Luguentz Dort, la dernière pépite de Montréal : two-way contract et starter au Thunder, cherchez l’erreur

Le 07 avr. 2020 à 13:51 par Benoît Carlier

Luguentz Dort 6 avril 2020
Source image : YouTube/NBA TV Canada

Il est francophone, titulaire au Thunder et pourtant on a encore du mal à écrire son prénom sans se tromper. Signé en two-way contract au début de la saison, Luguentz Dort n’a pas mis longtemps à s’imposer en NBA. C’est le conte de fées de 2020, à lire avec l’accent québécois évidemment.

Enfant de Montréal, il quitte son nid pour rejoindre Arizona State en 2018. L’arrière marche sur les traces d’un autre grand joueur de l’histoire du programme où James Harden avait fait ses gammes entre 2007 et 2009. Mais malgré des moyennes de 16,1 points, 4,3 rebonds, 2,3 assists et 1,5 interception en 31 minutes, Luguentz ne parvient pas à être repêché (on se met dans l’ambiance) par une franchise NBA lors de la grande messe au mois de juin. Tant pis, il prendra un chemin un peu plus sinueux en signant un two-way contract à Oklahoma City au tout début de la Free Agency. En pleine reconstruction, le Thunder possède quand même du beau monde sur ses lignes arrière et la concurrence s’annonce relevée pour celui qui sort d’un one-and-done chez les Sun Devils. Comme prévu, le début de la saison se déroule en G League avec le Blue. Dort attend patiemment son heure et tente de montrer toute l’étendue de son potentiel avec des statistiques qui ne tardent pas à attirer l’attention de Billy Donovan à quasiment 20 points et 5 rebonds par match. Appelé pour la première fois sur les planches de la Grande Ligue le 6 décembre face aux Wolves, les débuts sont au moins aussi timides que son ascension sera fulgurante dans la rotation de l’équipe.

Après une série de cinq matchs au Thunder, il est renvoyé se faire la main dans la ligue de développement. Il revient pour deux victoires fin décembre avant un retour définitif, à partir de la mi-janvier. Auteur d’une apparition solide face aux Blazers en l’absence de Terrance Ferguson, son coach lui annonce qu’il va démarrer dans le cinq majeur face à The Beard le surlendemain. Un beau challenge pour ce shooting guard athlétique particulièrement reconnu pour sa défense sur l’homme depuis des années. Mais il n’avait jamais croisé le MVP 2018, accessoirement l’un des meilleurs attaquants de sa génération jusqu’alors. Un peu intimidé par cette soudaine confiance, le Québécois va relever le défi avec brio, faisant passer une soirée cauchemardesque à l’ancienne star de son université. Vous vous rappelez de son fameux 1/17 derrière l’arc ? C’était lorsque Lulu avait squatté le short de James Harden en défense toute la soirée. Une grande réussite qui va conforter Billy Donovan dans son choix puisque le rookie ne va plus sortir du starting five après ça, même au retour de Ferguson, formant un trident de petite taille avec Shai Gilgeous-Alexander et Chris Paul.

Perimeter defense, then perimeter offense 💦@luguentz | #ThunderUp pic.twitter.com/G5MJG5EmsV

— OKC THUNDER (@okcthunder) January 20, 2020

Capable de défendre sur plusieurs positions et régulièrement en charge du meilleur scoreur adverse, Luguentz Dort est aussi capable de petits cartons offensifs comme lors de son career-high face aux Kings le 29 janvier avec 23 points à 5/6 aux tirs longue distance ou bien ses 15 pions à 6/6 au shoot face aux Spurs. En débutant son quinzième match consécutif fin février, il est même devenu le joueur en two-way contract avec le plus de titularisations depuis la création de ce type de deal au début de la saison 2017-18. Pour profiter au max de son talent, le Thunder a même mis en place une stratégie afin d’optimiser ses 45 jours de présence autorisés avec le groupe. C’est ainsi qu’un starter ne s’entraîne pas avec le reste de l’équipe durant la saison et se contente de séances vidéo pour rester au courant des derniers systèmes mis en place à OKC pour ne pas être complètement largué sur le terrain. Filous ! A un moment, il va quand même falloir songer à sortir le chéquier pour garantir le contrat d’une pièce essentielle de la réussite du Thunder cette saison (16-5 lorsqu’il est dans le cinq majeur). Car avec ses 79 568 dollars de contrat actuellement, Luguentz Dort est de très loin le meilleur rapport qualité-prix de toute la Ligue avec une marge totalement indécente. Sam Presti a eu le nez creux, il doit maintenant mettre la main à la poche pour sécuriser la progression de son poulain avec OKC.

Parmi les 60 joueurs en two-way contract­ cette saison, Lu Dort est le deuxième joueur le plus utilisé derrière Ky Bowman et ses 22,6 minutes de moyenne au sein de la pire équipe de NBA. A l’inverse, il évolue en tant que titulaire dans une équipe qui était à un match d’obtenir l’avantage du terrain au premier tour des Playoffs avant la suspension de la saison avec des moyennes de 6,2 points, 1,9 rebond et près de 1 steal par match au bout de 29 rencontres dans la Grand Ligue. En quelques mois, il est ainsi passé d’un no-name à l’un des francophones les plus hype du circuit en réussissant à passer devant Terrance Ferguson, Hamidou Diallo et Abdel Nader dans la rotation. Le produit québécois rejoint ainsi Chris Boucher et Khem Birch comme les grands espoirs de la nouvelle génération montréalaise qui commence à être prise au sérieux outre-Atlantique. De bon augure avant le TQO pour Tokyo 2021 où Nick Nurse ne devrait pas hésiter très longtemps avant de le convier.

Luguentz Dort n’a pas tardé à se faire un nom dans la Grande Ligue et le Thunder doit désormais valider ce changement de statut avec un contrat garanti digne de ce nom. Sam Presti sait qu’il n’a pas le choix car de nombreuses autres franchises sont déjà à l’affût pour ce two-way player capable d’avoir un impact des deux côtés du terrain dès sa saison rookie. James Harden l’a aidé malgré lui, c’est beau la solidarité entre anciens étudiants de la même fac quand même.


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