Chris Paul est de retour parmi les étoiles : le Point God prend peut-être 40 millions par an, mais il en vaut au moins la moitié

Le 07 avr. 2020 à 13:49 par Giovanni Marriette

Chris Paul
Source image : YouTube

1er juillet 2018. Chris Paul devient la punchline la plus à la mode en NBA et pour cause, le meneur des Rockets vient de signer une extension de contrat et touchera donc… 160 millions de dollars sur les années à venir. 37 millions, puis 38, puis 41 et enfin 44 millions en 2021-22, l’année de ses… 37 ans. Si celui que l’on surnomme à raison le Point God est l’un des meilleurs meneurs de l’histoire, faut pas pousser Mémé dans les orties et CP3 prouve surtout à ce moment-là qu’il est un fabuleux businessman et un délicieux arriviste.

Tout aussi fort qu’il est, Chris Paul s’attire donc les foudres des observateurs, qui le démontent alors en pointant du doigt son palmarès vierge, sa lose légendaire – due plus souvent à des blessures qu’à des contre-performances – et la manière avec laquelle il a saigné en un coup de griffe les finances des Rockets, et peut-être par la même occasion leurs chances de gagner un titre. Bah ouais, quand t’as deux mecs qui prennent environ la moitié du salary cap de ta franchise, les teammates ont intérêt d’être 1) pas jaloux et 2) efficaces. Dans le coin des défenseurs de la nouvelle tête de turc ? Disons que les derniers Playoffs ont tout de même confirmé que Chrissou était un immense joueur, et que sans ce foutu genou qui a grincé – une nouvelle fois – au pire des moments, on ne parlerait peut-être pas aujourd’hui de dynastie chez les Warriors. Mais les mémoires sont courtes et en ce début d’été 2018 Chris Paul rime avec boulet, c’est triste mais il faudra bosser très dur pour se défaire de cette réputation de braqueur, un peu à l’image d’un Mike Conley qui signait à l’époque le plus gros contrat de l’histoire avec 153 millions sur 5 ans, record très vite battu mais une étiquette qui collera longtemps à la peau de l’ancien meneur des Grizzlies.

Un an et demi plus tard ? Chris Paul n’a pas spécialement prouvé qu’il valait ces 160 millions mais il a au moins réussi… à faire taire une partie de la plèbe. Ça commençait plutôt mal d’ailleurs, le premier vrai highlight du nouveau riche étant… une grosse générale déclenchée via un jeu de main jeu de vilain avec son ennemi juré Rajon Rondo. Le mec prend seize milliards de centimes et n’a rien d’autre à foutre que de se battre comme un chiffonnier, voilà où on en est. Pire, Chris Paul réalise tout simplement le pire début de saison de sa carrière, dans les chiffres comme dans l’attitude, et semble totalement déconnecté de la vie de son équipe. Melo se fait tej, Eric Gordon se plaint, Mike D’Antoni tire la gueule, les fans en chient, et pendant ce temps-là Chris… préfère déclarer que personne n’est capable de jouer les Rockets en 7, mais s’il te plaît Chris veux-tu fermer ta gueule et jouer au basket, merci, au revoir. Une blessure et un mois d’absence plus loin, Chrissou remettra un poil le bleu de chauffe, encore heureux, mais au bout du compte ce sont encore les Warriors qui terrasseront Houston en Playoffs, sans excuse cette fois-ci. Défaite de trop, notre multi-millionnaire qui semble avoir atteint le point de non-retour avec James Harden, et une aventure dans le Texas qui a tout l’air de connaître ses derniers chapitres. La cote de Chris Paul est alors au plus bas. Un an auparavant il semblait être l’un des seuls joueurs de la Ligue capable de mettre à mal la domination des Warriors ? Aujourd’hui CP3 est une épine dont on voudrait se débarrasser, disponible sur le marché des transferts mais malicieusement ignoré par quasiment tout le monde à cause de son salaire. Tout va trop vite…

