Les Pistons, le first pick de la Draft, et Cade Cunningham : concrètement, ça veut dire quoi pour Killian Hayes ?

Le 13 juil. 2021 à 18:54 par Nicolas Meichel

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Pour 28 des 30 équipes NBA qui ne jouent pas les Finales NBA en ce moment, l’intersaison a déjà commencé et la prochaine grande échéance est prévue pour le 29 juillet, date de la Draft NBA 2021. Une échéance particulièrement cruciale pour les Pistons, qui auront la chance de choisir en premier et qui miseront probablement sur le phénomène Cade Cunningham. Ce dernier, considéré globalement comme le meilleur joueur de sa cuvée, devrait venir booster le backcourt de Detroit dès le premier jour. Alors forcément, on se demande ce que ça signifie pour le meneur de jeu français Killian Hayes.

La situation au 13 juillet 2021

Avant de plonger la tête la première dans ce dossier, il semble nécessaire de faire un point sur la situation actuelle chez les Pistons et les derniers bruits de couloir entourant la Draft NBA 2021. En obtenant le premier choix lors de la Loterie du 22 juin dernier, la franchise du Michigan a remporté le gros lot. Et pour beaucoup, le gros lot est égal à Cade Cunningham. Favori pour devenir le first pick depuis des mois, le produit d’Oklahoma State fait partie de ces prospects XXL qui semblent capables de faire basculer le destin d’une franchise. On ne va pas vous faire le profil complet du bonhomme ici, il suffit de cliquer là pour en savoir plus sur les très grandes qualités de Cade, mais sachez qu’il représente the real deal comme ils disent de l’autre côté de l’Atlantique. Combo guard de 2m03, il est capable de scorer, shooter, passer, tout en étant solide et polyvalent en défense grâce notamment à sa taille. Avec ou sans ballon, il peut faire mal. Il semble également avoir la tête sur les épaules, et les épaules pour porter une franchise NBA à l’avenir, lui qui n’a pas peur des grands moments.

Bref, on comprend pourquoi il est considéré comme LE gros poisson de la Draft NBA 2021, une Draft pourtant riche en jeunes talents. Jalen Green, Evan Mobley, Jalen Suggs… y’a du monde, à tel point que le manager général des Pistons Troy Weaver n’écarte aucune possibilité si l’on en croit les dernières infos que l’on a pu pêcher sur The Athletic, ESPN ou encore The Ringer. Le nom de Green reviendrait notamment pas mal au sein des discussions entre les dirigeants de Detroit, sans oublier Mobley. Un transfert du first pick ne serait pas à exclure non plus. Mais au final, que ces bruits de couloir soient valides ou non, ce serait très surprenant de voir Cunningham atterrir ailleurs que chez les Pistons fin juillet. Car si Troy Weaver – réputé pour sa capacité à repérer les jeunes talents et à faire de bons coups à la Draft – devrait logiquement analyser tous les scénarios possibles avec son premier choix, et il y en a beaucoup, le talent et le côté “NBA Ready” de Cade sont des atouts qu’on peut difficilement refuser. De plus, Cunningham donne l’impression de vouloir porter le maillot de Detroit, lui qui ne prévoit qu’un seul meeting en vue de la Draft : celui avec les Pistons.

