Aux côtés de Chris Paul, Shai Gilgeous-Alexander a explosé au Thunder : comme quoi, ça peut servir d’avoir un mentor à 40 briques

Le 07 avr. 2020 à 14:07 par Nicolas Meichel

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Cinquième à l’Ouest alors qu’on l’attendait dans les profondeurs du classement après les départs de Russell Westbrook et Paul George, le Thunder a surpris tout le monde sous l’impulsion notamment de son nouveau duo composé de Chris Paul et Shai Gilgeous-Alexander. Ce dernier, arrivé l’été dernier dans le cadre du trade de PG-13, a montré une magnifique progression et CP3 n’est pas étranger à cela. 

Avant le début de la saison, quand on était en mode preview, on avait fait un focus sur Shai Gilgeous-Alexander avec comme titre “SGA, symbole de la reconstruction du Thunder : OKC tient une nouvelle pépite qui ne demande qu’à exploser”. On avait souligné le talent, la maturité et le potentiel du jeune homme après une campagne rookie prometteuse, tout en mettant en avant le rôle que pouvait avoir une référence comme Chris Paul dans son développement cette saison. Six mois plus tard, on peut dire qu’on a eu le nez fin, même s’il ne fallait pas non plus être James Naismith pour imaginer l’apport d’un Cipi Fruit pour un jeunot comme Shai. Car si Cricri est le joueur qui a représenté le Thunder au All-Star Game de Chicago en février dernier, Shai Gilgeous-Alexander est peut-être celui qui symbolise le mieux la belle saison d’Oklahoma City, franchise censée être en reconstruction mais classée cinquième à l’Ouest au moment de la suspension de la saison avec un bilan de 40 victoires pour 24 défaites. Associé à Paul dans le cinq, SGA a vu son temps de jeu augmenter de façon significative par rapport à sa première saison NBA chez les Clippers l’an passé, et il a profité de son nouvel environnement pour montrer de quoi il était véritablement capable. 63 matchs joués, 35 minutes en moyenne contre 26,5 à Los Angeles, et des stats de 19,3 points (meilleur marqueur de l’équipe s’il vous plaît, juste devant Danilo Gallinari et Dennis Schroder), 6,1 rebonds et 3,3 passes décisives, tout ça accompagné par des pourcentages très solides, avec 47,3% de réussite au tir dont 35,1% de loin et 80,1% aux lancers francs. SGA s’est même permis de marquer l’histoire en devenant le plus jeune joueur à réaliser un triple-double avec 20 rebonds au compteur. Très propre le garçon, à tel point que son nom est parfois apparu dans les discussions pour le match des étoiles ainsi que pour le titre de Meilleure Progression de la saison.

Chris Paul, mentor de luxe pour SGA

Le leadership de Chris Paul, son QI basket et son expérience font partie des éléments qu’on ne voit pas dans une ligne de stats mais qui sont très précieux pour une équipe, en particulier si cette dernière est composée de beaucoup de jeunes joueurs. De l’extérieur, on ne se rend pas forcément compte de l’apport que peut avoir un vétéran comme CP3 dans le vestiaire et auprès d’un mec de 21 piges tel que Shai Gilgeous-Alexander. On préfère plutôt faire des blagounettes sur son contrat. Sauf que les résultats du Thunder cette année ainsi que les performances individuelles de SGA parlent en sa faveur.

“Certains jeunes joueurs n’acceptent pas de se faire guider car ils croient tout savoir. Si le jeune joueur a conscience de ce que peut apporter Chris Paul, alors c’est un grand avantage pour sa carrière. Chris est un alpha, un leader. […] Ce n’est pas aussi commun qu’on ne le croit. Des mecs comme lui, il n’y en a pas un ou deux par équipe NBA. Certaines équipes n’en possèdent aucun. Il est très spécial.”

– Gregg Popovich, via The Athletic.

Dès l’intersaison, Paul a pris Shai sous son aile et les deux ont construit une relation sympatoche qui a permis à SGA de grandir dans la sérénité et de franchir un cap peut-être plus rapidement que prévu, formant ainsi un duo redoutable dans le cinq du Thunder. Quand vous évoluez aux côtés d’un vieux de la vieille comme CP3, qui connaît absolument tous les rouages du jeu et qui est l’un des plus gros compétiteurs en NBA, c’est un plus non-négligeable, autant sur le court terme que sur le long terme. Quand vous pouvez analyser vos erreurs et les corriger grâce aux conseils d’un Chris Paul, ça aide. Certains joueurs très talentueux et au grand potentiel n’arrivent jamais vraiment à exploser car ils évoluent dans un environnement qui n’est pas propice à la progression, en atterrissant par exemple dans des franchises claquées ou en étant tout simplement mal entourés. Le talentueux Shai est bien tombé en jouant dans une franchise reconnue pour sa capacité à repérer et développer les jeunots, mais il a surtout le luxe d’avoir à ses côtés un Point God qui n’hésite pas à le pousser pour maximiser son potentiel des deux côtés du terrain, tout en s’assurant qu’il garde la tête sur les épaules.

“Je sais que je suis probablement un fardeau pour Shai. […] Il y a des choses que je n’arrête pas de lui répéter et parfois, il est fatigué d’entendre le même refrain, mais il commence à comprendre pourquoi” a déclaré Paul dans l’article de The Athletic.

Talentueux, travailleur et bien dans sa tête, Gilgeous-Alexander n’a pas attendu d’évoluer avec Chris Paul pour briller. Comme dit plus haut, SGA avait déjà montré de très belles choses aux Clippers la saison dernière lors du beau parcours de l’autre équipe de Los Angeles, qualifiée en Playoffs avant d’être éliminée au premier tour par les Warriors. Le coach Doc Rivers n’avait d’ailleurs pas hésité à l’encenser et c’est uniquement pour récupérer une superstar comme Paul George – afin de signer Kawhi Leonard derrière – que les Clippers ont accepté de le lâcher. Mais difficile aujourd’hui d’ignorer l’importance de CP3 dans son rôle de mentor. Difficile de ne pas sentir son influence sur le gamin de 21 ans quand on voit Shai cartonner sur les parquets et jouer comme un mec possédant déjà de la bouteille, avec son propre style et des qualités bien à lui.

Quand Chris Paul est arrivé chez le Thunder, on se demandait ce qu’il allait bien pouvoir foutre à Oklahoma City. On se demandait comment le vétéran et le jeunot Shai Gilgeous-Alexander allaient cohabiter sachant que ce dernier est également un joueur de backcourt qui évoluait souvent à la mène à Los Angeles. Finalement, on a eu droit au meilleur scénario possible, et ce n’est que le début de l’ascension pour SGA.