Brooklyn Nets, le bilan 2020-21 : une superteam parfois flippante, mais une superteam beaucoup trop rarement au complet

Le 10 août 2021 à 10:40 par Giovanni Marriette

Kyrie Irving 3 février 2021 pari
Source image : NBA League Pass

On rentre dans le très lourd avec ce 25ème bilan, bilan d’une équipe que l’on pourrait peut-être qualifier de championne NBA aujourd’hui si Kevin Durant ne mettait pas du 58 alors qu’il chausse du 56. Une saison solide malgré l’obligation de jongler avec les absences, des Playoffs solides malgré… l’obligation de jongler avec les blessures, et au final un bilan mitigé avec cette élimination cruelle en demi-finale de conférence. 

CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ

Beaucoup de neuf dans cette équipe de Brooklyn, et au moment de tourner la preview le meilleur restait presque à venir. Difficile en tout cas d’imaginer autre chose qu’un carton plein pour une équipe qui récupérait Kevin Durant, et avec lui toute une floppée de role player solide et un staff estampillé Suns 2010 (Steve Nash sur le banc, accompagné de Mike D’Antoni et Amar’e Stoudemire. Tant qu’à faire Joe Harris avait aussi pris sa blinde, et on attendait donc une saison solide des Nets, une saison pour laquelle le titre était un objectif assumé. Autour de 46 victoires au niveau des prédictions, on chauffe tranquillement en régulière avant de montrer les crocs en Playoffs ?

CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ

Nous somme le 13 décembre, en pleine pré-saison, Kyrie Irving et Kevin Durant jouent leurs premières minutes ensemble et, déjà, ça promet. Ca promet d’autant plus que le soir de l’opening day les Nets ouvrent les Warriors en deux, et que le soir de Noël ce sont les Celtics qui passent à la double-moulinette avec notamment 37 points de Kyrie. Bonne nouvelle tiens, Timothe Luwawu s’éclate aussi mais les premiers nuages arrivent avec tout d’abord la fin de saison de… Spencer Dinwiddie et c’est assez terrible, puis deux défaites consécutives dont l’une des mains expertes de Dillon Brooks et Kyle Anderson, bah voyons. Il y a bien une grosse win face aux Hawks pour cacher la misère mais on parle alors de quatre défaites en cinq match pour Brooklyn et d’un Kevin Durant en protocole COVID, ça patine un peu mais heureusement Jarrett Allen et Caris LeVert tiennent la baraque, hum hum. Kyrie Irving nous gratifie alors de sa première absence de la saison, personne ne sait pourquoi mais on ne peut jamais rien dire et ça saoule, mais dans le même temps c’est un véritable tremblement de terre qui secoue la planète NBA puisque le 13 janvier c’est… James Harden qui débarque chez les Nets dans un énorme trade envoyant notamment Jarrett Allen aux Cavs et Caris LeVert dans l’Indiana. Saison démarrée depuis un mois à peine et les cartes sont déjà redistribuées.

La NBA est sous le choc, d’autant plus que pour son premier match avec les Nets le Barbu envoie un petit 32/13/14 des familles contre le Magic, avec un KD qui joue les back-ups (mdr) avec 42 pions, ça promet, again. Lors du MLK Day les hommes de Steve Nash se farcissent les Bucks à l’issue d’un énorme match, déjà, et quelques jours plus tard Kyrie Irving est de retour de son Springbreak mais les Nets s’inclinent deux fois face aux Cavs de Kobe Sexton, petit tracas au milieu néanmoins d’une série de huit victoires. Le Big Three est enfin au complet, pas pour longtemps hein, et après une huge win face aux Clippers le 2 février dans l’un des plus beaux matchs de la saison, Kevin Durant vit l’une des soirées les plus chelou de sa carrière face aux Raptors. Tout d’abord interdit de match à cause du protocole COVID, KD sort du banc pour la première fois de sa carrière mais se voit intimer l’ordre de se retirer en deuxième mi-temps avant de partir à l’isolement, phrase so 2021. Après le COVID viendront les ischios et Durant doit observer quelques jours de repos, qui se transformeront en semaines puis en mois mais on y reviendra, le 16 février le duo Kyrie / Ramesse cartonne à Sacramento, le lendemain Harden s’occupe tout seul des Suns, en fin de mois KD se fait toujours attendre mais la belle story Bruce Brown fait sourire des fans patients. En fin de mois James Harden se tape une belle tournée texane en cartonnant San Antonio et Houston pour son premier retour en terre ennemie, et en scred les Nets restent sur un joli 14-1 sur la période, on dirait bien que la machine est lancée.