Et cela nous amène à notre Killian Hayes national. Lors de la Draft NBA 2020, les Pistons ont misé sur Kiki pour devenir le “meneur du futur” à Detroit. Hayes a été sélectionné avec le septième choix par la franchise du Michigan, faisant de lui le Frenchie le plus haut drafté de toute l’histoire. Pas rien quand même. Cependant, sa première campagne en NBA a été un peu compliquée. L’adaptation au plus haut niveau a en effet été difficile pour le meneur de 19 piges, avec notamment une absence longue durée à cause d’un bobo à la hanche. Il a fallu attendre la fin de la saison régulière pour voir Killian se montrer un peu plus et exprimer son talent – ce qui est forcément prometteur pour la suite – mais il est globalement resté dans l’ombre des autres rookies Saddiq Bey et Isaiah Stewart, respectivement dans la NBA All-Rookie First et Second Team à la fin de la saison régulière. Bien évidemment, après seulement une année, il est beaucoup trop tôt pour s’exprimer sur la capacité de Killian Hayes à devenir un meneur qui pèse dans la Grande Ligue, surtout que c’est toujours difficile de s’adapter au haut niveau à son poste, encore plus dans une saison tronquée par une blessure. Kiki fait aujourd’hui partie du projet Pistons et de ce noyau prometteur qui doit aider la franchise de Detroit à retrouver des couleurs à l’avenir. Hayes, Bey, Stewart… sans oublier évidemment Jerami Grant qui sort d’une saison en mode MIP, voilà qui vous donne des atouts intéressants dans la reconstruction. Cependant, quand vous avez un phénomène comme Cade Cunningham qui est sur le point de débarquer à la casa, cela peut redistribuer certaines cartes, notamment dans le backcourt. On peut donc légitimement se poser des questions concernant l’impact d’une arrivée de Cunningham sur le rôle et l’avenir de Killian Hayes au sein des Pistons.

Cade Cunningham et Killian Hayes, quelle dynamique ?

Scénario numéro #1 : la création d’un backcourt Killian Hayes – Cade Cunningham

Si l’arrivée d’un Cade Cunningham semble pouvoir faire de l’ombre à Killian Hayes au premier abord, ce n’est pas pour autant que les deux sont incompatibles. Au contraire, il existe un scénario dans lequel Kiki et Cade forment un duo prometteur et excitant sur le backcourt grâce à leurs qualités respectives, tout ça avec du Saddiq Bey, du Jerami Grant et du Isaiah Stewart dans le cinq. Malgré les difficultés qui ont accompagné sa première saison, Hayes a ce qu’il faut dans son répertoire pour devenir un vrai bon playmaker : bon passeur, intelligent, possédant une bonne vision de jeu et donc capable d’ouvrir des opportunités pour ses copains, le Frenchie peut très bien évoluer aux côtés d’un Cade qui sait tirer en catch & shoot et qui a terminé sa carrière universitaire avec 40% de réussite à 3-points. Maintenant, évidemment, si Cunningham débarque à Detroit, ce ne sera pas pour jouer le rôle de JJ Redick hein. Il aura souvent le ballon dans les mains, il va se créer ses shoots tout en créant pour les autres, et l’attaque devrait tourner pas mal autour de lui vu le talent du bonhomme. L’option numéro un à l’arrière, ce sera Cunningham. Dans cette configuration, l’attention portée par la défense adverse sur Cade pourrait profiter à Hayes, à condition que ce dernier se montre plus adroit au tir (27,8% du parking lors de sa saison rookie). Killian n’est pas le genre de joueur à aller chercher ses points en un-contre-un mais s’il peut planter ses shoots extérieurs, ça peut accélérer sa progression.

Quand vous avez deux playmakers dans le backcourt, ça peut ouvrir pas mal de possibilités offensives. Il y aura forcément une dynamique à trouver entre les deux pour que ça fonctionne, mais la polyvalence et le jeu déjà complet de Cade Cunningham offre de belles opportunités au coach Dwane Casey, qui a par ailleurs souvent soutenu Killian durant sa saison rookie. Et ces opportunités, elles existent en attaque mais aussi en défense. Si un backcourt Killian Hayes – Cade Cunningham ne sera pas le plus explosif de l’histoire, il sera par contre grand en taille. 1m96 pour le premier, 2m03 pour le second (avec 2m13 d’envergure s’il vous plaît), et des qualités de défenseur incontestables pour les deux, notamment en matière de polyvalence. Plutôt bien comme base non ? On sait que Killian bosse beaucoup sa condition physique afin de pouvoir justement tenir la distance et peser des deux côtés du parquet, mais on se dit que ces deux-là ont les moyens de devenir un duo bien relou dans la moitié de terrain des Pistons. Donc clairement, il y a quelque chose à tenter pour Dwane Casey avec ces deux-là.

