Si vous kiffez le basket champagne et le beau jeu, ces mecs-là font sans doute partie de vos coachs favoris en NBA. Par contre, pour ceux qui préfèrent le basket fermé à double tour, ils représentent de véritables ennemis. Mais au final, peu importe votre vision de la balle orange, ces différents styles de coaching contribuent tous à la richesse du jeu et c’est bien ça le plus important.
“L’attaque fait lever les foules” : focus sur les gourous offensifs, ces coachs qui savent faire tourner une attaque à plein régime
Le 16 mai 2020 à 15:12 par Nicolas Meichel
Comme vous avez pu le remarquer, les coachs sont à l’honneur cette semaine sur TrashTalk. Et si vous êtes un drogué de la NBA, vous savez qu’il existe plusieurs styles de coaching. Chaque entraîneur possède sa façon de gérer un groupe, chaque entraîneur possède ses principes tactico-techniques, mais on peut tout de même dégager deux familles bien distinctes pour en classer un certain nombre d’entre eux, à savoir les coachs spécialisés dans l’attaque et ceux dans la défense. Après les gourous défensifs, place aux grands noms du basket offensif.
Avant de se lancer, on tient quand même à préciser que la liste qui va suivre inclura à la fois des anciens coachs et des entraîneurs qui sont aujourd’hui en activité (façon de parler vu le contexte). De plus, cette liste n’est pas exhaustive, c’est toujours bon à savoir. Voilà, cette fois-ci on peut y aller.
# Regardons un peu en arrière
L’une des manières de mettre en avant les grands noms du basket offensif, c’est de prendre les meilleures attaques de l’histoire comme point de départ. Et quand on pense aux attaques les plus prolifiques de tous les temps, on pense forcément aux Lakers version Showtime des années 1980, avec Magic Johnson, Kareem Abdul-Jabbar et Cie. Cette équipe-là faisait notamment des ravages en contre-attaque et évoluait à un rythme très élevé que peu d’adversaires pouvaient suivre. Et sur le banc à ce moment-là, il y avait un certain Pat Riley, devenu le coach emblématique du Showtime. Cependant, il faut savoir que Patoche n’est pas à l’origine de ce style run-and-gun qui a caractérisé le basket de Los Angeles à l’époque. Avant lui, Paul Westhead – coach des Lakers lors du titre de 1980 – avait déjà utilisé les principes de Jack McKinney, qu’on peut considérer comme le créateur du Showtime.
Puisqu’on parle de run-and-gun, on en profite pour placer les noms de Don Nelson et Mike D’Antoni. Leader all-time au nombre de victoires, Nelson était un grand adepte du jeu rapide et n’hésitait pas à sacrifier la défense pour mieux exploser en attaque grâce à des joueurs athlétiques. Il privilégiait la vitesse à la taille, la contre-attaque au jeu placé. Dans le basket actuel, on voit beaucoup de small ball, de shoots à 3-points, avec des postes moins définis qu’avant et un rythme très élevé. Ce style-là, qu’on peut qualifier de basket total, ça ressemble beaucoup à du Nellie Ball. C’est notamment lui qui était à la tête des Warriors version Run TMC du début des années 1990, et des Mavericks du duo Steve Nash – Dirk Nowitzki une décennie plus tard. Nelson est un coach qui a bousculé les codes, un coach qui aimait jouer avec un point forward et sans pivot. Quant à D’Antoni, il est surtout connu pour ses “Seven Seconds or Less” Suns, qui ont bouleversé la NBA à partir de la saison 2004-05. Cette année-là, avec le double MVP Steve Nash sous ses ordres, MDA a transformé Phoenix en une équipe au jeu rapide dévastateur, mais aussi redoutable en pick-and-roll – avec Nash et Amar’e Stoudemire – ainsi qu’à 3-points. Il ne faut pas oublier que lors de la saison précédente, la Ligue était très défensive, à tel point que des règles ont été modifiées pour ouvrir le jeu. On peut dire que les Suns ont parfaitement symbolisé ce changement. Là encore, l’influence sur le jeu actuel est grande. Enfin, toujours dans la catégorie des attaques très prolifiques, on se doit de mentionner les Nuggets des années 1980, coachés par Doug Moe. Durant la première partie de la décennie, Denver a particulièrement affolé les compteurs en attaque, surclassant souvent le reste de la Ligue avec des saisons à environ 125 points par match ! Run-and-gun, mouvement du ballon… ça jouait au feeling. On était plus dans l’adaptation que dans l’exécution de systèmes de jeu prédisposés, et ça donnait de véritables cartons offensifs. Ces Nuggets-là ont notamment participé au match le plus prolifique de l’histoire le 13 décembre 1983, un match qui s’est terminé sur le score de 186-184 en faveur de Detroit après trois prolongations.
Dans le genre attaque moins explosive, beaucoup moins rapide mais à l’efficacité redoutable, on peut parler des Bulls de Phil Jackson lors des années 1990, qui ont évidemment brillé à travers l’attaque en triangle mise en place par Tex Winter et le Zen Master. Ce système offensif a tout de même été à la base de six titres NBA avec les Bulls de Michael Jordan et Scottie Pippen, puis cinq autres entre 2000 et 2010 avec les Lakers de Kobe Bryant, d’abord avec Shaquille O’Neal puis Pau Gasol. On peut citer aussi le Jazz de Jerry Sloan, machine offensive très bien huilée basée sur la “flex offense” et ce fameux pick-and-roll entre John Stockton et Karl Malone. Pour terminer, on a envie de mentionner les Spurs du “Beautiful Game”, qui ont remporté le titre de 2014 grâce à un jeu collectif magique sous les ordres de Gregg Popovich. Et en parlant de fluidité et de beauté dans le jeu, on n’a pas oublié les Kings de Rick Adelman du début des années 2000, qui était un petit bonheur pour les yeux avec leur “corner offense”, une variation de la “Princeton offense”.
