Kyle Lowry, de la consternation à la consécration : comment changer son image en l’espace de deux ans
Le 13 avr. 2020 à 13:35 par Bastien Fontanieu
La NBA et son mythe apportent des métamorphoses qui, parfois, peuvent changer la carrière d’un homme. Un homme comme Kyle Lowry, pointé du doigt par le passé et adoubé par toute la planète basket en un instant. Retour sur une transformation saisissante.
C’est fou ce qu’une bague peut changer. Fou de voir, dans l’histoire, comment le jugement porté sur un joueur peut basculer à partir du moment où la bague est enfilée au doigt. Depuis des lustres, la NBA et ses fans se pointent au même temple en respectant ce même principe. Il y a les winners d’un côté, et les losers de l’autre. Enchaînez les saisons stratosphériques, échouez au printemps, et vous serez moqués en permanence. Accumulez les titres, acceptez quelques erreurs, et vous serez respectés ad vitam eternam. Le cas Lowry est saisissant en ce sens. Arrivé à Toronto en 2012, le meneur s’était fait une solide réputation par son travail, son sens du collectif et sa témérité. Un pitbull irritant, jouant avec les arbitres, avec le feu aussi, mais frustrant des milliers de fans parce que les Raptors n’arrivaient pas à passer un cap. Les remarques étaient les mêmes, il y a encore deux ans. Encore une grosse saison régulière, encore une campagne de All-Star, mais on sait que Lowry va craquer en Playoffs. On sait qu’il va buter sur LeBron, qu’il va envoyer de la brique à tout-va, et on sera encore là pour l’annoncer l’année suivante. Jusqu’à la saison 2018-19, le thème restait le même pour Kyle. Comme si rien n’allait changer. Comme si son statut allait être cimenté dans l’histoire, celui d’un meneur compétitif, bon coéquipier, mais pas de quoi en faire une tonne. Puis il y a eu cette bague, la consécration.
Au centre de cette épopée fantastique, qui verra Toronto accrocher sa première bannière au plafond de la Scotiabank Arena, Lowry va changer. Il va s’ajuster, montrer de nouvelles qualités, mais surtout profiter de la tradition NBA pour parfaire son image. Le choker des Playoffs va d’abord attirer quelques foudres, merci DJ Augustine, puis monter en température. Un bon round face à Philadelphie, un gros round face aux Bucks, et le point d’exclamation face aux Warriors. Serrant les poings en accédant aux Finales NBA, sautant de joie lors du buzzer final à l’Oracle Arena, le vétéran connaîtra ce que tout basketteur professionnel désire : le titre, l’adoration collective, et le respect de tous. Car oui, en l’espace d’une saison, c’est tout un discours qui va changer autour de Kyle. La preuve ? Aujourd’hui, que pensent la plupart des observateurs lorsque le sniper est mentionné ? On parle d’un champion, d’un joueur qui a persévéré à Toronto, un type qui a encore élevé son niveau de jeu pour permettre aux Raptors de rester au top de la Conférence Est. On parle d’un crack défensif, d’un mec devenu trending en plein All-Star Game, parce qu’au beau milieu de toutes ces superstars, c’est lui qui prend des passages en force et mène les siens dans le money-time. Cette image, elle n’existait pas il y a deux ans. Elle était inconcevable, on ricanait en parlant de Lowry aux côtés de DeMar DeRozan. Il est stupéfiant et réjouissant de voir comment les qualités intrinsèques de ce garçon sont devenues des références sur le devant de la scène mondiale, et ce même s’il nous envoie de nouvelles briques lors des prochains Playoffs, sans la présence d’un joueur Top 5 pour le sauver en cas de maladresse. Oui, il y a de bonnes chances pour que Kyle nous refasse douter. Et oui, il y a de bonnes chances pour qu’il ne regagne pas de titre à Toronto. Mais en quelques mois, en une saison et des poussières, c’est toute l’image d’un joueur qui a changé.
Il est impossible de ne pas penser à des joueurs comme James Harden, Russell Westbrook, Carmelo Anthony et compagnie, quand on voit la trajectoire connue par Kyle Lowry en deux ans. La bague, c’est ce qui vous définit dans l’élite. Et la gloire, elle est venue au meneur pour changer à jamais sa place dans l’histoire.