Le 7 mars Blake Griffin débarque de Detroit et se remet bizarrement à voler, trois jours plus tard Kyrie Irving se farcit de nouveau les Celtics mais… toujours pas de trace de KD, s’en suivent alors une grosse victoire face à de surprenants voisins new-yorkais, un James Harden de gala face aux Pacers, Brooklyn reste alors sur un bilan de 20-3 mais Kyrie Irving décide à nouveau de se retirer quelques jours dans le temple bouddhiste qui, on le rappelle, est situé quelque part dans son cerveau. Le 27 mars ? C’est LaMarcus Aldridge qui vient compléter une équipe de Monstars qui commence à énerver tout le monde, surtout que dans la même semaine les Nets s’emparent pour la première fois de la saison de la première place à l’Est, un peu facile quand tu joues avec douze All-Stars. Début avril Uncle Drew enflamme le derby de New York avec 40 pions et un flow titanesque, deux jours plus tard Kevin Durant est enfin de retour mais… James Harden le remplace à l’infirmerie, oh les coquins. Le Snake chauffe mais la sale nouvelle du printemps nous vient du clan Aldridge, puisque l’on apprend alors comme un cheveu tombé dans une soupe que LMA doit… arrêter sa carrière de toute urgence. Sale bail, et sur le terrain ça ne rigole pas bien non plus puisque la cuisse de Kevin Durant siffle, puisque James harden est toujours sur pause, mais heureusement le survivant Kyrie claque encore une masterclass contre… Boston, évidemment, et permet aux Nets de reprendre le lead de l’Est au détriment des Sixers. En fin de régulière une série de quatre revers plombe un peu le bilan pourtant positif d’avril/mai, Mike James complète le roster, Kyrie valide un infernal et rarissime 50/40/90 de moyenne sur la saison, on a droit à deux matchs exceptionnels face aux Bucks, oh le teasing, James Harden est enfin de retour, les Nets finissent deuxièmes et affronteront donc Boston au premier tour des Playoffs, tout va bien dans le meilleur des mondes.

La série face aux Celtics sera incroyable pour Brooklyn, avec des perfs offensives d’un autre âge et notamment un Game 4 complètement dingue. Boston prend la foudre 4-1, logique, direction… Milwaukee et Giannis Antetokounmpo en demi-finale de conférence, une série dont on n’imagine alors pas qu’elle en deviendra dix jours plus tard quasiment iconique. Lors du Game 1 James Harden doit sortir au bout d’une minute de jeu mais les Nets l’emportent et mènent même 2-0 après une raclée au Game 2. Kevin Durant passe un peu à côté du Game 3, Kyrie Irving aussi, et lors du quatrième match Kyrie… se blesse à son tour, laissant le grand n°7 orphelin et son équipe rejointe 2-2 dans la série. Le Game 5 ? Il sera tout simplement exceptionnel. Kevin Durant compile 49 points, 17 rebonds et 10 passes dans ce qui est peut-être aujourd’hui sa plus grande performance en carrière, et assurément l’un des plus grands matchs de l’histoire des Playoffs tout court. Les Nets s ‘en sortent grâce à leur héros, James Harden ne devait pas jouer ais a finalement joué… 46 minutes pour… un seul tir rentré, mais le mec est assurément une machine de guerre à qui on  doit le respect. Après un Game 6 perdu dans le Wisconsin, le Game 7 s’inscrira à son tour comme l’un des matchs les plus fous que l’on n’ai jamais vu, décidément, avec un scénario hitchcokien qui verra le héros KD s’incliner face au héros Giannis, pour une demi-pointure, dans un match où une demi-douzaine de joueurs squatteront le parquet une cinquantaine de minutes. Une élimination sur le fil mais une élimination par la grande porte, au soir de l’une des séries les plus folles de ces dernières décennies, tout simplement.

L’IMAGE DE LA SAISON

Kevin Durant pied 10 août 2021

Game 7 des demi-finales de la Conférence Est. Après avoir déjà poncé un Game 5 légendaire, Kevin Durant réitère son carnage et porte les Nets à lui tout seul dans l’ultime match de la série. A une seconde la fin du match il envoie un tir LUNAIRE à 3-points (spoiler, non) malgré la défense oppressante de P.J. Tucker, un tir qui aurait pu donner un point d’avance à Brooklyn et très probablement envoyer la franchise new-yorkais en finale de conf si… KD n’avait pas mordu d’un demi-centimètre. Tout le monde partira finalement en prolongations et un KD complètement rincé ne réussira pas l’exploit de terminer ce match comme il l’avait commencé. Les Nets sont éliminés et on apprendra le lendemain que Durant jouait comme à son habitude avec des chaussures trop grandes pour plus de confort. La NBA, ses petites histoires incroyables, ses What If légendaires…