# Les références actuelles
Dans la Ligue actuelle, où l’attaque domine et où les scores fleuves sont monnaie courante, plusieurs noms nous viennent à l’esprit. Mike D’Antoni est toujours là, à Houston cette fois-ci. Chez les Rockets, le mini-ball a pris le pouvoir et le basket analytique règne en maître. On évite au maximum les shoots mi-distance, seuls les lay-ups/dunks et les tirs à 3-points sont acceptés. Cette saison, les Fusées sont deuxièmes de la NBA au nombre de points marqués ainsi qu’à l’efficacité offensive. C’est aussi D’Antoni qui avait permis aux Rockets de franchir un cap dès son arrivée en 2016-17, en transformant notamment l’arrière James Harden en véritable meneur de jeu, poste où le Barbu a tout de suite cartonné. On peut critiquer MDA sur plusieurs aspects, mais on ne peut pas dire qu’il n’est pas créatif. Autre incontournable, Steve Kerr, qui a régné sur la NBA ces dernières années avec ses Warriors. Sous l’impulsion notamment des Splash Brothers puis avec Kevin Durant, les Dubs ont été historiquement dominants depuis l’arrivée de Stevie sur le banc de Golden State en 2014, bouleversant la Ligue à travers leur adresse extérieure et leur jeu collectif redoutable. Avant la chute de cette saison, les Warriors ont enchaîné cinq Finales NBA avec trois titres en poche. Successeur de Mark Jackson, Kerr n’avait jamais coaché en NBA avant d’arriver dans la Baie, mais son impact fut immédiat, lui qui a notamment côtoyé Phil Jackson, Gregg Popovich et Mike D’Antoni durant sa carrière de joueur et de dirigeant. Il s’est inspiré de ces gars et de leurs systèmes pour en faire sa propre recette et ainsi maximiser l’attaque californienne (avec l’aide aussi de l’actuel coach des Pelicans Alvin Gentry, assistant de Kerr à l’époque et ancien coach des Suns après MDA). Plus de mouvement, que ce soit avec ou sans ballon, plus de passes, plus de rythme, plus de shoots en sortie d’écran, du small ball… c’est vite devenu infernal pour les adversaires, qui ont tenté de s’adapter du mieux possible. Incontestablement, il y a eu un avant et un après Warriors version Stephen Curry en NBA.
Parmi les meilleures attaques de la NBA aujourd’hui, on a les Bucks coachés par Mike Budenholzer, qui tournent à plus de 118 points par match. L’attaque de Milwaukee a explosé depuis l’arrivée de Bud en 2018, qui a notamment introduit un jeu rapide en mettant l’accent sur le spacing autour du Giannis Antetokounmpo (qu’on peut appeler la “five-out offense”, avec cinq joueurs derrière la ligne à 3-points en même temps en début de possession), avec par exemple un pivot comme Brook Lopez en mode sniper. De la transition, beaucoup de shoots du parking, des pénétrations, tout ça dans le but de profiter au maximum des énormes qualités du Freak, inarrêtable quand il arrive en bombe vers le cercle et capable de trouver les coéquipiers ouverts. On tient aussi à mentionner le travail effectué par Rick Carlisle à Dallas, qui possède l’attaque la plus efficace de la NBA à l’heure actuelle. Le coach des Mavs a évidemment un prodige sous la main avec Luka Doncic, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut sous-estimer son boulot. Connu pour sa “flow offense”, qui comme son nom l’indique consiste en gros à suivre le flow du jeu en s’adaptant en direct à la défense adverse au lieu d’appeler des jeux spécifiques et finalement assez prévisibles, Rick est une référence et ce n’est pas le coach des Celtics Brad Stevens qui dira le contraire : “La vitesse d’exécution est à un niveau supérieur par rapport à beaucoup d’autres équipes. Ils se téléportent pour poser des écrans, leur spacing est exceptionnel, et ils ont beaucoup de joueurs techniques. Il ne faut pas avoir un temps de retard contre eux, car sinon vous avez deux temps de retard”. Tiens, en parlant de Brad Stevens, il a lui aussi sa place ici. Le coach des Celtics s’est notamment fait une réputation très solide quand il s’agit de mettre en place des systèmes offensifs bien kiffants en sortie de temps mort. Et d’une manière plus générale, les Verts montrent un jeu collectif séduisant, avec du rythme et beaucoup de mouvement, tout ça dans une atmosphère assez small ball. Cette saison, après l’échec de l’an passé, on a revu une belle équipe de Boston, qui s’est appuyée sur les capacités de ses joueurs extérieurs avec notamment Kemba Walker, Gordon Hayward, Jaylen Brown et Jayson Tatum dans le cinq. Avec ce beau mélange de talent, de polyvalence et de qualités athlétiques, les Celtics n’ont pas été faciles à défendre. Du Stevens basketball.