Jarrett Allen aka la victime collatérale : direction Cleveland pour le cocu de l’affaire, la coupe est afro mais le cadeau est affreux

Le 14 janv. 2021 à 08:21 par Giovanni Marriette

Jarrett Allen 14 janvier 2021
Source image : NBA League Pass

Dans chaque transaction il faut des heureux mais il faut aussi des déçus. C’est plus qu’une affirmation, c’est un théorème. On calme tout de suite la Cavs Nation, loin de nous l’idée de nous substituer au dénommé Jarrett Allen afin de penser à sa place, et loin de nous l’idée d’arguer que Cleveland est une franchise claquée. Mais les faits sont là, Jarrett Allen quitte une franchise au sommet du shine game et candidate au titre pour une autre… qui se cherche, en pleine reconstruction, et dont on ne sait finalement pas trop quoi penser.

La bombe est tombée hier soir pendant que des petits malins faisaient leur sieste d’avant nuit NBA, suivez mon regard, et dans le giga trade envoyant notamment James Harden à Brooklyn, Caris LeVert dans l’Indiana et Victor Oladipo à Houston, Jarrett Allen se retrouve dindon de la farce et rejoint pour sa part la merveilleuse institution des Cavs (en compagnie de Taurean Prince qu’il ne faut pas oublier dans l’affaire), située dans la non moins merveilleuse ville de Cleveland, n’est-ce pas Joakim Noah. Alors ça peut marcher, on aime beaucoup Jarrett, on aime ses cheveux et on aime son caractère, mais pas sûr que la nouvelle ne l’ai fait sauter au plafond.

Un pivot qui compte en NBA, envoyé dans l’Ohio, c’est la mode chaque hiver

Tiens, ils vont nous refaire le coup chaque année. Souvenez-vous, il y a un an les Pistons se débarrassaient d’Andre Drummond comme d’une vulgaire chaussette trouée, en tentant (et en réussissant) de récupérer dans l’affaire deux des pires affaires de la Ligue, aussi blessées qu’inutiles : John Henson et Brandon Knight. La fin d’une histoire d’amour compliquée entre l’aspirateur à rebonds et la franchise du Michigan, et un choix spécial des Cavs, déjà embourbés avec le contrat de Kevin Love. Dede Drummond qui prolongera finalement l’aventure Cavs un an de plus, avant de se retrouver free agent l’été prochain, mais ça c’est encore une autre histoire. Dede, Kevin Love, JaVale McGee un peu plus tard et Larry Nance Jr. également dans les parages, ça commence à faire beaucoup (voir plus bas) mais peu importe parce qu’à Cleveland… il y a  encore plus de meneurs que de pivot, bref on aime multiplier les problèmes (même si lesdits meneurs sont des cracks, mais c’était pour la vanne).

Jarrett Allen, l’afropépite sacrifiée

Dans le blockbuster trade de la nuit deux joueurs ont donc été sacrifiés à Brooklyn : Taurean Prince, on est désolé pour lui, et surtout Jarrett Allen, garant de la défense et du spectacle en haute altitude à Brooklyn depuis quatre ans. Spécialiste des Top 10 dans le rôle du postérisé, Jarrett Allen a surtout pour lui la capacité à offrir son corps à la science, à ne jamais s’effacer, quitte à prendre des mega tartes chaque soir de match. Mais pour un tomar ramassé dans la poire ce sont des dizaines de drives contestés et des dizaines d’autres lors desquels l’attaquant fait demi-tour, bref une dissuasion parmi les meilleures de la Ligue même si la moyenne des intérieurs de NBA a pris l’habitude de gonfler ces dernières années face aux Nets. Un défenseur loin d’être elite donc mais dont le don de soi fait partie des qualités, et à cette capacité s’ajoute également celle d’être une menace redoutable sur pick and roll. Très grand (2m11 et 2m47 avec les cheveux), Jarrett est également très long et sait être explosif après l’écran, faisant de lui un élément non-négligeable des playbooks adverses. 11 points de moyenne environ depuis trois ans et surtout une adresse moyenne qui n’a de cesse d’augmenter et qui tutoie cette saison les 70%, excusez du peu. Clint Capela avec une coiffure stylée, DeAndre Jordan en jeune, appelez-le comme vous voulez mais Jarrett fait partie du paysage et faisait partie avec les Caris LeVert ou Spencer Dinwiddie des raisons de sourire à Brooklyn avant que les Nets ne deviennent le QSG de la NBA.

On fait quoi du coup avec tous ces pivots ?

Après quatre saisons en NBA, toutes passées à Brooklyn, Jarrett Allen rejoint donc les Cavs, au moins pour cette année. Au moins pour cette année car à l’intérieur, le projet de Cleveland est assez flou. Mis à part le fait que Thon Maker est une immense fraude basketballistique, J.B. Bickerstaff compte cette saison sur Andre Drummond, inbougeable du haut de ses 28 millions par an et des 22 000 rebonds par match, sur le malheureusement inamovible Kevin Love, sur un JaVale McGee qui montre de belles choses et dont l’expérience est malgré tout utile, sur un Larry Nance Jr. qui fait plus que bien son taf, et donc sur un Jarrett Allen capable d’être titulaire dans environ 75% des franchises de NBA en 2021. Cinq hommes pour un couffin et demi, et si l’été prochain Jarrett dispose d’une qualifying offer qui met son avenir dans l’Ohio en pointillé, si Dede sera free agent et si Kevin Love est dans toutes les discussions de transfert depuis dix ans, il faudra bien faire jouer tout ce petit monde cette saison. Surtout Jarrett Allen oh, qui n’a rien demandé et dont on ne peut décemment pas lui offrir une place de rotation banale chez le futur treizième de l’Est alors qu’il s’éclatait il y a encore deux jours en récupérant des lobs de Kevin Durant. Pourquoi ? Essayez de passer quinze jours à la Réunion, restez en slip dans l’avion et parlez-nous de la température à l’aéroport de St-Exupéry, vous verrez l’effet que ça fait.

L’avenir dira si la transaction de la nuit est une bonne chose ou non dans la carrière de Jarrett Allen, à Cleveland ou ailleurs d’ailleurs. Une chose est sûre en ce 14 janvier. Le pivot reconnaissable entre mille joue aujourd’hui dans une équipe à des années lumières du niveau et de l’attractivité de celle dans laquelle il jouait il y a encore quelques heures. Et ça, jusqu’à preuve du contraire, ça reste une sacrée nouvelle de merde pour lui. Voilà, c’est tout.