Domantas Sabonis, au nom du père : si Arvydas a défoncé la porte, le fiston a commencé à le remercier à sa façon
Le 05 avr. 2020 à 12:34 par Giovanni Marriette
Si vous avez plus de quarante balais et que vous aimez le basket, le nom d’Arvydas Sabonis est forcément évocateur pour vous. Mais saviez-vous que le troisième de ses quatre grands enfants est sur le point d’atteindre les mêmes sommets que le papa ? Autre façon de voir les choses… si tu as quinze ans et que tu aimes le jeu près du panier de Domantas Sabonis… sais-tu que son père fut il y a une trentaine d’années l’un des meilleurs joueurs au monde ? Et qu’il fait aujourd’hui partie des légendes de ce jeu ? Allez, arbre généalogique pour tout le monde.
Il existe un bon paquet de duos pères/fils dans l’histoire de la NBA, ayant enfilé chacun à leur époque le short de l’une des franchises de la Grande Ligue, parfois même avec succès. On peut citer les plus connus histoire de vous mettre la puce à l’oreille, Dell et Steph Curry, Dolph et Danny Schayes, Tim Hardaway et Tim Hardaway Jr., Bill et Luke Walton, Rick et Brent Barry, Mychal et Klay Thompson, Jimmy Walker et Jalen Rose, Henry et Mike Bibby, Doc et Austin Rivers, Wes Matthews Sr. et Wes Matthews, Larry Nance et Larry Nance Jr. ou encore… Joe et Kobe Bryant. On peut également citer ces anciennes stars NBA qui auraient voulu transmettre le flambeau à l’un de leur rejeton mais… sans réussite, ne parvenant qu’à faire du petit un joueur professionnel à la force du nom de famille mais malheureusement pas bien plus, les Glen Rice Jr., David Stockton, Pat Ewing Jr. ou encore Gary Payton Jr., même si ce dernier s’avère ces derniers mois être un vrai défenseur solide même au plus haut niveau. Puis il y a les joueurs actuels dont on peine à se rappeler que le papa fut un jour un joueur NBA, ces messieurs Tito Horford, Gerald Henderson Sr., Press Maravich ou encore Stan Love.
Inspiration.
Une belle tripotée de jolies histoires de famille, et si quelques uns des fistons ci-dessus ont actuellement l’occasion d’honorer le blase familial, un autre a jumpé salement depuis quatre ans dans l’officieux ranking. Lui c’est Domantas Sabonis, intérieur des Pacers et All-Star cette saison, frère de Ausrine et Zygimantas (BC Pas de Basket) et de Tautvydas (deuxième division espagnole), mais surtout… fils d’Arvydas. Arvydas Sabonis ? Véritable légende du basket européen avec l’URSS (prononcer l’ursse pour faire plaire à votre prof d’histoire) et la Lituanie après l’indépendance mais également en NBA, autant dans le fond que dans la forme puisqu’en plus d’être l’un des premiers européens à traverser l’Atlantique… il emmena dans ses bagages 2m20 de QI basket comme on en a rarement vu dans toute l’histoire de la Ligue, sans exagération aucune. En 1996 le magicien est affairé à lutter contre les biceps saillants d’un certain Karl Malone en Playoffs, et si celui que l’on surnomme Sabas au pays cartonne avec 23,5 points de moyenne sur la série, c’est pas mal pour un rookie hein, entre deux matchs face au Jazz c’est l’arrivée au monde du troisième de la famille, un certain petit Domantas. L’histoire est en marche, dans la raquette bien sûr.
Vingt ans plus tard ? Bienvenue chez le grand petit Domas, et après deux saisons à apprendre les rudiments du jeu au poste à Gonzaga, le rejeton est sélectionné par le Magic avec le onzième choix de la Draft 2016. Échangé immédiatement par ce génie de Rob Hennigan avec Victor Oladipo contre Serge Ibaka, c’est donc dans l’Oklahoma que le blondinet fait ses classes. Les stats sont alors timides mais le garçon est titulaire aux côtés de Steven Adams et Russell Westbrook, plutôt bon délire pour apprendre la définition du pick and roll et du hustle game. Mais un an plus tard c’est à Indianapolis que l’intérieur déménage, toujours en compagnie de Victor Oladipo, puisque le Thunder a décidé de prendre le pari d’un duo Westbrook / Paul George. Destination finale, c’est donc avec les Pacers que Domantas Sabonis va tenter de devenir un joueur qui compte en NBA. Et le moins que l’on puisse dire ? C’est que le gamin sait s’y prendre pour grimper à une échelle. 11,6 points et 7,7 rebonds pour son année sophomore, 14,1 points et 9,3 rebonds la saison suivante, deux exercices débutés sur le banc pour apprendre, puis en 2019-20… l’explosion. Une place dans le cinq aux côtés de Myles Turner, 18,5 points et 12,3 rebonds par match, 5 passes tous les soirs pour honorer papa, et une première invitation à un All-Star Game que le daron n’avait pour sa part jamais connu. C’est officiel, Domantas Sabonis n’aura peut-être jamais l’aura du father, difficile de mélanger les époques, mais il a d’ores et déjà ajouté une ligne à son palmarès que Sabas n’a pas. Pas demain que le fiston sera intronisé au Hall Of Fame hein, le rôle de défonceur de frontière d’Arvydas y est pour beaucoup, mais d’un pur point de vue parquet les chiens ne font pas des chats et ça commence à se voir.
Car Domantas ne fait pas uniquement des stats, il le fait tout en progressant chaque soir et ce dans la plus pure tradition lituanienne. Une défense à travailler, c’est vrai, mais en attaque la recette est assez magique. Mélange de fighting spirit et de toucher voluptueux, magic mix entre des fondamentaux probablement travaillés jour et nuit pendant des années et adaptation parfaite au basket moderne, bref le petit est devenu grand et possède aujourd’hui le bagage idéal pour s’imposer. Pas le même profil que le daron (pour les plus jeunes, imaginez qu’Arvydas Sabonis c’était Nikola Jokic avec une éthique de travail) mais la possibilité aujourd’hui pour Domantas de s’inscrire comme l’un des joueurs qui comptent et à long terme. Quatre ans dans la Grande Ligue, quatre années à progresser et un plafond pas forcément exceptionnel mais qui demande encore à être atteint, voilà le genre de défi pour le fils de. En ce qui concerne l’héritage familial les bases sont posées, ne reste plus qu’à faire de son prénom une entité à part entière. Pas sûr que l’actuel président de la fédération lituanienne ne soit un jour délogé par son fils au classement des légendes de son pays, mais pas sûr non plus… que ce soit l’objectif du garçon, alors keep working dude, et step by step, parce que nous aussi on a le droit de se prendre pour Mia Frye.
Le pont entre les générations est fait et plutôt bien fait, l’immense Arvydas Sabonis peut donc être fier de son fils et vu comme c’est parti, le duo father and son from Lietuva a tout pour devenir l’un des plus dingues de toute l’histoire. Papa s’est occupé d’ouvrir la porte, ne reste plus qu’à s’installer.