C’est la délivrance pour Mike Budenholzer : de coach de saison régulière à champion NBA, il a franchi le pas

Le 21 juil. 2021 à 10:23 par Alexandre Taupin

Mike Budenholzer 21 juillet 2021
Youtube / ESPN

Le triomphe des Bucks cette nuit est aussi celui de Mike Budenholzer. Contesté l’an dernier dans la bulle et sur la sellette selon certains, il a su inverser la tendance jusqu’à atteindre le Graal ultime : le titre de champion NBA. Beau boulot coach !

Lorsqu’on lisait les commentaires sur Mike Budenholzer, il y avait souvent un élément qui sortait du lot. En gros, il s’en sort pour gagner en saison régulière mais quand il s’agit de jouer les matchs qui comptent, il n’y a plus personne. 60 matchs gagnés en 2018-19, 56 en 2019-20 : Milwaukee a souvent été considéré comme un rouleau compresseur sous ses ordres. Pourtant, en postseason, c’était un peu moins brillant avec une Finale de Conférence certes, mais où tu te fais retourner par les Raptors (défaite 4-2 après avoir mené 2-0, tiens tiens ça nous rappelle un truc) et une défaite bien crade contre le Heat l’an dernier au second tour. Surtout, on avait l’impression que le coach n’avait aucune solution lorsque son plan de jeu était contesté, lorsqu’il fallait s’adapter à une stratégie de l’adversaire visant à les faire déjouer. Mis sous pression, Bud’ savait qu’il jouerait gros sur cette saison 2020-21 et il ne fallait pas se rater. Avec un groupe encore renforcé par rapport à la saison passée (Jrue et Tucker), il avait les armes pour jouer contre les meilleurs, même si l’épouvantail Nets était favori. Une saison régulière aboutie (46 victoires en 72 matchs), une fois de plus, mais évidemment, on attendait tous les Playoffs pour voir si un vrai changement était intervenu dans ce groupe.

Et quel adversaire aurait été plus cohérent que celui qui a éliminé les Bucks l’année dernière ? Des retrouvailles avec le Heat que les Daims semblaient attendre depuis un moment et ils l’ont bien montré sur le terrain. Un premier match disputé qui annonçait une série serrée et puis… un broyage en règle pour envoyer Erik Spoelstra et les siens sur la plage de South Beach avant l’heure. Petit sweep des familles et une entrée parfaitement digérée pour Milwaukee. Cela tombe bien, le gros plat de résistance n’allait pas tarder à arriver. Brooklyn et son trio de stars étaient les suivants au menu et on ne parlait pas vraiment du même niveau d’opposition. Deux premières défaites à l’extérieur et déjà, les premiers bookmakers qui les annoncent dos au mur et au bord de l’élimination. Lentement mais sûrement, les joueurs du Wisconsin vont grignoter leur retard, profitant des pépins physiques des leaders adverses. Un petit coup de pouce pas inutile puisqu’il a quand même fallu aller chercher un septième match pour se débarrasser d’un Kevin Durant légendaire mais sans doute trop isolé. Quand le gros favori passe à la trappe, la tentation est belle de se sentir pousser des ailes mais attention à ne pas prendre les jeunes et insouciants Faucons de haut. Premier avertissement avec un avantage du terrain perdu… dès le Game 1 ! On se dit qu’ils ont compris la leçon, ils prennent les choses en main et puis… voilà que Giannis voit sa jambe partir en W. S’il y avait bien un moment pour juger des progrès de Mike Budenholzer, c’était là. Est-ce que les ambitions des Bucks allaient s’écrouler en même temps que le Freak ? Est-ce que le coach allait trouver les mots pour remobiliser son groupe, sonné après la perte de son leader ? Et bien… oui. Deux victoires consécutives pour finir la série et prouver que cette équipe ne se limitait pas à un phénomène mais qu’on parlait bien d’une bande organisée. Propre.

On arrive donc à ces fameuses Finales 2021 et il fallait se coltiner la crème de la crème de l’Ouest : le vainqueur des Lakers, des Nuggets, des Clippers, le tout avec une certaine sérénité et un Chris Paul terrifiant de facilité. La belle story était déjà écrite, celle de CP3 enfin arrivé au but et qui remporte le Graal à 36 ans avec une bande de gamins. Un vrai conte de fées mais pas le genre d’histoire qu’on raconte aux enfants dans le Wisconsin. L’heure était à la guerre et il fallait viser la jugulaire à la moindre occasion. Raté… ce sont bien les Suns qui prennent le meilleur départ avec deux grosses victoires à domicile et un plan de jeu parfaitement suivi pour miser sur la lenteur de Brook Lopez. Que fait-on alors dans ce cas ? On s’ajuste, bien sûr. On diminue le temps de jeu du colosse, on fait passer davantage Giannis au pivot pour s’occuper d’Ayton et tout de suite, les choses vont beaucoup mieux. Bloquer les situations sur pick-and-roll entre Paul et Ayton, c’est retirer une arme de choix pour Monty Williams et on l’a bien vu par la suite. Le Point God a moins pesé sur les débats, l’impact du pivot n’avait rien à voir avec ce qu’on avait vu jusque-là. (en même temps, bon courage pour te coltiner un Freak à ce niveau des deux côtés du parquet) Bref, le plan était en marche et il a finalement abouti cette nuit avec un titre NBA et une seconde bannière qui viendra bientôt prendre place en haut du Fiserv Forum, pile 50 ans après la première. Larry Costello (le coach de 1971) peut reposer en paix, un nouveau gourou a mené ses chers Bucks sur la plus haute marche… une fois de plus.

Mike Budenholzer a remporté le titre NBA cette nuit et c’est une belle revanche pour celui qui a été durement critiqué ces derniers mois. L’élève de Pop suit son mentor dans la liste des coachs bagués et il ne compte sans doute pas s’arrêter là. Il y aura un back-to-back à chercher l’an prochain mais pour le moment, qu’il profite de ce moment si spécial qui n’appartient qu’aux champions. C’est l’heure des lunettes de ski et du champagne !