Erik Spoelstra est de retour en Finales NBA, six ans après la fin du Big Three : qui a dit qu’il avait besoin de LeBron pour gagner ?
Le 28 sept. 2020 à 14:41 par Nicolas Meichel
En écartant les Celtics de son chemin, le Heat d’Erik Spoelstra a décroché sa place en Finales NBA, une première depuis 2014. À l’époque, Coach Spo avait sous la main le meilleur joueur du monde, le meilleur joueur de l’histoire de Miami, et un troisième joueur calibre All-Star. Un Big Three qui a forcément fait de l’ombre à son travail, mais le technicien prouve plus que jamais aujourd’hui – à travers cette qualification – qu’il fait partie des tout meilleurs de la NBA.
Quand vous coachez une équipe guidée par LeBron James, deux choses ont tendance à arriver. La première, et c’est le bon côté de la médaille, vous avez de bonnes chances de gagner pas mal de matchs de basket. La seconde, le moins bon côté, c’est que vous êtes rarement reconnu à votre juste valeur. Aujourd’hui, c’est le coach des Lakers Frank Vogel qui est dans cette position. On ne parle pas beaucoup du boulot qu’il a accompli pour mettre en place un vrai collectif ainsi que sa culture défensive à Los Angeles. On parle plutôt de la dixième Finale NBA de LeBron, de sa place dans la hiérarchie du GOAT ou encore de son duo redoutable avec Anthony Davis. Erik Spoelstra est aussi passé par là. Il y a dix ans, Coach Spo recevait dans ses mains un monstre à trois têtes avec James, Dwyane Wade et Chris Bosh. C’était le début de l’ère Big Three, ère accompagnée évidemment d’une énorme pression et de très grosses attentes. Spoelstra venait seulement d’avoir 40 ans à l’époque, et possédait peu d’expérience en tant que coach principal, lui qui avait pris les commandes du Heat en 2008 après plus d’une décennie en tant qu’assistant. La suite, on la connaît. Des débuts pas faciles, mais avec la confiance totale de Pat Riley, il est resté le coach des Heatles jusqu’à la fin du trio en 2014, avec quatre Finales et surtout deux titres NBA à la clé. Il a réussi à faire fonctionner la machine, il a su se faire respecter, il a adapté le jeu de Miami en jouant notamment small ball, en mode “pace & space”, pour maximiser les points forts du Heat. Mais malgré tout ça, difficile de récolter les lauréats quand vous avez autant de talent à votre disposition.
Six ans après le départ de LeBron James et la dernière Finale NBA disputée par Miami, le Heat est de retour sur le devant de la scène, prêt à affronter les Lakers de… LeBron pour le titre 2020. De belles petites retrouvailles. Et même si le travail n’est pas terminé, ce titre de Champion de l’Est représente déjà une consécration pour Erik Spoelstra, souvent sous-estimé quand on parle des meilleurs coachs de la NBA. C’est l’aboutissement d’un travail exceptionnel réalisé par le technicien de Sud Plage, une sorte de validation après plusieurs années de transition pas toujours évidentes suite à la période Big Three, où Miami a fait le maximum pour rester compétitif sans pour autant faire partie des poids lourds de l’Est (une série de Playoffs gagnée en cinq ans, trois années sans postseason). C’est simple, les Playoffs 2020 de Spo, et plus généralement sa saison 2019-20, sont à ranger au rayon Masterclass. Adaptation, discipline collective, leadership, développement de jeunes joueurs, bonne gestion des minutes, l’ami Erik coche beaucoup de cases. La Heat Culture, ça vient d’en haut mais le concept est porté tous les jours par Spo, qui n’a cessé de gravir les échelons depuis 1995, quand il a débarqué en Floride en tant que coordinateur vidéo. La progression de certaines pépites comme Bam Adebayo, Tyler Herro, Duncan Robinson, Kendrick Nunn ou encore Derrick Jones Jr. n’est pas liée au hasard, Spoelstra faisant un excellent boulot pour mettre ses joueurs dans de bonnes conditions afin qu’ils s’éclatent. On ne dit pas que ces gars-là n’auraient pas pu s’illustrer ailleurs (quoique, on parle de joueurs non draftés pour Robinson, Nunn et Jones Jr.), mais le fait d’évoluer dans une franchise aussi solide que Miami est un vrai atout à condition de bosser comme un taré. Quant aux Hexperts tactico-techniques, ils se régalent devant les ajustements de Spoelstra, avec par exemple cette défense de zone qui a beaucoup fait chier Boston durant la Finale de Conférence Est, ou ce plan anti-Giannis lors de la série précédente. Les changements dans le cinq effectués lors des Playoffs, avec l’intégration du sixième homme de la régulière Goran Dragic ainsi que Jae Crowder à la place de Nunn et Meyers Leonard, ont donné un nouvel équilibre à Miami, équilibre que les Pacers (battus 4-0), les Bucks (4-1) et les Celtics (4-2) n’ont pas réussi à perturber.
Évidemment, le recrutement de Jimmy Butler à l’été 2019 a changé la donne pour le Heat. Oui, la présence de vétérans comme Crowder et Andre Iguodala, tous les deux arrivés en cours de saison en provenance de Memphis, est également précieuse dans ces Playoffs 2020. C’est un travail d’ensemble, du front office de Pat Riley jusqu’aux joueurs du bout du banc, mais Erik Spoelstra est celui qui se retrouve au milieu de tout ça. Alors c’est le moment de reconnaître ce monsieur comme faisant partie de l’élite du coaching NBA. S’il est le deuxième entraîneur au niveau de la longévité au sein d’une même franchise dans la NBA actuelle (derrière Gregg Popovich aux Spurs), ce n’est pas pour rien. En 2008, il avait remis le Heat sur les bons rails avec l’aide d’un Dwyane Wade phénoménal après une saison cata à 15 victoires. En 2020, il a emmené son équipe en Finales NBA sans véritable superstar, équipe qui n’a lâché que trois matchs depuis le début des Playoffs dans la bulle de Mickey. Miami est aujourd’hui à quatre victoires de remporter le quatrième titre de l’histoire de la franchise. Cette dernière n’était pas attendue à ce stade, et même si les conditions sont très particulières à Orlando, la prise de pouvoir du Heat à l’Est est difficilement contestable. Un tour de force signé Erik Spoelstra. Put some respect on his f*cking name !
Souvent sous-estimé, Erik Spoelstra vient de montrer une bonne fois pour toutes qu’il fait bien partie des meilleurs coachs NBA. Il commence la décennie 2020 un peu comme celle de 2010, c’est-à-dire avec une qualification en Finales NBA. Sauf que cette fois-ci, on ne peut pas dire que c’est grâce à LeBron…