Le point sur les ailiers made in France, since l’Antiquité : pionniers, snipers et gros caractères au programme

Le 08 mai 2020 à 12:56 par Giovanni Marriette

ailiers français 3 mai 2020
Source image : montage TrashTalk via YouTube

Semaine thématique et amour de notre patrie obligent, on s’attaque aujourd’hui à un petit état des lieux du poste 3 en France. Qui ont-ils été, qui sont-ils, qui sont leurs réseaux et qui seront-ils dans quelques années, on tente de balayer tout ça en respectant tout le monde et en n’oubliant le moins de copains possible, de Charlotte à Detroit en passant par Limoges, Pau, Villeurbanne ou Saint-Rémy dans le 01.

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On n’oublie pas les anciens

De tous temps la France a su former de vrais postes 3, physiques de déménageurs, snipers ou un peu des deux. L’un des premiers à avoir émergé ? Un certain Christian Baltzer, bien connu du côté du Mans puisqu’il y exerça longtemps le rôle de prési après y avoir joué plus de dix ans. Mulhouse tout d’abord, Le Mans ensuite, mais aussi presque 150 sélections en EDF, vrai daron. Baltzer, mais aussi Louis Bertorelle, probablement Loulou pour les intimes, qui l’aura accompagné en EDF dans les années 50, ou encore Maxence Dorigo, sniper élégant de Bagnolet quelques années plus tard, puis encore un peu plus tard Eric Beugnot, décidément il est des familles que l’on ne cesse de mentionner. 2 mètres et 100 kilos, hello le LeBron des Ardennes, des titres de champion et plus de 200 sélections en Bleu, ça commence à causer. La bise également à Patrick Cham, fusion chelou entre Patrick Chêne et Lionel Chamoulaud (pas du tout) mais surtout identifié comme un freak défensif solide dans les années 80, ça commence à jumper vénère à l’aube des nineties.

Mais tout ce petit monde s’incline évidemment devant la patte folle… d’Herve Dubuisson. Détenteur de tous les records nationaux et même probablement de records qui n’existent même pas, le Dub est assurément l’une des plus belles pépites jamais vues sur les terrains de basket français. Des matchs à cinquante pions, un détour par la NBA sans pour autant avoir sa chance, une longévité exceptionnelle, un poignet légendaire et une détente à lui faire gagner des Dunk Contest, le cocktail est parfait et pendant plus de… 25 ans RV cartonnera absolument toutes les défenses de l’Hexagone. Aujourd’hui le Dub s’est mis en retrait après une période compliquée due à un terrible accident de la circulation mais le souvenir laissé par l’élégant ailier est inoubliable, il est celui du plus grand shooteur de l’histoire de notre pays, tout simplement.

Les enfants de Dubuisson ? Bienvenue à une période où le basket français se déroule essentiellement entre Limoges, Pau-Orthez et Villeurbanne. Parmi les ailiers dominants de l’époque ? Yann Bonato, pur-sang limougeaud puis villeurbannais, absent malheureux de la finale des Jo 2000, Hughes Occansey, Stéphane Risacher ou encore les Palois Laurent Patte Folle Foirest et Didier Gadou, ces cinq hommes s’étant probablement partagé tous les paniers à 3-points en France de 1990 à 2004 environ. Et dans les 2000’s ? Impossible de ne pas mentionner Tariq Abdul-Wahad, ex Olivier Saint-Jean et surtout premier homme français à fouler un parquet NBA avec les Kings, Mickael Gélabale, toujours aujourd’hui l’un des plus gros palmarès de l’histoire du basket français, ou encore Yakhuba Diawara, dont le surnom de Yak a au moins autant à voir avec son prénom qu’avec la puissance de l’animal du presque même nom.

La génération actuelle

Qui dit poste 3 en France depuis dix ans dit évidemment Nicolas Batum. Même si en NBA Batman a oscillé entre les postes 2 et 3, même si dernièrement l’Equipe de France l’a parfois utilisé en petit 4, Nico est un vrai ailier polyvalent, un vrai two-way player au QI Basket plus développé que la moyenne. On vous arrête tout de suite, le Batum 2020 a beau être pris dans la tempête à cause d’un contrat hallucinant compte tenu de sa production actuelle (quasi-nulle), celui dont on parle aujourd’hui est tout simplement l’un des joueurs les plus all-around de l’histoire de Gaule et l’un de ses internationaux les plus fidèles, les plus talentueux et les plus titrés. Vrai role player en NBA avec les Blazers et à son arrivée à Charlotte, Nico a également en sa possession une collection de bijoux que peu de Français peuvent se targuer d’avoir avec deux médailles de bronze mondiales et une breloque européenne de chaque couleur, avec en point d’orgue de sa carrière internationale le titre de champion d’Europe 2013 en Slovénie. 145 sélections et désormais un rôle de capitaine des Bleus, en espérant un soubresaut essentiel dans sa carrière NBA, histoire de calmer un peu les rageux qui semblent avoir réponse à tout et tout le temps.

Pour backer Nico au poste 3 en France ? On peut citer aujourd’hui l’Homme Charles Kahudi, bûche humaine ayant fait les beaux jours du Mans avant de devenir l’une des coqueluches de l’ASVEL et de l’EDF, mais aussi le 3 and D athlétique Axel Toupane ou encore Timothe Luwawu-Cabarrot, William Howard ou Jérémy Leloup. Du shoot, du shoot et encore du shoot, plutôt logique me direz-vous lorsque l’on aprle d’un poste que vos grands oncles appellent encore “ailier shooteur”.

Future is bright

Parmi les étoiles montantes du poste 3 en France, impossible de ne pas citer Sekou Doumbouya, poste 3/4 plein de promesses, entrevu cette saison du côté de Detroit et auteur d’un exercice rookie aussi excitant que grisant. Un potentiel athlétique ahurissant mais une maturité encore en travaux, une marge de progression affolante mais l’obligation de se mettre sérieusement au taf, le tout bien brassé nous donnant l’espoir de voir grandir l’un des futurs étendards du basket français. Y’a de la longueur, y’a du shoot, y’a de la défense, et physiquement on est même face à une espèce de freak au corps quasiment jamais vu en France à ce niveau. Des mensurations de freak que l’on peut également attribuer à Jaylen Hoard, autre débutant NBA en 2020 mais de manière beaucoup plus discrète à Portland, l’ancien étudiant de Wake Forest ayant pour sa part encore un peu de chemin avant de devenir ne serait-ce qu’un joueur de rotation dans la grande ligue. Deux lianes en tout cas à même de viser les étoiles à moyen-terme, Paris 2024 par exemple, deux bonnes raisons de sourire quant au futur des Bleus au très haut niveau.

Quasiment 70 ans de postes 3 balayés, on en a évidemment oublié plein parce qu’ici c’est TrashTalk et pas le Dico, mais une chose est sûre : la France a depuis toujours été capable de former de vrais ailiers, de vrais bras… et l’avenir nous réserve peut-être de plus grandes victoires encore.