Cette année, pas de Knicks amers : le Garden attend les Playoffs et surtout, New York est fière

Le 13 mai 2021 à 18:48 par Alexandre Martin

Knicks Tom Thibodeau, Julius Randle
Source : YouTube / NBA

Tom Thibodeau coach de l’année ? C’est possible ! Julius Randle MVP ? Doucement chers fans des Knicks. Parlons déjà d’un Julius Randle MIP. C’est trèsssss bien parti et nous allons revenir plus loin sur le cas du Jules le plus connu de New York. Les Knicks en Playoffs pour la première fois depuis 2013 ? C’est une certitude puisqu’à l’heure où ces lignes s’écrivent, les pensionnaires du Madison Square Garden affichent un bilan de 38 victoires pour 31 défaites qui leur garantit au minimum la sixième place de l’Est. Personne, même parmi les plus irréductibles fidèles du côté de Manhattan, n’avait vu venir des Knickerbockers aussi beaux.

Oui. Beaux.

Il faut bien évidemment relativiser les résultats des Knicks car nous sommes sur la fin d’une saison régulière vraiment spéciale en termes de rythme, de contexte sanitaire et de calendrier. Une régulière qui a vu certaines grosses écuries galérer plus que prévu, ce qui peut être considéré comme un facteur facilitant pour le classement des New-Yorkais. Ok. Il n’empêche que les Knicks jouent dur, tous les soirs. En attaque ils s’appliquent, même s’il y a encore du boulot et une réelle marge de progression pour gagner en variété et en efficacité (23ème ratio défensif). En défense en revanche, ils proposent un niveau élite. É-LITE. Aujourd’hui, seuls les Lakers et les Sixers ont des ratios défensifs supérieurs à celui des Knicks, qui plastronnent donc sur le podium des meilleures défenses juste devant le Jazz notamment et bien au-dessus du Heat, des Grizzlies ou autres Clippers, Suns et Bucks. Deux mots peuvent apporter une bonne partie de l’explication de cette transformation par rapport aux équipes new-yorkaises vues sur les parquets ces dernières années : Tom et Thibodeau.

Arrivé dans la grosse pomme à l’intersaison 2020 après une année sabbatique, le coach à la grosse voix rauque et au style rugueux a réussi à faire de son groupe de joueurs une escouade prête à tout donner à chaque fois qu’elle débarque sur les planches. Une spécialité bien connue du Thibodisme mais il faut reconnaître que peu d’observateurs ou de supporters avaient imaginé un changement aussi radicalement payant. C’est un des éléments qui rend ces Knicks aussi beaux : ils ont une vraie philosophie de jeu, en parfaite adéquation avec ce que New York aime et chérit. Et disons-le sans ambiguïté : les Nets se voyaient prendre possession de la cité qui ne dort jamais. Ils n’étaient pas les seuls (à s’y voir). Ils ont clairement l’effectif avec le plus de talents sur New York, l’équipe qui joue vraiment le titre et rien d’autre avec deux anciens MVP – encore au top – dans ses rangs. Mais, toujours sans ambiguïté, les Knicks représentent l’amour historique de cette ville pour la balle orange. Et ces Knicks 2020-21 sont en train d’y faire honneur.  C’est le premier effet Thibodeau. Le deuxième peut lui aussi s’expliquer en deux mots : Julius et Randle.

