Allez, lecture : “The Book of Basketball”, Bill Simmons nous raconte son histoire de la NBA
Le 13 août 2021 à 11:05 par Max Thomas
Chez TrashTalk, on aime écrire des articles, des livres ou des blagues d’un goût plus ou moins sucré. On aime organiser des événements pour réunir les fans de balle orange aussi souvent que possible. On aime faire des vidéos pour parler NBA tout au long de l’année. Mais on aime aussi lire et ça tombe bien puisque des livres autour du basket, ce n’est pas ce qui manque. Désormais, nous vous partagerons nos impressions sur les bouquins que nous lisons, histoire de vous les faire découvrir ou redécouvrir, de vous donner envie (nous l’espérons) de les parcourir. Allez, aujourd’hui : « The Book of Basketball » de l’excellentissime Bill Simmons.
Vrai passionné de NBA, Bill Simmons s’est auto-attribué le surnom de Sports Guy, et il le porte bien. Fan des Celtics depuis que son père a préféré prendre deux abonnements au Boston Garden plutôt que d’acheter une moto, l’insider retrace l’histoire de la Grande Ligue avec son ton très subjectif et assumé. N’hésitant pas à incorporer ses expériences personnelles à bon escient et à expliquer scientifiquement certains concepts qu’il a pu créer, Simmons est un véritable passionné qui sait nous parler de cinéma, de séries, de football (le vrai comme l’américain) ou de télé-réalité, toujours à travers le prisme du basketball.
Plus qu’un livre de basket, le fondateur grisonnant du média US reconnu The Ringer a cherché à écrire sa vérité du jeu. Son ton éminemment piquant et plein de second degré permet de replacer chaque pans de l’histoire NBA dans son contexte. Démarrant le livre en racontant ses expériences d’enfant à Boston, le podcasteur 2.0 commence par nous parler d’une époque où le basket n’était même pas encore télévisé. L’ère des John Havlicek et Dave Cowens sonne comme une douce madeleine de Proust pour lui alors que Simmons reste tout aussi pantois devant les performances des équipes adverses. N’hésitant pas dans ses comparaisons et métaphores à mêler les univers de la culture pop et du basket, ce livre explique tout autant pourquoi Michael Jordan restera selon lui le GOAT et pourquoi The Wire est la meilleure série de tous les temps devant Les Sopranos.
L’auteur nous raconte également des histoires méconnues du grand public, remontant toute la frise depuis l’existence du basket américain. Il décrit en long et en large et à la sauce “Sports Guy” tout le processus qui a fait évoluer le sport depuis la création de la Ligue jusqu’à l’époque actuelle. Et Bill n’hésite pas à sortir la boîte à claques comme le bouquet de fleurs tout en replongeant le lecteur dans le contexte, à tel point que l’immersion est totale. S’il n’hésite pas à introduire le livre en expliquant que Bill Russell et Wilt Chamberlain ne méritent même pas d’être comparés, l’auteur nous plonge ensuite dans des péripéties bien plus sombres de la Grande Ligue. A une époque où, dans un pays de clivage, les joueurs Afro-Américains ne pouvaient même pas dormir dans les mêmes hôtels que leurs coéquipiers au risque de retrouver des selles dans les draps de chambre ou de recevoir des menaces de mort. Plus tard, dans les années 70, Simmons revient en détail sur la rivalité entre la NBA et ABA et comment certains joueurs promis à être des stars comme Spencer Haywood se sont brûlés les ailes, rongés par le fléau de la cocaïne au sein d’une player’s league trop peu structurée. Toute cette narration, accompagnée d’une remise en contexte de la situation américaine au moment des faits permet de prendre une vraie distance sur le sujet et de comprendre comment et pourquoi les faits se sont déroulés ainsi. Ces erreurs permettant à David Stern d’installer un modèle parfait pour la NBA lors de sa prise de pouvoir dans les années 80.
Au-delà de ces récits parfois méconnus, Simmons nous emmène aussi dans ses concepts tantôt étranges, tantôt polémiques tels que le “5 majeur des joueurs que l’on ne reverra pas dans la Ligue”, “la Superteam des blancs du playground” ou encore “pourquoi Bill Walton est le Tupac du basket”. Ceux-ci permettent à la fois de rendre la lecture plus légère, mais aussi de nous emmener sur des sujets plus profonds nous en disant encore un peu plus sur les caractéristiques des joueurs. Tel un peintre dressant un portrait, l’insider maîtrise l’art de la punchline pour nous replonger dans une scène. Sans compter ses anecdotes personnelles en tant que fan ou journaliste, comme lors de cette partie de poker à Vegas avec Isiah Thomas, que le chroniqueur avait fusillé quelques mois plus tôt sur ses analyses baskets bidons, ou sur ce renouvellement d’un abonnement datant de 35 ans sur lequel son père s’est jeté, histoire de simplement avoir un hobby avec son fils. Sa passion pour les Celtics et pour Larry Bird ont parfois raison de son objectivité, mais sans celle-ci, difficile de pondre un livre de 700 pages si abouti, dont l’update est réclamée depuis 5 ans par Barack Obama.
Écrit en 2009, ce livre permet également de se replonger 10 ans en arrière, à une époque où LeBron n’avait pas encore de bague et où Anthony Davis en avaient sur les dents. Entre évolution du basket, Top 100 personnels, what-if et chronique sur les MVP, Bill Simmons fait la synthèse parfaite d’un fan de NBA plongé dans le coeur du système depuis sa tendre enfance. Le livre n’est malheureusement pas traduit en français, mais son écriture légère, saluée par le New York Times en fait une lecture tout à fait abordable pour un Frenchie.
The Book of Basketball according to the Sports Guy
- Auteur : Bill Simmons
- Editions : ESPN Books, Ballantine Books
- Sortie : 2009, réédition en 2010
- Prix : 19€