New York Knicks, le bilan 2020-21 : le Madison Square Garden a de nouveau rugi en Playoffs, mais quelle phrase incroyable

Le 14 juil. 2021 à 19:05 par Giovanni Marriette

Knicks fans 27 mai 2021
Source image : YouTube

Nous sommes au mois de juillet 2021 et voici donc un bilan d’environ 2000 mots, le bilan de la saison des Knicks de New York, un bilan lors duquel… aucune vanne ou presque ne sera écrite. Vous avez bien lu, cette saison les Knicks furent tout sauf une punchline et nous ont donc offert un exercice incroyable de combativité et de réussite. Les Knicks, en Playoffs, après une saison complètement folle ? Difficile à croire, mais tout ça est pourtant bien réel.

CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ

Pas grand chose à se mettre sous la dent à l’automne dernier pour les fans des Knicks. Le Lottery pick ramène un certain Obi Toppin en ville, un gamin plus si gamin que ça, un genre de freak que l’on nous annoncé également être une petite gâchette. Questions aussi autour du rookie Immanuel Quickley mais la hype est partie en vacances, alors que la Free Agency a ramené à New York des visages connus mais loin d’être identifiés comme des leaders potentiels. Alec Burks, Austin Rivers, Nerlens Noel… rien de nouveau sous le soleil si ce n’est l’arrivée actée quelques semaines plus tôt de… Tom Thibodeau et des principes, aussi glorifiés à Chicago que détestés à Minneapolis. Le verdict de notre preview ? Encore beaucoup de difficultés à être davantage une équipe de basket qu’une troupe de comiques, entre 19 et 24 victoires au grand max et un range situé entre la douzième et la quatorzième place de l’Est. Comme d’habitude en somme.

CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ

Un peu comme une mauvaise blague, la saison commence avec… une interdiction de fréquenter les locaux de la franchise à cause de tests positif au COVID au sein de l’organisation. Le cas n’est pas isolé mais ça commence mal. Autre coup de maître, les Knicks récupèrent les droits de… Sergio Llull, dans une sombre affaire de troc qui ne sert absolument à rien, le meneur espagnol ne viendra évidemment jamais à New York mais il faut bien faire un peu l’actualité.

Teaser : désormais on ne se moque plus.

Premier match de pré-saison et première victoire, à Detroit, et lors des quelques tours de chauffe on apprend déjà à connaitre un certain Immanuel Quickley, pas encore starifié mais déjà bien dans l’état d’esprit demandé et plein de confiance. Mauvaise nouvelle néanmoins le 27 décembre quand Obi Toppin enchaine un difficile apprentissage avec une blessure au mollet qui l’éloignera quelques semaines des parquets, mais dans, pourquoi pas. le même temps les Knicks… gagnent, plutôt souvent. Un blow-out étrange face aux Bucks avec un Ntilikina en mode Steph Curry, une grosse victoire début janvier contre les Pacers, puis à Atlanta, puis face au Jazz, etc, etc, etc. Julius Randle est incroyable, Taj Gibson est de retour pour mettre des brins, Immanuel Quickley fait sensation, R.J. Barrett défend le fer et get buckets bien assez souvent, et à des victoires pleines de transpi (Magic) s’additionnent d’autres de prestige (Warriors). Le début de saison est officiellement réussi mais fin janvier on repart sur du Knicks basketball avec une sale série de huit défaites en onze matchs et une pétition pour dégager Elfrid Payton du cinq majeur, ça c’est les Knicks qu’on aime, les Knicks qu’on connait.

Mais cette saison est définitivement différente. On remet donc le bleu de chauffe, Austin Rivers ne laissera pas un souvenir impérissable à NYC mais envoie un match légendaire le 26 janvier avec 25 points à 10/10 en… 12 minutes face au Jazz, trois jours plus tard Manu Quickley dégomme les Cavs, R.J. Barrett monte salement en puissance pendant que Frank Ntilikina chope des esquarres, et le début du mois de février est celui des montagnes russes émotives puisque si Derrick Rose fait son retour chez les Knicks le 6, une semaine plus tard c’est Mitchell Robinson qui quitte (une première fois) les siens à cause d’une fracture à la main. Quoiqu’il arrive Julius Randle continue en tout cas sur sa lancée et porte l’équipe sur ses épaules de déménageur, les Hawks sont Randlisés, les Kings sont également éparpillés et en prennent 140, et dans le même temps ça commence à parler très sérieusement de… Top 4 à New York, on croit rêver mais c’est un très beau rêve. Ah tiens, il y a un All-Star à New York et ce n’est évidemment pas Kevin Knox, ah tiens Frank Ntilikina rejoue un peu au basket, le Magic et les Wizards sont vaincus à la force du poignet, la trade deadline est étrangement très calme et c’est un signe, à l’exception d’un Vincent Poirier qui profite de sa presque arrivée à Big Apple pour faire marrer tout le monde sur Twitter. Celui qui ne rit pas du tout c’est par contre Mitchell Robinson, bien remis de sa fracture à la mimine mais qui se fracture cette fois-ci… le peton, diantre, mais le groupe fait face, Nerlens Noel et Taj Gibson font le taf dessous, Julius Randle est définitivement lancé vers la plus grosse saison de sa carrière en punissant – entre autres – les Lakers ou les Mavs, et le mois d’avril est autant synonyme de starification pour le futur joueur du mois que de carton pour la franchise préférée de Spike Lee, qui enchainera lors du mois 4 une série de neuf victoires de rang, du plus vu depuis 2014.

