Kevin Garnett ne veut pas jouer au “vieux con” : oubliez le complexe de l’âge d’or, KG kiffe les magiciens actuels

Le 09 févr. 2021 à 10:32 par Alexandre Taupin

Kevin Garnett 18 février 2020
Source image : Youtube / Showtime Basket

Alors que beaucoup d’anciens joueurs jettent régulièrement un pavé dans les médias pour expliquer que la ligue était mieux avant, etc etc, Kevin Garnett a lui opté pour une analyse plus objective sur les forces de la NBA actuelle. Pas sûr que ça plaira à tout le monde mais le Big Ticket n’a jamais sa langue dans sa poche. 

Si vous suivez un peu la NBA et les émissions qui parlent de basket alors vous tombez inévitablement sur un ancien joueur des années 90 ou 2000 qui vous explique que la Ligue actuelle c’est super mais quand même : avant c’était autre chose. Les mecs étaient des durs, ils ne se reposaient jamais, ils pouvaient planter sur n’importe qui, limite on se dit presque que Superman semble bien soft à côté. La plupart du temps, il s’agit évidemment de se mettre en avant en insistant sur la difficulté à laquelle on faisait face mais tout de même, faudrait pas pousser mémé dans les orties, tout n’est pas à jeter en 2021. Kevin Garnett, lui aussi, a joué la carte du “c’était mieux avant” dans le passé. En 2017, il regrettait notamment le manque de trashtalking des nouveaux joueurs. Connaissant le bonhomme, c’est presque un crime capital. Toujours est-il qu’aujourd’hui, le Big Ticket a un discours légèrement plus optimiste et objectif sur la Ligue actuelle et c’est assez rafraichissant. Interrogé par David Marchese du New York Times, il pointe notamment les grands changements entre le jeu actuel et celui qu’il a connu.

“Je ne pense pas que les joueurs d’il y a 20 ans pourraient jouer dans le jeu actuel. Il y a vingt ans, les gars utilisaient leurs mains pour contrôler les joueurs, maintenant tu ne peux plus utiliser tes mains. Cela rend la défense presque impossible. Vous pouvez imaginer garder Michael Jordan sans vos mains ? Non. Le fait que vous ne puissiez plus toucher les joueurs donne aux joueurs offensifs tellement de flexibilité. Les joueurs défensifs doivent maintenant travailler avec les angles ou des trucs comme ça. Mais si vous avez un peu de créativité et d’ambition, vous pouvez devenir un grand attaquant dans cette Ligue.”

Premier constat pour KG et il est assez partagé par la plupart des observateurs, c’est la difficulté croissante pour les défenseurs à faire leur taf sans avoir un coup de sifflet à l’oreille à chaque seconde. Les anciens n’ont certainement pas tous eu droit au traitement no blood no foul cher aux Pistons des années 90 mais quand on voit des Trae Young ou James Harden aller vingt fois sur la ligne certains soirs, c’est une réalité. Malgré ce constat lucide, le Big Ticket apprécie l’évolution du jeu tel qu’il est actuellement et notamment ceux qui ont vraiment révolutionné un rôle.

“Les fadeaways, le runner sur une jambe, le tir sur une jambe, ce sont des choses que Dirk a apporté dans le jeu. Et maintenant quand je vois Jokic jouer, on a l’impression qu’il a pris un peu de Dirk et qu’il l’a mixé avec son propre talent. Steph aussi a révolutionné pas mal de choses grâce à sa capacité à shooter de loin avec consistance, comme Klay Thompson ou Damian Lillard. Ces guards ont changé le jeu. Je ne sais même pas si ceux d’il y a 20-30 ans auraient pu jouer à l’époque actuelle. C’est créatif, c’est compétitif, c’est provocant, tu vas te faire larguer ! Un mec va te crosser et te briser les ligaments du genou. Le jeu est dans une situation idéale.”

Impossible là aussi de ne pas abonder dans le sens de Garnett quand on voit la révolution de Curry mais aussi le rôle des pivots qui évolue grâce notamment à Nikola Jokic. Le géant serbe ne se cantonne pas au rôle classique du big man plantant la tente dans la raquette, il est au centre du jeu des Nuggets et il en est aussi le meilleur passeur ! Une phrase qu’on n’aurait jamais pu prononcer dans les années 90 ou 2000. On savourera quand même les propos de l’ancien Celtic qui a au moins le mérite d’accorder du crédit à la NBA actuelle contrairement à beaucoup de ses contemporains. On se doute d’ailleurs que certains ne seront pas d’accord avec son analyse. Attendez-vous dans les prochains jours à quelques phrases du genre “bien sûr que j’aurais pu gérer aujourd’hui”. Les habitudes ont la vie dure que voulez-vous.

Kevin Garnett prend plaisir à voir la NBA en 2021 et c’est agréable à lire. Dans la lignée d’un Allen Iverson, le Big Ticket semble désormais faire partie de ceux qui mettent en avant la Ligue telle qu’elle est aujourd’hui au lieu de fantasmer sur les accomplissements passés. Comme quoi, il faut vivre avec son époque. 

Source texte : New York Times