IL A ASSURE QUAND IL ETAIT LA : KEVIN DURANT

35 matchs seulement pour Kevin Durant cette saison, en retour de saison blanche après sa rupture du tendon d’Achille, mais les (trop rares) apparitions de KD sous le maillot des Nets nous confortent aujourd’hui dans ce fait : Kevin Wayne Durant est le meilleur joueur de basket au monde. Absent pendant deux longs mois de février à avril, KD est revenu tranquillement aux affaires en fin de régulière, a chauffé tout doucement avant de lâcher des Playoffs tout simplement exceptionnels. 32,6 points de moyenne face aux Celtics, 7,4 rebonds, 3 passes, 2,2 contres et 1,4 steal, à 56% au tir dont… 64% du parking et 93% aux lancers, on pourrait s’arrêter là mais c’est pas drôle. Alors on continue ? On continue ouais. 49/17/10/2/3 lors du Game 5 des demi-finales de Conf face à Milwaukee, directement dans les veines ET dans le tiroir des plus grandes perfs de l’histoire en Playoffs, puis 48/9/6 quatre jours plus tard, perf inutile mais ô combien notable également. En quatre jours KD a donc rappelé à tout le monde quel genre de joueur il était, en 35 matchs il a donc intimé l’ordre aux Nets de lui préparer une statue, et au passage de lui filer 200 millions sur son nouveau contrat. L’assurance tout risque, mais encore faudrait-il… qu’il joue un peu plus, please, rien que pour nos yeux.

TELLEMENT FORTS MAIS TROP SOUVENT BLESSES ET/OU ABSENTS : LE BIG THREE

Quand James Harden a débarqué en janvier à Brooklyn, le microcosme NBA s’accordait à dire que le Big Three en place chez les Nets était peut-être bien le plus dingue… jamais vu dans la Grande Ligue. Au final ? James Harden, Kyrie Irving et Kevin Durant n’auront donc joué que… huit matchs et 202 minutes ensemble en saison régulière, bien trop peu pour se faire une idée de la force de frappe du trio, bien qu’on ait, tout de même, une petite idée sur la question. La série de Playoffs face aux Celtics donnera d’ailleurs un début de réponse avec un All-Star Game permanent et victorieux, mais malheureusement la cheville droite et la cuisse de James Harden auront finalement raison d’un KD historique mais trop esseulé face aux futurs champions. Une conclusion qui vient mettre encore un peu plus de consistance au bilan mitigé du trio cette année, la faute à une succession de pépins incroyable ayant atteint chacun des membres du Big 3. Un Kevin Durant qui aura tout de même manqué plus de la moitié de la saison, un James Harden qui a sifflé au printemps et qui finira la demi-finale de conf sur les rotules et les armes à la main, et un Kyrie Irving définitivement… différent, fragile dans son corps et spécial dans sa tête avec ses multiples absences pas toujours justifiées, et finalement out au plus mauvais moment à cause d’une cheville abîmée. Avec ces trois-là sur pattes ? Difficile d’imaginer autre chose qu’une équipe qui joue le titre et qui y parvient en trottinant, surtout quand on voit à quel point KD est quasiment capable de gagner des séries à lui tout seul.

LA SUITE

L’Episode 2 du trio maléfique, tout simplement. Mike D’Antoni a quitté le banc des Nets pour celui des Pelicans, Landry Shamet est parti à Phoenix et a croisé Jevon carter à l’aéroport, Jeff Green est parti pour Denver mais la grosse bonne nouvelle de l’été reste la signature de Patty Mills, qui amènera toute sa folie et son expérience sur le banc de Steve Nash. Les grognards Blake Griffin, Bruce Brown ou Joe Harris sont évidemment toujours là, le rôle de Dede Jordan ressemble de plus en plus à celui d’Udonis Haslem mais il continuera à prodiguer ses conseils au jeune Nic Claxton, bref on prend – quasiment – les mêmes et on recommence, en espérant cette fois-ci avoir tout le monde sur pied le plus souvent possible.

Une saison grisante car si sur le papier Brooklyn possédait peut-être le plus bel effectif de la Ligue… au final les blessures auront eu raison du Nets Project. Une saison malgré tout incroyable et terminée comme un bon gros blockbuster, en s’étouffant dans les pop-corns et en rêvant déjà aux premiers rebonds de la saison prochaine. Allez, vite vite, le 16 octobre là.


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