Neuf de suite, 12-1 entre le 10 avril et le 4 mai, seize victoires en fin de match pour finir la régulière, rien ne va plus le monde tourne à l’envers. En parallèle notre nouvelle franchise préférée réussit à nous faire vibrer en annonçant les signatures de Simi Shittu, Didi Louzada et Luca Vildoza, individuellement c’est toujours aussi fou grâce à l’empereur Julius et/ou à un Derrick Rose en mode revival, et le 12 mai le jour devient férié en ville quand les Knicks officialisent pour de bon leur retour en Playoffs, huit ans après la dernière campagne de 2012. La quatrième place est validée au finish, Julius Randle annonce vouloir rester new-yorkais toute sa vie, la Dolce Vita s’est emparée d’un Madison Square Garden qui s’apprête à exploser en Playoffs face aux… Hawks, ceux-là même qui se sont fait trouer à trois reprises en régulière par un Julius Randle en mode Charles Barkley 93. Ca sent bon hein ? Une série lors de laquelle Julius Randle sera d’ailleurs élu fort logiquement MIP, lors de laquelle Tom Thibodeau sera élu fort logiquement Coach Of the Year, une série lors de laquelle la victoire des Knicks au Game 2 nous offrira un Madison en feu, mais une  série, surtout, qui mettra en exergue la stratégie parfaite des Hawks et le génie maléfique de Trae Young. Julius salement maitrisé, des Knicks crevés à cause d’une saison épuisante, et des Hawks inarrêtables et qui confirmeront ce constat en allant titiller plus tard les Bucks jusqu’au Game 6 des Finales de conférence. De la déception évidemment côté New York mais au global un énorme smile sur cette saison 2020-21, terminée beaucoup plus tard que d’habitude, et les armes à la main.

L’IMAGE DE LA SAISON

Knicks

Des gens heureux, tout simplement. Les stats c’est bien, mais il est bon aussi de mettre parfois un peu d’humain dans cette course aux chiffres. Plus qu’une équipe de basket, les Knicks 2020-21 c’est un vrai groupe, soudé, fier de vaincre après d’âpres batailles. Un leader et dix soldats, un leader lui-même soldat, un coach parfait pour gérer des… soldats, et au final cette conclusion assez folle : oui, on peut gagner des matchs à la force du poignet, à l’envie, malgré un déficit de talent évident face à la concurrence. Chaque succès aura été synonyme de tripes déposées et de joie folle partagée, R.J. Barrett a joué comme s’il était un vétéran de 35 piges, les vétérans ou assimilés Nerlens Noel, Taj Gibson, Reggie Bullock ou Derrick Rose ont joué… comme s’ils avaient de nouveau 20 ans, et ça, ça c’était c’était rafraichissant, rafraichissant et tellement Knicks.

IL A CARTONNÉ : JULIUS RANDLE

Le 30 juin 2019, Julius Randle signait à New York pour trois ans et 63 millions de dollars, au coeur d’un été qui avait vu les Knicks rêver de Kevin Durant ou Kyrie Irving après avoir raté Zion Williamson à la Draft. A l’époque ça tire la gueule et on comprend pourquoi, et au bout d’une saison on parle d’un mec qui tourne certes à 19,5 points, 9,7 rebonds et 3 passes, mais qui envoie surtout de sacrées bananes (27,7% du parking) et qui est alors considéré à juste titre comme un joueur talentueux mais égoïste en attaque et médiocre en défense. Mais 2020-21 est le début… de la nouvelle vie de Julius. 29/14/7 et 28/12/11 lors des deux premières victoires de la saison, on annonce la couleur. Randle a toujours l’air lourd, parfois un peu pataud, mais il joue désormais beaucoup plus juste et semble investi d’une mission. 28/17/9 le 4 janvier à Atlanta, 30/16/7 deux jours plus tard face au Jazz, on parle uniquement de victoires et ça a son importance, et au bout d’un mois la thèse du surchauffage temporaire est à exclure. Après une nouvelle mixtape face aux Hawks le 15 février (44/9/5), Julius est logiquement retenu parmi les All-Stars, accompagnant Zion Williamson, Jaylen Brown et Zach LaVIne au rayon des puceaux étoilés.

