Daryl Morey a fait all-in : ça devait être fun en Playoffs, on ne le saura peut-être pas, maintenant on fait quoi ?

Le 06 avr. 2020 à 22:02 par Bastien Fontanieu

Daryl Morey 15 octobre 2020
Source image : NBA League Pass

Ce n’est pas le nom que l’on prononce en premier lorsque l’on parle des Rockets, et pourtant c’est peu dire s’il arrive vite sur la langue des passionnés de basket. Stratège aux commandes de Houston depuis un bon bout de temps, Daryl Morey a tout tenté cette année… sans qu’on puisse savoir ce que cela aurait donné. Du coup, on a des questions à se poser.

Nombreux furent les événements qui marquèrent cette saison NBA 2019-20, du transfert de D’Angelo Russell à la traque au Andre Iguodala, en passant par les dégustations de Dion Waiters ou les débuts de Zion Williamson. Des souvenirs, on en a plein, et on en a eu plein. Mais au milieu de ce fabuleux manège, Houston nous a régalé en tentant une expérience assez incroyable en plein milieu de saison. Fuck les grands joueurs, le small ball on va le pousser à son paroxysme et proposer une mini-révolution en interne puis devant toute la planète basket. C’était en plein hiver, et en l’espace de quelques échanges, les Rockets sont devenus une véritable équipe de nains, sans trop d’options de taille dans la raquette mais avec un paquet d’options sur les ailes. C’était, au premier regard, pointé du doigt en ricanant, pensant que cela n’aurait aucun sens. C’était, au second coup d’oeil, le point d’exclamation de l’ère Daryl Morey – Mike D’Antoni, voulant tout donner et tout tenter pour aller jusqu’au titre. Les mouvements, on en a assez parlé et vous pourrez les retrouver entre Jeff Green, DeMarre Carroll ou Robert Covington. Ce qui nous intéresse surtout ici, et ce qui nous pousse à la réflexion en cette full journée Rockets, c’est ce que ces décisions ont donné, vont donner, et combien de temps vont-elles durer.

Car la réalité qui dépasse les terrains et sent bon le siège en cuir, c’est celle d’un Daryl Morey qui a réalisé un véritable all-in. Le all-in d’une pensée rêvée depuis des années, envers et contre tous, acceptée et adorée par D’Antoni. Tant pis si les gens se moquent de nous, on ira jusqu’au bout du projet. Ce geste, celui de mettre tous les jetons au milieu de la table, c’est ce qui rendait notamment cette fin de saison ultra-excitante. Comment vont s’en sortir les Rockets ? Face à quelle équipe vont-ils pouvoir passer ? Et comment les adversaires vont s’ajuster ? On projetait un tour contre Denver, contre Utah, contre les Clippers, en se prenant la tête et en envisageant absolument tout. Tout, d’un fail au premier tour en passant par une qualif en Finales NBA et un peu le milieu des deux. Malheureusement, avec la pandémie actuelle et la suspension de la saison 2019-20 par la NBA, nous n’aurons peut-être pas l’occasion d’avoir la réponse à ces questions. Sous bien des aspects, les Rockets sont peut-être une des équipes les plus frustrées par cette série d’événements, quand on sait que du propriétaire Tilman Fertitta aux managers en passant par les entraîneurs et les joueurs, tout le monde voulait jouer la bague cette année. Ils le pensaient, et ils le disaient publiquement : c’est cette année, c’est peut-être la dernière. Pas parce que les joueurs sont proches de la retraite, mais parce que les prochains choix à faire chambouleront certainement la franchise. D’où ce all-in, un peu fou mais diablement excitant. Sachant que le pessimisme ambiant laisse penser que la saison 2019-20 ne reprendra pas, il y a de quoi soupirer dans les rues de Houston.

Et il y a de quoi suer à grosses gouttes dans le bureau de Morey. Comme dit à l’instant, lorsqu’on se penche assez naturellement sur les finances de Houston, on a envie de se dire que c’est reparti la saison prochaine. Harden, Westbrook, Gordon, Covington, House, des joueurs sous contrat donc attendus en 2021 sous le même maillot. Et pour peu que les discussions se déroulent bien avec PJ Tucker ou Austin Rivers en player option, les cadres de ce groupe peuvent revenir pour retenter leur chance. Seul problème, on le sait le contrat de Mike D’Antoni expire. Et qui dit contrat qui expire qui renégociations, qui peuvent aller du renouvellement au simple au revoir. On le sait, les discussions entre MDA et les représentants de Houston n’ont pas été bonnes en ce qui concernait l’avenir du coach dans le Texas. Mais qui va devoir prendre cette décision, en ce qui concerne D’Antoni ? Qui va devoir faire un choix, comme ceux récents, et déterminer la suite des aventures des Rockets ? Daryl Morey. Qui a expulsé Capela, poussé tous ses jetons sur la table et fait de son mieux après la chute du duo Harden – Paul pour garder son barbu content ? Daryl Morey. Et qui a été dans l’oeil du cyclone avant que la saison démarre, en se mettant la Chine à dos pour ses prises de position vis-à-vis de Hong Kong ? Daryl Morey. Ne mélangeons pas tout, il y a le sportif, le politique, et le laboratoire de l’intéressé. Ceci étant dit, il est indéniable que Morey va devoir regarder dans le rétro dans les semaines à venir et réaliser que, sur les 18 derniers mois, son bilan n’a pas été glorieux. Et avec un nouveau proprio qui veut une seule chose, virer ses employés la bague, la pression va monter dans la chemise.

Contractuellement, Daryl Morey est censé rester à la tête des Rockets jusqu’en 2021. Et cela ne devrait pas bouger, sauf cataclysme. Mais si ce all-in n’a pas de réponse sur les terrains et qu’un nouveau coach doit débarquer pour diriger l’équipe, quelle décision prendra le meilleur pote de la Chine ? Morey nous a souvent fasciné par ses choix, à lui de le rappeler en nous offrant le plus beau des spectacles sur les prochains mois.


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