Nikola Jokic esseulé, un euphémisme qui a trop duré : qui sont ses vrais lieutenants et dans quelle cave sont-ils séquestrés ?

Le 12 juin 2021 à 08:29 par Arthur Baudin

Nikola Jokic
source image : montage TrashTalk via YouTube

Il est comme qui dirait, Rémi sans ami. Aisément snobé par les Suns cette nuit, Nikola Jokic est plongé dans le doute : sur qui le Serbe peut-il réellement compter pour atteindre ses objectifs conquérants ? Visiblement pas grand monde. Si l’on profite de lui pendant son prime, Denver devrait en faire de même. Débrief.

Comment peut-on perdre un match de Playoffs tout en lâchant 32 points, 20 rebonds et 10 assists ? La réponse parcourt la feuille de match, sur les lignes des copains. Si le Joker rejoint Kareem Abdul-Jabbar et Wilt Chamberlain en devenant le troisième joueur de l’histoire à poser un 30/20/10 sur une rencontre de postseason, on doute fort que les deux monstres antiques aient pu concéder la défaite, eux. Pendant l’avant-match, nous observâmes un contraste ô combien symbolique. Les coéquipiers de Nikola Jokic entourent leur calife et le félicitent pour son titre de Most Valuable Player. Quelques minutes plus tard, le Serbe se retrouve seul au beau milieu d’un traquenard où l’excellente défense adverse est obstacle à la victoire. Mais où sont donc les lieutenants de Nikola Jokic ? Non, reformulons. Mais qui sont donc les lieutenants de Nikola Jokic ? Commençons par le début, à savoir l’énigmatique Aaron Gordon. Arrivé du Magic en fin de saison, il s’est correctement intégré à la rotation de Michael Malone. Tout n’est pas parfait mais rien n’est alarmant, sauf depuis deux matchs : l’ailier-fort du Colorado reste sur 6 et 4 points alors qu’il apparaît pourtant comme l’un des joueurs les plus à même d’aider Nikola Jokic. Les responsabilités qui lui sont confiées sont peut-être un poco trop lourdes pour ses grosses épaules mais envoyer un 2/10 au tir dans un match 3 ô combien crucial pour la suite de la série, on appelle ça de l’abus. Puis quand on connaît son passif dans les moments importants d’un match, on appelle ça un abuseur récidiviste. Passons à Michael Porter Jr. alias le bon élève. La saison de sophomore du petiot est géante avec 19 points et 7 rebonds de moyenne, le tout à 45% depuis l’arc. Impeccable contre les Blazers, il est plus en galère face à Phoenix : 13,7 points et 6 rebonds à 36% au tir global. Mais rien n’est plus excusable que la légère baisse de régime du freak. Peut-on réellement blâmer un momichon de 22 balais qui se réconcilie tout juste avec son corps ? Non, en tout cas sûrement pas dans une quête de titre.

Nikola Jokic gave it his all.

32 PTS
20 REB
10 AST

He joins Kareem Abdul-Jabbar and Wilt Chamberlain as the only players in NBA history with a 30/20/10 playoff game. pic.twitter.com/e2bSnolFOj

— StatMuse (@statmuse) June 12, 2021

La paire Monte Morris – Will Barton a eu ses bons moments cette nuit, symbole de deux bons joueurs à conserver sur le banc. Le vrai problème n’est pas là, il est dans la consistance du cinq majeur. On adore Facundo Campazzo – vraiment – mais n’est-ce pas un peu culotté d’envoyer un marathonien jouer les Playoffs ? Avec la blessure de Jamal Murray, les Nuggets n’ont pas eu le choix que d’aligner l’Argentin dans un rôle de titulaire qui n’est pas le sien. Les responsabilités ? Beaucoup trop importantes. On s’est également étonné de la présence d’Austin Rivers dans le cinq majeur, lui qui n’est même pas transcendant en sortie de banc. C’est donc avec un backcourt Facundo Campazzo – Austin Rivers que Denver est parti à la guerre face au binôme Chris Paul – Devin booker. De bons joueurs, mais loin d’être ce que devraient être les titulaires alignés avec Nikola Jokic, et encore plus éloignés du niveau de leurs adversaires du soir. C’est pour cela qu’il va falloir réaliser un bel été chez les Nuggets si l’on veut rentabiliser la présence d’un type pas comme les autres. Ces séquences alambiquées où le ballon tourne sans but précis jusqu’à atterrir au poste, ça ne marche plus en Playoffs. Loin de nous l’idée de railler l’excellent Michael Malone, mais plutôt de pointer du doigt l’absence de risques chez les coéquipiers du Joker. La faute à ? À pas grand monde. Les joueurs n’ont pas les capacités pour répondre à cette demande et le front office de Denver subit la blessure de Jamal Murray. C’est dur, et il ne faut pas forcément chercher un coupable (Aaron Gordon).

« Lonely, I’m Mr. Lonely, I have nobody for my own. I’m so lonely, I’m Mr. Lonely, I have nobody for my own, I’m so lonely… ». Vous connaissez la musique, et Nikola Jokic commence lui aussi à la connaître. On espère que cette situation est temporaire pour le Joker qui souffre de ses potes. Oui oui, de ses potes.