It’s Mike Budenholzer time : Giannis ou pas Giannis, le coach des Bucks doit montrer que son équipe peut s’ajuster sans sa superstar

Le 30 juin 2021 à 14:27 par Bastien Fontanieu

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Source image : Montage NBA League Pass

C’est peut-être le tournant de cette fin des Playoffs 2021 en NBA. C’est peut-être un moment qui définira des carrières, et une équipe. Menant 2-1 dans la série face aux Hawks et jouant un Game 4 au sein duquel Trae Young était absent dans le camp d’en face, les Bucks ont chuté à Atlanta et ont perdu Giannis Antetokounmpo dans la rencontre. Une blessure dont on attend le diagnostic exact ce soir, mais qui impose en attendant une mission cruciale à Mike Budenholzer : montrer que le succès de cette équipe n’est pas dû qu’à une histoire de superstar.

Le mood des fans des Bucks est à l’image de la météo parisienne ce mercredi matin. Gris, pluvieux, clairement pas de quoi lâcher un sourire. On tire la gueule, on respire avec une paille, et on active les notifications du Woj en attendant ce fameux tweet. Celui qui atterrira ce soir, très probablement, et annoncera la durée d’indisponibilité de Giannis dans cette série de Playoffs. Un match ? Deux matchs ? Zéro match loupé ? Fin de saison ? Il est évident que l’on croise les doigts pour que les meilleures nouvelles surgissent, et que le phénomène de Milwaukee revienne le plus vite possible sur les terrains, lui qui n’a jamais été aussi proche d’un potentiel titre de champion NBA. Voir Giannis se tordre de douleur ce mardi soir, sur le parquet d’Atlanta, était une vision troublante. Comme si dans ses exploits de superhéros, le Grec nous avait fait croire qu’il était invincible, indestructible. Malheureusement, ce alley-oop contré sur Clint Capela a rappelé la dure loi du sport, de la nature, de l’homme en fait. Comme tout athlète de haut-niveau, Antetokounmpo est sujet aux blessures. Et à des accidents qui peuvent, parfois, faire basculer toute une saison. Demandez aux Lakers, aux Nets, aux Clippers, aux Sixers, aux Nuggets ce qu’ils en pensent, pour ne citer qu’eux. Le fait est que les Bucks, épargnés par pas mal de blessures jusqu’ici (hormis celle de DiVincenzo), sont aujourd’hui dans ce fameux tunnel de l’angoisse, celui de l’attente des résultats de l’IRM.

Mais si nous, pauvres observateurs de l’autre côté de l’écran, sommes dans cette attente qui semble interminable, un homme et son staff ne peuvent se permettre de compter les secondes en jouant les hexperts Doctissimo sur les réseaux sociaux. Cet homme, c’est Mike Budenholzer. Célébré pour ses WTF faces à outrance, en donnant systématiquement l’impression qu’il a oublié de déclarer ses impôts lorsque la caméra zoome sur lui, l’entraîneur des Bucks est devant un challenge qui peut définir sa saison, et même la suite de ses aventures dans le Wisconsin. Le schéma, on le connaît déjà puisqu’on en parlait avant les Playoffs, au premier tour des Playoffs, et second tour des Playoffs et au début de ces finales de conférences. Affronter Miami, le bourreau de la bulle 2020 ? Check, pas de panique, un sweep rondement mené par les Bucks. Affronter les Nets, privés en partie de Kyrie Irving et James Harden ? Check, le boulot accompli au Game 7 en déplacement à Brooklyn. Affronter les Hawks, en ayant récupéré l’avantage et en étant le clair favori dans la série ? Well… Disons que jusqu’à ce terrible mardi soir, les choses semblaient se dérouler convenablement pour Bud et ses Bucks. Après un Game 1 perdu de manière assez moche, la troupe de Jrue Holiday se ramenait de manière autoritaire dans le Game 2 et comptait sur un Khris Middleton de gala au Game 3 pour prendre le lead dans la série. Ambiance joviale, 2-1 Milwaukee, Trae Young annoncé absent au Game 4, normalement ça devrait rouler. Tout le monde va pioncer, on va se réveiller avec des Bucks qui mènent logiquement 3-1, et ces derniers vont terminer le travail à la maison comme des grands. N’est-ce pas ?

Pas tout à fait.

Surmotivés et redressés par leur entraîneur, les Hawks vont prendre ce Game 4 et égaliser dans la série, face à des Bucks loin d’être engagés et convaincants. Pire encore pour Milwaukee, Giannis va chuter et le momentum va basculer en un claquement de doigts. Retour de Trae Young au Game 5, pendant qu’on se demande si la série de Giannis est potentiellement terminée…? Cette phrase n’avait aucun sens hier, elle est aujourd’hui au centre de nos réalités. Ce qui nous mène donc à Budenholzer, en tête d’affiche. Vous allez me dire, ce n’est pas qu’une question d’entraîneur, ce n’est pas Bud qui doit rentrer ses shoots à trois-points, et quelque part vous avez raison.

