Focus sur le double comeback historique des Nuggets : derrière chaque grand choke, se cache un grand adversaire

Le 16 sept. 2020 à 14:34 par Leo Flechard

Jamal Murray Nikola Jokic 16 septembre 2020
Source Image : NBA League Pass

Cette nuit, les Nuggets sont devenus la première équipe à remonter par deux fois un déficit de 3-1 dans la même campagne de Playoffs. Sans jamais rien lâcher, les hommes de Mike Malone n’ont pas volé ces deux comebacks-to-back historiques. Petit zoom sur une équipe qui aime se faire peur et déjouer les pronostics.

La faillite des Clippers dans cette demi-finale de Conférence est historique et logiquement moquée par le monde de la NBA. Mais derrière ce choke all-time, il y a un début d’explication plutôt simple : les Nuggets jouent très bien à ce sport qu’est le panier-ballon. Le 23 août dernier, y’avait pourtant de quoi être inquiet pour les Pépites du Colorado. Ce soir-là, Donovan Mitchell et Jamal Murray nous proposaient un duel monstrueux à 101 points. 51 pour l’arrière du Jazz, 50 pour le meneur de Denver. Utah avait arraché la victoire de deux points dans un Game 4 symbolique de l’entrée en matière des Nuggets dans ces Playoffs : des exploits individuels mais une défense très douteuse. Mike Malone se prend une leçon de basket par Quin Snyder, le Jazz mène 3-1 et nombreux sont ceux qui voient déjà les Pépites dans l’avion du retour. Sauf que Jamal Murray va continuer le feu d’artifice, 42 points dans le Game 5, 50 dans le Game 6. Le meneur canadien vole la vedette à Nikola Jokic et permet aux siens de rester en vie. Denver resserre également les boulons en défense et profite du retour de Gary Harris, qui mettra un petit match pour retrouver ses sensations. Timing parfait puisque l’arrière jouera un rôle précieux lors du Game 7. Une guerre défensive, un score de Pro B, et un shoot raté de Mike Conley au buzzer : les Nuggets l’ont fait, ils remportent cette série 4-3. Allez, on parle un peu de Jamal Murray, on se moque gentiment du Jazz et on ne donne surtout pas cher de la peau de Denver en demi-finale de Conf’. Les Nuggets ont l’habitude de passer sous les radars. Un petit Canadien à la mène et un pivot qui ressemble plus à un fermier des pays de l’Est qu’à un joueur NBA ? Face à l’armada hollywoodienne des Clippers ? Done deal. 3-1 après quatre matchs, des Angelinos qui dominent et qui accélèrent uniquement quand c’est nécessaire. Kawhi Leonard n’est pas Donovan Mitchell, les Clips ne sont pas le Jazz, qu’ils disaient.

On est pourtant le 16 septembre 2020 et les Nuggets sont bien en Finale de Conférence Ouest. Les principaux suspects de ce braquage ? Jamal Murray le récidiviste et le fermier serbe. Monstrueux contre les Clippers (24,4 points, 13,4 rebonds, 6,6 passes décisives, 1,4 contre à 51,5% aux tirs et 39,5% à 3 points), on se demande toujours comment le Joker peut être aussi dominant avec ce body language approximatif et ses moves, plus proches du spectacle d’otaries que du basket. Mais la double survie des Nuggets est aussi passée par Jamal Murray, qui semble clairement avoir franchi un cap dans cette bulle. Le meneur est désormais un peu plus que le Robin du Batman qu’est Jokic. Enfin du Joker du coup. Enfin vous avez compris. À seulement 23 et 25 ans, le duo le plus en vogue de la Ligue depuis la nuit dernière vient de dégager Paul George, Kawhi Leonard et leurs dix sélections au All-Star Game. Les Nuggets sont une équipe à réaction, mais certainement pas une équipe soft. Le retour de Gary Harris a resserré les rangs, Jerami Grant, Paul Millsap et Torrey Craig ont apporté leur pierre à l’édifice défensif bâti par les Nuggets dans les deuxièmes mi-temps des trois derniers matchs. Un mur qui a fait bégayer le MVP des dernières Finales himself lors du money time. L’architecte ? Wes Unseld Jr., l’assistant des Nuggets spécialiste de la défense, qui a reçu les louanges de Mike Malone pour le travail accompli : « Il devrait être head coach ». Le fils du Hall of Famer du même nom était déjà sur la short-list des Bulls et on imagine que ce double comeback va donner un coup de boost à sa candidature. On pourrait aussi parler des qualités de leader d’hommes de Mike Malone. De l’apprentissage express de Michael Porter Jr., parfois impatient, souvent imparfait, mais tellement talentueux. Du fait que les Nuggets réalisent ce parcours insensé sans Will Barton, leur troisième option offensive en saison régulière et bon défenseur. Au final, il y a donc beaucoup de choses positives à dire sur cette belle équipe de Denver, qui vient de réaliser un exploit jamais vu auparavant. À nouveau en mode outsiders face aux Lakers pour la Finale de Conf’, comme en 2009, les Nuggets sont toujours en vie pour tenter d’écrire une des plus belles pages de leur histoire après un parcours déjà héroïque.

Allez, petit hommage à cette belle équipe des Nuggets, à l’origine de pas mal de larmes, d’effusions de joie, de tweets, de changements de slips, de voisins réveillés, de brackets foirés, de TTFL foutues en l’air… bref, on en veut encore.


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