Il y a quelque chose de nouveau chez le Julius 2021, car en plus d’être le talentueux attaquant que l’on connaissait déjà, voilà qu’on a désormais affaire à un défenseur plus que sérieux, à un vrai capitaine de route qui ne se regarde pas jouer et qui a fait du hustle sa première arme. Du jamais vu depuis la transformation de Ben Stiller dans Mary a tout prix, et après un mois de mars qui le voit monter – au choix –  jusqu’à 39 points, 15 rebonds ou 17 passes, le J lâche un nouveau festoche face aux Hawks, imaginez juste s’il les jouait en Playoffs, on déconne mais imaginez quand même. Le franchise player des Knicks pousse ensuite le vice jusqu’à être élu Joueur du mois d’avril en compagnie de la torche humaine des Warriors, le boug quitte quasiment la course au MIP tant son nom commence à être mentionné dans celle du MVP, et après une dernière cantine face aux Hornets Julius termine donc sa saison avec des moyennes fofolles de 24,1 points, 10,2 rebonds, 6,2 passes et 0,9 steal en 37,6 minutes, 45,6% au tir dont 41,1% du parking et 81,1% aux lancers. La suite ? Un trophée de MIP reçu des mains de son fils dans le moment le plus mim’s de la saison mais une série de Playoffs très délicate face à des Hawks qui avaient bien ciblé le problème. 18 points, 11 rebonds, 4 passes, moins de 30% au tir, pas mal d’énervement et finalement le symbole d’une équipe tout simplement crevée après une saison vécue comme une guerre de tranchée longue de 77 matchs.

ON L’ATTENDAIT AU TAQUET, ON L’ATTEND TOUJOURS, ENCORE… : FRANK NTILIKINA

Les saisons se suivent et se ressemblent pour Frank Ntilikina, et même pire encore. Vraie révélation de la Coupe du Monde 2019, Franky avait enchainé ensuite sur la meilleure saison de sa carrière (6,3 points c’est pas l’Pérou mais on prend), mais cette saison aura finalement été aussi réussie collectivement que frustre individuellement. 12 points à 4/4 du parking en début de saison face aux Bucks, puis… rien en janvier, trois petits matchs en février, 16 minutes de moyenne en mars avec 13 points à San Antonio ou contre le Magic et 9 contre Detroit, yeah. La trade deadline ne lui offre pas de bon de sortie et en avril c’est encore plus dur avec cinq bouts de match seulement, Niggalina rentre sur des dernières possessions quand le match est joué, pas loin de la honte quand même mais on connait les vertus du Thibodeau coaching. Ses Playoffs ? Quatre petites minutes au total, non mais tu t’attendais à quoi, et au final une saison à 2,7 points en 33 matchs, on rappelle qu’on parle d’un pick 8 de Draft. Aujourd’hui ? Frank entre dans sa cinquième année de contrat, la fameuse, et si les questions sont nombreuses quant à son niveau et à la suite de sa carrière, le sentiment demeure bizarre car Frank semble malgré tout important pour sa franchise… même s’il ne joue pas. On rappelle donc qu’il n’a pas encore 23 ans et que le mot projet lui colle encore à la peau, que les Jeux et l’exposition qui va avec relancera peut-être de nouveau la machine, enfin on espère. Parce que quoi qu’on en dise… c’est un peu long là.

LA SUITE

Un Julius Randle qui pourra bientôt négocier un contrat à 200 millions et qui ne va pas s’en priver, des jeunes à développer plutôt qu’une star à aller chercher, enfin peut-être. R.J. Barrett a prouvé qu’il pouvait devenir un joueur qui compte vraiment, sur pied Mitchell Robinson est l’un des pivots les plus efficaces de la Ligue, la hype Quickley est bien plus que de la hype, et Obi Toppin n’a pas encore appuyé sur la touche démarrage. Quid de Franky, pas quid de Knox, tout est à faire, tout est à créer mais une chose semble essentielle : garder en ville ce fighting spirit qui a tant fait vibrer les fans cette saison.

One shot, pas one shot, n’empêche que cette saison 2020-21… on s’en souviendra longtemps. Les Knicks de New York ont été fabuleux et ont disputé un premier tour de Playoffs avec l’avantage du terrain, et c’est le genre de phrase qui vous rend aujourd’hui propriétaire d’une île si vous aviez posé un billet de 100 en début de saison. De punchline à véritable coup de cœur il n’y a que six mois, et les Knicks sont, définitivement, une franchise à part. Pourvu que ça dure, la belle figure, Mitchell Robinson, les soirs au Madison.