Mais qu’a fait Nate McMillan, lorsqu’il a compris qu’il ne pourrait pas compter sur sa superstar ?

Qu’a fait Tyronn Lue, lorsqu’on lui a annoncé qu’il n’aurait pas de patron pour la fin de série contre Utah ?

Face au challenge, deux profils, deux solutions. Soit le groupe s’élève, soit il coule. Et bien plus qu’une histoire de gueulante, de discours façon Braveheart hurlé dans le vestiaire, il doit y avoir une confiance collective et un plan de jeu apporté en amont, qui doivent permettre à cette équipe abîmée de se sublimer. En l’absence de Trae Young, les Hawks ont totalement verrouillé les Bucks dans leur moitié de terrain, éteignant l’attaque des Bucks sur les quatre quart-temps de la rencontre. Et en comptant sur la force de leur effectif, ils ont su punir là où cela faisait mal. Dans les efforts de John Collins, Clint Capela et Onyeka Okongwu. Dans cette mentalité next man up, qui a permis à Lou Williams de faire un festin, a poussé Cam Reddish à prendre des initiatives, et a donné envie au duo Bogdanovic – Huerter d’envoyer flèche sur flèche au shoot. Ce n’est pas qu’en se tapant les pecs avec le poing qu’une série est remportée, il faut que tout le groupe soit dans la même dynamique et exécute des consignes précises pour accéder au tour suivant. Les Bucks, que ce soit contre Miami ou Brooklyn, ont su s’ajuster. Mais cette fois, c’est plus qu’un ajustement, c’est toute une équipe privée de sa star qui doit montrer qu’elle a les ressources pour l’emporter. Milwaukee a encore deux matchs à la maison, en cas de Game 7. Le volant est encore entre leurs mains, même si on ne sait pas encore la sévérité de la blessure de Giannis. Ce n’est pas comme si Atlanta venait de mener 3-1 dans la série, il y a 2-2 et le prochain match et dans le Wisconsin.

Mais Budenholzer doit montrer, justement, qu’il fait partie de cette trempe. Des entraîneurs qui, face à l’adversité, savent s’ajuster. Savoir appuyer sur les bons boutons, pour que l’efficacité du groupe reste intacte malgré les changements de rotations et de systèmes préparés en amont. Comment sera utilisé Bobby Portis, impactant au rebond et au scoring, mais ciblé en permanence en défense par les Hawks qui se sont encore gavés sur son dos hier soir ? Comment les tirs seront répartis entre Jrue, Khris et Lopez ? Que faire si l’adresse à trois-points, qui a embrasé le Game 2 et embourbé le Game 4, vire vers le bas ? Jusqu’ici, les Bucks ont montré un profil assez prévisible. On bombarde à trois-points, on punit en transition, on peut vous tabasser de 30 à 40 points, et si ça devient un jeu d’échecs en fin de match… tout peut arriver, y compris des séquences incompréhensibles. Ce profil peut faire l’affaire pour finir Atlanta, pour peu que les snipers de Milwaukee rentrent leurs shoots. Mais rester entêté sur un seul et même modèle ne suffira pas, surtout quand ce modèle peut potentiellement devenir tout neuf en fonction des nouvelles de ce soir. Sauf erreur de recherche, les Bucks n’ont joué qu’un seul match cette saison sans Giannis, sans DiVincenzo, et avec PJ Tucker. C’était à Chicago, un déplacement morbide de fin-avril. Que donnent ces Bucks sans leur Freak, en Playoffs, dans un match à remporter obligatoirement ? Que donne Budenholzer et son staff, sous pression, dans une série où ce sont eux, cette fois, qui font face à des interrogations de santé ?

Jeudi soir aura lieu l’immanquable Game 5 de cette série entre Hawks et Bucks, à Milwaukee. Et ce soir nous aurons davantage d’informations sur la situation physique de Giannis Antetokounmpo. Mais si les Bucks ont roulé sur les saisons régulières précédentes et plusieurs séries de Playoffs, ce n’était pas grâce aux exploits d’un seul homme. Aussi fort qu’est Giannis, c’est tout un groupe qui l’aide et l’a aidé à accéder à ses premières Finales NBA. Mike Budenholzer doit donc retrousser ses manches et répondre à Nate McMillan : tu t’ajustes, je m’ajuste. La balle est dans le camp des Bucks.