Les Lakers à peine champions, on se pose déjà la question qui tue : alors, on met un astérisque à côté du titre ou pas finalement ?

Le 12 oct. 2020 à 08:53 par Nicolas Meichel

Lakers
Source image : NBA League Pass

Quasiment un an après le début de la saison 2019-20, cette dernière vient enfin de se terminer, avec le retour des Lakers au sommet de la planète basket. Un titre qui signifie évidemment beaucoup pour la mythique franchise californienne, mais surtout un titre qui ne ressemble à aucun autre dans l’histoire de la NBA. Du coup, astérisque ou pas ?

Astérisque (nom masculin, du latin médiéval asteriscus, du grec asteriskos, “petite étoile”) : signe typographique en forme d’étoile (*) qui indique un renvoi, une note explicative, etc.

C’est une question qui s’est retrouvée au cœur de pas mal de débats avant même la reprise de la saison en juillet dernier. Quelle valeur aura le titre NBA 2020 ? Ou plutôt, est-ce qu’on peut parler d’un titre au rabais, d’un titre avec un astérisque ? En NBA, quand le mot astérisque est utilisé dans ce genre de contexte, c’est souvent pour diminuer l’exploit du champion. On peut balancer plusieurs exemples. Pour certains (comme Phil Jackson pour ne pas le citer), le titre des Spurs en 1999 se doit d’être accompagné d’un astérisque à cause du lock-out, qui a raccourci la saison régulière de 82 à 50 matchs à l’époque. Pour d’autres (coucou les fans des Kings), il faut foutre un astérisque en gras à côté des Lakers de 2002 pour ce Game 6 scandaleux au Staples Center, où Sacramento s’est fait voler par les arbitres. A fucking disgrace ! comme dirait Didier. On en connaît même qui dévalorisent le back-to-back des Rockets en 1994 et 1995 à cause de la retraite de Michael Jordan. Enfin voilà, ça ressemble souvent à des discussions de comptoir, mais impossible d’y échapper cette année étant donné le côté très exceptionnel de la saison 2019-20. Une saison interrompue pendant plusieurs mois à cause d’une pandémie, des Playoffs qui se déroulent dans une bulle chez Mickey et sans la présence des fans, avec au milieu une grève des joueurs en plein combat pour plus de justice sociale, autant dire qu’on n’a jamais vu ça auparavant.

Maintenant que la saison est terminée, avec le Larry O’Brien Trophy dans les mains de LeBron James et des Lakers, on peut se reposer la question : le titre NBA 2020, astérisque ou pas ? On a bien envie d’en mettre un, mais en donnant une nouvelle connotation au mot “astérisque” pour le rendre plus neutre. Clairement, le contexte à part de cette fin de saison ne peut pas être ignoré. Certains aspects qui font habituellement la beauté des Playoffs – comme l’avantage du terrain et donc les grosses ambiances dans les matchs décisifs – n’ont évidemment pas pesé cette année. Donc oui, l’astérisque est là, car on ne parle pas simplement d’une saison raccourcie à cause d’un lock-out, de décisions arbitrages litigieuses ou de l’absence du meilleur joueur du monde pour reprendre les exemples cités plus haut. Oui, ce n’est pas un titre comme un autre, la différence est indiscutable, mais ce n’est pas pour autant qu’il ne possède pas la même valeur que les autres. On peut débattre longtemps sur les équipes ou les joueurs qui ont profité le plus de l’arrêt prolongé de la saison et des nouvelles conditions de jeu. Avant la reprise, on avait d’ailleurs deux camps, ceux qui disaient que ce titre serait le plus facile à gagner en mettant sur la table l’argument physique (repos de plusieurs mois, pas de déplacements entre les matchs…), et ceux comme Giannis Antetokounmpo qui argumentaient dans le sens inverse en disant que ce titre serait particulièrement difficile à aller chercher à cause de toute l’adversité liée à cette saison 2019-20, notamment sur le plan mental. Une question de perception avant tout.

Mais ce qui est clair aujourd’hui, c’est que la bulle a parfaitement fonctionné, avec en prime de superbes Playoffs. Les règles du jeu étaient les mêmes pour tout le monde, toutes les équipes étaient confrontées au même contexte, et à la fin ce sont les Lakers qui ont gagné, tout ça face à une équipe de Miami qui n’a pas volé sa place en Finales et en respectant le format habituel des Playoffs (7-7-7-7, Conférence Est et Ouest séparées). 16 victoires remportées par la bande à LeBron pour seulement cinq défaites, c’est net et sans bavure. Aujourd’hui, personne ne peut dire que la victoire de la franchise californienne est liée à l’absence d’un ou plusieurs joueurs majeurs chez les adversaires pour cause de COVID, car le virus est bien resté à l’extérieur de Disney World. Certes, on peut parler des blessures de Bam Adebayo et Goran Dragic côté Miami lors des Finales NBA, mais des bobos, il y en a tous les ans en Playoffs, bulle ou pas bulle. Et puis comme mentionné quelques lignes plus haut, le niveau de jeu global était vraiment élevé sur la postseason, ce qui crédibilise le titre des Lakers. Avant la reprise, on flippait logiquement un peu par rapport au spectacle qui allait être proposé dans la bulle. Les joueurs seront-ils en forme ou en mode Shawn Kemp après un lock-out ? Qu’est-ce que ça va donner sans les fans ? Voilà le genre de questions qu’on se posait il y a quelques mois. Les doutes ont fini par se dissiper assez rapidement et on a eu droit à du grand basket pendant plusieurs semaines, avec du suspense, beaucoup d’intensité, et du beau jeu. Si ça sonnait forcément un peu creux, les drogués de balle orange ont pu avoir leur dose. Alors oui, pour toutes ces raisons, le titre NBA 2020 des Lakers n’est pas un titre au rabais, et l’astérisque qui se situe à côté ne sert qu’à rappeler l’improbable scénario de cette saison définitivement pas comme les autres.

Au final, peu importe le script, les Lakers ne vont pas se priver pour accrocher une 17è bannière au plafond du Staples Center et célébrer leur exploit comme il se doit. Ils ont traversé assez de galères en cette terrible année 2020 pour ne pas savourer chaque instant.