Dwight Howard, la renaissance du mal-aimé : plus personne ne pourra dire qu’il a foiré à L.A.

Le 12 oct. 2020 à 06:49 par Alexandre Taupin

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On le disait perdu pour le basket, rejeté par toute la NBA ou presque et voilà Dwight Howard avec le Larry O’Brien dans les mains et la bagouze au doigt. Retour sur le pari réussi de D39 : à croire que seul Hollywood pouvait ressusciter Superman.   

Les cheveux ont poussé, le bandeau s’est ajouté, les muscles sont toujours gonflés mais le joueur, lui, a bien changé. Plus de sept ans après son départ par la petite porte de Los Angeles, Dwight Howard a lui aussi contribué au titre des Lakers. Pas vraiment lors des Finales NBA (sauf pour mettre des tartes à Jimmy Butler), mais sur l’ensemble de la saison. Une phrase qu’on n’aurait jamais cru prononcer un jour. Il faut dire aussi que ce mariage entre le big man et la Cité des Anges a pu interpeller voire surprendre. Petit coup d’œil dans le rétro.

Nous sommes le 15 août 2019 et la nouvelle vient de tomber : DeMarcus Cousins vient de se faire les ligaments croisés. Le choc est rude pour celui qui était espéré comme la troisième star des Lakers mais encore plus pour le front office qui va devoir lui trouver un remplaçant. Qui sur le marché ? Plus grand monde malheureusement. Trois candidats passent des essais : Joakim Noah, qui sort d’une bonne demi-saison à Memphis, Mo Speights, qui revient de Chine, et Dwight Howard. Au regard de ces trois candidats, le pire dossier semble presque être celui de l’ancien Superman. Bazardé de franchise en franchise (Hawks, Hornets, Wizards puis Grizzlies en seulement trois ans), celui qui dominait les raquettes avec le Magic traîne surtout une sale réputation. Trop accroché à son ancienne étiquette de All-Star, toujours en quête de ballons au poste, Dwight fait l’unanimité… contre lui. Dès qu’il quitte une équipe, on annonce des soulagements ou des scènes de joie dans le vestiaire. Pas le plus rassurant pour une franchise intéressée par ses services. D’un autre côté, Dwight reste un joueur tout à fait correct quand sa santé le laisse tranquille, ce qui n’était pas du tout le cas en 2018-19 (neuf matchs joués seulement). Gros rebondeur, toujours bon défenseur, il a le profil idoine pour devenir le nouvel éboueur de Los Angeles. Comment faire alors pour ne garder que le côté lumineux du joueur et laisser ses démons au placard ? Rob Pelinka tranche dans le vif : il fait signer au joueur un contrat non-garanti. À la moindre incartade, au moindre problème de groupe, c’est la porte. Clairement, c’est l’occasion de la dernière chance. Alors que tous les observateurs sont sceptiques sur ce choix, les premiers échos du centre d’entraînement sont extrêmement positifs : le fit Dwight Howard se passe très bien, reste à prouver en match et sur la durée.

La saison débute et l’impression se confirme, le nouveau numéro 39 des Lakers fait le taf et même grave le taf. Totalement dévoué au groupe, premier supporter sur le banc, il joue les éboueurs et se montre toujours pour encourager le titulaire au poste 5, JaVale McGee. Sur le parquet, le géant est loin d’être un peintre non plus : un peu plus de 7 points, 7 rebonds et 1 contre en 19 minutes, le tout à 73% au tir. Comment marque-t-il ses paniers ? Le plus souvent sur un rebond offensif ou un alley-oop signé Rondo ou LeBron. Fini le temps des multiples possessions au poste bas, Dwight Howard version 2020 est un soldat, un homme de groupe qui se donne à fond pour le collectif. La meilleure preuve de ce changement ? La série contre les Rockets en Playoffs. Benché pendant presque toute la confrontation avec JaVale pour faire face au small ball (il n’a joué que seize minutes sur la série), il attend patiemment son heure sans se plaindre. Il est déjà prêt à partir au feu quand son coach le met sur Nikola Jokic en Finale de Conférence, faisant un excellent boulot pour limiter le pivot serbe. Beaucoup plus discret en Finale NBA contre le Heat, il n’en reste pas moins un joueur important pour l’équilibre de l’équipe et sa bague de champion, elle est méritée pour lui aussi. En attendant de savoir de quoi son avenir sera fait (il est agent libre cet automne), le joueur peut savourer : on le croyait aux oubliettes, pour de bon, et le voilà qui parade aux côtés du King devant la foule en liesse. Un peuple Purple and Gold qui a réappris à aimer son big man. La preuve que les choses ont définitivement bien changé.

Dwight Howard champion avec les Lakers, c’est une phrase qu’on pensait dire en 2013 mais on la dira en 2020. Loin de faire le nombre, D39 a montré le meilleur de lui-même pour se racheter un nom dans la Cité des Anges et en NBA. C’est donc avec le sentiment du devoir accompli qu’il ira serrer la main d’Adam Silver et récupérer sa bague de champion. Une juste récompense pour un joueur qui aura longtemps échoué sous le feu des projecteurs avant de réussir son plus beau comeback… dans l’ombre d’Hollywood.