Scénario numéro #2 : un Killian Hayes qui possède un vrai rôle en sortie de banc

Deuxième scénario envisageable, celui dans lequel Dwane Casey décide de laisser les clés du backcourt à Cade Cunningham, avec un Killian Hayes qui reste dans un rôle ressemblant à celui de sa saison rookie mais plutôt en sortie de banc. Cela peut avoir du sens de ne pas associer les minutes de Cade et Kiki étant donné qu’on parle de deux playmakers. Peut-être que c’est la voie à suivre pour maximiser le talent de Hayes et Cunningham, au moins dans un premier temps. Le fit idéal pour Cunningham à l’arrière, c’est un joueur qui sait shooter pour lui apporter du spacing tout en étant capable de trouver Cade quand il évolue sans ballon. Comme dit au-dessus, Hayes ne remplit qu’une seule des deux cases pour le moment et le coach des Pistons peut donc opter pour une autre possibilité. Reste à voir laquelle car on ne connaît aucun joueur de Detroit qui représente le profil parfait pour accompagner Cunningham dans le cinq. Hamidou Diallo ? Josh Jackson ? Frank Jackson ? Wayne Ellington ? Cory Joseph ? Saben Lee ? Rodney McGruder ? Vous en conviendrez, la liste est longue mais aucune option ne fait rêver. Et puis dans le lot, on a des joueurs qui pourraient partir à l’intersaison (Diallo et Lee sont agents libres restrictifs, Ellington et Frank Jackson sont agents libres tout court, Cory Joseph a un contrat partiellement garanti, et l’année 2021-22 sur le contrat de McGruder est non garantie). Il sera intéressant de voir ce que les Pistons feront au niveau du recrutement à l’arrière (en plus du premier choix de la Draft 2021, les Pistons possèdent aussi trois choix de second tour, la mid-level exception à 9,5 millions de dollars et la biannual exception à 3,7 millions) et comment cela peut impacter Killian Hayes.

Scénario numéro #3 : Cade Cunningham pousse Killian Hayes vers la sortie

Alors là, clairement, c’est un scénario qui n’arrivera pas tout de suite. Après seulement une saison, les Pistons continuent évidemment à croire en Killian Hayes et ce n’est pas l’arrivée de Cade Cunningham qui va changer ça. En tout cas pas pour l’instant. Par contre, si l’on se projette un peu sur le moyen terme, on ne peut pas exclure la possibilité de voir Hayes quitter les Pistons un jour pendant que Cunningham porte Detroit sur ses épaules. Quand vous récupérez un prospect du calibre de Cade, qui peut potentiellement changer la trajectoire de la franchise, il arrive rapidement au centre des débats et de nombreuses décisions sont prises spécifiquement par rapport à lui, notamment en matière de complémentarité sur le terrain. Avec l’arrivée très probable de Cade, les ambitions et les attentes vont forcément monter d’un cran chez les Pistons. On ne sera plus simplement sur la reconstruction sympa avec des petits jeunots prometteurs comme c’est un peu le cas aujourd’hui dans le Michigan, mais vraiment dans la recherche de la meilleure formule possible autour de Cade pour construire une équipe très compétitive dans les années à venir. Sans vouloir comparer Cunningham à des phénomènes comme Luka Doncic et Zion Williamson, on voit la pression qui entoure aujourd’hui Dallas et la Nouvelle-Orléans quand il s’agit de bien entourer leur jeune superstar. Alors si les limites actuelles de Killian au shoot perdurent, si le Frenchie rencontre des difficultés pour jouer aux côtés de Cunningham, si ce dernier a besoin d’un autre type de coéquipier sur le backcourt pour maximiser son énorme potentiel, l’avenir de Kiki se déroulera peut-être ailleurs qu’à Detroit.

On n’en est pas là bien évidemment. Aujourd’hui, si on devait choisir un scénario, on partirait sur le premier, car on imagine que Dwane Casey et les Pistons vont tester la complémentarité entre Cade Cunningham et Killian Hayes assez rapidement. Le fit n’est pas forcément idéal, mais cela ne veut pas dire qu’il est voué à l’échec et que Kiki est condamné, bien au contraire. On peut imaginer un univers où ce duo cartonne ensemble et aide les Pistons à retrouver les hauteurs de la Conférence Est avec Saddiq Bey, Jerami Grant et Isaiah Stewart. 

Source texte : The Athletic, ESPN, The Ringer


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