque dans son corner, Nico a ensuite vu le retour de Marcus Morris comme une chance d’exploser en sortie de banc. Ecouté et respecté dans un vestiaire pourtant pas facile (les leaders Kawhi et PG, les têtes brûlées Morris, Beverley, Cousins ou Rondo), Nico a très vite été considéré comme le sage de la bande, Kawhi allant même jusqu’à avouer que quand Nico parlait tout le monde la fermait et qu’il était le seul dans ce cas dans le vestiaire. Ultra-solide en régulière, parfait en Playoffs, Nico a réussi son coup et nous a fait avaler notre mauvaise langue, poussant même le vice jusqu’à nous offrir des Jeux Olympiques énormes et une action mythique face à la Slovénie en demi-finale. Résultat des courses ? Deux ans de plus chez les Clippers et des excuses publiques obligatoires pour 150% des observateurs. Fact : la renaissance n’est pas qu’une période de la fin du Moyen-Age.

VOUS AVEZ DES NOUVELLES DE SERGE IBAKA ?

Difficile de ressortir de véritables déceptions après une saison aussi aboutie, mais disons qu’avec un Serge Ibaka en pleine possession de ses moyens pendant six mois le bilan aurait pue être encore plus beau. Signé pour deux ans et moins de 20 millions, Serge rimait l’hiver dernier avec braquage, et l’arrivée du two-way player bagué avait tout de l’apport parfait, en terme d’expérience, en terme de défense, en terme de spacing. Malheureusement et après un premier trimestre pourtant  validé sérieusement (11,1 points et 6,7 rebonds), c’est un combo perdant qu’on aura pioché à Los Angeles avec le grand Sergio. Des tenues incroyables offcourt, lui octroyant le trophée officieux de la penderie la plus étrange de la Ligue, et, surtout, un dos en compote qui l’obligera à prendre du recul à la mi-mars avant de revenir trottiner quelques hectomètres… de trop deux mois plus tard. Des Clippers à deux matchs d’une Finale NBA sans l’homme censé les faire passer dans la classe du dessus ? On peut être frustré, mais on peut également être assez optimiste pour la saison prochaine. Allez Sergen fais-nous de belles recettes mais attention aux gestes et postures, l’avenir des Clippers en dépend.

LA SUITE

On ne change pas une équipe qui gagne alors ce sera la con-ti-nui-té pour 2022, encore. Reggie Jackson et Nicolas Batum ont été récompensés de leurs efforts avec des contrats logiques et à la hauteur de leur investissement, Kawhi Leonard vient de prendre trois ans de plus et une quatrième saison en option et devrait donc rester… déjà un an de plus faut pas pousser, Serge Ibaka a également pris son option pour 2021-22, et on partira donc au combat avec les mêmes soldats, garantie de bons résultats et d’une place de contender d’ores et déjà validée. A surveiller, l’éclosion de Terance Mann et l’intégration, pas sûr hein, des jeunes Keon Johnson et Brandon Boston Jr., mais le groupe en place semble taillé pour aller chercher l’objectif ultime en juin prochain. Reste à croiser les doigts pour que tout le monde reste debout le plus longtemps possible, en sachant que Kawhi ratera probablement une bonne partie de la première partie de saison pour soigner son genou. Ca commence mal, mais l’essentiel c’est que ça finisse bien.

Ils l’ont fait, enfin. La marche si difficile à gravir a finalement été escaladée à la force des poignets et tous les feux sont désormais au vert pour monter encore plus haut. Une saison pleine de promesses et d’émotion, avec la touche française qui va bien, et nous voilà donc heureux de dire qu’on a adoré la saison des Clippers, une phrase quand même très étrange quand on connait un peu les antécédents de la franchise. Y’a du talent, une vraie alchimie est née et le groupe reste de la saison passée reste en place, bref… y’a plus qu’à ?