Si on avait su que Julius Randle jouerait ainsi sous les ordres de Tom Thibodeau, le front office new-yorkais n’aurait probablement jamais drafté Obi Toppin avec le choix numéro 8 en novembre dernier. Entre sa blessure en début de saison et son manque de complémentarité avec Randle (deux postes 4, difficiles à glisser en 5 ou en 3), le rookie né à Brooklyn n’a absolument pas pu faire son trou sur cette première saison malgré des qualités athlétiques et techniques très intéressantes. Il faut dire aussi que Julius Deion Randle est entré dans une autre dimension. Sa ligne statistique est magnifique : 24 points, 10 rebonds et 6 passes décisives de moyenne, avec presque 42% à 3 points. C’est d’ailleurs cette réussite de loin qui a ouvert tout le reste pour Randle et qui est à la base de la progression offensive du joueur. On le savait capable de pénétrer balle en main, d’aller au cercle de manière crafty et puissante pour scorer. Il est devenu très compliqué à défendre en isolation à partir du moment où il s’est mis à rentrer autant de tirs primés. Et alors, vu qu’il voit tout dorénavant puis sert ses coéquipiers dans les meilleures conditions… Le Magic Johnson gaucher ? On a dit doucement, chers fans des Knicks. Mais tout aussi impressionnante soit-elle, cette évolution statistique et dans le jeu ne peut pas résumer la saison que Randle vient de nous envoyer, à 26 ans. Une saison de All-Star. A chaque fois qu’on a cru le voir fléchir ou qu’on a pensé qu’il allait avoir un coup de mou, il a maintenu son niveau. A chaque fois qu’un gros challenge ou tout simplement un match important s’est présenté devant lui et ses Knicks, il a répondu comme il fallait. La victoire à Dallas – au milieu de la série de 9 succès en avril – est un exemple (44 points, 10 rebonds, 7 caviars) parmi plein d’autres. Un patron, voici ce que Julius Randle est devenu. Un patron dédié aux Knicks comme il le disait dans les colonnes du Player’s Tribune en mars dernier :

“I’m damn proud to be a Knick”

“Je suis sacrément fier d’être un Knick”. Les mauvaises langues diront que ça tombe bien pour lui car il va avoir un contrat à négocier lors de l’été à venir et ça parle déjà de 5 saisons grassement payées. La question est : comment les Knicks pourraient-ils oser faire autrement ? Car dans le sillage du duo Randle – Thibodeau, c’est tout New York qui rugit. Le jeune Immanuel Quickley, drafté 25ème, a montré de très belles choses en sortie de banc, prouvant que les recruteurs new-yorkais ont eu du nez en le choisissant et que Thibodeau a su l’utiliser comme il le fallait. Le sophomore R.J. Barrett gagne en confiance et est en train de monter en régime tellement sérieusement qu’on ne va pas tarder à parler de monstre à deux têtes dans la Big Apple. Il est l’un des piliers de cette défense façon bitume âpre pendant que son talent offensif transparait de plus en plus. Son style chaloupé et tanké, tout en toucher, est enfin dans la lumière après une première saison pas évidente.

Puis, tout début février, encore une bonne inspiration du front office qui organise un échange avec les Pistons pour récupérer Derrick Rose. De l’expérience, du talent, du courage et de l’émotion à faire sortir du banc pour Thibodeau. Et ça fonctionne ! A tel point que le MVP 2011 est un candidat très sérieux au trophée de meilleur sixième homme de l’année si jamais les votants n’ont pas envie de récompenser Jordan Clarkson. Ces Knicks sont donc un collectif qui se nourrit des progrès de ses stars ou de ses jeunes, qui vit sur une base défensive très solide ET qui bénéficie d’apports incroyables de la part de ses role-players. Plus de Mitchell Robinson ? Envoyez Nerlens Noel ! Besoin de défense et de 3 points dans l’aile ? Envoyez Reggie Bullock ! Besoin de vice et de rugosité sous les cercles ? Envoyez Taj Gibson. Ce mix de talents et de cols bleus est l’une des – si ce n’est la – plus grosses surprises de cet exercice 2020-21.

Alors donnez-nous – aussi vite que possible – un Madison Square Garden plein à craquer pour admirer ces Knicks ! Donnez-nous une bataille de New York contre les Nets en Playoffs. Oui, donnez-nous encore plus de ces Knicks que personne n’avait vu venir, qui pratiquent un jeu à rendre nostalgiques les fans de Patrick Ewing, John Starks et toute la bande des années 90. S’il vous plait. On a hâte.