Tout va trop vite car il est alors utile de rappeler que Chris Paul reste un joueur de type Hall Of Fame, comme on n’en voit que très peu, mais que ce foutu contrat signé le 1er juillet 2018 semble avoir agi tel une malédiction sur l’ancienne idole du Staples Center. A l’été 2019 c’est donc dans la rubrique transferts que l’on retrouve chaque jour CP3, tantôt annoncé à Philly, tantôt à Miami, tantôt à la Société Générale. Et le 12 juillet, à 2h26 précises… Chris Paul est envoyé avec du pick de Draft en pagaille à… Oklahoma City contre… Russell Westbrook. La Free Agency avait débuté de manière phénoménale, elle devient tout simplement all-time et Chris Paul se retrouve donc… là où tout avait commencé pour lui en 2005, même si la rumeur du moment ne laisse que très peu de chances à une installation définitive du Point God à OKC. En effet, difficile en tant que franchise de se projeter… avec un vétéran à plus de 40 millions la saison, et tant qu’à reconstruire autant le faire avec des gamins qui en veulent. Le blase du futur ex meneur du Thunder est donc cité un peu partout et notamment du côté de Miami, mais sûrement pas dans l’Oklahoma où l’on exhorte le joueur à ne même pas ouvrir sa valise. Sauf que le temps passe, personne ne veut de la patate chaude… et c’est finalement avec le Thunder que Chris Paul débutera la saison. C’est pas comme s’il y avait un embouteillage à la mène avec le talentueux Shai Gilgeous-Alexander – débarqué quelques jours plus tôt de Los Angeles – et Dennis Schroder, qui va donc devoir jouer les remplaçants une saison de plus, mais allons-y hein, on verra bien ce que ça donne.

Puis soudain, Chris Paul rappela à tous quel genre de joueur il était

Assez incroyable, le fantastique joueur qu’est Chris Paul est désormais la cible de toutes les attaques et à en croire une partie de la communauté NBA le mec est devenu un espèce de sous-Raymond Felton. Sauf qu’en quelques mois seulement le meneur dix fois All-Star va se rappeler au bon souvenir des ses meilleures années. Brooklyn, Dallas, Chicago, Portland, autant de franchises défoncées cette saison par le Point God, redevenu indéboulonnable dans la hiérarchie des meilleurs postes 1 de la Ligue et investi d’un nouveau rôle avec les jeunes du Thunder : celui du mentor parfait. A ses côtés Shai Gilgeous-Alexander donne la pleine mesure de son immense potentiel, Dennis Schroder devient l’un des (le ?) meilleurs sixièmes hommes de la Ligue, et surtout… OKC gagne, gagne beaucoup même. Chris Paul is back, et avec lui ce sentiment revenu de voir jouer le meneur le plus propre de sa génération. CP3 est bon, il parle toujours autant mais il est redevenu clutch, il est d’ailleurs tellement bon qu’il sera sélectionné en février pour son premier All-Star Game depuis 2016, et il est d’ailleurs tellement bon qu’il en sera l’un des héros, en bon vétéran respecté qu’il est. Toujours aussi létal sur pick and roll, toujours aussi tueur dans le money time, la tête est dressée plus que jamais sur les épaules et bizarrement… on parle beaucoup moins de sa fiche de paie. Car si le Thunder semble parti pour un vaste projet de reconstruction, la présence de Chris Paul pour chapeauter tout ça n’apparait plus aussi étrange que ça pour servir de relai entre un coaching staff et un roster parmi les plus jeunes. 17,7 points, 6,8 passes, 1,6 steal, l’un des meilleurs pourcentages au tir de sa longue carrière et une petite dizaine de fins de matchs saignées ? On peut clairement parler de saison réussie, pas de renaissance car Chris Paul n’est jamais mort mais plutôt de convalescence réussie car la blessure morale semblait assez profonde.

7 avril 2020, et voilà où on en est. Après une saison à jongler entre le mauvais et le très moyen, après quelques longs mois à tenter de faire oublier ce foutu contrat, Chris Paul est aujourd’hui de retour dans un débat qui lui ressemble plus, celui des meilleurs meneurs de la Ligue. A 34 ans son rôle lui ressemble plus que jamais, et après le temps du tutorat viendra celui des questions. Finir sa carrière en visant un titre ? Jouer les mentors et assurer l’image d’un gentleman ? Les deux ? Rendez-vous dans deux ans et d’ici-là, profite bien de ton argent, tu l’as presque mérité.